Brugmansia
Les brugmansias sont des plantes arbustives de la famille des Solanacées. Le genre Brugmansia a longtemps été confondu avec le genre Datura, dont il était considéré comme une espèce (Datura arborea). Comme le datura, le brugmansia possède en effet des fleurs ayant la forme de trompettes (d'où son nom familier de trompette des anges). La principale distinction entre les deux genres vient du fait que les fleurs de datura sont érigées, alors que celles du brugmansia sont tombantes, en clochettes. De plus, les brugmansias sont des arbustes, tandis que la plupart des daturas sont des plantes herbacées. Les deux plantes sont cependant très voisines, et elles ont les mêmes caractéristiques toxiques : on note en particulier la présence de scopolamine, de hyoscyamine et d'atropine, principalement dans leur sève.
Règne | Plantae |
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Division | Magnoliophyta |
Classe | Magnoliopsida |
Ordre | Solanales |
Famille | Solanaceae |
Sous-famille | Solanoideae |
Tribu | Datureae |
Ordre | Solanales |
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Famille | Solanaceae |
La plante fut découverte par Alexander von Humboldt et Aimé Bonpland pendant leur exploration de l'Amérique du Sud au début du XIXe siècle. Elle doit son nom à Sebald Justinus Brugmans (1763-1819), professeur d'histoire naturelle à l'université de Leyde. Elle serait originaire des Andes, mais pousse actuellement à l'état spontané dans les Antilles et en Océanie. Aux États-Unis et en Europe, elle a été acclimatée et marque une nette préférence pour les climats et les sols à la fois humides et chauds. De nombreuses variétés botaniques ont été créées pour les jardins d'agrément.
Les fleurs sont le plus souvent blanches ou jaunes (B. candida), mais des espèces ou des variétés à teintes plus colorées existent aussi, tout comme des espèces à fleurs doubles, ou triples. Elles atteignent facilement de vingt à trente centimètres en longueur et en diamètre. Leur parfum, qui ne se révèle qu'en soirée, est très intense et attire de préférence les insectes nocturnes (et les chauve-souris, principaux pollinisateurs de la plante dans son habitat originel).
Principales différences entre brugmansias et daturas
- Brugmansias : fleurs orientées vers le bas (peu importe l'angle), non autofertiles (sauf B. arborea ou exceptions), fruits sans piquants, arbustes ou arbres ligneux pouvant atteindre 70 ans. Le Brugmansia est donc une plante vivace, se multipliant par « rejets » du pied mère ou par l'explosion de ses fruits non épineux renfermant chacun un grand nombre de graines.
- Daturas : fleurs orientées vers le haut, autofertiles, fruits en général avec des piquants, considérés comme des fleurs annuelles. C'est donc une plante annuelle qui se dissémine grâce à l'explosion de ses fruits épineux renfermant chacun un grand nombre de graines.
Propriétés
Plus riches en alcaloïdes que les daturas (alcaloïdes tropaniques tels que scopolamine et atropine notamment), ce sont des plantes très dangereuses responsables de graves intoxications.
Elles sont très utilisées en Amérique latine comme poisons et comme médicaments. Elles sont parfois utilisées par des individus, opérant surtout dans les boites de nuit qui utiliseraient de la scopolamine (extraite de Brugmansia arborea) pour exercer une soumission chimique sur leurs victimes sans qu'elles puissent s'en rendre compte ni s'en souvenir à leur réveil.
Usage chamanique
Dans les Andes péruviennes, le Brugmansia sanguinea est cultivé depuis des millénaires pour confectionner des préparations servant à entrer en transe violente. Cette plante toxique et potentiellement mortelle est utilisée seulement par les chamans expérimentés. Selon les croyances traditionnelles, le brugmansia punit sévèrement les personnes qui lui manquent de respect. En Colombie et au nord du Pérou, les chamans emploient plutôt le Brugmansia aurea. Selon les croyances colombiennes, le Brugmansia vulcanicola est habité par un esprit maléfique[1].
Les espèces d'origine
- Brugmansia arborea
- Brugmansia aurea
- Brugmansia sanguinea
- Brugmansia suaveolens
- Brugmansia versicolor
- Brugmansia insignis
- Brugmansia vulcanicola
Les hybrides
La plupart des espèces d'origine ci-dessus sont fertiles entre elles, ce qui fait que dans la nature on retrouve des hybrides spontanés, à tel point qu'il semble actuellement difficile de retrouver des espèces d'origine véritablement 'pures'. Les hybrides qui illustrent cet article sont des hybrides artificiels, issus de pollinisations forcées par des jardiniers amateurs ou professionnels (voir la technique ci-dessous).
La culture de brugmansias
Comment fertiliser les brugmansias
Le développement annuel d'un Brugmansia est énorme. Pour pouvoir y parvenir dans les meilleures conditions, il faut des 'doses élevées de nourriture'. Engrais recommandé : 16-8-22 et 3 % magnésium (ou autre dosage similaire, l'azote, soit le premier chiffre, ne devrait pas être inférieur à 14).
Dosage recommandé : 80 g de minéraux fertilisants pour 10 litres d'eau (application hebdomadaire) ou 10 g pour 10 litres par jour et, tous les 3 jours, 30 g pour 10 litres. On n'applique jamais l'engrais sur du substrat sec, risque de brûlure des racines. Les engrais à libération prolongée sont inadaptés à cause de leur débit trop faible. L'engrais du commerce qui convient particulièrement bien est l'engrais spécial pour rosiers, mais tout autre engrais convient aussi bien : spécial géraniums, arbres fruitiers, engrais agricole…
Conseils de culture : la technique du pot permanent
Lors de la croissance d'un jeune brugmansia, qu'il soit issu de semis ou de bouture, on commence par le rempoter plusieurs fois dans des pots de taille croissante jusqu'à ce qu'il tienne bien dans un pot de 20 litres que la plante ne quittera plus tout au long de l'année. Un pot en plastique conviendra très bien à l'application de cette méthode, il sera préparé en perforant sur ses côtés deux rangées de trous placés en quinconce d'un diamètre d'environ 5 cm. Pour l'hivernage, la petite taille du pot (20 litres) permettra de le manipuler assez facilement et pour l'été on plantera le brugmansia avec son pot permanent.
Il y a deux possibilités pour préparer l'installation estivale :
- – on peut utiliser une jardinière de (très) grande taille, en planches de bois, en plastique, en béton... On peut se permettre une dimension de 1 m par 1 m, mais il faut veiller à garder un bon système de drainage ;
- – soit planter directement en pleine terre, ce qui permettra de diminuer la fréquence des arrosages et d'avoir un prix de revient quasiment nul.
Au printemps, il faut mettre en place à l'endroit choisi, dans la jardinière ou en pleine terre, du terreau fertilisé (terre, terreau horticole, fumure, sable…) et fixer solidement un ou plusieurs tuteurs dans ce substrat. Il faut ensuite creuser un trou pour le pot permanent que l'on installe dès que tout risque de gel est écarté. Les racines du brugmansia vont rapidement trouver les trous du pot permanent et se développer généreusement dans le terreau. En juillet et en août, le brugmansia est resplendissant et fleurit à profusion.
Pour l'hivernage, dès les premiers risques de gel, on déterre la plante avec son pot permanent en prenant soin de couper les racines qui sortent des trous. On rabat la plante selon envie en prenant soin de toujours préserver les premières fourches des troncs puis on fait hiverner l'objet de sa passion botanique dans son pot permanent hors gel. Il vaut mieux ne pas faire de trous dans le fond du pot permanent pour pouvoir le déterrer plus facilement après avoir sectionné les racines du côté avec une bêche.
L'arrosage des brugmansias
Attention, les racines ne doivent pas être noyées en permanence. Si elles ont besoin de l'eau pour absorber les éléments nutritifs contenus dans le substrat de culture, elles ont aussi besoin de respirer. Le substrat est un milieu vivant où les bactéries aérobies ont, comme leur nom l'indique, besoin d'air pour faire leur boulot ! Il est donc important d'assurer un bon drainage dans le conteneur. Le mieux est de disposer dans le fond une couche de 2/3 cm de gravillons séparée du substrat par un feutre géotextile, ou une petite épaisseur de laine de verre ou de laine de roche. Les arrosages répétés tassent la surface du pot. Il peut se former une couche de mousse en surface, signe d'asphyxie (comme sur les gazons). Il ne faut pas hésiter à biner souvent cette surface pour aérer. Une fourchette fait bien l'affaire.
Par ailleurs, on n'arrose un brugmansia que lorsqu'il en a besoin, c’est-à-dire quand le terreau est presque sec (évitez de laisser le terreau se dessécher complètement).
En hiver, cela arrive au bout de plusieurs mois. Au printemps, au bout de plusieurs jours. En plein été, à l'ombre, au bout d'un jour, et enfin, en plein été, au grand soleil, au bout de quelques heures. Ne pas mettre d'assiette ou de soucoupe sous les pots partout où c'est possible (en galerie, à l'extérieur), cela évite l'eau stagnante, très nocive. Que rajouter au terreau pour qu'il absorbe plus d'eau ? De la tourbe, du compost. Il y a aussi des matériaux isolants vendus par les marchands de matériaux de construction en grands sacs, à bon prix : pierre ponce concassée (pouzzolane ou pumice, en anglais), vermiculite (flocons de mica expansé) forte rétention d'eau, bon drainage et aération, perlite : bon drainage et aération, faible rétention d'eau.
Les brugmansias et le gel
Éventuellement, ils peuvent supporter du -1 ou -2 degrés Celsius. Par contre, si on paille bien la motte de racine, dans les régions de rusticité 8, les brugmansias repartent avec de nouvelles pousses (sans garantie !). Ceci constitue d'ailleurs la méthode classique la moins contraignante pour hiverner les brugmansias.
La dormance : une mise au repos végétative
Attention, la dormance ne concerne ni les hybrides versicolor, ni les boutures fraîchement racinées : il y a un important risque de pourriture pour ces plantes. La plupart des brugmansias peuvent entrer en dormance pour de longues périodes ; dans la nature, c'est le sec qui les fait entrer en dormance. On peut profiter de cette propriété pour, en plus, les faire supporter le froid et le noir. Comment ça marche ?
- On prend un brugmansia bien vert avec son pot (le plus petit possible, vous verrez plus loin pourquoi) et on le met au sec sous un abri (intérieur ou extérieur).
- On laisse aux feuilles le soin d'évaporer toute l'eau, en particulier celle de la motte de terreau.
- On attend que le terreau soit bien sec. Cela se remarque au toucher, mais il faut vérifier l'intérieur de la motte. Cela se remarque aussi aux feuilles et fleurs flasques. Ce séchage va plus vite et est de meilleure qualité lorsque le pot est petit. Quand les feuilles ont tout évaporé, elles deviennent complètement flasques : ceci réduit leur surface d'exposition (au soleil en été) et bloque grandement l'évaporation. Futé ! À ce stade, on vous conseillera, et c'est un mythe très répandu, de la rabattre fortement : n'en faites rien. Moins on coupe, plus on aura des fleurs tôt la saison prochaine. J'ai vu un brugmansia Charles Grimaldi non rabattu pendant deux ans : une merveille, des centaines de fleurs.
- Quand la plante a fortement ralenti son métabolisme pour raison de sécheresse, elle est entrée en dormance, c'est là que nous intervenons : nous en profitons pour la rentrer en cave ou en garage pour la saison froide. Au bout de quelques jours, on enlève toutes les feuilles et ce qui reste des fleurs.
Ensuite, il faut trouver un juste milieu entre
- sécheresse absolue des racines sur une longue durée : la plante se dessèche et meurt et
- l'humidité excessive qui provoque pourriture des racines, attaque fongique sur les tiges et ... mort de la plante.
Les brugmansias gagnent à être hivernés au sombre et au froid, sans aller en dessous de 5 degrés Celsius. Il faut garder la motte très légèrement humide. Arrosage toutes les 4 semaines par là. Plus la cave est froide et humide et noire, moins il faut l'arroser. Plus la cave est sèche et chaude et éclairée, et plus on s'approche du printemps, plus on peut arroser, tout en restant quand même toujours très parcimonieux avec l'eau. Ces arrosages n'ont rien à voir avec les arrosages copieux indiqués durant la belle saison ! La quantité d'eau à apporter n'excède pas 50cl d'eau, pour un brugmansia dans un grand pot, toutes les quelques semaines. Il faut garder les racines légèrement humides, c'est tout.
La reproduction de brugmansias
Bouturage et marcottage
Une première méthode de reproduction consiste à pratiquer le bouturage. Les boutures issues de la région végétative (en dessous du premier point de fourche d'une branche) fleurissent plus tardivement que celles provenant de la région florale (c.a.d. au-dessus du premier point de fourche, (le Y). Autre technique de bouturage : le marcottage aérien : choisir une branche qu'on souhaite séparer de la plante mère. L'entailler sur une profondeur de 2/3 de branche. Y mettre ou non de l'hormone de bouturage. Entourer de quelques cm de tourbe ou autre terreau d'enracinement. Emballer ce substrat dans du tissu. Bien humidifier le tout. Recouvrir de film plastique. Enracinement au bout de 2-6 semaines (selon température et autres paramètres). Ensuite on coupe en dessous des racines. Comment faire des boutures à plat ? Ça marche mieux avec des boutures ligneuses : on pose des tronçons de branches ligneuses de brugmansia (5 à 20 cm de long par ex.) horizontalement dans des rigoles aménagées en surface du terreau d'enracinement, enfoncées de moitié. Garder le terreau humide. Les boutures les plus longues peuvent produire plusieurs pousses. Dès que les nouvelles pousses ont une dizaine de centimètres de haut, on les prélève en coupant la tige enterrée avant et après elle (trouvé dans brugmansias.org). Un petit truc simple et performant :
- – prendre une bouteille d'eau (plastique) de 1,5 l, la couper au tiers supérieur, mettre un tiers de bon terreau de bouturage, légèrement humidifié ;
- – couper une bouture 10 à 15 cm, coupe franche, éliminer les feuilles basses, réduire la surface foliaire des feuilles supérieures ;
- – tremper la bouture dans des hormones de bouturage ;
- – la piquer dans le terreau ;
- – une bonne pulvérisation d'eau additionnée de benlate ou d'un fongicide ;
- – recouvrir la bouteille d'un sac plastique transparent.
Enracinement garanti en deux semaines, si l'ensemble est placé dans un milieu chaud, sans ensoleillement direct. Lorsque les racines apparaissent, arroser et découvrir, rempotage ultérieur.
La reproduction par germination
Comment faire pour semer des Brugmansias ? Tremper les graines (éventuellement épluchées pour les plus grosses, c'est-à-dire débarrassées de leur gangue) 24 heures dans de l'eau tiède (20 à 36 °C), les presser dans le terreau spécial semis, humidifier, recouvrir de film transparent et poser sur un radiateur (éventuellement celui d'un réfrigérateur), température de 20 à 36 °C, patience. En général, elles commencent à lever au bout de 2-3 semaines, probablement pas toutes en même temps. Pour un lot de graines donné, les dernières à lever peuvent mettre plusieurs mois, les premières 12 jours. Au fur et à mesure qu'elles lèvent, on peut les prélever délicatement (à l'aide d'une pincette par exemple), les rempoter dans des godets individuels et les exposer à la lumière (fenêtre, lampe même ordinaire ou à économie d'énergie), la chaleur n'est alors plus aussi importante.
La pollinisation artificielle de fleurs de brugmansia
Intérêt de la pollinisation artificielle : elle permet de croiser deux variétés différentes et ainsi d'obtenir un nouvel hybride dont on connaît avec certitude les parents. Croiser un brugmansia à fleurs doubles blanches avec un brugmansia à fleurs simples roses permet d'envisager, par exemple l'obtention d'un brugmansia à fleurs doubles roses. La pollinisation consiste à transporter le pollen depuis les étamines d'une fleur sur le stigmate au bout du pistil d'une autre fleur. Pour polliniser une fleur de brugmansia, soit on laisse faire les insectes et les colibris. C'est la pollinisation naturelle. Mais on n'a pas tous des colibris dans le jardin, alors on peut avoir recours à la pollinisation artificielle. On prélève du pollen (poudre blanche un peu collante) d'une fleur de brugmansia (depuis les 5 étamines au cœur de la fleur) avec un pinceau ou un coton-tige, et on frotte avec le bout du style (la pointe la plus longue au centre de la fleur) d'une fleur d'un AUTRE brugmansia (ça ne marche pas entre deux boutures de la même plante mère, par exemple). Entre-temps, on peut stocker le pollen au congélateur ou l'envoyer par la poste à quelqu'un d'autre. Si la fleur est pollinisée, sa base (pédoncule plus ovaire) restera accrochée à la tige, le pédoncule se raffermira, l'ovaire gonflera et, au bout de 4 mois (8 pour les sanguineas), on pourra récolter quelques centaines de graines par fleur, quand le fruit sera de couleur marron et desséché. Si elle n'est pas pollinisée, le pédoncule jaunit et finit par tomber.
Répartition géographique
Trois espèces de Brugmansia sont considérées envahissantes en Nouvelle-Calédonie : arborea, candida et suaveolens[2].
Notes et références
- Plantes des Dieux, Hoffman & Shultes, Ed. Lézard, (ISBN 2-910718-24-7) p. 33, p. 140
- Vanessa Hequet, Mickaël Le Corre, Frédéric Rigault, Vincent Blanfort, Les espèces exotiques envahissantes de Nouvelle-Calédonie, IRD, Institut de Recherche pour le Développement, , 87 p. (lire en ligne), p. 17
Voir aussi
Bibliographie
- BRUGMANSIA ET DATURA. Trompettes des anges PREISSEL, Hans-Georg PREISSEL, Ulrike, relié, ULMER (LES EDITIONS EUGEN), 2000, 144 pages et environ 115 illustrations. Contenu : Les genres Brugmansia et Datura Comment les distinguer et les déterminer. Utilisations magiques et médicinales. Espèces, hybrides et variétés. Culture. Hivernage. Multiplication. Sélection. Maladies et parasites.
- (en allemand) Engelstrompeten - Die Schönsten Sorten - Pflegen - Überwintern - Vermehren, Monika Gottschalk, éditeur : blv garten plus, (ISBN 3 405 15760 9)
Liens externes
- (fr+en) Référence ITIS : Brugmansia Pers.
- (fr) Référence Tela Botanica (France métro) : Brugmansia
- Groupe de discussion autour des brugmansias : http://fr.groups.yahoo.com/group/culturebrugmansia
- Les prédateurs naturels : http://ddbrug.free.fr/
- Association internationale dédiée aux brugmansias : http://www.brugmansia.us/
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