Céleste Albaret

Céleste Albaret, née Augustine Célestine Gineste le 17 mai 1891 à Auxillac (Lozère) et morte le 25 avril 1984 à Montfort-l'Amaury, est la servante dévouée de Marcel Proust.

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Biographie

Le 28 mars 1913, Céleste Gineste épouse Odilon Albaret, chauffeur de taxi dont Marcel Proust est un client régulier. En 1914, à 23 ans, par l'entremise de son mari, elle devient la toute jeune servante de l'écrivain.

Accompagnant ses horaires étranges, ses lubies vestimentaires, alimentaires et sociales, son épuisement physique, elle lui reste fidèle jusqu'à sa mort, en 1922.

Dans l'après-guerre, Proust vit de plus en plus reclus. À sa manière, Céleste participe, en rédigeant sous sa dictée, en rassemblant et vérifiant ses informations, en assurant une part de ses contacts avec le monde extérieur ou en lui inspirant certains traits de caractère, à l'achèvement de son œuvre romanesque.

À la mort de Proust, Céleste ouvre avec son mari l'hôtel Alsace Lorraine, rebaptisé hôtel La Perle, situé 14, rue des Canettes, dans le VIe arrondissement de Paris, puis elle est chargée, de 1954 à 1970, de la garde du Belvédère, la maison de Maurice Ravel à Montfort-l'Amaury. Oubliée de tous, elle survit à la quasi-totalité des personnages célèbres qui, grâce à Proust, avaient entouré sa jeunesse. Elle est « redécouverte » dans les années 1960, notamment par Roger Stéphane, à l'occasion de l'émission Marcel Proust, portrait-souvenir (1962), et par le célèbre collectionneur et bibliophile Jacques Guérin. Sur les conseils de celui-ci, elle livre ses souvenirs, qui sont mis en forme dans Monsieur Proust[1]. À la même époque, elle vend à Jacques Guérin plusieurs ouvrages que Proust lui avait offerts et qui figurent aujourd'hui parmi les trésors les plus recherchés des bibliophiles français.

Par son dévouement à l'homme et par son respect pour le créateur, Céleste Albaret est considérée comme le modèle des auxiliaires de l'écrivain. Peu avant sa mort d'ailleurs, en hommage à une personnalité qui a participé intimement à l'histoire de la littérature et qui a grandement contribué à la préservation de ses textes, Céleste Albaret est faite commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres.

Dans Sodome et Gomorrhe, un personnage porte le nom de Céleste Albaret. Marcel Proust a offert à Céleste un poème qui suffirait à lui seul à montrer dans quelle estime il la tenait[2] :

« Grande, fine, belle et maigre,
Tantôt lasse, tantôt allègre,
Charmant les princes comme la pègre,
Lançant à Marcel un mot aigre,
Lui rendant pour le miel le vinaigre,
Spirituelle, agile, intègre,
Telle est la nièce de Nègre. »

Elle est enterrée au cimetière de Montfort-l'Amaury aux côtés de son mari et de sa sœur, Marie Gineste, qui fut également au service de Marcel Proust.

En 2006, Lina Lachgar imagine ce qu’aurait pu être un journal que Céleste aurait tenu au cours des années ayant suivi la mort de l’écrivain[3].

En 1973, le journaliste Georges Belmont, enregistre 49 heures d'entretien avec Céleste Albaret qui raconte ses souvenirs. Céleste Albaret et Georges Belmont en tirent un livre intitulé Monsieur Proust, publié chez Robert Laffont[4]. Les bandes audio ont été données à la Bibliothèque nationale de France[5] et de longs extraits diffusés sur France-Culture en 2019[6].

Elle y déclare notamment :

« Je l'étais vraiment prisonnière, j'étais prisonnière volontaire, c'est entendu, mais Monsieur évidemment j'étais prisonnière, je ne sortais pas. Je ne faisais que rester à ses ordres et à ses appels. Alors toute la nuit il écrivait, ou il me demandait [...] J'ai vécu avec cet homme avec une intensité de plaisir, de joie, de son charme, de sa conversation, de l'homme extraordinaire qu'il était ; et il a rempli ma vie[7]. »

Prix Céleste Albaret

Depuis 2015, l'Hôtel Littéraire Le Swann et la Librairie Fontaine Haussmann ont créé le Prix Céleste Albaret[8] qui récompense chaque année un livre publié sur Marcel Proust et son œuvre. Le jury est composé d'Antoine Compagnon, Michel Erman, Laure Hillerin, Jacques Letertre, Mireille Naturel, Jürgen Ritte et le lauréat de l'année précédente.

Lauréats :

  • Laure Hillerin a reçu le prix en 2015 pour La Comtesse Greffulhe, l’ombre des Guermantes, aux éditions Flammarion[9]
  • Pierre-Yves Leprince en 2016 pour Les nouvelles enquêtes de Monsieur Proust, aux éditions Gallimard[10]
  • Philippe Berthier en 2017 pour Charlus, aux éditions Bernard de Fallois[11]
  • Evelyne Bloch-Dano en 2018 pour Une jeunesse de Marcel Proust, aux éditions Stock[12],[13]
  • Thierry Laget en 2019 pour Proust, prix Goncourt 1919 : une émeute littéraire, aux éditions Gallimard[14]

Controverse

Édouard Ravel, qui avait hérité des biens de son frère le compositeur Maurice Ravel, meurt en 1960 au moment où Céleste Albaret est la gardienne de la propriété du Belvédère. Il fait de sa masseuse, Jeanne Taverne, son héritière, mais donne à l'État la maison de Montfort-l'Amaury pour en faire un musée. Il avait auparavant créé une fondation Maurice Ravel pour notamment gérer et conserver les biens de toute nature ayant pu lui appartenir. En 1963, quand l'État prend possession du Belvédère, on constate que toutes les archives et tous les manuscrits de Maurice Ravel ont disparu. Est d'abord soupçonnée Jeanne Taverne, dont le notaire soutient que ces archives lui appartenaient, mais des documents de Ravel seront mis en vente plus tard par Céleste Albaret ou ses ayants droit[15].

Références

  1. Céleste Albaret et Georges Belmont (éd.) (en appendice, des lettres inédites de Marcel Proust), Monsieur Proust : Souvenirs recueillis par Georges Belmont, Robert Laffont, , 455 p. (ISBN 978-2-221-01330-4).
  2. Cette page du site littéraire du Nouvel Observateur montre une photo du manuscrit de ce poème.
  3. Lina Lachgar, Vous, Marcel Proust : Journal imaginaire de Céleste Albaret ; suivi des Rapports de police judiciaire jusqu'alors classés confidentiels sur la maison de passe pour homosexuels tenue par Albert le Cuziat (Jupien dans la Recherche), Paris, Éditions de la Différence, (1re éd. 2006), 157 p. (ISBN 978-2-7291-1659-0).
  4. Céleste Albaret, Monsieur Proust. Souvenirs recueillis par Georges Belmont, Robert Laffont/Documento, Paris 1973, réed 2014, 458 p.
  5. Après la mort d'Odile Albaret, sa fille, un de ses proches a fait don à la BnF d'un carton contenant les 24 bandes magnétiques https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb39218621q
  6. Grande traversée : Céleste Albaret chez monsieur Proust. Sur France Culture..
  7. Elsa Mourgues. Céleste Albaret, l'indispensable gouvernante de Marcel Proust. Vidéo sur youtube, 1/08/2019
  8. « Prix Céleste Albaret | Cocktail et Culture », sur www.cocktailetculture.fr (consulté le )
  9. La Comtesse Greffulhe, l'ombre des Guermantes, Laure Hillerin (lire en ligne)
  10. « Les nouvelles enquêtes de Monsieur Proust - Blanche - GALLIMARD - Site Gallimard », sur www.gallimard.fr (consulté le )
  11. « Charlus - France Culture », sur France Culture (consulté le )
  12. « Prix Céleste Albaret | Evelyne Bloch-Dano », sur www.ebloch-dano.com (consulté le )
  13. « Évelyne Bloch-Dan reçoit le Prix Céleste Albaret 2018 », ActuaLitté, (lire en ligne, consulté le )
  14. « Thierry Laget, lauréat du prix Céleste Albaret 2019 », sur Livres Hebdo (consulté le )
  15. lire en ligne

Bibliographie

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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