Calypso (navire)

La Calypso est un navire océanographique équipé et employé par l'explorateur maritime Jacques-Yves Cousteau pour ses campagnes scientifiques et ses tournages de films documentaires.

Pour les articles homonymes, voir Calypso (homonymie).

Calypso

La Calypso à Montréal en août 1980.
Autres noms BYMS-26 (1942-1943)
HMS J-826 (1943-1944)
BYMS-2026 (1944-1947)
Type Dragueur de mines (1942-1947)
Ferry (1947-1950)
Navire océanographique (depuis 1950)
Histoire
Chantier naval Ballard Marine Railway Company, à Seattle (États-Unis)
Quille posée
Lancement
Statut Hors-service depuis 1996, en rénovation pour devenir un navire-musée.
Caractéristiques techniques
Longueur 42,35 mètres hors-tout[1]
Maître-bau 7,47 mètres [1]
Tonnage [1]
Vitesse 10 nœuds[1]
Carrière
Armateur Royal Navy (1947)
... (1947-1950)
Loel Guiness (1950-2005)
The Cousteau Society (2005-aujourd'hui)
Affréteur The Cousteau Society (1950-2005)
Pavillon Royaume-Uni (1942-1950)
France (depuis 1950)
Port d'attache Toulon (depuis 1950)

Portant le nom de Calypso, nymphe de la mer de la mythologie grecque, le navire et son équipage parcoururent les mers et océans du globe du jusqu'en janvier 1996. Grâce à la télévision et aux livres, la Calypso devint célèbre dans la seconde moitié du XXe siècle, à l'exemple de ses prédécesseurs le Beagle, le Challenger, le Pourquoi pas ? ou l'Hirondelle[2].

Histoire

Guerre

Un dragueur de mines de la même série que celle dont est issue la Calypso.

La Calypso est, à l'origine, un dragueur de mines de classe BYMS (en) construit par la Ballard Marine Railway Company de Seattle pour le compte de la Royal Navy, alors en guerre contre l'Axe. Sa coque, quille, membrures, bordé et tableau arrière, est entièrement en bois. Commandée le sous la désignation BYMS-26, elle est lancée le et mise en service dans la Royal Navy en sous le nom de HMS J-826. Elle est affectée en mer Méditerranée où un de ses sister-ship explose. En 1944, elle est ré-immatriculée BYMS-2026 et basée à Malte avant d’être supprimée du Registre Naval en 1947.

Après la Guerre

Après la Seconde Guerre mondiale, elle est rachetée et convertie en ferry pour assurer des liaisons entre Malte et l'île de Gozo. Elle est alors baptisée du nom de la nymphe Calypso, dont l’île mythologique d’Ogygie est parfois identifiée à Gozo.

En 1949, le milliardaire irlandais et ancien député Thomas Loel Guinness achète la Calypso et un de ses jumeaux, au travers de la Société anglo-française Auniac-Guinness[3], avec le projet de les transformer en yacht de luxe. Cependant, il loue pour un franc symbolique par an l'un des deux navires, la Calypso, au commandant Jacques-Yves Cousteau. Celui-ci l’envoie à Antibes dans un chantier naval, où elle est transformée et convertie en navire d'expédition et de base de soutien pour la plongée, tournage de films et pour la recherche océanographique[4]. Elle est basée et immatriculée à Toulon.

Les itinéraires de la Calypso entre 1951 et 1973.

Elle passe ses premières années d'explorations dans les mers Méditerranée et Rouge, ainsi que dans le Golfe Persique en prospection pétrolière pour le compte de sociétés privées, ce qui permet de rembourser les dettes contractées pour l'équiper, car elle était à l'époque le seul navire océanographique privé. Elle transportait alors une équipe et du matériel de pointe, y compris deux mini-sous-marins développés par Cousteau, baptisés « puces de mer SP-500 », une soucoupe de plongée Denise SP-350 et des scooters sous-marins. Le navire fut également équipé d'une chambre d'observation vitrée située et ajoutée dans l'étrave à trois mètres sous la ligne de flottaison, adaptée pour accueillir du matériel scientifique. L'arrière (et plus tard, l'avant) fut aménagé en plate-forme pour atterrissage d'hélicoptère. Avec ces équipements, la Calypso vogua durant quarante ans sur les mers du globe, notamment pour le tournage à partir de 1967 de la longue série de documentaires L'Odyssée sous-marine du commandant Cousteau qui rendirent celui-ci, son équipe et le navire mondialement connus[5].

Le naufrage

En janvier 1996 dans le port de Singapour, une barge poussée lors d'une fausse manœuvre heurte accidentellement la Calypso qui était à quai et le bateau coule à 80 % un an avant la disparition de son célèbre commandant le . Après le naufrage, il écrira : « Je veux que Calypso reste au service de la Science et de l’Éducation ». Renflouée, elle est convoyée en France sous l'autorité d'Albert Falco, ancien capitaine du navire. Après avoir passé un certain temps à flot dans le port autonome de Marseille, elle est remorquée vers le bassin des chalutiers du Musée maritime de La Rochelle le , où un chantier rochelais commence une restauration, mais les différends entre Francine Cousteau et Jean-Michel Cousteau au sujet de l'héritage du Commandant (dans tous les sens du terme) se traduisent par une longue série d'actions juridiques qui, avec les difficultés financières des uns et des autres et les retards d'exécution consécutifs, se concluent par un arrêt des travaux et la mise du bateau sous bâche de protection plastifiée blanche. Mais sans surveillance faute d'argent, les éléments dégradent la bâche et des intrus volent et vandalisent le mobilier intérieur ; pour stopper cela, la plupart des équipements sont retirés de ses ponts supérieurs à la fin de 2006.

Après le naufrage

La série de procès entre The Cousteau Society présidée par Francine Cousteau, seconde et dernière épouse et héritière du commandant, et les Campagnes océanographiques françaises (dont fait partie Jean-Michel Cousteau, fils aîné du commandant et fondateur de Ocean Futures Society en 1999)[6] se traduit par l'attribution de l'épave à The Cousteau Society qui annonce son désir de faire rénover le navire aux États-Unis une fois les fonds nécessaires réunis, afin d'en faire un mémorial et un musée. En novembre 2004, une rumeur circule selon laquelle la Calypso aurait été vendue à Carnival Cruise Lines pour la somme symbolique d'un euro. Carnival aurait en effet déclaré qu'il avait l'intention de restaurer le navire pour un montant de 1,3 million de dollars, puis probablement de l'envoyer aux Bahamas comme navire-musée. The Cousteau Society et l'armateur Carnival corporation & Plc auraient alors apparemment signé un accord pour restaurer le navire.

Le 11 octobre 2007, la Calypso quitte le bassin des chalutiers du port de La Rochelle pour être remorquée vers le port de Concarneau, afin d'être remise en état par le chantier breton Piriou, où elle arrive le 12 octobre pour être restaurée à terre, dans un hangar. Mais l'argent manque toujours et le travail de restauration s'arrête ici aussi en février 2009[7]. Les architectes mandatés par l'Équipe Cousteau constatent des malfaçons dans certaines parties de la restauration. Selon Piriou, l'Équipe Cousteau a demandé d'effectuer des travaux supplémentaires non prévus dans le devis/contrat initial de 1 737 000  et estimés à 850 000  qui n'ont pas été payés au chantier naval, qui a assigné en justice l'Équipe Cousteau. Le navire est alors relégué dans un autre hangar de la société[8].

The Cousteau Society dépose en 2010 auprès du ministère de la Culture une demande pour que le bateau soit classé « patrimoine national », ce qui lui permettrait d'avoir accès à des fonds et subventions publics[9]. En 2012, le navire est classé « bateau d'intérêt patrimonial » par la fondation du patrimoine maritime et fluvial[10]. Le , une pétition demandant le classement de la Calypso au titre de « patrimoine national » est mise en ligne.

Le 6 janvier 2016, l'Équipe Cousteau annonce sur son site internet la sortie de la Calypso des chantiers Piriou pour le premier trimestre 2016. Des financements ont été trouvés pour sa restauration dans un nouveau chantier naval[11] et en mars 2016, la Calypso sort de son hangar sur des remorques routières en convoi exceptionnel et quitte la France chargée à bord d’un cargo afin d’être rénovée en Turquie, à Izmit. La rénovation du navire devait durer deux ans pour un coût estimé à 10 millions d’euros[12].

Le , la Calypso est à nouveau dans un hangar de protection turc où elle subit dans la nuit du 11 au 12 septembre 2017 un incendie qui consume sa coque en bois : les pièces métalliques (machine, œuvres mortes, passerelle, cheminée, bulbe d'observation) sont en revanche récupérables[13].

Depuis cet incendie, la coque en bois a été, grâce aux assurances, reconstruite au stade où elle était au moment du sinistre[14], mais les travaux sont une fois de plus arrêtés et il semble désormais moins coûteux de reconstruire entièrement une nouvelle Calypso puisque l'on possède la totalité des plans de détail, que de restaurer le matériel dégradé d'Izmit, dont une grande partie n'est d'ailleurs pas d'origine[15]. Reste que l'idée même de figer, où que ce soit dans un port ou à terre, ce navire jadis mythique qui a fait plusieurs fois le tour de la planète pour en mesurer l'évolution, est contestée par celles et ceux qui pensent qu'il serait plus digne d'elle (et moins coûteux) d'en faire un abri sous-marin à biodiversité, et un spot de plongée[16].

Galerie

Notes et références

  1. Fascicule du DVD La Collection Cousteau n°19
  2. Roger Cans, Cousteau : « Captain Planet », Sang de la Terre, coll. « Biographie », , 296 p. (ISBN 978-2-86985-094-1).
  3. Voir société anglo-française dans CASPWiki
  4. La Calypso au chantier naval d'Antibes
  5. Jacques-Yves Cousteau et Alexis Sivirine, "Calupso", R. Laffont 1975.
  6. « Le Parisien » week-end : La guerre en héritage : succession à Cousteau tirés -
  7. Le Télégramme no 20784 du 27 avril 2012
  8. Thalassa, « La Calypso au fond d'un hangar. », (consulté le )
  9. « La Calypso de nouveau sur l'eau lors du centenaire de Cousteau ? », Les Échos,
  10. Hubert Orione, « Calypso, l'avenir incertain d'un mythe », sur www.letelegramme.fr, (consulté le )
  11. Calypso set to sail again!
  12. La Calypso du commandant Cousteau va quitter la France pour être restaurée en Turquie
  13. Vincent Groizeleau. Mer et Marine 15/09/2017
  14. L’Equipe Cousteau annonce une « nouvelle vie » pour la Calypso sur , juin 2020
  15. « Cousteau: Mise à jour concernant Calypso - Equipe Cousteau », sur fr.cousteau.org (consulté le )
  16. « La Dépêche » du 17 juillet 2020 : Faut-il couler la Calypso ? -

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Jacques-Yves Cousteau, Alexis Sivirine, « Calypso », 26 ans d'exploration scientifique des mers, Robert Laffont, Paris, 1978
  • Albert Falco, Yves Paccalet, Capitaine de la « Calypso », Robert Laffont, Paris, 1990
  • Jocelyne de Pass, Moi, « Calypso » : Autobiographie secrète d'un bateau de légende, Michalon, Paris, 2004
  • Bernard Dussol, La dernière aventure de la « Calypso », Glénat, 2005
  • Riquet Goiran, Compagnons de la « Calypso », Pôles d'Images, 2007

Liens externes

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