Bataille d'Isly
La bataille d'Isly du , près d'Isly à la frontière algéro-marocaine, est le dernier affrontement de l'expédition de la France contre l'armée marocaine menée par le fils du sultan en personne, Mulay Muhammed, et constituée principalement des volontaires issus de la grande confédération tribale berbère des Béni-Snassen mais aussi les tribus Ahl Angad et Bni Oukil[2]. Le Maroc déclara la guerre à la France [réf. nécessaire] pour empêcher que la France ne colonise l'Algérie [réf. nécessaire] en dépit du traité de la Tafna – et se solde par une victoire de l'armée française commandée par le maréchal Bugeaud.
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Date | |
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Lieu | Oued Isly, frontière algéro-marocaine |
Issue | Victoire française |
Royaume de France | Maroc |
• Thomas-Robert Bugeaud | • Mohammed ben Abderrahmane |
11 000 hommes | 20 000 à 25 000 cavaliers |
27 morts 99 blessés[1] | 800 morts 11 pièces de canon 18 drapeaux |
Contexte et prélude
À la suite des débuts de la conquête d'Algérie en 1830, l'émir Abdelkader avait, en 1832, pris la tête des tribus de la région de Mascara pour s'opposer aux Français. Un premier traité, signé par le général Desmichels en 1834, lui fut jugé trop favorable : en 1837, le maréchal Bugeaud fut donc chargé d'en signer un nouveau, le traité de la Tafna, qui exigeait qu'Abd el-Kader reconnaisse la souveraineté de la France en Afrique du Nord, en échange de quoi la France reconnaissait l’autorité d’Abd el-Kader sur une grande partie de l’Algérie (environ les deux tiers : l'ensemble du beylik de l'ouest – à l'exception des villes d'Oran, Arzew, Mostaganem et Mazagran –, le beylik du Titteri et la province d'Alger – à l'exception d'Alger et de Blida ainsi que de la plaine de la Mitidja et du Sahel algérois.).
Néanmoins, Abd el-Kader n’avait de cesse de vouloir en chasser les Français. Dans ce but, il demanda et obtint l'appui du sultan du Maroc le , ainsi que la concession du territoire situé entre Oujda et Tafna. Il avait levé une véritable armée et en novembre 1839, appuyé par le sultan du Maroc, Abd Al-Rahman, il déclarait la guerre à la France, suite au franchissement des Biban par l'armée française.
En réaction, les Français entreprirent alors véritablement la conquête systématique du pays, dont la monarchie de Juillet fit un motif de fierté nationale et d’héroïsme militaire. Cette conquête fut l’œuvre du maréchal Bugeaud de La Piconnerie, nommé gouverneur en 1840. Abd el-Kader vit sa capitale détruite à Taguin en 1843 à la suite de la bataille de la Smala et fut refoulé dans le désert. Il se réfugia alors au Maroc, mais, au même moment, l’armée du sultan Abd Al-Rahman fut vaincue à l’Isly, tandis que la flotte française bombardait les ports de Mogador et Tanger. Abd el-Kader ne pouvait plus être protégé par le sultan, qui craignait que les Français continuent leurs bombardements sur les villes marocaines. Après trois années de guérilla, Abd el-Kader se rendit à Lamoricière en 1847[3].
Forces en présence
Forces françaises
Avant-garde (colonel Cavaignac) :
- 8e bataillon de Chasseurs d’Orléans
- 32e régiment d'infanterie de ligne
- 53e régiment d'infanterie de ligne (1 bataillon)
Aile droite (général Bedeau):
- 13e régiment d'infanterie légère
- 15e régiment d'infanterie légère
- un bataillon de zouaves
- 9e bataillon de Chasseurs d'Orléans
- 2e régiment de Hussards (2 escadrons)
- 1er escadron de Chasseurs à Cheval
Aile gauche (colonel Pélissier) :
- 6e régiment d'infanterie légère
- 48e régiment d'infanterie de ligne
- 10e bataillon de Chasseurs d'Orléans
- Escadrons de Spahis algériens (Alger et Oran)
- 4e régiment de Chasseurs à cheval
Arrière-garde (colonel Cachot) :
Déroulement
Le , Tanger avait été bombardée par des navires français commandés par le prince de Joinville, fils du roi Louis-Philippe.
Dans la nuit du 15 au 16 août, le gouverneur général ayant réuni toutes ses forces ne s’élevant qu’à 11 000 hommes, se porta sur le camp marocain établi à la position de Djarf el-Akhdar, à peu de distance d’Oujda, sur la rive droite de l’oued Isly, un sous-affluent de la Tafna.
Devant avoir affaire presque exclusivement à de la cavalerie, il avait formé de son infanterie un grand losange dont les faces se composaient elles-mêmes de petits carrés. La cavalerie était dans l’intérieur de ce losange qui marchait par un de ses angles dûment pourvu d’artillerie.
Au point du jour, voyant s’avancer l’armée française, le sultan lança contre elle toute la cavalerie marocaine présentant une masse de 20 000 à 25 000 chevaux. Cette charge ne parvint pas à forcer les lignes de tirailleurs, et fut bientôt séparée en deux par les carrés qui s’avançaient dans la cavalerie. Le maréchal Bugeaud fit alors sortir sa cavalerie. Celle-ci se formant par échelons, chargea la cavalerie marocaine qui était à la gauche de l'armée et la dispersa après avoir vaincu plusieurs centaines de ses cavaliers. Le premier échelon, composé de six escadrons de spahis et commandé par le colonel Yousouf, ne voyant plus devant lui que le camp marocain encore tout dressé, s’y précipita. Onze pièces de canon qui en couvraient le front de bandière firent feu une seule fois. Les artilleurs marocains n’eurent pas le temps de recharger.
L’infanterie marocaine se dispersa dans des ravins où la cavalerie française ne pouvait la poursuivre, et gagna par de longs détours, la route de Taza. Pendant que le premier échelon marchait sur le camp, le second commandé par le colonel Morris se porta sur la partie de la cavalerie marocaine qui était à droite. Ce fut une lutte acharnée. Après que tout fut terminé, l’armée française se concentra au camp des Marocains, et bientôt se mit à la poursuite des vaincus pour les empêcher de se rallier.
Bilan et conséquences
Les trophées de la victoire furent onze pièces de canon, dix-huit drapeaux, toutes les tentes des Marocains, y compris celle de Sidi-Mohammed richement meublée, enfin, des approvisionnements de tous genres. Les pertes en hommes des Marocains furent de 800 morts.
Hommages
Le maréchal Bugeaud fut fait duc d'Isly à l'issue de cette victoire.
Le tableau d'Horace Vernet fait partie d'une commande de plusieurs tableaux le 27 décembre 1844, pour la "salle du Maroc" à Versailles[4].
Plusieurs communes de France baptisent une voie publique de l’Isly en mémoire de ce conflit, comme à Grenoble, Lille, Limoges, Lyon, Marseille, Paris, Rennes, Toulouse ou Verdun. À Alger, il a existé une rue d’Isly, où eut lieu la fusillade de la rue d’Isly le .
La 27e promotion de Saint-Cyr (1843-1845) est baptisée « Promotion d'Isly ».
Références
- Pierre Montagnon, La conquête de l'Algérie: Les germes de la discorde, 2012.
- Sahara Question, La bataille d'Isly, ou l’engagement constant du Maroc envers le Maghreb
- « La bataille d'Isly », sur Histoire image
- « Tableau de Vernet », sur Collection de Versailles (consulté le )
Sources
- Annales de l'Algérie
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