Bataille de Fort Pillow

La bataille de Fort Pillow se déroula le , durant la Guerre de Sécession. Affrontement mineur de ce conflit, il est cependant bien connu par la polémique qu'il a suscité sur un massacre de prisonniers nordistes.

Bataille de Fort Pillow

Informations générales
Date
Lieu Comté de Lauderdale, Tennessee
Issue Victoire confédérée
Belligérants

États-Unis

États confédérés
Commandants
Lionel F. Booth
William F. Bradford
Nathan Bedford Forrest
James Ronald Chalmers
Forces en présence
~6001 500-2 500
Pertes
574 (277–297 tués)100 (14 tués, 86 blessés)

Guerre de Sécession

Batailles

Expédition de Forrest dans le Tennessee de l'ouest et le Kenctuky

Coordonnées 35° 37′ 57″ nord, 89° 50′ 55″ ouest
Géolocalisation sur la carte : États-Unis
Géolocalisation sur la carte : Tennessee

Le contexte

En 1864, les nordistes ont réussi à prendre le contrôle du Mississippi, coupant en deux le territoire de la Confédération. Plusieurs armées, sous le commandement des généraux Grant et Sherman s'apprêtent à passer à l'offensive.

Pour contrer cette menace, les confédérés prévoient, entre autres, de lancer des raids de cavalerie en arrière des lignes ennemies, pour détruire mais aussi récupérer des fournitures nécessaires à l'effort de guerre. C'est à l'occasion d'un tel raid, et sur le chemin du retour, que les forces sudistes vont donner l'assaut au Fort Pillow.

Les forces en présence

Union

  • L'ouvrage fortifié.

L'ouvrage fortifié Fort Pillow a été construit par les confédérés au début du conflit pour surveiller le trafic sur le fleuve et interdire le passage de navires de l'Union. Il est situé à une quarantaine de kilomètres en amont de Memphis. Son nom est celui d'un général, Gideon J. Pillow, qui s'était illustré lors de la guerre contre le Mexique.

Bâti sur une petite éminence au bord du fleuve[1], c'est un ouvrage en terre destiné à abriter des batteries tournées vers le fleuve (elles sont dimensionnées pour 40 canons. Mais elles sont susceptibles d'être noyées lors des crues du fleuve). Il dispose de parapets de 4 pieds de large (1,20 mètre) et de 6 pieds de haut (1,80 mètre). Il forme ainsi un demi-cercle entre le fleuve et un gros ruisseau, Coal Creek, qui s'y jette au nord. Il est de surcroît entouré d'un fossé de 6 pieds de profondeur (1,80 mètre)[2] et 12 de large (3,70 mètres).

Composé à l'origine d'une seule enceinte de 3 200 mètres de long, environ, les confédérés, trouvant la superficie trop grande à défendre, rajoutent une seconde enceinte à l'intérieur.

En juin 1862, sous le bombardement de navires fédéraux, mais surtout devant le risque d'être coupés du reste de l'armée qui retraite après le siège de Corinth, les sudistes évacuent le fort qui est occupé 2 jours plus tard par les fédéraux.

Ceux-ci rajouteront une 3e enceinte en construisant un réduit, tout en haut du monticule.

Le fort est environné de plusieurs tertres qui permettent de voir et tirer dans le fort. C'est-à-dire que les défenseurs, derrière leur parapet, n'ont aucune protection contre des tirs venant de côté ou derrière eux.

Type de canon Parrott.

Le fort dispose de 6 pièces d'artillerie. Ce sont 2 canons de campagne de 6 livres, 2 obusiers de 12 livres et 2 canons Parrott de 10 livres[3].

  • Forces terrestres.
    Il s'agit de troupes peu expérimentées, placées sous le commandement du Major L. F. Booth
    • Premier bataillon du 6e régiment d'artillerie lourde[4], 4 compagnies, 8 officiers et 213 soldats;
    • la compagnie "D" du 2e régiment d'artillerie montée[5], 1 officier et 40 hommes.
    Ces 2 unités sont "colored", c'est-à-dire composées de soldats noirs. Les officiers, eux, sont des blancs.
    • 5 compagnies du 13e de Cavalerie du Tennessee (10 officiers et 285 hommes). Ce régiment est en cours de constitution[6].
    Les défenseurs de Fort Pillow sont donc, soit des troupes noires, soient composées de soldats du Tennessee, ceux que les confédérés appellent "renégats", "Tennessee Tories" ou "homemade yankees" (ce qui peut être traduit en : "yankee d'occasion").
  • Forces navales.
Une canonnière, l'USS New Era, est présente, et interviendra dans le combat.

Confédération

Il s'agit d'une troupe de cavalerie, entre 2 500 et 1 500 hommes. Le nombre n'est pas très précis car le corps principal envoie fréquemment des détachements opérer sur des objectifs secondaires.

Sur le papier, les troupes confédérées représentent 2 divisions.

  • Division Buford (Brigades Bell et Thompson),
  • Division Chalmers (brigades Mc Culloch et Richardson).

Le combat

Les troupes confédérées arrivent au matin du . Elles combattent, chassent les postes avancés nordistes et encerclent le fort. Vers 9 heures, le major Booth est tué. Le commandement passe au Major Bradford, du 6e d'artillerie.

Profitant des reliefs et du couvert de la végétation, les sudistes peuvent faire pleuvoir une grêle de balles sur les défenseurs qui ne peuvent s'en protéger. Ils ne peuvent même pas tirer car obligés de se montrer au-dessus du parapet pour tirer sur les assaillants.

La canonnière New Era, sous les ordres du Capitaine Marshall, bombarde les alentours mais ses tirs ne semblent pas avoir vraiment gêné les sudistes.

A 13 heures, les sudistes ont atteint le fossé du fort, où ils sont relativement à l'abri, les tireurs nordistes devant s'exposer pour leur tirer dessus et les canons ne peuvent être pointés aussi bas pour être efficaces.

Vers 15 heures 30, le général sudiste, Nathan Forrest, envoie un parlementaire pour exiger la reddition du fort, demandé rejetée par les nordistes. L'assaut est lancé et le fort est submergé. Les défenseurs se replient ou tentent de fuir vers le fleuve mais sont poursuivis par les sudistes. Des forces sudistes, positionnées au nord et au sud, près de la rive, les fusillent à leur tour.

Massacre ?

Pour les nordistes, il y a eu massacre des défenseurs après leur reddition. Cela remonte au niveau du président Lincoln. Le major-général nordiste C. C. Washburn écrira jusqu'au général Lee pour dénoncer ce crime.

Pour les sudistes, il n'y a pas eu massacre, mais assaut d'une position ayant refusé la reddition et donc accepté toutes les conséquences du combat. Il est vrai que les sudistes refusent de considérer les soldats noirs comme des soldats mais seulement comme des esclaves évadés devant être rendus à leurs propriétaires ou vendus à de nouveaux maîtres.

Le petit nombre de survivants (63 soldats noirs seulement, par exemple) et la mort de plusieurs prisonniers dans les jours qui suivent[7], ainsi que les témoignages fournis par des survivants, laissent penser que les sudistes massacrèrent les nordistes qui s'étaient rendus. Pour leur part, les sudistes rejetèrent cette accusation, mettant les pertes sur le compte de l'intensité du combat[8].

Les conséquences

Sur le plan militaire, ce combat est sans conséquence. Les fédéraux récupèrent le fort, évacué par les sudistes, sans combat.

En revanche, la question du « massacre » va peser sur la question des prisonniers dans chaque camp et dans les mesures de représailles qui pourraient être mises en œuvre. Elle servira même dans la campagne électorale présidentielle de cette année-là.

Pour en savoir plus

Bibliographie

  • Ouvrages sur le massacre :
    • (en) John Cimprich, Fort Pillow, a Civil War Massacre, and Public Memory , 2005, Louisiana State University Press, (ISBN 9780807131107)
  • Ouvrages sur la Guerre de Sécession en général, étudiant cette affaire :
    • James M McPherson, La guerre de sécession, traduction française 1991, Robert Laffont, Bouquins, (ISBN 2-221-06742-8).
  • Ouvrages sur les soldats noirs :
    • (en) M Lardas, African American soldier in the Civil War, 2006, Osprey, coll. "Warrior", 114, (ISBN 1-84603-092-7)

Liens internes

Les articles suivants sont intéressants, même s'ils sont centrés sur la situation du XXe siècle.

Liens externes

  • De nombreuses photos de l'état actuel du Fort Pillow sont visibles à cette adresse : Fort Pillow site photos
  • Le rapport du Congrès des États-Unis, exposant la vision "nordiste" de l'affaire, sur le massacre peut-être consulté à cette adresse : Fort Pillow massacre ...

Sources

  • James M McPherson, La guerre de sécession, traduction française 1991, Robert Laffont, Bouquins, (ISBN 2-221-06742-8).
  • (en) M Lardas, African American soldier in the Civil War, 2006, Osprey, coll. "Warrior", 114, (ISBN 1-84603-092-7)
  • Le site "Civilwarhome" offre de nombreux documents sur cette affaire. En particulier, des rapports tirés des Official Records of the Civil War The Battle of Fort Pillow Official Records and Battle Description

Notes et références

  1. De nos jours, le lit du fleuve s'est déplacé de plusieurs kilomètres plus à l'ouest.
  2. Le général Chalmers, sudiste, le donne pour profond de 8 pieds (2,44 mètres). Cf. O.R., série 1, volume 32, lettre du 7 mai 1864 au major J. P. Strange, QG de la 1re division.
  3. Renseignements fournis par le lieutenant-colonel T. H. Harris, dans une note datée 26 avril 1864 et adressée au quartier-général du 16e corps d'armée. Ce document est inclus dans les Official Records of the Civil War, tome 32. Il est reproduit dans la section "Fort Pillow" su site "CivilWarHome", cité dans les sources de cet article.
  4. Il est parfois désigné sous son ancien nom : First Alabama Siege Artillery, c'est-à-dire 1er Régiment d'artillerie de siège de l'Alabama.
  5. "Light Artillery" en américain, mais contrairement à ce que l'on pourrait penser, il ne s'agit pas de référence au calibre des pièces, mais au fait que les artilleurs sont à cheval et donc plus mobiles.
  6. Les compagnies ont été levées en décembre et janvier. La 5e compagnie, capitaine John L Poston, n'est même pas encore officiellement enregistrée comme unité combattante de l'armée US. Elle devait, pour ce faire, partir le 1er avril pour Memphis, mais a dû rester pour participer à la défense du fort. Cf. Tennesseans in the Civil War, volume 1, 1964, édité par le Civil War Centennial Commission of Tennessee.
  7. C'est le cas du Major Bradford, du 6e Tennessee et qui commandait le fort après la mort du Major Booth, qui est abattu "lors d'une tentative d'évasion".
  8. Cf., par exemple, Nathan Bedford Forrest, first with the most, de Robert S. Henry, 1991, Smithmark Publishers, (ISBN 0831713380), qui réfute chaque élément à charge.
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