Château de Cherbourg

Le château de Cherbourg est un ancien château fort, fondé probablement au Xe siècle, qui se dressait sur la commune de Cherbourg, dans le département de la Manche, en région Normandie.

Toponymie

Vers 1070, Chiersburg (le « château des marais »), en 1091 Kiares buhr, au XIIe siècle Chieresborc, en 1026, sous forme latinisé Carusburg ou Carusburc.

Localisation

Le château de Cherbourg était situé au nord-est de la ville médiévale, dont il occupait environ un tiers de sa superficie[1].

Historique

Le site est occupé depuis l'antiquité. Cherbourg, succédant à la cité antique de Coriallo, est alors centré sur son castrum du Bas-Empire[note 1]. Ce dernier servit partiellement d'assises à la forteresse médiévale. Pendant l'époque franque, c'est-à-dire pendant tout le Haut Moyen Âge, il est probablement un centre de pouvoir de la presqu'île du Cotentin. Au VIIe siècle, c'est un centre d’émission monétaire. Au VIIIe siècle, dans la chronique de Fontenelle, il est désigné comme le chef-lieu du pagus Coriovallensi et probable lieu de résidence du comte Richwin. Des sondages archéologiques ont montré que la fortification, aux époques mérovingiennes et carolingiennes, avait abrité une nécropole d'une certaine importance.

Vers 1026-1027, Richard III concède en douaire à sa fiancée la duchesse Adèle plusieurs propriétés dont la forteresse de Cherbourg[2].

Entre 1063 et 1066, le duc de Normandie Guillaume, installe trois chanoines de l'église de l'île d'Aurigny pour le service religieux de la chapelle du château ducal de Cherbourg[3],[4], avec des prébendes.

Henri Ier Beauclerc dote la fortification d'une nouvelle enceinte, qui sera achevée vers 1140[5]. En 1143, les soldats de Geoffroy Plantagenêt viennent mettre le siège devant le château et, comme le narre Jean de Marmoutier, ces derniers furent surpris par le nombre de tours dressées sur la courtine faisant que l'intervalle entre-elles n'excédaient pas la longueur d'une lance[6]. En 1158, un semblant de réconciliation, entre Henri II Plantagenêt et la France, se concrétise par un pèlerinage au Mont Saint-Michel, et le mariage de son fils aîné Henri avec Marguerite de France. Le couple royal passa les fêtes de Noël au château de Cherbourg[7]. Henri II et son épouse passeront en 1170, un nouveau Noël à Cherbourg[8]. Le , Jean sans Terre, succédant à son frère Richard Cœur de Lion (mort le ), loge au château pour y recevoir l'hommage des barons du Cotentin[9]. Il y séjourne du au avant d'embarquer le vers Angleterre[9].

En 1284, les Anglais font une descente sur Cherbourg. Le château résiste, mais l'abbaye et la ville sont ravagées et brûlées[10]. Vers 1300, Philippe le Bel établie une nouvelle enceinte[11].

En 1370, le château qui est la plus puissante citadelle de Charles le Mauvais a une garnison relativement faible et ne compte que trois hommes d'armes et quarante-cinq servants[12]. En 1378, le nombre de défenseurs anglais est porté à 600 contre du Guesclin qui assiège sans succès la cité et le château. Son frère cadet, Olivier du Guesclin, sera fait prisonnier devant Cherbourg et passera de nombreuses années en prison[13].

Ancienne forteresse royale, le château est rasé en 1689 sur ordre de Louis XIV[14], et au XVIIIe siècle enfermé dans une enceinte bastionnée construite par Vauban[15].

Description

Selon des plans anciens, le château de Cherbourg se présentait sous la forme d'un réduit défensif (donjon), situé au sud, de 55 × 15 mètres de côté avec quatre tours d'angles rondes, entouré par une douzaine de tours, ceint de fossés et abritant des logements pour la garnison[16].

Jusqu'au XIe siècle, il y avait dans la cour du château une chapelle dédiée à Notre-Dame, avant que Guillaume le Conquérant décide d'ériger au nord-ouest du château une nouvelle église, la Trinité[16].

Liste des gouverneurs du château de Cherbourg

Liste non exhaustive.

Notes et références

Notes

  1. D'après les fouilles menées en 1970 par Jacqueline Lemière.

Références

  1. Comité Gille de Gouberville, Julien Deshayes (dir.), Voyage en Cotentin avec Gilles de Gouberville, Éditions Heimdal, (ISBN 978-2-84048-581-0), p. 41.
  2. Stéphane William Gondoin, « Les châteaux forts au temps de Guillaume le Conquérant », Patrimoine normand, no 94, juillet-août-septembre 2015, p. 36 (ISSN 1271-6006).
  3. Stéphane William Gondoin, « Fluctuations de propriété au temps de Guillaume le Conquérant », Patrimoine normand, no 94, juillet-août-septembre 2015, p. 14 (ISSN 1271-6006).
  4. Georges Bernage, « Cherbourg cité médiévale », Vikland, la revue du Cotentin, no 3, octobre-novembre-décembre 2012, p. 39 (ISSN 0224-7992).
  5. Bernard Beck, Châteaux forts de Normandie, Rennes, Ouest-France, , 158 p. (ISBN 2-85882-479-7), p. 55.
  6. Beck 1986, p. 55.
  7. André Davy, Les barons du Cotentin, Condé-sur-Noireau, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits et introuvables du patrimoine Normand », , 319 p. (ISBN 978-2-91454-196-1), p. 113.
  8. Davy 2014, p. 114.
  9. Davy 2014, p. 120.
  10. Davy 2014, p. 135.
  11. Michel Hébert et André Gervaise, Châteaux et Manoirs de la Manche, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, , 176 p. (ISBN 978-2-84706-143-7), p. 30.
  12. Beck 1986, p. 78.
  13. Beck 1986, p. 62.
  14. Hébert et Gervaise 2003, p. 88.
  15. Beck 1986, p. 92.
  16. Voyage en Cotentin avec Gilles de Gouberville, 2021, p. 41.
  17. Davy 2014, p. 113.
  18. Davy 2014, p. 169.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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