Bohras

Les Bohras ou Tayyibi de Abû al-Qâsim al-Tayyib (XIIe siècle) forment une branche des Musta'liens dont ils sont les seuls représentants depuis la chute des Imams Hâfizzi. Ce sont des groupements chiites ismaéliennes dont les membres sont en grande partie originaires du Gujarat en Inde. Les Da'i al-Mutlaq, les représentants de l'Imam caché, sont les chefs spirituels de ces communautés.

Le mot Bohra est dérivé du mot Gujarati Vehwahar/vohorvû, qui peut être compris comme commerçant. De nos jours la grande majorité de la communauté travaille dans le commerce (70 %).

Cette communauté a fait scission à plusieurs reprises dans son histoire, donnant lieu à différentes branches : les Jafari Bohras, qui suivent l'école hanéfite, les Dawoodi Bohras, les Sulaymani Bohras, les Aliyah Bohras, etc.

Origine ethnique

Comme les mariages sont essentiellement endogamiques, les Bohras sont essentiellement d'origine indienne et une minorité est yéménite.

Comme pour les Khojas, nombre des ancêtres des Bohras sont des Hindouistes du Gujarat convertis. Leur conversion est le fruit des efforts de missionnaires Fatimides d'Égypte et du Yémen avant le décès Al-Mustansir Billah. Ils faisaient partie des castes moyennes et supérieures vaishya de Jains, voire aussi de musulmans. Plus tard, les nouveaux convertis[1] reprennent l'activité missionnaire dans d'autres régions indiennes qui constituent aujourd'hui le Rajasthan, le Madhya Pradesh et le Maharashtra.

Histoire des Bohras

Les Bohras sont des Ismaéliens d’origine indienne appartenant à la branche musta‘lienne, originellement hindous convertis à l’islam. Après l’assassinat du calife fatimide Mansur al-Amir Bi-Ahkamillah en 1131, son fils Abû al-Qâsim al-Tayyib entre en occultation rapidement. L’autorité religieuse fut transférée aux dâ‘îs (prédicateurs), le premier fut Dhu’ayb b. Mûsâ déclaré dâ`î al-mutlâq (le prédicateur en chef) en 1138. Mais après la mort du vingt-sixième dâ`î al-mutlâq Dâ’ûd b. ‘Ajab en 1591, la succession est contestée. La communauté se divise : les Dâ’ûdites suivent Dâ’ûd b. Qutb Shâh alors que les Sulaymânîtes se rangent du côté de Sulaymân b. Hasan. Le dâ`î al-mutlâq des Dâ’ûdites devait continuer à résider en Inde, alors que celui des Sulaymânites allait s’établir au Yémen. La communauté dâ’ûdite devait connaître d’autres scissions aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Doctrine et coutumes

La doctrine tayyibite ou bohra est issue de la théosophie fâtimide. Cette continuité entre la théosophie fâtimide et la doctrine tayyibite est évidente, puisque les Bohras étudient toujours les œuvres des auteurs fâtimides comme al-Kirmânî ou al-Qâdî al-Nu`mân. Cela dit, si la doctrine fâtimide reste la doctrine officielle des Bohras, le dâ`î al-mutlâq (le représentant de l’Imâm caché) détient toujours une autorité religieuse sur ses fidèles. En réalité, aucun Bohra ne peut entreprendre quoi que ce soit sans son autorisation. Cette dépendance est scellée par le serment (mithâq) que prête tout fidèle vers l’âge de quinze ans, et qu’il renouvelle chaque année à l’occasion de la fête de Ghadir Khumm.

Les Bohras célèbrent les principales fêtes musulmanes, sunnites et shî`ites, et des fêtes spécifiques : ce sont les anniversaires des dâ`îs importants et du dâ`î en fonction.

Les différentes branches

Elles sont nées à cause de problème de succession des Da'i.

  • Les Daudi ou Dawoodi Bohras en forment la branche la plus importante. Ce mouvement né en 1592 est appelé ainsi d'après le nom de leur 27e Da'i, Syedna Daud ibn Qutubshah
    • Les Alavi Bohra (ne pas confondre avec les Alévis) est une branche issue des Dawoodi Bohras. En 1637, à la suite de la mort du 28e Da'i, ils prennent pour Da'i Ali bin Ibrahim. Ils vivent surtout au Pakistan et en Inde.
    • En 1754, à la mort du 39e Da'i Syedna Ibrahim Wajihuddin, se forme la branche des Hebtiahs bohras
    • En 1840, à la mort du 46e Da'i Syedna Muhammad Badruddin se forme la Atba-i Malak jama'at
    • Depuis les années 1980, un mouvement Progressive Dawoodi Bohra, fait sécession.
  • Les Sulaymani Bohra, concentré au Yémen, forment une autre branche. Ce mouvement né en 1592 est appelé ainsi d'après le nom de leur 27e Da'i, Syedna Sulayman ibn Hassan. La communauté sulaymânite – dont le nombre serait d’environ soixante-dix mille membres – reconnaît actuellement al-Husayn b. Ismâ‘îl al-Makramî comme dâ`î al-mutlâq qui réside en Arabie Saoudite.

Informations brutes

  • Le Rite de Mithaq, est le serment d'allégeance sans restriction envers le Da'i, c'est un point central de la déclaration de foi des Bohras.
  • Les boras sont environ 1 200 000. Plus de 90 % de ceux-ci vivent dans le Maharashtra et le Gujarat. Les 10 % restant sont concentrés majoritairement au Pakistan, Afrique de l'Est et en Europe ou aux États-Unis.
  • Dhuaib Ibn Musa (1151) est considéré comme le premier Da'i. Le premier Da'i à vivre en Inde fut le 24e Da'i Yusuf Najmuddin Ibn Sulaiman (1567)
  • Le mariage temporaire (mut`a) est interdit.
  • Le Da'i est considéré comme infaillible, spirituellement et politiquement, ses adeptes lui doivent total obéissance. Une femme, comme un homme, peut être considérée comme mollah
  • il y a 400 Jamaatkhanas (lieu de prière et de réunion), 137 musafirkhanas et 700 masjids Bohras autour du monde.

Notes

Source

  • Jonah Blank, Mullahs on the Mainframe: Islam and Modernity Among the Daudi Bohras, publié par Chicago University Press, 2002 (ISBN 0226056775)
  • Dawoodi Bohras-An Anthropological Perspective de Shibani Roy (ISBN 0865903247)

Liens externes

  • Portail de l’islam
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.