Boulenger

Boulenger est le nom d'une dynastie d'industriels français de la céramique qui furent propriétaires, à partir du milieu du XIXe siècle, des Faïenceries de Choisy-le-Roi. L'entreprise porte toujours leur nom.

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Maison Boulenger à Auneuil.

Outre la faïence de table, ses séries d'assiettes, et le développement de collections intermédiaires, la maison Boulenger proposait des objets d'art, luxueux et parfois monumentaux[1]. L'entreprise connaît son heure de gloire avec le marché du métro parisien pour lequel elle fournit, avec la faïencerie de Gien, les célèbres revêtements muraux en carreaux blancs des tunnels du réseau ferroviaire sous-terrain parisien[2].

Historique

Empire de la céramique

  • 1804 : création de la faïencerie des frères Paillart – Valentin, Melchior et Nicolas – à Choisy-le-Roi.
  • 1824 : Valentin Paillart, seul frère restant, s'associe à Hippolyte Hautin, qui a travaillé auparavant à la manufacture de faïence de Creil.

En 1836, Hippolyte Hautin, resté seul, s'associe à Louis-Xavier Boulenger (1800-1858)[3].

  • 1863 : Hippolyte Boulenger (1836-1892)[4], neveu de Louis-Xavier Boulenger et fils d’Adolphe Boulenger et Alexandrine Hautin (1814-1900), devient à son tour directeur de l’entreprise. Il demeure 3 rue du Pont à Choisy, maison appelée « le Château », puis 1 avenue de Villeneuve à Thiais. Il est marié à Elise de Geiger, fille de Alexandre de Geiger, industriel faïencier et homme politique, fils du baron Charles-Léopold de Geiger (1778-1835) et de Caroline Louise-Augusta-Frédérica von Kalb, de Saxe-Weimar (1772-1862). Alexandre de Geiger dirige les Faienceries de Sarreguemines que lui a légué son beau-père Paul Utzschneider[5],[6].

En 1878, la société anonyme Hippolyte Boulenger et Cie est créée.

En 1889, Hippolyte Boulenger obtient les deux tiers du marché des revêtements muraux des tunnels du métro parisien, ce qui motive le déménagement du siège social à Paris, 18, rue de Paradis (10e arrondissement)[7]. La faïencerie n’est d’ailleurs connue par certains que pour ces carreaux de grès biseautés de 7,5 cm par 15 cm en émail blanc parcourant les couloirs du métro parisien[8]. Sur le site de Choisy, l'usine diversifie sa production dans les carreaux et décors de façade[9].

En 1892, Paul Boulenger (1868-1937), fils d'Hippolyte, prend la succession de la faïencerie au décès de son père. Louis Privé, petit-fils d’Hippolyte, fils de Thérèse Boulenger, épouse de Julien Privé, devient administrateur et est accompagné dans sa tâche par son cousin Jean Boulenger, fils de Paul Boulenger et Madeleine Le Harivel du Rocher.

De 1906 à 1936, la société Boulenger exploite la carrière d'argile dans le Roumois[10]. En 1920, l'entreprise rachète les « Faïenceries de Creil et Montereau » (la manufacture de Creil est fermée depuis 1895), ce qui donne naissance au groupe HBCM (Hippolyte Boulenger-Creil-Montereau)[11]. À Choisy, les effectifs passent de 300 en 1900 à 1 400 en 1930[8].

Gondoles (Choisy-le-Roi)

Hippolyte Boulenger lance le projet de transformer les Gondoles de Choisy-le-Roi en cité ouvrière, un projet qui sort des sols à partir de 1890. Les Boulenger sont alors les principaux propriétaires de la zone des Gondoles, et lancent un système novateur de prêt à ses employés pour acquérir des parcelles de terre pour y construire leurs logements[8],[12]. Paternaliste, la société Boulenger offre à ses ouvriers une caisse d'épargne, une société de secours mutuel, une caisse d'assurance contre les accidents, une coopérative alimentaire, une crèche (2 mois à 3 ans), un asile pour enfants (3 ans à 13 ans) et une école de garcóns (puis un internat d'apprentis en 1883). Un tiers de la ville de Choisy appartient aux Boulenger[8].

Paul Boulenger entreprend la construction d'immeubles dans le quartier des Gondoles, notamment le n° 6-8 avenue d'Alfortville construit en 1929, et l'« immeuble Boulenger » de 350 logements en face de l'usine[8].

Magasins Boulenger, Paris

En 1889, le siège social de la société est transféré à Paris, 18, rue de Paradis (10e arrondissement) dans un nouveau bâtiment. Une borne historique a été apposée par la ville de Paris. Une large part des murs intérieurs du bâtiment sont recouverts de décors de faïence. Hippolyte Boulenger obtient les deux tiers du marché des revêtements muraux des tunnels du métro parisien, ce qui motive probablement le déménagement du siège social à Paris. La faïencerie n’est d’ailleurs connue par certains que pour ces carreaux de grès biseautés de 7,5 cm par 15 cm en émail blanc parcourant les couloirs du métro parisien[8]. La rue de Paradis est déjà occupée par les cristalleries Baccarat et Saint-Louis[13].

Paul Boulenger choisit les architectes Georges Jacottin et Ernest Brunnarius pour construire un bâtiment servant les fonctions d'entrepôt et de vitrine commerciale. Le bâtiment d'inspiration Renaissance est construit sur un terrain étroit. Les lettres dorés « H. Boulenger » sont aposées sur le haut de la façade. Le céramiste A.-J. Arnoux assure la plupart des décorations. Le bâtiment est classé monument historique en 1981[13].

Maison Boulenger, Auneuil

La maison Boulenger à Auneuil est construite en 1885 par les frères Aimé Jean-Baptiste et Joseph Achille Boulenger. La maison servait de démonstration publicitaire du savoir-faire de l'entreprise Boulenger[14]. La maison est classée monument historique en 1901.

En 2019, l'ancien site industriel Boulenger d'Auneuil, propriété de la commune depuis 1991 et dans lequel la maison de maître est classée, entame sa transformation en zone résidentielle[15],[16].

Déclin

Vers 1930, environ deux cent mille carreaux Métro sont produits par semaine, soit environ quarante mille par jour[8]. À partir des années 1930, Boulenger développe fortement ses activités de revêtement de sol coulé en caoutchouc[17]. En 1936, l'usine de Choisy-le-Roi ferme ses portes. Une entreprise de céramique spécialisée dans la production d'articles funéraires est créée à Alençon, 112, avenue de Quackenbruck. Elle se classe au troisisème rang mondial des usines d'ornements funéraires en céramique, mais ses effectifs déclinent à partir des années 1950[18]. En 1955, la manufacture de Montereau ferme ses portes.

En 1967 est créée la société anonyme Établissement Boulenger, entreprise de revêtements, qui deviendra la société Boulenger active aujourd'hui[8].

En 1971, la manufacture d'Alençon prend la raison sociale S.A.R.L. Boulenger céramique d'Alençon. En 1980, la fabrique d'Auneuil est renommée Sapca (Société anonyme des produits céramiques d’Auneuil) et se tourne vers les carreaux 10x10, mais ferme quelques années plus tard[19]. En 1987, la manufacture d'Alençon cesse ses activités. Elle est détruite en 1995[18].

Revêtements

En septembre 2018, Boulenger lance le 1er procédé de revêtement d'encapsulage des sols amiantés (Wigoflex)[20].

Activités

Boulenger est une entreprise française spécialisée dans le carrelage, les revêtements plastiques et de moquettes et une spécialisation dans les revêtements spéciaux par coulage dérivés de la technique Granilastic[8].

50% de sa production est destinée à l'export[17].

Œuvres importantes

Construction

Art

Notes et références

  1. « La faïencerie Boulenger », sur Choisyleroi.fr
  2. Sophie Berthier, « Pourquoi le carrelage du métro parisien est-il blanc ? », sur Telerama.fr,
  3. Il épouse à Douai Julie Delbarre (1799-1875), dont un fils mort à 21 ans sans descendance..
  4. Hippolyte Boulenger est le petit-fils de Louis Boulenger (1773-1850) et le fils d’Adolphe Boulenger (1805-1873) qui épouse Alexandrine Hautin (1814-1900). Hippolyte Boulenger (1836-1893) épouse quant à lui Elisa de Geiger (1846-1926), fille d'Alexandre de Geiger, dynastie d'industriels de la céramique de Sarreguemines. Hippolyte Boulenger reprend l'entreprise familiale, tandis que son frère Adolphe Boulenger, fils, (homonyme de son père) conduira la dynastie d'orfèvres. Leurs sœurs Marie et Julie, célibataires, ne s'impliquent pas dans les industries familiales.
  5. « La faïencerie de Sarreguemines - Utzschneider & Cie », (consulté le )
  6. Philippe Hamman, « La construction d'une histoire officielle d'entreprise: l'«auguste ancêtre», François-Paul Utzschneider », Genèses. Sciences sociales et histoire, vol. 40, no 1, , p. 53–80 (DOI 10.3406/genes.2000.1635, lire en ligne, consulté le )
  7. « Paris Promeneurs - La faïencerie Boulenger Le Manoir de Paris », sur www.paris-promeneurs.com (consulté le )
  8. François Robichon, « La faïencerie Boulenger de Choisy-le-Roi », sur Ihs94.org
  9. « Une page du catalogue Hippolyte Boulenger & Cie 1898 », sur Ceramique-architecturale.fr,
  10. « Association Tuiles, Poteries, Briques du Roumois », sur Bosc-roger.fr
  11. « Creil et Montereau faïence », sur Archipel.paris
  12. « Choisy céramique. La couleur dans nos rues », sur Francearchives.fr,
  13. « La faïencerie Boulenger Le Manoir de Paris », sur Paris-promeneurs.com
  14. « La maison Boulenger à Auneuil (60) », sur Petit-patrimoine.com
  15. Patrick Caffin, « Auneuil : 300 logements attendus sur l’ancien site industriel Boulenger », sur Leparisien.fr,
  16. « Auneuil : la maison Boulenger, la céramique et la quête d'un avenir Un lieu extraordinaire à Auneuil : la maison Boulenger et la céramique », sur Leparisien.fr,
  17. « Boulenger & Cie », sur Batiweb.com
  18. « L'histoire de l'usine de céramique », sur Ouest-france.fr,
  19. Xavier de Jarcy, « Balade à Beauvais sur la piste des caméléons en grès », sur Telerame.fr,
  20. « WIGOFLEX, le 1er procédé de revêtement capable d’encapsuler des sols amiantés ! », sur Batiweb.com,
  21. « Le patrimoine des années 30 », sur Maisons-Alfort.fr
  22. Franck Beaumont, « Les HBM des Amiraux », sur Evous.fr,

Bibliographie

  • Hélène Bougie, La faïencerie de Choisy-le-Roi, fin du XIXe-début du XXe siècle, mémoire de maîtrise préparé sous la direction de M. Lerner, Université Paris XII Val-de-Marne, 1982.
  • Hélène Bougie, Patrimoine industriel de Choisy-le-Roi, DEA préparé sous la direction de M. Bergeron, École des Hautes Etudes en Sciences Sociales, 1986.
  • Paul Laidet, Pour l’histoire de Choisy-le-Roi : la faïencerie Boulenger.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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