Cantique de Jean Racine

Le Cantique de Jean Racine, op. 11, est une pièce vocale composée en 1865 par Gabriel Fauré, alors âgé de 19 ans. Écrite pour chœur (soprano, alto, ténor et basse) avec piano ou orgue[1], cette pièce se situe dans la tonalité de ré bémol majeur.

Après une introduction jouée à l'orgue (ou au piano), le chœur entre pupitre par pupitre. À la quarantième mesure, après un pont instrumental, une partie centrale modulante intervient en la bémol majeur (puis si bémol mineur), où l'œuvre atteint son plus haut niveau expressif. Par un retour lent et solennel, la pièce évolue ensuite vers son caractère initial mais transfiguré.

Il existe une version pour chœur, harmonium et quintette à cordes (1866) et une version pour chœur et orchestre (1906).

Dédiée à César Franck, la partition obtint le premier prix de composition au concours de sortie de l'École Niedermeyer de Paris, dont Fauré était élève.

Texte

Fichiers audio
Le Cantique : chœur et orchestre
Le Cantique chanté par un chœur amateur
Le Cantique chanté par Les Petits Chanteurs de Passy.
Des difficultés à utiliser ces médias ?
Des difficultés à utiliser ces médias ?

Le texte de Jean Racine (1639-1699) est en fait une paraphrase de l'hymne Consors paterni luminis datant du Moyen Âge. Attribuée à Saint Ambroise, évêque de Milan et Père de l'Eglise, elle était chantée au début des matines (ou vigiles) de la férie tierce (c'est-à-dire du mardi).

Verbe égal au Très-Haut, notre unique espérance,
Jour éternel de la terre et des cieux,
De la paisible nuit nous rompons le silence :
Divin Sauveur, jette sur nous les yeux.
Répands sur nous le feu de Ta grâce puissante ;
Que tout l'enfer fuie au son de Ta voix ;
Dissipe le sommeil d'une âme languissante
Qui la conduit à l'oubli de Tes lois !
Ô Christ ! sois favorable à ce peuple fidèle,
Pour Te bénir maintenant rassemblé ;
Reçois les chants qu'il offre à Ta gloire immortelle,
Et de Tes dons qu'il retourne comblé.

Texte latin

Voici le texte latin original[2]:

Consors paterni luminis,
Lux ipse lucis et dies,
Noctem canendo rumpimus:
Assiste postulantibus.
Aufer tenebras mentium,
Fuga catervas dæmonum,
Expelle somnolentiam
Ne pigritantes obruat.
Sic, Christe, nobis omnibus
Indulgeas credentibus,
Ut prosit exorantibus
Quod præcinentes psallimus.
Sit, Christe, rex piissime,
Tibi Patrique gloria
Cum Spiritu Paraclito
In sempiterna sæcula.
Amen.

Le dernier couplet (ou doxologie) présente la variante suivante:

Praesta, Pater Piissime,
Patrique, compar Unice,
Cum Spiritu Paraclito
Regnans per omne sæculum.
Amen.

Description

On peut percevoir dans la paraphrase française un jansénisme latent : la paternité divine n'est pas mentionnée explicitement chez Racine alors que l'original en parle deux fois. Là où l'hymne exhorte le croyant à se réveiller au cœur de la nuit pour prier et chasser la pesanteur d'un sommeil pouvant mener à l'acédie, Jean Racine y voit le poids du péché. Enfin, si la lumière baigne la première strophe latine, écho du lumen de lumine du Credo, le texte français n'évoque que le jour éternel. Ces différences font ressentir un salut moins proche et un Dieu plus lointain dans la bouche de l'auteur du XVIIe siècle que dans l'original médiéval.

À noter

Le Cantique de Jean Racine est l'une des œuvres interprétées à Nice le lors de l'hommage aux 86 victimes de l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice[3].

Notes et références

Liens externes

  • Portail de la musique classique
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.