Casimir Fidèle

Casimir Fidèle, ou Casimir Fidelle, est un esclave africain affranchi vivant à Bordeaux dans la seconde moitié du XVIIIe siècle qui réussit dans la profession de cuisinier jusqu'à posséder un hôtel-restaurant. Si sa trajectoire n'est pas isolée parmi ses pairs, sa réussite professionnelle est exceptionnelle.

L'hôtel de l'Empereur de Casimir Fidèle de nos jours (13 cours Georges-Clemenceau à Bordeaux

Éléments de biographie

Le véritable nom, l'origine et le parcours de Casimir Fidèle ne nous sont pas parvenus. Il est possible qu'il est capturé en Afrique, transporté aux Antilles, vraisemblablement à Saint-Domingue (ou encore né sur place de parents déportés), puis amené en métropole par son propriétaire  exploitant agricole aux îles ou capitaine de navire. Sans être courant, son cas n'est pas exceptionnel : alors que 150 000 Africains furent déportés aux Amériques par des navires armés à Bordeaux, l’étude des archives locales permet de distinguer 5 200 personnes d'origine africaine présentes en ville à un moment ou à un autre de la période de la traite[1].Parmi eux, nombreux sont les affranchis. Ils se regroupent dans le quartier Saint-Seurin, fondent souvent une famille, exercent des métiers de domestique, perruquier ou cuisinier[2],[Note 1].

En ce xviiie siècle où l’Europe découvre la gastronomie, employer un cuisinier est un marqueur de réussite sociale significatif, et le métier est très pratiqué par les affranchis[1].

C’est le cas de Casimir Fidèle, qui accumule ainsi un petit pécule qui lui permet de lancer son propre commerce de bouche.

C’est une note de Cagliostro, en séjour à Bordeaux en 1784[Note 2], qui nous apprend que Casimir Fidèle tient  depuis au plus sept ans l’hôtel de l’Empereur[Note 3], situé au 13 de l’actuel cours Georges Clemenceau[3], après s'être inscrit sur les registres de la Jurade au début des années 1780. Casimir Fidèle est également recensé dans l'Almanach de commerce pour la ville de Bordeaux en 1787 et 1791 au moins.

En 1787, Casimir investit dans l'immobilier et achète pour 8 000 livres une maison de quatre étages de la rue Albert-de-Mun à une autre Noire affranchie, Marie-Louise Charles[4],[5].

En décembre 1789, l'hôtel est touché par un incendie[3], et en juillet 1796 il est entre les mains d'un dénommé Toussaint[3] : on perd alors la trace de l'ancien esclave.

Descendance

Grâces à des recherches généalogiques, et aux travaux historiques de Julie Duprat, des descendants de Casimir Fidèle ont été retrouvés en région parisienne[6].

Articles connexes

Notes et références

Notes

  1. L'un d'entre eux au moins, Dominique Toscan, s'embarque même sur un navire de traite (Julie Duprat, op. cité).
  2. Dans une procuration du 12 mars 1784 donnée à un négociant de la Rousselle, Cagliostro mentionne que l'hôtel de l'Empereur est « tenu par un Nègre nommé Fidelle ». Rapporté par Julie Duprat et Albert Rèche, op. cités
  3. Nom donné par le précédent propriétaire, un certain Lacroix, après avoir hébergé l'empereur d'Autriche Joseph II, frère de la reine Marie-Antoinette et qui voyage sous le nom de comte de Falkenstein  indication crédible de la qualité de l’établissement.

Références

  1. Julie Duprat, Présences noires à Bordeaux : passage et intégration des gens de couleur à la fin du XVIIIe siècle, Thèse soutenue à l’École des chartes,
  2. Julie Duprat, archiviste paléographe, Généalogie et Histoire de la Caraïbe, , 8 p. (lire en ligne), Présences noires à Bordeaux : passage et intégration des gens de couleur à la fin du XVIIIe siècle
  3. Albert Rèche, Naissance et vie des quartiers de Bordeaux : mille ans de vie quotidienne, FeniXX, 250 p. (lire en ligne), p. Chapitre F.L. Lonsing
  4. Contrat de vente passé entre Casimir Fidèle et Marie-Louise, 13 janvier 1787 devant le notaire Collignan, AD de Gironde, 3 E 24288, cité par Julie Duprat, op. cité.
  5. Julie Duprat, « Une entrepreneuse créole : Marie-Louise Charles », La petite histoire, (lire en ligne, consulté le )
  6. Nina Jackowski, « Casimir Fidèle, mon ancêtre esclave affranchi », sur lemonde.fr,
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