Cannelle (ourse)

Cannelle était la dernière représentante d'une population d'ours des Pyrénées. Elle a été tuée le par un chasseur, René Marquèze. Son ourson, Cannellito, âgé de huit mois au moment de la mort de sa mère a survécu. Dernier représentant de la lignée pyrénéenne d’Ursus arctos, sa mort a provoqué une vague d'indignation en France, incitant le gouvernement à mettre en place une deuxième introduction d'ours slovènes dans les Pyrénées en 2006.

Mensurations

Cannelle mesurait 2,28 m sur 0,72 m, pour un poids de 95 kg[1].

Mort

La présence de Cannelle est signalée en vallée d'Aspe où elle est filmée le avec son ourson Cannellito, par Didier Melet, agent technique du Parc National des Pyrénées[2].

Le , un groupe de six chasseurs se rend pour une battue au sanglier sur les hauteurs d'Urdos, dans le secteur du Col du Couret nommé « le Pas de l’Ours » où des plantigrades leur ont été signalés[3]. L'un des chasseurs, Francis Claverie, voit arriver Cannelle et tire au-dessus pour l'intimider. Un autre chasseur, René Marquèze, est poussé par l'ourse vers un ravin. D'après ses déclarations, c'est acculé au bord du précipice qu'il a tiré sur Cannelle : tuée, l'ourse tombe dans le ravin où son corps sera récupéré par un hélicoptère de la gendarmerie. Selon les associations de défense de l'ours, Cannelle aurait mené une « charge d'intimidation »[4], alors que pour les opposants à l'ours, René Marquèze aurait tiré en situation de légitime défense[5]. L’autopsie révèlera que la balle est entrée en haut de la partie thoracique latérale droite, a brisé des côtes, pour ressortir au niveau haut du membre postérieur gauche. Les experts n’ont, en revanche, pas pu déterminer quelle distance séparait le tireur de Cannelle. Le chasseur aurait pleuré après avoir tiré sur l'ourse[3].

La mort de Cannelle a suscité une large émotion, le président Chirac déplorant « une grande perte pour la biodiversité en France et en Europe »[6]. Elle a décidé les pouvoirs publics à effectuer en 2006 une deuxième introduction d'ours slovènes dans les Pyrénées.

Procès pour destruction d'espèce protégée

Mis en examen pour destruction d’espèce protégée, René Marquèze, 64 ans, bénéficie d’abord d’un non-lieu le , ayant plaidé l'état de nécessité. L’État et dix-neuf associations écologistes, qui se sont portés partie civile contre lui, font alors appel du jugement et, le , la cour d'appel de Pau annule le non-lieu et ordonne le renvoi de l’affaire en correctionnelle.

René Marquèze bénéficie d’une relaxe par le tribunal correctionnel de Pau en date du [7]. Dans ses attendus, le tribunal confirme l'état de nécessité et retient l'état de légitime défense, estimant que les chasseurs d'Urdos ne peuvent être tenus responsables de la mort de Cannelle, la décision d'interdire la chasse dans ce secteur incombant aux autorités. Relaxé du chef de « destruction d'espèce protégée ». Le tribunal avait retenu et exonéré de toute responsabilité pénale quant à la disparition de l’animal, plusieurs organisations de protection de l’environnement le poursuivent au civil et demandent des dommages et intérêts[8].

La cour d’appel de Pau le condamne le à payer un total de 11 000 euros à sept des huit parties civiles[9]. Le , la Cour de cassation qui se penche sur le pourvoi du chasseur, le condamne à verser 10 000 euros à sept organisations de protection de l’environnement[10]. « La justice lui reproche d'avoir participé à la battue alors qu'il avait été averti de la présence de l'ours, puis d'avoir quitté la terrasse où il avait trouvé refuge alors que les secours arrivaient[3] ». En , c'est au tour de l'association de chasse dont il était membre d'être condamnée à verser 53 000 euros au WWF au titre du préjudice moral subi par cette association de protection de la nature[11].

Naturalisation et conservation

Le cadavre de Cannelle a d'abord été conservé dans un congélateur de l’École nationale vétérinaire de Toulouse puis, en , l'ourse a été naturalisée par Brian Aïello et Jean-Pierre Barthès, les taxidermistes du muséum d'histoire naturelle de Toulouse (MHNT) et a intégré ses collections. Elle fut présentée au cours de l'exposition temporaire Ours, mythes et réalités du au [12]. La naturalisation du plantigrade a été réalisée avec un nouveau procédé[13] mis au point par le laboratoire de taxidermie du muséum d'histoire naturelle de Toulouse. Cette naturalisation a nécessité trois mois de travail. L'ensemble des étapes a fait l'objet d'un documentaire de Jacques Mitsch intitulé « On l'appelait Cannelle »[14] et d'un suivi photographique par Christian Nitard.

Notes et références

  1. Folklore judiciaire autour de la mort de l'ourse Cannelle, , sur lefigaro.fr.
  2. « Cannelle & Cannelito-aout-2004.mpg » [vidéo] (consulté le ).
  3. Thomas Baïetto, « Sauver la peau de l'ours avant de l'avoir tué », sur francetvinfo.fr, (consulté le )
  4. « Mort de l'ourse Cannelle, c'était écrit | FERUS », sur ferus.fr (consulté le ).
  5. Louis Dollo, « Les circonstances de la mort de Cannelle », sur pyrenees-pireneus.com (consulté le ).
  6. « La mort de Cannelle devient une affaire d'État », ladepeche.fr, (lire en ligne, consulté le ).
  7. Hélène Dubarry, « Relaxe pour René Marquèze », sur ladepeche.fr, (consulté le ).
  8. « Cannelle: le chasseur en cassation », sur lefigaro.fr,
  9. AFP, « 11 000 € d'amende pour avoir tué un ours », Le Figaro, (lire en ligne).
  10. « Mort de Cannelle: René Marqueze condamné à payer », sur larepubliquedespyrenees.fr,
  11. « Mort de l'ourse Cannelle : l'association de chasse condamnée au civil », sur france3.fr, .
  12. « L'ourse Cannelle, star de la future expo du Muséum de Toulouse, est en cours de naturalisation », sur france3.fr, .
  13. Brian Aïello, « L’utilisation des polyéthylènes en taxidermie », La Lettre de l’OCIM. Musées, Patrimoine et Culture scientifiques et techniques, no 163, , p. 15–21 (ISSN 0994-1908, DOI 10.4000/ocim.1619, lire en ligne, consulté le ).
  14. On l'appelait Cannelle, sur vimeo.com.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Association FERUS, association nationale de protection des grands carnivores ayant pour but de favoriser le maintien et le renforcement des populations d’ours dans les Pyrénées.
  • La Buvette des alpages présente toutes les actualités sur les ours dans les Pyrénées et l’actualité pastoralisme prédateurs.
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