Berta Cáceres
Berta Cáceres, née le à La Esperanza et morte assassinée le au même lieu, est une militante écologiste hondurienne issue de la communauté lenca. Opposée à la construction d'un barrage sur le fleuve Gualcarque, dans le département de Santa Bárbara, elle est assassinée à son domicile, après avoir été victime de menaces pendant plusieurs années. L'attaque est commanditée par l'entreprise Desarrollos Energéticos.
Biographie
Engagements
Berta Cáceres cofonde en 1993 le COPINH[1], le Conseil citoyen des organisations des peuples amérindiens du Honduras (en). Les militants de l'association sont régulièrement ciblés par des menaces de mort et sujets à la répression alors qu'ils résistaient à des projets d'exploitation minière et de barrages qui menacent l'environnement et les populations locales[2].
À partir de 2006, elle lutte contre le projet de construction du barrage hydroélectrique d'Agua Zarca par l'entreprise Desarrollos Energéticos SA (DESA) sur le Rio Gualcarque, qui menace de priver d'eau plusieurs centaines d'habitants[3].
La Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) inclut Bertha Cáceres sur sa liste des personnes menacées le , lors du coup d'État au Honduras. Le lendemain, la commission prend des mesures de précaution (MC 196-09) en vue de la défendre elle et d'autres militants, apprenant alors que des militaires encerclent sa maison[4].
Au cours de la campagne contre le barrage, elle et les autres organisateurs de campagnes font l'objet d'intimidation de la part des militaires. Lors d'un voyage à Rio Blanco, son véhicule est fouillé et une arme y est découverte : ils sont placés en détention pendant une nuit. Selon elle, l'arme aurait été déposée dans son véhicule par les militaires[5]. Par la suite, elle est placée sous contrôle judiciaire, avec obligation de se présenter au tribunal une fois par semaine, ce qui l'empêche de voyager librement. En 2014, l'obligation est levée lorsqu'elle est jugée sans suite[6].
En avril 2015, elle reçoit le prix Goldman pour l'environnement.
Assassinat
Dans la nuit du 2 au 3 mars 2016, alors que Berta Cáceres rentre à son domicile, à La Esperanza, des inconnus lui tirent dessus : elle est assassinée[7]. Sa famille précise que « la Commission Interaméricaine des Droits de l'Homme avait ordonné des mesures pour assurer la sécurité de la militante mais qu'elle n'avait, de fait, reçu aucune protection de l’État sous pression de ceux qui défendent le secteur minier et les entreprises hydroélectriques.»[8].
Michel Forst, Rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, exhorte le Honduras à faire en sorte qu'une enquête indépendante et impartiale soit menée dans les meilleurs délais[9],[10],[11]. Dans les mois qui suivent huit personnes sont arrêtées, dont les responsables environnement et sécurité de la société Desarrollos Energéticos (DESA) (qui construisait un barrage hydroélectrique sur le territoire d'une communauté indigène)[2] et trois membres des services de renseignement de l’armée[12]. En novembre 2017, deux policiers sont arrêtés à leur tour pour avoir falsifié les preuves recueillies pendant l’enquête afin de protéger les inculpés et présenter l’affaire comme le résultat d’un vol ou d’un crime passionnel[12]. Selon un rapport rendu par cinq avocats internationaux, le meurtre de Berta Cáceres a été commandité par les hauts dirigeants de l'entreprise DESA[2].
Le , sept hommes sont reconnus coupables et condamnés. Le journal Reporterre note que « Le tribunal a jugé que le meurtre avait été ordonné par les dirigeants de la société du barrage, DESA, en raison des retards et des pertes financières liés aux manifestations dirigées par Berta Cáceres. Les assassins payés pour tirer sur Berta Cáceres et ceux qui ont organisé le crime ont été condamnés, mais en décembre 2018, les commanditaires du meurtre restent dans l’impunité[13]. »
Le , jour de l’ouverture de la COP25 à Madrid, le verdict tombe : la justice du Honduras condamne les sept hommes de trente à cinquante ans d’emprisonnement pour l’assassinat de Berta Caceres[14].
Le , la Cour suprême de justice du Honduras reconnaît la culpabilité de Roberto David Castillo, le dirigeant de la société d’hydroélectricité qui projetait la construction du barrage, dans l’assassinat de la militante écologiste[15],[16].
La fille de Berta Cáceres, Laura Zúñiga Cáceres, a pris le relais de la lutte sociale et écologique de sa mère, en rejoignant le Conseil citoyen des organisations des peuples amérindiens du Honduras (COPINH)[17].
Liens externes
- BertaCaceres.org
- Mother of All Rivers, documentary, 04:47min, Mill Valley Film Group, 2015
- Blood River, investigation (podcast) in 5 parts, Bloomberg Green, 2020
- (en) Berta Cáceres sur l’Internet Movie Database
- Cécile Raimbeau, « Qui a tué Berta Cáceres ? : Ruée vers la « houille blanche » en Amérique centrale », Le Monde diplomatique, (lire en ligne)
Notes et références
- (es) COPINH, « Que es COPINH », sur COPINH, (consulté le )
- « Shocking New Investigation Links Berta Cáceres’s Assassination to Executives at Honduran Dam Company », Democracy Now!, (lire en ligne, consulté le )
- Berta Caceres, vaillante militante écologique assassinée au Honduras, france24.com, 3 mars 2016
- (en) « Precautionary Measures Granted by the Commission during 2009 », sur Inter-American Commission on Human Rights, Organization of American States, (consulté le )
- (en) Brigitte Gynther, « SOA graduate involved in criminalization of Indigenous leader Berta Caceres | SOA Watch: Close the School of the Americas », School of the Americas Watch (consulté le )
- (en) « Honduras: Update - Dismissal of case against human rights defender Ms Berta Cáceres » [archive du ], Front Line Defenders, (consulté le )
- Honduras: assassinat de la militante écologiste Berta Cáceres, AFP, lalibre.be, 3 mars 2016
- Le Point magazine, « Honduras: assassinat de la militante écologiste Berta Caceres », sur Le Point, (consulté le )
- (en) « After Berta’s tragic murder, her fellow defender, Gustavo Castro Soto, must be protected », Protecting Defenders, (lire en ligne, consulté le )
- (en) « Action needed to stop Honduras turning into a lawless killing zone for human rights defenders », Protecting Defenders, (lire en ligne, consulté le )
- (en) « Honduras murders: UN Expert urges independent investigation into killings of rights defenders », Protecting Defenders, (lire en ligne, consulté le )
- « Au Honduras, le coup d’État permanent », sur www.medelu.org,
- « Au Honduras, les assassins de l’activiste Berta Cáceres condamnés », sur Reporterre, le quotidien de l'écologie,
- « De 30 à 50 ans de prison pour les assassins de l’écologiste Berta Caceres au Honduras », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Au Honduras, une nouvelle condamnation pour le meurtre de l’écologiste Berta Caceres », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Reporterre, « « Un jour de victoire » au Honduras : l'assassin de l'écologiste Berta Cáceres reconnu coupable », sur Reporterre, le quotidien de l'écologie (consulté le )
- « Défendez les droits de quelqu’un aujourd’hui », sur www.standup4humanrights.org (consulté le )
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Berta Cáceres » (voir la liste des auteurs).
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