CORDIC

CORDIC (sigle de COordinate Rotation DIgital Computer, « calcul numérique par rotation de coordonnées ») est un algorithme de calcul des fonctions trigonométriques et hyperboliques, notamment utilisé dans les calculatrices. Il a été décrit pour la première fois en 1959 par Jack E. Volder. Il ressemble à des techniques qui avaient été décrites par Henry Briggs en 1624.

Il s'agit d'un algorithme de choix lorsque aucune implantation matérielle d'un multiplicateur n'est disponible (sur certains microcontrôleurs simples ou des FPGA). De plus, l'algorithme du CORDIC s'adapte bien au calcul à la chaîne. À l'origine, la programmation du CORDIC reposait sur un système binaire.

Durant les années 1970, les versions décimales du CORDIC (avec des nombres codés en BCD) commencèrent à apparaître, notamment dans les calculatrices où les critères de coût du matériel sont plus importants que la vitesse de traitement. Un autre avantage du CORDIC est sa flexibilité puisqu'il permet de calculer plusieurs fonctions avec quasiment le même code.

Description

CORDIC permet de déterminer le sinus ou le cosinus d'un angle donné en radians sous un format à virgule fixe. Pour trouver le sinus ou le cosinus d'un angle β, on recherche la coordonnée x ou y du point du cercle unité lui correspondant. CORDIC commence les calculs avec un vecteur v0 tel que :

Durant la première itération, le vecteur subit une rotation de 45° dans le sens anti-horaire (sens trigonométrique) afin d'obtenir un nouveau vecteur v1. Des itérations successives doivent engendrer une rotation du vecteur dans la bonne direction. À chaque itération, la rotation est faite d'un angle prédéterminé et moindre que le précédent. Ceci jusqu'à converger vers l'angle voulu.

Illustration de plusieurs itérations de CORDIC

Plus formellement, à chaque itération i, on calcule un nouveau vecteur grâce à la multiplication du vecteur vi avec la matrice de rotation Ri :

La matrice de rotation Ri s'obtient selon la formule suivante :

En factorisant le terme cos(γ) on obtient :

Le facteur σi prend les valeurs +1 ou -1 et sert à indiquer le sens de la rotation. Si l'on restreint les choix possibles pour l'angle γ de manière que tan(γ) soit égal à 2i alors la multiplication par la tangente devient une multiplication par une puissance de 2. Une opération aisée à réaliser informatiquement puisqu'en binaire il s'agit d'un décalage de bits.

Le calcul devient :

avec

Ces coefficients Ki peuvent être ignorés pendant les itérations et factorisés en un seul coefficient multiplicatif final (dépendant de n) :

qui peut être calculé à l'avance et prémémorisé. Également, lorsque n tend vers l'infini, ce produit tend vers une constante :

(0,60725294…)

Après suffisamment d'itérations, l'angle du vecteur sera proche de l'angle β voulu.

La dernière étape consiste à déterminer à chaque itération le sens de rotation, trigonométrique ou horaire (un résultat reporté sur la valeur de σi). Pour ce faire, on regarde l'angle βn + 1 actuel du vecteur que l'on soustrait à l'angle désiré. On teste si cette différence est positive (rotation dans le sens horaire) ou négative (sens trigonométrique), de façon à s'approcher de l'angle β.

,

Les valeurs de γn sont précalculées dans une table prémémorisée de valeurs. Toutefois, pour des angles petits, on utilise l'approximation arctan(γn) ≈ γn dans une représentation en virgule fixe, permettant ainsi de réduire la taille de cette table.

Comme illustré dans le schéma ci-dessus, le sinus de l'angle β est la coordonnée y du vecteur final vn, alors que la coordonnée x correspond au cosinus.

Algorithme

En 1971, John Stephen Walther de Hewlett Packard, a présenté une généralisation de l'algorithme qui fut mise en œuvre dans la calculatrice HP-35. Cette méthode permet de calculer notamment les fonctions hyperboliques mais également d'autres fonctions comme l'exponentielle, la division ou la multiplication. La généralisation se présente comme suit[1] :

avec m ∈ {–1 ; 0 ; 1} , εk des constantes définies à l'avance et σk ∈ {–1 ; 1} (en fonction de la valeur de zk).

Fonctions trigonométriques

On utilise la généralisation avec les paramètres :

(en radians)

À la fin de n itérations, on a xn ≈ cos(θ) et yn ≈ sin(θ).

Cette méthode ne fonctionne que si :

En pratique cela ne pose pas de problème car les fonctions trigonométriques peuvent toujours être ramenées au cas 0 ≤ θ < π/2 en exploitant leurs propriétés les plus connues (voir Identité trigonométrique).

Fonctions hyperboliques

On utilise la généralisation avec les paramètres :

(en radians)

À la fin de n itérations, on a xn ≈ cosh(θ) et yn ≈ sinh(θ), ainsi que xn + yn ≈ exp(θ).

Cette méthode ne fonctionne que si la valeur absolue de z est inférieure à environ 1,05. Des transformations d'expressions grâce à des identités trigonométriques permettent de contourner ces problèmes en faisant en sorte que les paramètres soient dans l'intervalle requis. La répétition de certaines itérations résout les problèmes de convergence[1].

Fonctions linéaires

CORDIC permet également de calculer la multiplication ou la division entre des nombres a et b.

Multiplication

À la fin de n itérations, on a yna × b. En pratique, elle est peu intéressante car son domaine est restreint : il faut impérativement que b ∈ [–2 ; 2].

Division

À la fin de n itérations, on a zna / b. Elle a aussi un domaine d'application restreint puisque la condition suivante doit être respectée :

Bibliographie

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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