Bibliothèque Saint-Sulpice

La bibliothèque Saint-Sulpice est un édifice situé au 1700 rue Saint-Denis à Montréal. Construit en 1914[1], il a été classé monument historique en 1988[2].

Bibliothèque Saint-Sulpice

Façade de la bibliothèque Saint-Sulpice, située au 1700 rue Saint-Denis.
Présentation
Coordonnées 45° 30′ 55″ nord, 73° 33′ 51″ ouest
Pays Canada
Ville Montréal
Adresse 1700, rue Saint-Denis
Fondation 1914
Fermeture 2005
Protection Immeuble patrimonial (1988)
Informations
Superficie 3 000 m2
Site web http://saintsulpice.banq.qc.ca/
Géolocalisation sur la carte : Canada
Géolocalisation sur la carte : Québec

La bibliothèque a été conçue et fondée par les Sulpiciens en 1915[3]. Elle poursuit l’Œuvre des Bons Livres créée en 1843[4]. L’Œuvre des Bons Livres est considérée comme la première bibliothèque française de Montréal. Elle était installée au numéro 8, Place d’Armes dans l’ancienne chapelle des Morts attenante au cimetière. Son premier fonds était constitué de 2400 volumes[4].

La plupart des livres de la bibliothèque Saint-Sulpice proviennent des membres de la communauté à leur décès ou lors de leur retour en France. De toutes les contributions celle de François Vachon de Belmont (Grenoble 1645-Montréal 1732) est la plus importante[5].

Histoire

Trois hommes examinant des piles de périodiques dans la bibliothèque Saint-Sulpice en 1943

Le premier avril 1911, un concours d'architecture est lancé[6]. Onze propositions sont présentées et c'est celle de l'architecte Eugène Payette qui est retenue[6]. Cet édifice de style Beaux-Arts est dessiné en 1912 par Eugène Payette (qui a dessiné également la bibliothèque centrale de Montréal)[1] à la demande des sulpiciens pour servir aux chercheurs universitaires, aux étudiants et au public en général. On doit sa vitalité à des bibliothécaires tels Ægidius Fauteux et Olivier Maurault.

En 1914, à la demande de Fauteux, Guido Nincheri illustre l'ex-libris de la bibliothèque. Représentant deux tours, seul vestiges du fort érigés par les sulpiciens aux XVIIe siècle, on y remarque deux dates . La première, 1684, correspond à l'établissement du Séminaire de Notre-Dame tandis que 1914 est la date prévue de l'ouverture de la bibliothèque Saint-Sulpice [7].

Plus qu'une véritable bibliothèque publique, l'institution est plutôt d'une bibliothèque privée de recherche, de type universitaire, accessible au public[2]. La bibliothèque Saint-Sulpice est très populaire à ses débuts. De nombreux intellectuels de l’époque la fréquentent. Le conservateur Aegidius Fauteux s’affaire à monter une collection de grande qualité. Il se rendit aux États-Unis et en Europe pour faire des achats massifs[8]. Il établit également une politique d’achat locale. Un service de circulation de livres est créé ce qui n’était pas prévu au départ. Au cours de cette période, le prêt de livres ne cesse d’augmenter. Il passa de 28 337 livres pour la période 1915-1916 à 70 996 pour les années 1924-1925[9]. Cette dernière, en plus de remplir ses rôles de recherche et de conservation, avait aussi une vocation culturelle. En effet, on retrouvait des animations culturelles diverses dans la grande salle de spectacle située au sous-sol[10].

La bibliothèque en 1936.

À compter de 1925, les problèmes financiers commencent. Les Sulpiciens, qui administrent l’établissement, subissent d’énormes pertes à la bourse[11]. Ils n’ont d’autres choix de réduire le personnel et les acquisitions. Dès 1926 la bibliothèque cesse le prêt de livres. En 1930, le conservatoire national de musique, qui occupait des locaux à la bibliothèque depuis 1928, fait une offre d’achat[11]. Beaucoup de personnalités publiques de l'époque s’opposent à cette transaction qui n’aura finalement pas lieu. Le krach de 1929 aggrave davantage la situation financière des Sulpiciens qui n’auront d’autres choix de la fermer le 31 juillet 1931[11].

Ex-libris d'un livre de la collection Saint-Sulpice, présentant les vieilles tours du Fort de la Montagne sur le terrain du Grand séminaire de Montréal, rue Sherbrooke.

La bibliothèque est acquise en 1941 par le gouvernement québécois au coût de 741 000 $CA[12]. Philippe Laferrière est alors le directeur de la bibliothèque. Ce qui équivaut aux taxes impayées des Sulpiciens à la ville de Montréal[11]. Elle ouvrira à nouveau ses portes le 16 janvier 1944[11]. À la collection Saint-Sulpice s'ajoutent alors d'autres documents formant la collection nationale. Après un départ timide, la bibliothèque Saint-Sulpice redevient populaire. Malgré ce succès plusieurs problèmes nuisent à son bon fonctionnement, notamment l’absence de vocation, le manque d’espace et de personnel. Après avoir exprimé à plusieurs reprises les problèmes de l’institution, le conservateur Damien Jasmin démissionne en 1963[11].

Ce départ fait prendre conscience à l’État québécois l’importance qu’a la bibliothèque. Il procède dès lors à l’embauche de personnel qualifié et à la rénovation du bâtiment[11]. En 1964, Georges Cartier devient le premier bibliothécaire professionnel à en devenir le conservateur[13]. Elle devient la Bibliothèque nationale du Québec en 1967 [14]. L'édifice est classé monument historique le [3].

Le projet de la Grande bibliothèque du Québec amène un transfert de la collection nationale dans le nouvel édifice du boulevard de Maisonneuve[15]. L'édifice de la rue Saint-Denis, vide, est vendu en 2005 au coût de 2,5 M $ à l'Université du Québec à Montréal qui le met en vente deux années plus tard[16],[17]. Une opposition à un transfert au privé d'un édifice patrimonial amène le gouvernement du Québec à racheter l'édifice au coût de 4,5 M $. En 2008, on cherche des partenaires pour déterminer son utilisation[18].

Après la Bibliothèque Saint-Sulpice

Projet abandonné

Le 23 avril 2010, la ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Mme Christine St-Pierre, annonce un accord de principe selon lequel le groupe Le Vivier[19], regroupant 27 organismes en musiques nouvelles, pourra utiliser la bibliothèque Saint-Sulpice pour en faire un lieu voué à la diffusion, à la création et à la recherche en musiques nouvelles et contemporaines[20],[21]. Le gouvernement projette alors investir 5 millions de $CA pour y aménager une salle de spectacle de 400 places[22]. Les premiers concerts étaient prévus à la saison 2012-2013. À l'étage il y aurait eu des ateliers pour artistes. Le projet n'a pas abouti.

Mise en vente

En 2015, le gouvernement tente de vendre « Un immeuble connu et désigné comme étant le lot 2 161 477 du Cadastre du Québec, circonscription foncière de Montréal, ayant une superficie de 3 150,90 m2, avec bâtisse dessus construite[23]. » Une opposition s'élève et la ministre de la Culture, Hélène David, annonce, l'annulation de la vente et la création d'un comité mixte avec la Ville de Montréal pour « analyser les opportunités permettant de faire revivre la bibliothèque Saint-Sulpice et d'assurer sa pérennité »[24].

Renaissance de la bibliothèque

Le , le ministère de la Culture et des Communications du Québec (MCC) et la ville de Montréal annoncent que Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) aura le mandat de faire revivre la bibliothèque Saint-Sulpice[25]. La bibliothèque est alors destinée à être un laboratoire d'innovation ainsi qu'une bibliothèque pour les adolescents[26]. Le , il est annoncé que le consortium in situ + DMA a remporté le concours d'architecture pour la mise à niveau et la réhabilitation de l'édifice[27]. Cet édifice prend le nom de BAnQ Saint-Sulpice, il est sous la responsabilité de la direction de la Bibliothèque Saint-Sulpice de BAnQ[28]. L'ouverture de la bibliothèque, d'abord annoncée pour 2018, a été reportée au printemps 2019 puis repoussée à 2020 ou plus tard[29]. Ce retard est causé par les soumissions reçues beaucoup trop élevées[30]. Le bibliothécaire Benoit Migneault en est le directeur, chargé du projet[31].

Nouvel abandon de projet

Au mois d'août 2020, la ministre responsable de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, annonce que la bibliothèque Saint-Sulpice pourrait accueillir les archives des Sulpiciens et d’autres communautés religieuses, ce qui laisse entrevoir un changement de cap pour le projet de revitalisation tel que présenté par BAnQ[32]. Le , la ministre responsable annonce que le projet est suspendu et qu'un doute plane sur la réalisation du projet de revitalisation de BAnQ Saint-Sulpice[33],[34].

Quelques semaines après cette déclaration de la ministre, l'un des cofondateurs de la Fondation Jean-Paul Riopelle, Pierre Lassonde, affirme que Saint-Sulpice serait une option envisagée pour accueillir un espace Riopelle à la suite de l'annulation du projet d'une aile du Musée des beaux-arts de Montréal dédiée au peintre[35]. Le , le journal Le Devoir révèle que le projet est abandonné par le MCC et que à la suite des dépenses de plus de six millions de dollars, les trois responsables de la réouverture de la bibliothèque, à savoir le MCC, BAnQ et la Ville de Montréal, devront trouver une nouvelle vocation à l'immeuble abandonné depuis 2005[36]. Un rapport en 2015 par Michelle Courchesne et Claude Corbo est déposé à la ministre de la Culture et des Communications et au Maire de Montréal sur une nouvelle vocation de l'immeuble[37]. Cet abandon est définitivement enterriné en en raison, selon la fondation Riopelle, d'absence d'un bâtiment supplémentaire permettant d'augmenter l'espace muséal[38]. En mars 2021, plusieurs projets circulent[39] notamment projet d'installation d'une Maison de la chanson et de la musique (MCM) est présenté par Monique Giroux et Luc Plamondon[40],[41],[42]. Un intérêt semble démontrer par la ministre de la Culture et des Communications[43]

Notes et références

  1. Séguin 2016, p. 279
  2. Séguin 2016
  3. « Bibliothèque Saint-Sulpice », sur Répertoire du patrimoine culturel du Québec (consulté le ).
  4. La Ferrière 1966, p. 1
  5. Corbo, Montreuil et Crevier 2017
  6. Corbo, Montreuil et Crevier 2017, p. 88
  7. Jean-René Lassonde, La Bibliothèque Saint-Sulpice, 1910-1931, Montréal, Bibliothèque nationale du Québec, (ISBN 2-551-21351-7, lire en ligne), p. 194
  8. Séguin, D’obscurantisme et de lumières : La bibliothèque publique au Québec des origines au XXIe siècle, p. 279
  9. Séguin, D’obscurantisme et de lumières : La bibliothèque publique au Québec des origines au 21e siècle, p. 288
  10. Lassonde 2001, p. 83-84
  11. Goulet, Bibliothèque et archives nationales du Québec : Un siècle d’histoire. Montréal, p. 24, 33-34 et 43
  12. Séguin 2016, p. 305
  13. Séguin, ). D’obscurantisme et de lumières : La bibliothèque publique au Québec des origines au 21e siècle, p. 310
  14. Corbo, Bibliothèques québécoises remarquables, p. 92
  15. Le fonds d'archives de la Bibliothèque Saint-Sulpice est conservé au centre d'archives de Montréal de Bibliothèque et Archives nationales du Québec Voir: Fonds de la Bibliothèque Saint-Sulpice (MSS125) - Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ)
  16. Nicolas Bérubé, « L'UQAM achète la bibliothèque Saint-Sulpice », La Presse, , A5 (lire en ligne)
  17. Frédérique Doyon, « Québec récupère Saint-Sulpice », Le Devoir, , A1, A8 (lire en ligne)
  18. « Édifice Saint-Sulpice: le projet de bibliothèque fait du surplace | Denis Lessard | Arts », La Presse, (lire en ligne)
  19. Le Vivier
  20. « La bibliothèque Saint-Sulpice accueillera le groupe Le Vivier pour devenir un carrefour de musiques nouvelles », communiqué de presse du Gouvernement du Québec, 23 avril 2010.
  21. « Le Vivier à Saint-Sulpice », Radio-Canada, 23 avril 2010.
  22. Éric Clément, « De la musique contemporaine à la bibliothèque Saint-Sulpice », La Presse, 22 avril 2010.
  23. lactualite.com
  24. « La bibliothèque Saint-Sulpice, un musée d'histoire naturelle? », ICI Radio-Canada Télé, 29 mai 2015.
  25. « La bibliothèque Saint-Sulpice de retour dans le giron de BAnQ », sur www.banq.qc.ca, (consulté le )
  26. Ministère de la Culture et des Communications du Québec, « Jeunesse, savoir et innovation au cœur de la nouvelle vocation de la bibliothèque Saint-Sulpice », sur https://www.mcc.gouv.qc.ca/, (consulté le )
  27. « Concours d’architecture pour BAnQ Saint-Sulpice : le consortium lauréat est in situ + DMA », sur www.banq.qc.ca, (consulté le )
  28. « Concours d’architecture pour BAnQ Saint-Sulpice : le consortium lauréat est in situ + DMA », sur www.banq.qc.ca (consulté le )
  29. Hugo Pilon-Larose, « Bibliothèque Saint-Sulpice: entrepreneurs débordés, travaux reportés », La Presse, (lire en ligne, consulté le )
  30. « La reconversion de la bibliothèque Saint-Sulpice encore retardée », sur Le Devoir (consulté le )
  31. « Organigramme de BAnQ », sur http://www.banq.qc.ca/ (consulté le )
  32. Jean-François Nadeau, « Québec veut protéger les biens des Sulpiciens », Le Devoir, (lire en ligne)
  33. Jean-François Nadeau, « La Loi sur le patrimoine culturel sera rénovée », Le Devoir, (lire en ligne)
  34. Radio-Canada, « Les hauts et les bas de la bibliothèque Saint-Sulpice », sur Radio-Canada.ca, (consulté le )
  35. Éric Clément, « Le MBAM écarte la construction de l’aile Riopelle », La Presse, (lire en ligne)
  36. Catherine Lalonde, « Québec abandonne le projet BAnQ Saint-Sulpice », Le Devoir, (lire en ligne)
  37. Michelle Courchesne et Claude Corbo, Développer une nouvelle vocation pour la Bibliothèque Saint-Sulpice, Montréal, , 43 p. (lire en ligne)
  38. Catherine Lalonde, « L’Espace Riopelle ne sera pas à la bibliothèque Saint-Sulpice », Le Devoir, 26 mars 2021.
  39. Catherine Lalonde, « Les projets affluent pour la bibliothèque Saint-Sulpice », Le Devoir, (lire en ligne)
  40. Radio-Canada, « Monique Giroux et Luc Plamondon veulent une maison pour la chanson », sur Radio-Canada, (consulté le )
  41. Mario Girard, « Un toit pour notre chanson », La Presse, (lire en ligne, consulté le )
  42. Martin Nolibé, « 165 artistes expriment leur soutien à la Maison de la chanson et de la musique », Journal Métro, (lire en ligne, consulté le )
  43. Mayssa Ferah, « Avenir de la bibliothèque Saint-Sulpice | La ministre Roy se montre intéressée par le projet de Maison de la chanson », sur La Presse, (consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • François Séguin, D'obscurantisme et de lumières : la bibliothèque publique au Québec, des origines au 21e siècle, Montréal, Hurtubise, (ISBN 978-2-89723-880-3, OCLC 951222684)
  • Philippe La Ferrière, Les origines de la bibliothèque Saint-Sulpice et ses trésors, Montréal, Bibliothèque de la ville de Montréal, , 18 p.
  • Claude Corbo, Sophie Montreuil et Isabelle Crevier, Bibliothèques québécoises remarquables, Montréal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, (ISBN 978-2-924719-25-1, OCLC 1010743527)
  • Jean-René Lassonde, La Bibliothèque Saint-Sulpice, 1910-1931, Montréal, Bibliothèque nationale du Québec, , 402 p. (ISBN 2-551-21351-7, OCLC 47272868)
  • Denis Goulet, Bibliothèque et archives nationales du Québec : Un siècle d’histoire, BAnQ et éditions Fides, , 357 p. (ISBN 9782762128109)

Liens externes

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