Bataille d'El Caney
La bataille d'El Caney se déroula le durant la guerre hispano-américaine.
Date | |
---|---|
Lieu | Cuba |
Issue | victoire américaine coûteuse |
Espagne | États-Unis Cuba |
Joaquín Vara del Rey (en) † | Henry Ware Lawton (en) |
550 hommes 2 canons de montagne | De 6 899 à 8 500 Américains 1 000 guerrilleros cubains 4 canons de 81 mm |
38 tués 138 blessés 130 prisonniers de guerre | 81 tués et 360 blessés dans les rangs américains Probablement 150 tués dans les rangs cubains |
Batailles
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Situation
À El Caney (es), Cuba, environ 550 soldats espagnols (500 de l'armée de terre espagnole régulière et 50 mobilisés sur place) commandés par le général Joaquin Vara del Rey (en) équipé de Mauser espagnol 1893 et de deux canons de montagne Krupp AG de calibre 80 mm. reçoivent l'ordre de tenir le flanc nord-ouest de Santiago de Cuba en s'appuyant sur le fortin de El Viso, face à une avancée de la 2e division du Ve Corps de l'US Army composé de quatre brigades regroupant un total de neuf régiments incluant entre autres le 4e régiment d'infanterie [1], le 8e régiment d'infanterie [2], le 12e régiment d'infanterie [3], le 22e régiment d'infanterie [4], le 25e régiment d'infanterie (coloré)), équipé entre autres de fusils Krag-Jørgensen, le 2nd Massachusetts Volunteer Infantry[5], ce dernier équipé de Springfield Model 1889, un ancien modèle[6], un contingent d'insurgés cubains et une batterie d'artillerie de quatre pièces de 81 mm.
Défense espagnole
En plus du fort mentionné, les positions espagnoles se trouvaient protégées par 6 blockhaus en bois disposés autour du village et nommés le Río, le Nord, l'Asie, l'Abattoir, le Cimetière et le Gaucher, et par des tranchées du type carliste, c'est-à-dire des tranchées où la terre qui est extraite de son excavation est dispersée vers l’arrière au lieu de former des parapets avec elle ce qui les fait plus difficile à localiser.
L'église et la prison, les deux en pierre, furent dotés de meurtrières (ainsi que les murs arrière des maisons) pour renforcer la défense. Les positions défensives espagnoles étaient complétées par une ligne de barbelés qui compliquaient l'accès aux rues du village.
Alors que le village se fortifiait, les troupes espagnoles de Vara del Rey pratiquèrent divers mouvements tactiques qu’ils auraient sans doute à utiliser durant le combat.
Le déploiement des troupes espagnoles au début du combat était le suivant :
- dans El Viso et ses tranchées : les hommes appartenant au Régiment de Cuba.
- deux compagnies du Régiment de la Constitution dans les tranchées et les blockhaus d’El Caney.
- une autre Compagnie du Constitution en réserve sur la place et ses bâtiments.
- les volontaires cubains distribués dans les maisons avec meurtrières.
Bataille
Avec cette attaque, les Américains essayaient d'éviter que les forces espagnoles du général Vara del Rey puissent harceler leurs flancs durant leur attaque sur San Juan, menaçant tout leur déploiement. Au même temps, pour créer plus de difficultés au commandement espagnol, ils mèneraient une attaque de diversion sur Aguadores pour éviter que le général Linares puisse arriver en renfort de San Juan et d’El Caney avec les unités existantes dans la zone. Pour l’attaque d’El Caney les troupes de Lawton furent utilisées, composées par la 2e division de l'US Army qui disposait de quatre brigades avec son artillerie de campagne.
Le déploiement américain fut le suivant:
- la 1re brigade, située sur le chemin de Santiago, au sud-ouest du village. Sa mission était d'isoler El Caney de Santiago de Cuba ;
- la 2e brigade formait la réserve. Finalement, quand son intervention fut nécessaire à cause de la forte résistance des troupes espagnoles, elle se déploya à droite de la 1re brigade ;
- la 3e brigade, se trouva située à l’est, près du fort d’El Viso.
- la brigade indépendante se trouvait en chemin vers le lieu du combat.
Pour appuyer l'attaque, ils disposaient d'une batterie de 4 canons de 81 mm située à 1 km au sud d’El Caney, sur une hauteur qui dominait El Viso, protégée par un régiment d'infanterie et un escadron de cavalerie. L'artillerie commença à attaquer les positions espagnoles vers 6 h 30 du matin, quand les troupes américaines ne s'étaient pas encore déployées. Les deux canons espagnols de montagne ne répondirent pas au feu simplement parce qu'ils ne disposaient que de peu de munitions. Vers 7 h, deux brigades américaines initièrent l’attaque, elles disposaient de presque 4 000 hommes, tandis que les deux brigades restantes, confiantes que leur intervention n’allait pas être nécessaire, se maintenaient un peu plus éloignées. Cependant, les salves effectuées par les soldats espagnols furent si efficaces qu'elles freinèrent l'avance américaine. L'un des régiments américains parvint au sommet, mais il fut expulsé de là peu après, la première attaque était repoussée. Cependant, Lawton lança à la lutte une nouvelle brigade de 1 500 hommes, dont l’attaque échoua également. Pendant ce temps, le général Shafter, qui trouva une forte résistance dans son attaque sur San Juan, demanda à Lawton d’annuler l'attaque sur El Caney et de le rejoindre. Cependant, Lawton ne voulait pas que la victoire lui échappe, il fit donc la sourde oreille aux ordres de son supérieur et fit entrer dans la lutte sa dernière brigade, qui n’obtiendra rien non plus.
Vers 14 h, eut lieu un fait d'importance capitale dans le dénouement final du combat : l'artillerie américaine, qui n’avait pas joué jusque-là un rôle important, avança sa position jusqu'à environ 500 mètres du village, commençant à bombarder efficacement El Viso. Vers 15 h, les troupes de Chaffe se sont lancèrent à l'assaut du fort en s'emparant de la position après avoir submergé les peu nombreux défenseurs qui résistaient encore dans le petit fort. Malgré cela, les troupes espagnoles continuèrent de combattre dans les rues du village jusqu'à 17 h, quand les Américains réussirent, enfin, à s'emparer du village, car le bataillon qui le défendait avait pratiquement utilisé toutes ses munitions, consistants en 150 cartouches par homme, et il avait vu son nombre diminué par les pertes. Le général Vara del Rey, qui avait vu mourir dans l'action deux de ses fils, mourut après être atteint par une salve de fusils en étant évacué sur une civière.
Bien que les renforts promis sont annulés, Vara del Rey et 550 soldats vont tenir plus de douze heures face à environ 7 000 adversaires, les empêchant de poursuivre en direction de San Juan et d'en submerger les défenseurs. 84 Espagnols sous la conduite du lieutenant-colonel Puñet, réussirent à regagner Santiago de Cuba
Suites
Les pertes américaines sont de 81 tués et de 360 blessés selon l'armée américaine. Les pertes cubaines à El Caney sont inconnues, mais les guérilleros cubains perdirent probablement plus de 150 hommes ce jour-là soit un ratio des pertes très défavorable pour une force supérieure en nombre. L'armée espagnole a déclaré la perte de 900 ennemis[7].
Beaucoup considèrent cet engagement comme la preuve que, correctement commandée, l'armée espagnole aurait très bien pu vaincre les États-Unis au cours de la campagne cubaine.
Témoignage
Les mots du capitaine suédois Wester, un attaché militaire de l'ambassade de Suède-Norvège à Washington, un témoin oculaire du combat, montrent l'admiration que les soldats espagnols ont éveillée ce jour-là chez les propres Américains et chez les observateurs neutres présents :
« (...); la confiance règne dans le camp américain, où la seule crainte est que l'ennemi s'échappe sans combattre; mais à El Caney, comme on le verra, les Espagnols sont très loin de penser de cette manière. Les maisons du village ont été fortifiées, des tranchées ont été creusées sur un terrain rocailleux, et le feu de celles-ci est rasant sur un espace de 600 à 1 200 mètres ; sur la pointe nord-est de la position, le fort d’El Viso tenu par une compagnie, occupe une colline dominant les alentours(...). Vers six heures du matin, commença le feu des tranchées espagnoles; subitement, on découvre une ligne de chapeaux de paille; immédiatement le bruit d'une décharge, suivi de la disparition des chapeaux; cette opération se répète chaque minute, une grande régularité est observée, ainsi que l’action d’une volonté ferme, ce qui provoque une forte impression dans la ligne d'explorateurs américains; les balles sifflent dans l'air, en rasant le sol, blessant et tuant. Peu de temps après, toute la brigade Chafee se trouve déployée, mais sans pouvoir avancer un mètre, et celle de Ludlow se trouve également immobilisée. (...); la batterie américaine commence à faire feu. (...) un peu plus tard, les grenades éclataient au-dessus des tranchées, atteignaient les maisons du village et perforaient les murs du fort, les shrapnels projetant leur pluie de plomb sur la position; mais, malgré tout, le feu espagnol était toujours d’une grande régularité et violence. Devant El Viso, on pouvait voir un officier se promenant tranquillement le long des tranchées: il est facile de comprendre le but de ce voyage dangereux au milieu des projectiles fusant dans l'air, encourager par son exemple les braves défenseurs; on le voit, de temps en temps, agiter la main avec son chapeau et on entendait des acclamations. Ah, oui! Vive l’Espagne! Vive le peuple qui dispose de tels hommes!
Les masses d'infanterie américaine se jetaient et se serraient contre le sol jusqu'au point de sembler clouées à lui, ne faisant plus un mouvement à cause des décharges que la petite force espagnole leur envoyait à chaque instant. Il devint nécessaire de demander des renforts, (...). Enfin à trois heures et trente-six minutes, la brigade Chafee se lance à l'attaque contre El Viso; au début elle est stoppée au pied de la colline, et n’envahit le fort qu’après une seconde et violente attaque. Les Espagnols cèdent lentement du terrain, en démontrant par leur ténacité, ce que beaucoup de militaires supérieurs n'ont pas voulu admettre : qu'une bonne infanterie peut tenir longtemps sous le feu rapide des armes à répétition. Le dernier soldat américain qui est tombé fut blessé à 22 pas des tranchées. Bien que la clé de la position fût conquise, le travail continuait (...).
Une fois le fort occupé, les troupes américaines commencent à tirer depuis celui-ci sur le village (...), mais l'occupation ne fut pas effectuée jusqu'à quatre heures et demie, heure à laquelle les derniers Espagnols ont abandonné les maisons pour recommencer le feu depuis une colline située 600 mètres à l'ouest.
Admirable obstination de résistance, à laquelle tous contribuent jusqu'au dernier instant !
(...) Le bruit du combat ne cessa que quand le soleil était sur le point de se coucher. Durant près de dix heures, 500 soldats braves résistèrent unis et comme enchaînés sans céder un pouce de terrain à 6 500 autres pourvus d'une batterie, et renforcés par des centaines de guérilleros, et les ont empêché de prendre part au combat principal contre San Juan.
À partir de ce moment-là, on n’entendra plus un seul mot dans le camp américain au sujet de l’infériorité de la race espagnole !
Et ce combat d’El Caney: n’apparaîtra-t-il pas aux yeux du monde entier comme un de plus beaux exemples de courage et d’abnégation militaire ? (...) contemplez ce village! Les maisons sont en ruines, les rues couvertes de morts et de blessés (...) Tous ont accompli leur devoir, sans exceptions.
Heureux le pays qui est si aimé de ses enfants! Heureux les héros qui ont succombé dans un combat si glorieux! »
Annexes
Notes et références
- « 4th U.S. Infantry », sur www.spanamwar.com (consulté le )
- « 8th U.S. Infantry », sur www.spanamwar.com (consulté le )
- « 12th U.S. Infantry at El Caney », sur www.spanamwar.com (consulté le )
- « 22nd U.S. Infantry », sur www.spanamwar.com (consulté le )
- « 2nd Massachusetts », sur www.spanamwar.com (consulté le )
- « trapdoor », sur www.spanamwar.com (consulté le )
- « El Caney », sur www.spanamwar.com (consulté le )
Sources et bibliographie
- (en) Albert A. Nofi, The Spanish-American War, 1898, Combined Books, , 1re éd., 352 p. (ISBN 978-0-938289-57-9, LCCN 95053006)
- Carrasco García, Antonio, En Guerra con Los Estados Unidos: Cuba, 1898, Madrid: 1998.
- (es) « Page sur la bataille avec illustrations et ordre de bataille »
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