Baudouin d'Ibelin (mort en 1187)

Baudouin d'Ibelin, aussi connu sous le nom de Baudouin de Rama ou Ramla (1133 † 1187), était un noble croisé du royaume de Jérusalem, où il aura une influence de premier plan.

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Il était le second fils de Balian d'Ibelin et d'Helvis de Rama, et le frère d'Hugues et Balian d'Ibelin.

Biographie

L'alliance avec Raymond III de Tripoli

Après la mort de son frère aîné Hugues - troisième mari d'Agnès de Courternay - en 1169, Baudouin hérita de Rama et d'Ibelin mais décidé de ne garder que Rama et donna la forteresse d'Ibelin à son frère cadet Balian. C'est à lui que l'on doit l'entrée de la famille de Lusignan à la cour de Jérusalem, en la personne d'Amaury, à laquelle il donnera sa fille Echive en mariage. En 1174, Baudouin et Balian soutinrent Raymond III de Tripoli contre Miles de Plancy pour assurer la régence pendant la minorité de Baudouin IV et prirent part à la bataille du mont Gisard en 1177.

Le projet de mariage avec Sibylle de Jérusalem

Selon certaines sources, après la mort de sa deuxième épouse, Isabelle, en 1177, Baudouin devint le principal candidat, avec le soutien de Raymond de Tripoli, à la main de la princesse Sibylle, sœur de Baudouin IV, restée veuve prématurément. Balian avait par ailleurs épousé précédemment la belle-mère de cette dernière, la reine mère Marie Comnène. Selon la Chronique d'Ernoul, une continuation de la chronique de Guillaume de Tyr écrite en partie par un ex-écuyer de Balian mais arrivée jusqu'à nous dans sa version du XIIIe siècle, Baudouin et Sibylle seraient tombés profondément amoureux l'un de l'autre et auraient échangé une abondante correspondance pendant la captivité de Baudouin. Cette chronique donne à penser que la haine de Baudouin pour Guy de Lusignan naîtrait de cette idylle brisée, Guy ayant finalement épousé lui-même Sibylle. Les historiens jugent l'hypothèse hasardeuse et il ne faut pas oublier que la famille Ibelin n'était alors pas aussi illustre que celle des Lusignan.

En 1179, Baudouin fut effectivement fait prisonnier par Saladin pendant la bataille de Marj Uyun sur les rives du Jourdain, en même temps qu'Eudes de Saint-Amand, Grand-Maître de l'Ordre des Templiers et le beau-fils de Raymond de Tripoli, Hugues II de Saint-Omer, prince de Galilée et de Tibériade. Il ne fut relâché que quelques mois plus tard contre le paiement d'une rançon, versée par l'empereur de Byzance, Manuel Comnène, auquel il rendit visite fin 1180. On raconte que l'empereur le fit assoir sur une chaise et lui renversa sur la tête la grande quantité de pièces d'or qui avaient été nécessaires à sa libération. C'est pendant ce séjour à Constantinople que Manuel mourut et Baudouin retourna à Jérusalem, où il ne put qu'assister au mariage de la princesse Sibylle avec Guy de Lusignan.

Selon toute vraisemblance, le coup de main planifié par Raymond de Tripoli pour marier Sibylle à Baudouin ne réussit pas probablement pour des raisons d'ordre politique : en effet, le roi n'aurait pas donné sa sœur en mariage à un seigneur né dans son royaume. Le choix était donc retombé sur Guy de Lusignan, frère cadet d'Amaury, le gendre de Baudouin d'Ibelin. La même année, le roi fiança sa demi-sœur Isabelle, belle-fille de Balian, à Onfroy IV de Toron, afin de réduire encore un peu plus l'influence politique des Ibelin.

Contre Guy de Lusignan

En 1183, les relations entre Baudouin IV et Guy s'étant détériorées, le roi décida de nommer comme co-régent son neveu Baudouin, âgé d'à peine 5 ans et fils de sa sœur Sibylle. L'enfant fut confié à Raymond de Tripoli, tandis que Guy occupait la régence au nom de Baudouin IV, dont les conditions de santé devenaient toujours plus préoccupantes. Baudouin d'Ibelin se rangea au côté de Raymond de Tripoli contre Guy et grâce au soutien d'autres barons du royaume, il parvint à obtenir que le roi couronne souverain de Jérusalem le jeune Baudouin en novembre de la même année, de son vivant. Il s'agissait naturellement d'une tentative de freiner les ambitions de Guy et d'éviter qu'à la mort du roi, il puisse lui succéder sur la base des droits de sa femme. Mais cette mesure fut inutile puisqu'en 1185, le jeune prince succéda effectivement à son oncle, pour mourir un an plus tard, laissant le royaume à sa mère et à son beau-père, Guy de Lusignan.

Les Ibelin continuèrent à défendre les droits d'Isabelle comme héritière légitime, allant jusqu'à soutenir que Sibylle était une fille naturelle du roi Amaury. Raymond de Tripoli tenta alors de désigner comme successeur Onfroy IV de Toron mais celui-ci refusa la couronne en faveur de Guy. Baudouin d'Ibelin refusa de prêter hommage à Guy et s'exila à Antioche.

L'exil volontaire et la mort

Les seuls barons à refuser l'hommage aux nouveaux souverains furent Baudouin d'Ibelin et Raymond III de Tripoli. Baudouin décidé de confier la tutelle de son fils Thomas à son frère Balian et se retira en exil volontaire dans la principauté d'Antioche, où il fut chaleureusement accueilli.

Aux yeux de Baudouin, le nouveau roi n'était "qu'un fou et un inconscient", il refusa par conséquent de revenir à Jérusalem pour l'aider contre Saladin lors de la reprise des hostilités, qui mettaient en péril la survie même du royaume.

Il mourut probablement en 1187 dans cet exil auto-imposé.

Mariages et descendance

Il avait épousé en premières noces avant 1157 Richilde, fille de Gramand Ier seigneur de Bethsan dont il eut :

Il se sépara de Richilde en 1174 pour se remarier en 1175 avec Isabelle Gothman (+ 1177), qui donne naissance à :

Après 1180 il se remarie avec Marie fille de Renier, connétable de Tripoli, qui se remariera à Gérard de Ham, à son tour connétable de Tripoli[1].

Notes et références

  1. Alexandre de La Fons, Recherches historiques sur Noyon et le Noyonnais, Noyon, Soulas-Amoudry,
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