Benoît IX
Benoît IX (Théophylacte de Tusculum), né dans le Latium vers 1012, mort à Grottaferrata entre le et le , fut pape à trois reprises : du à septembre 1044, du au et du au , pour une durée totale de douze ans.
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Benoît IX | ||||||||
Portrait imaginaire. Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs (mosaïque du milieu du XIXe siècle). | ||||||||
Biographie | ||||||||
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Nom de naissance | Théophylacte de Tusculum | |||||||
Naissance | vers 1012 Latium |
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Décès | Vers Grottaferrata |
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Pape de l’Église catholique | ||||||||
Élection au pontificat | 1. 2. 3. |
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Fin du pontificat | 1. 2. 3. |
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Premier pontificat
Issu de la puissante famille des Tusculani, il est le fils d'Albéric III, l'influent comte de Tusculum, et le neveu des papes Benoît VIII et Jean XIX, lesquels étaient frères. À la mort de ce dernier, Albéric fait élire son fils pape. Laïc, Théophylacte est également très jeune. Selon Raoul Glaber (Histoires, IV, 5), il aurait douze ans à sa montée sur le trône pontifical. L'affirmation est acceptée par Mgr Duchesne[1] mais est mise en doute par la plupart des historiens contemporains : les mœurs dont l'accusent les chroniqueurs ultérieurs supposent qu'il a au moins atteint la puberté[2]. Quoi qu'il en soit, Benoît IX est certainement l'un des plus jeunes papes de l'histoire avec son lointain parent Jean XII, pape à 16 ans. Il est couronné dès le lendemain de son élection.
Benoît continue la politique d'apaisement ébauchée par son prédécesseur vis-à-vis de la noblesse : son père se retire partiellement de la vie politique, peu à peu remplacé par son frère, Grégoire II. Les contacts avec l'Empereur ne commencent pas avant la décision de Conrad II le Salique, en 1037, de déposer Aribert, archevêque de Milan. Contrairement aux espoirs impériaux, Benoît n'approuve pas immédiatement cette décision, mais attend l'année suivante pour excommunier Aribert, comme demandé. Il fait également preuve de son indépendance en cassant en 1044 la décision imposée par Conrad II à Jean XIX au sujet du patriarcat d'Aquilée.
En matière ecclésiastique, Benoît IX soutient les ordres monastiques contre les ordinaires. Sur l'initiative de Pierre Damien, il dépose deux évêques considérés comme simoniaques. Il canonise Siméon de Syracuse, mort en ermite à Trèves.
En septembre 1044, une émeute contre le clan Tusculanum, menée par les Stephani — une branche des puissants Crescentii, rivaux des Tusculani — le force à fuir Rome. Poussés par les Stephani, les Romains élisent Jean évêque de Sabina en janvier 1045 au terme d'une lutte féroce. Il est intronisé le 13 ou sous le nom de Sylvestre III. Benoît IX réagit par une excommunication immédiate.
Deuxième pontificat
Trois mois plus tard, Benoît IX parvient à prendre Rome et retrouve le trône pontifical le . Il devient alors un simple pion dans l'échiquier politique romain, où s'affrontent les grands clans familiaux. Le , il se démet en faveur de son oncle, Jean Gratien, qui est élu sous le nom de Grégoire VI. Les raisons de cette démission restent obscures : Benoît IX aurait été pris de remords après avoir été poussé à la papauté par sa famille, ou aurait voulu épouser l'une de ses cousines[3]. De larges sommes sont également échangées à cette occasion pour dédommager le clan Tusculum[4]. Benoît IX se retire sur ses terres familiales et ne paraît plus en public.
Troisième pontificat
En 1046, l'empereur germanique Henri III, appelé à mettre fin à l'anarchie, se rend en Italie. Grégoire VI convoque le concile de Sutri. Sylvestre III est condamné mais Grégoire VI ne peut pas nier qu'il a acquis sa tiare par simonie : il se voit contraint d'abdiquer.
Sous la pression d'Henri III, le concile élit pape, en décembre 1046, Suidger, évêque de Bamberg, qui prend le nom de Clément II. Ce dernier meurt moins d'un an plus tard, le . Les Tusculani profitent de l'occasion pour réinstaurer Benoît IX sur le trône de Pierre.
Il accède ainsi une troisième fois au siège pontifical, du au . Un parti romain proteste auprès de l'Empereur, qui se prononce contre Benoît IX et fait élire à la fin de 1047 le Bavarois Poppo de Brixen, qui prend le nom de Damase II. Ce dernier ne sera pape que 23 jours : il meurt à Palestrina de la malaria.
Cependant, Benoît IX a pris la fuite après qu'Henri III a envoyé à Rome le marquis Boniface de Canossa. Celui-ci fait alors élire le Lorrain Brunon d'Eguisheim-Dagsbourg qui prend le nom de Léon IX. Avec l'aide de l'Empereur, le nouveau pape combat les Tusculani et ravage leurs fiefs. Refusant de répondre aux accusations de simonie pesant contre lui, Benoît IX est excommunié, de même que ses proches.
À la mort de Léon IX, en , Benoît IX tente une nouvelle fois de monter sur le trône pontifical, en vain. Après cet ultime échec, il se retire dans le monastère de Grottaferrata, qui appartient à la sphère d'influence des Tusculani. Il y meurt entre le et le , et est inhumé dans l'église abbatiale.
Jugements sur Benoît IX
La réputation de ce pontife est une des pires de celles que nous ont transmises les chroniqueurs contemporains. Saint Bonizóne[5], évêque de Sutri, dit qu'il avait l’habitude de commettre des « lâches adultères et des homicides ». Dans le troisième livre de ses dialogues, le pape Victor III (1086-1087) écrit que Benoît « … se consacrait au plaisir et était beaucoup plus enclin à vivre comme épicurien que comme un pontife », et il le peignait comme un des pires pontifes qui aient jamais existé. La critique moderne ne peut pas s’écarter beaucoup de cette image. La Catholic Encyclopedia le décrit par exemple comme « … un malheur pour la chaire de saint Pierre », et Ferdinand Gregorovius, protestant par ailleurs très critique de la Papauté, écrit que c’est avec Benoît IX que la papauté toucha le fond de la décadence morale « … il menait tranquillement au Latran la vie d’un sultan oriental[6] ».
En ce qui concerne son aspect physique, Raffaello Giovagnoli le déduit, dans son roman Benoît IX[7], de gravures dues à Bartolomeo Platina : « … le visage oblong, la peau de la plus grande blancheur, des pupilles turquoise, des cheveux blonds, bouclés et un peu dégarnis, souffrant d’un léger strabisme et avec un nez aquilin, bien rasé. Il revêt de préférence une tunique de soie blanche, toute travaillée avec des ornements d'or et serrée à la taille au moyen d'une large ceinture de cuir constellée de pierres précieuses […], un caleçon étroit de soie de Reims très fin et de couleur bleu clair […], un petit bonnet de soie fort gracieux, d’une couleur bleue rappelant celle de son caleçon et sur lequel s’agitait une plume blanche ».
Si des sources postérieures dépeignent Benoît IX comme un homme de mœurs dissolues, selon Luc, septième abbé de Grottaferrata, il aurait fait pénitence sur la fin de ses jours et se serait fait moine.
Notes et références
- Les premiers temps de l'État pontifical, « La maison de Théophylacte », p. 305-324.
- F. Donald Logan, A history of the church in the Middle Ages, Routledge, p. 102.
- F. Donald Logan, A history of the church in the Middle Ages, Routledge, p. 103.
- Klaus-Jürgen Herrmann, Dictionnaire historique de la papauté, Fayard, p. 205.
- Un court article lui est consacré dans l’Encyclopédie Treccani.
- Claudio Rendina, I papi. Storia e segreti, p. 365, Newton&Compton editori, Ariccia, 2005.
- Raffaello Giovagnoli, Benedetto IX, storia di un pontefice romanzo 1040-1049, P. Carrara, Milan, 1899.
- (it) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Papa Benedetto IX » (voir la liste des auteurs).
Bibliographie
- K.-J. Herrmann, Philippe Levillain (dir.), Dictionnaire historique de la papauté, Paris, Fayard, (ISBN 2-213-618577).
- (it) A. Mathis, « Il pontefice Benedetto IX. Appunti critici di storia medievale », La Civiltà cattolica no 66 (1915), p. 549–571.
- (it) S. Messina, Benedetto IX, pontefice romano, 1032–1048 : studio critico, Catania, 1922.
Voir aussi
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