Butte du Lion

La Butte du Lion ou le Monument de Waterloo[1], constitué d'un imposant tertre de terre surmonté d'un colossal Lion belgique, est un monument érigé en 1826, pour éterniser la gloire nationale, sur le site de la bataille de Waterloo[2], à Braine-l'Alleud, à la demande du roi Guillaume Ier des Pays-Bas qui voulut marquer l'endroit présumé où son fils ainé, le prince Guillaume II, fut blessé à l’épaule à la fin de la bataille. Comme tout le site de la bataille, la Butte est inscrite au Patrimoine majeur de Wallonie.

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Historique

Le projet de tumulus est confié en à l’architecte du roi, Charles Van der Straeten (1771-1834), après que le projet de pyramide puis d'obélisque de son rival Jean-Baptiste Vifquain[3] a été refusé[4].

La butte est un cône de terre régulier de 169 mètres de diamètre et 41 mètres de haut accessible par un escalier de 226 marches. Le cône évoque aussi les tumuli des tribus de la Gaule belgique. Ouvert en 1824, le chantier nécessite le déplacement de 290 000 m3 de terres prélevées au sud-ouest de la rue de la Croix jusqu’à la ferme de la Haie-Sainte. Le transport des terres aurait été fait par des boteresses (porteuses de hottes) liégeoises. Cette idée longtemps acquise a été remise en cause avant d'être analysée en profondeur et validée par le travail de Georges Jaquemin[5].

Le lion fut hissé et posé sur son piédestal au sommet de la butte au soir du [6].

Son succès touristique ne date que de la seconde moitié du XIXe siècle. Ce n'est d'ailleurs qu'en 1863-1864 qu'on aménage le promenoir au sommet de la butte avec la construction de l'escalier[7]. En 1832, lorsque les troupes françaises du maréchal Gérard passent à Waterloo pour soutenir le siège de la citadelle d'Anvers toujours tenue par les Hollandais, le Lion faillit être renversé par les soldats français. Ils en brisèrent même la queue[8].

Le des glissements de terrain se produisent. Sur la butte du côté du bâtiment du Panorama[9]. De semblables dégâts se sont produits en 1995 et furent réparés avec l’enfoncement de 650 micro-pieux[10].

Le , il y est inauguré le Mémorial Waterloo 1815 pour la célébration du bicentenaire pour un coût avoisinant les 40 millions d'euros avec rénovation des structures adjacentes[11]. Depuis lors, l'accès à la butte de Lion est payant et se fait uniquement par le musée située à proximité.

Le , une convention est signée pour confier l'exploitation touristique du site à la société française Kléber Rossillon jusqu'en 2035 contre une redevance annuelle de 365 000 euros et deux redevances variables sur le chiffre d'affaires[12].

Description

Illustration du dispositif d'élévation des neuf pièces en fonte de fer du lion. Gravure de 1825[13].

Un colossal Lion belgique (Leo Belgicus) posé sur un piédestal de pierre, soutenu par une colonne intérieure de brique, surmonte la butte. Il est composé de neuf pièces de fonte de fer coulées dans les forges de John Cockerill à Seraing[14], d'après un modèle sculpté par Jean-Louis Van Geel (Malines, 1787-Bruxelles, 1852).

Cette sculpture monumentale a été coulée en fonte dans un moule en plâtre ; son poids total est de 28 tonnes ; il mesure 4,50 m de longueur sur 4,45 m de hauteur, depuis le sommet de la tête jusqu'aux pieds[Information douteuse][15].

Le lion symbolise la victoire et le nouveau Royaume-Uni des Pays-Bas ; sa patte posée sur un boulet de canon représente la paix que l’Europe a conquise à l'issue de la bataille.

Le sommet de la butte offre une large vue sur le champ de bataille de Braine-l'Alleud à Genappe, de Plancenoit à Mont-Saint-Jean. Une table d’orientation permet de situer les fermes et les positions des troupes sur le terrain.

Wellington qui visita Mont-Saint-Jean quelques années après sa victoire déclara tristement que la pyramide du Lion avait gâté son champ de bataille. « En effet on dut considérablement abaisser le niveau du terrain pour prendre la terre nécessaire à l’édification de ce monticule et ainsi le fameux chemin creux d’Ophain, par exemple, où vinrent s’engouffrer les premières lignes de la cavalerie française, n’a plus la profondeur qui causa cet écrasement horrible de soldats et de chevaux. »[16].

Notes et références

  1. Les textes officiels d'époque l'appellent le Monument de Waterloo pour éterniser la gloire nationale : États généraux des Pays-Bas : budgets et dépenses, volume 4, chapitre V, section VI, art. 4, année 1822 : Monument à Waterloo. Mémoire. Aux budgets précédents un crédit a été ouvert pour le monument de Waterloo ; ce crédit est resté sans emploi ; comme il doit servir à éterniser dans les plaines de Waterloo où le sang du Prince d'Orange a coulé, la gloire nationale ; la section émet le vœu pour qu'incessamment la construction de ce monument puisse commencer. Il est totalement inexact de dire que ce monument se serait appelé Monument aux Hollandais, le mot Hollande ne désignant à l'époque qu'une province du Royaume uni des Pays-Bas, il est érigé à la gloire de la bravoure des citoyens de l'ensemble du Royaume uni des Pays-Bas. Il est donc erroné d'écrire que le Lion de Waterloo s'appelle tout simplement le Monument aux Hollandais, comme le font sans citer de source Peter Jacobs, Wouter Rawoens, Best of Belgium: la Belgique comme vous devez la voir, Thielt : Éditions Lannoo, 2003, p. 93. La source de cette expression provient de l'arrêté de classement du 29 septembre 1978, qui utilise effectivement, sans références historiques antérieures, les termes Monument aux Hollandais. Cette expression erronée est encore reprise par Jean-Philippe De Vogelaere, dans Le Soir du 16 octobre 2014 : (Le combat des Napoléons pour 2015) : Un spectacle pyrotechnique sur le Monument aux Hollandais, plus connu sous les noms de Butte du Lion.
  2. C'est la raison pour laquelle on parle aussi du Lion de Waterloo.
  3. À son sujet, consulter cette page.
  4. André Lederer, « Vifquain », dans Biographie nationale de Belgique, tome 43, Bruxelles, 1983, col. 706 : « Le 13 août, Repelaer van Driel, qui assurait l'intérim du duc d'Ursel, soumit le cahier des charges à Vander Straeten. Le 3 septembre, ce dernier envoyait une critique acerbe, objectant qu'une pyramide convenait pour un monument funéraire, alors qu'il fallait célébrer une victoire. À la suggestion du roi, Vifquain remania son projet et présenta un monument consistant en un obélisque supporté par des colonnes, le tout mesurant 44 aunes de hauteur. De son côté, le , Vander Straeten remit le dessin d'un tumulus conique, surmonté d'un lion. Le ministre rédigea un rapport objectif sur les deux projets, faisant remarquer que le cône, tout autant que la pyramide, convenait davantage pour un monument funéraire. Le , sous l'influence de la reine Frédérique-Louise, le roi retint le projet de Vander Straeten. »
  5. Georges Jaquemin Les Boteresses liégeoises à la Butte du Lion de Waterloo (1826). Étude exégétique des thèses historiques contradictoires. Braine-l'Alleud, 2000 (ISBN 2873670843).
  6. Folklore brabançon, 1940, n° 114, p. 474 : « Enfin, le , le Lion fut hissé sur son piédestal […] et l'on n'y trouve rien qui puisse faire croire à une inauguration solennelle, officielle quelconque […] Samedi dernier, au soir, le lion colossal élevé dans la plaine de Waterloo a été entièrement placé sur sa base ».
  7. Lu sur Wiki-Braine l'Alleud e ligne le .
  8. Jules Tarlier et Alphonse Wauters, La Belgique Ancienne et Moderne. Géographie et histoire des Communes Belges, 1859.
  9. « La butte du Lion de Waterloo se fissure », Le Soir, , p. 17.
  10. Eric Meeuwissen « 650 micropieux pour stabiliser les versants de la butte », Le Soir, , p. 23.
  11. DH Les Sports+, « 40 millions pour le champ de bataille de Waterloo », sur www.dhnet.be, (consulté le ).
  12. DH Les Sports+, « Mémorial 1815 : le nouvel exploitant vise les 300 000 visiteurs par an », sur www.dhnet.be, (consulté le ).
  13. On aperçoit les manœuvres tirant sur les cordages et les renvois de poulie et quelques spectateurs venus admirer l'impressionnant travail.
  14. Et non, comme une la légende l'affirme, avec le bronze des canons français abandonnés sur le champ de bataille.
  15. Cette pièce, de l'exécution la plus difficile, coulée sur des dimensions dont il y a peu d'exemples, a parfaitement réussi. Pendant la durée de son exposition à Seraing, elle a fait l'admiration des nombreux visiteurs qui accouraient de toutes parts pour voir ce colosse, poignant souvenir pour les uns et précieux trophée pour les autres. Dans A. Lecocq, Description de l'établissement John Cockerill à Seraing accompagnée d'une notice biographique sur John Cockerill […], J. Desoer, 1847 (Livre numérique Google).
  16. Raoul Claes, Louvain et ses environs [guide de promenades], Louvain, Union vélocipédique louvaniste, 1892, p. 142. Victor Hugo dans le chapitre VII des Misérables, « Napoléon de belle humeur » faisait déjà remarquer le bouleversement du terrain, même s'il ne donne pas les précisions de Claes : « Les ondulations des plaines diversement inclinées où eut lieu la rencontre de Napoléon et de Wellington ne sont plus, personne ne l'ignore, ce qu'elles étaient le 18 juin 1815. En prenant à ce champ funèbre de quoi lui faire un monument, on lui a ôté son relief réel, et l'histoire, déconcertée, ne s'y reconnaît plus. Pour le glorifier, on l'a défiguré. Wellington, deux ans après, revoyant Waterloo, s'est écrié : On m'a changé mon champ de bataille. Là où est aujourd'hui la grosse pyramide de terre surmontée du lion, il y avait une crête qui, vers la route de Nivelles, s'abaissait en rampe praticable, mais qui, du côté de la chaussée de Genappe, était presque un escarpement. L'élévation de cet escarpement peut encore être mesurée aujourd'hui par la hauteur des deux tertres des deux grandes sépultures qui encaissent la route de Genappe à Bruxelles ; l'une, le tombeau anglais, à gauche ; l'autre, le tombeau allemand, à droite. Il n'y a point de tombeau français. Pour la France, toute cette plaine est sépulcre. »

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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