Bataillons de la jeunesse
Les Bataillons de la jeunesse sont le nom donné aux groupes de jeunes communistes engagés en France dans la lutte armée contre les troupes d'occupation allemandes entre et le début de l'année 1942. Par la suite, ils sont intégrés aux Francs-tireurs et partisans (FTPF).
Pour les articles homonymes, voir Bataillon (homonymie).
Histoire
En , après la rupture du pacte germano-soviétique et l'invasion de l'URSS par les troupes hitlériennes, le Parti communiste français (PCF), clandestin depuis sa dissolution en , prend la décision de se lancer dans la lutte armée contre l'occupant allemand, en accord avec les directives reçues de l'Internationale communiste. À partir d', le PCF recrute des membres des jeunesses communistes pour former des groupes armés et perpétrer des attentats. Ceux d'entre eux qui ont survécu se souviennent avoir été engagés dans l'Organisation spéciale, mais l'historien Roger Bourderon affirme que le nom de « Bataillons de la jeunesse » a été utilisé sous l'occupation[1] ce qui est confirmé par Franck Liaigre[2].
Le , Albert Ouzoulias, qui vient de s'évader d'un camp de prisonniers, est nommé chef de cette organisation naissante, sur les conseils de Danielle Casanova. Il est secondé par Pierre Georges, qui, malgré ses 22 ans, est un vétéran de la guerre d'Espagne et qui sera connu plus tard sous le nom de « Colonel Fabien[3] », mais dont le pseudonyme est alors « Frédo ». C'est lui qui le accomplit le premier attentat reconnu contre un officier allemand, au métro Barbès, en compagnie de Gilbert Brustlein et de Bob Gueusquin.
La plupart des membres des Bataillons de la jeunesse sont très jeunes ; beaucoup ont moins de 20 ans. Ils sont essentiellement implantés en région parisienne où leurs effectifs ne dépassent pas 36 hommes. Ils sont ouvriers ou lycéens, et, à l'exception de Frédo, inexpérimentés dans le maniement des armes.
La vague d'attentats se déroule jusqu'en à Paris et dans plusieurs villes de province. Le [alpha 1], Gilbert Brustlein est envoyé en commando à Nantes avec Marcel Bourdarias, 17 ans, et Spartaco Guisco, 30 ans. Le , ils abattent Karl Hotz, le Feldkommandant de la Loire-Inférieure[alpha 2], déclenchant l'exécution par fusillade de 48 otages à Châteaubriant, Nantes et Paris[4]. L'attentat de Nantes n'est pas revendiqué par le PCF avant 1950.
Pourchassés par les policiers français[5] des Brigades spéciales, la plupart des membres des Bataillons sont arrêtés[6], notamment les camarades de Brustlein, domiciliés dans le 9e arrondissement, ainsi que Marcel Bourdarias et Spartaco Guisco. Du 4 au comparaissent ainsi devant un tribunal militaire allemand siégeant au palais Bourbon sept jeunes appartenant aux Bataillons de la jeunesse. Ils sont fusillés le au mont Valérien. Vingt-cinq de leurs camarades sont à leur tour exécutés le après un procès qui se déroule du 7 au à la maison de la Chimie. France Bloch-Sérazin, compagne de Frédo Sérazin, artificiere des attentats organisés à partir d', arrêtée le par les brigades spéciales de la police de Vichy, est livrée aux nazis, déportée en Allemagne et décapitée.
Noms de certains membres
- André Aubouet, -
- Georges Bernard - -
- Marcel Bertone, -
- Tony Bloncourt, -
- Marcel Bourdarias, dit « Alain », -
- Gilbert Brustlein, -
- Danielle Casanova, née Vincentella Perini, - Auschwitz,
- Louis Coquillet, dit « René », -
- Camille Drouvot, -
- Eusebio Ferrari, -
- Jean Garreau, -
- Henri Gautherot, -
- Pierre Georges dit « Colonel Fabien », -
- Albert Gueusquin dit « Bob », -
- Spartaco Guisco, -
- Roger Hanlet, -
- Félicien Joly, -
- André Kirschen, -
- Bernard Laurent, -
- Pierre Milan, -
- Albert Ouzoulias, -
- Robert Peltier, -
- Jean Quarré, -
- Christian Rizo, -
- Karl Schönhaar, -
- Acher Semahya, -
- Frédéric Sérazin, -
- Raymond Tardif, -
- Pierre Tirot, -
- Georges Tondelier, -
- Maurice Touati, dit « Albert », -
- Pierre Tourette, -
- Rene Toyer dit « Pierrot », -
- Samuel Tyszelman, -
- Fernand Zalkinow, -
Notes et références
Notes
- L'attentat a lieu le à 7 h 40 ; il est clair que le commando ne peut avoir quitté Paris le jour même.
- Mais ils ne savent pas qu'il s'agit de Hotz, ils ont seulement tiré sur un officier supérieur (en l'occurrence un Oberstleutnant, équivalent de lieutenant-colonel en France).
Références
- Roger Bourderon, notice « Francs-tireurs et partisans français », pp. 188-190, in Dictionnaire de la Résistance, cf bibliographie
- Franck Liaigre, notice « Bataillons de la jeunesse », pp 167-168, in Dictionnaire historique de la Résistance, op. cit.
- Pierre Durand, Qui a tué Fabien, éditions Messidor, Paris, 1985, pp. 107-113 « Métro Barbès »
- Louis Oury, Rue du Roi-Albert (les otages de Nantes, Châteaubriant et Bordeaux), éditions Le Temps des cerises, Pantin, 1997 (ISBN 978-2-84109-094-5)
- Franck Liaigre, Le sang des communistes, « La fin des Bataillons », p. 237 et suiv.
- Pierre Daix, Les combattants de l'impossible. La tragédie occultée des premiers résistants communistes, éditions Robert Laffont, Paris, 2013 (ISBN 978-2-221-13381-1)
Annexes
Bibliographie
- Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Le sang des communistes : les bataillons de la jeunesse dans la lutte armée, automne 1941, Paris, Fayard, coll. « Nouvelles études contemporaines », , 415 p. (ISBN 2-213-61487-3, présentation en ligne), [présentation en ligne].
- Franck Liaigre, « Bataillons de la jeunesse », dans François Marcot (dir.), Dictionnaire historique de la résistance, Robert Laffont, (ISBN 2-221-09997-4).
- Albert Ouzoulias, Les Bataillons de la jeunesse, Paris, Éditions sociales, , 495 p. (ISBN 2-209-05372-2) (1re édition 1968).
- Claude Pennetier, Jean-Pierre Besse, Thomas Pouty, Dephine Leneveu, Les fusillés (1940-1944). Dictionnaire biographique, Éditions de l'Atelier, Ivry, 2015. 1950 p. (ISBN 978-2-7082-4318-7)
Articles connexes
Liens externes
- Procès du palais Bourbon et de la maison de la Chimie / Bataillons de la jeunesse et Organisation spéciale
- Site Maitron des fusillés
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