Maladie du balai de sorcière
La maladie du balai de sorcière est le nom de différentes maladies s'attaquant à différents types de plantes ligneuses, souvent des arbres. Elles peuvent survenir toute l'année et être provoquées par des champignons, des phytoplasmes, des plantes, voire des virus ou des bactéries qui stimulent la production de cytokinine, provoquant ainsi le développement incontrôlé de bourgeons axillaires. Cette maladie hypertrophiante forme une agglomération de branches et de rameaux, appelée « balai de sorcière », étant en quelque sorte une galle très étalée qui implique des bourgeons[2].

Typiquement, un balai de sorcière dure de nombreuses années, souvent pour la vie de la plante hôte et croît lentement d’année en année. Vous verrez souvent des balais de sorcière énormes sur les conifères (les sapins, épinettes, pins) et ils peuvent être vieux de plusieurs décennies. Certains par contre sont des structures annuelles. Le balai de sorcière du chèvrefeuille, par exemple, causée par un puceron, Hyadaphis tataricae, survit rarement plus qu‘une saison et de nouveaux balais sont produits à chaque printemps.[3]
Légende

L'origine de l'expression « balai de sorcière » est probablement liée à des légendes dans les cultures mycophobes qui associent les sorcières aux dégâts sur les plantes cultivées (aléas climatiques, attaques de ravageurs de plantes…)[4].
Selon une légende, les sorcières utilisaient comme monture des manches à balais à leur retour du sabbat, assemblée se déroulant dans un endroit retiré et sombre, souvent dans les bois appréciés pour leurs grands arbres protecteurs. Surprises par le jour au cours de leur chevauchée, ou fatiguées, elles s'y seraient reposées et auraient abandonné leurs balais qui depuis s'accrochent aux arbres. L'explication de cette expression folklorique reste problématique car, selon la légende, les sorcières enfourchaient un manche à balai, et non le balai en entier, mais il est possible que la croyance populaire ait détourné la légende en considérant que les sorcières convoquées au sabbat, au lieu d'utiliser leurs propres manches à balais spécifiques, s'emparaient des balais des bonnes gens[5].
Causes
Bactéries parasites
Les phytoplasmes infestent les cellules du phloème, incitant la plante hôte à transformer ses fleurs en des amas de feuilles, au profit indirect du parasite : la plante devenue stérile est plus riche en glucides, donc plus attractive pour les insectes qui se nourrissent de sève, comme les cicadelles, vecteurs des bactéries[6].
Risques de confusion
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Certains balais de sorcière peuvent être à tort considérés comme une concentration de rameaux épicormiques en touffe dense servant de support à des nids d’oiseaux ou d’habitat à certains coléoptères. Ces balais de sorcière, d'origine parasitaire (fongique, tumorale ou microbienne) sont différents des épicormiques car issus du développement de bourgeons adventifs et non proventifs[7]. Ce phénomène ne doit pas être confondu avec les touffes de gui qui se repèrent surtout l'hiver, quand elles se détachent des branches nues.
Quelques cas
Chez le cacaoyer
Elle est provoquée par le champignon Moniliophthora perniciosa et sévit principalement en Amérique du Sud où elle attaque 90 % de la production[réf. nécessaire].
Elle occasionne des dégâts sur les cabosses, les coussinets floraux et les bourgeons végétatifs. L’arbre ne donne plus de fruits. Ses branches se multiplient au point que ses rameaux finissent par ressembler à des balais de sorcière. Les méthodes de lutte consistent à éliminer, deux fois par an, les tissus affectés par le champignon.
Chez le sapin

On l'appelle aussi « rouille-balai de sorcière » car elle est proche des maladies cryptogamiques induites par les rouilles, champignons basidiomycètes parasites biotrophes. Elle est provoquée par le champignon Melampsorella caryophyllacearum (sv), qui cause un développement excessif de rameaux à partir d'un même point sur une branche, formant ainsi un « balai de sorcière ». La rouille cause rarement la mort des arbres, mais peut induire un ralentissement de la croissance. Le champignon vit sur deux hôtes en alternance : les sapins et des caryophyllacées (céraistes, stellaires)[9].
Chez l'épinette et les mélèzes
Le faux-gui de l'Est (Arceuthobium pusillum) est une plante parasite de la famille des Santalaceae qui provoque la formation des « balais ». Ces derniers peuvent atteindre 3 m de diamètre et résultent d'une stimulation de la croissance au point d'infection par le parasite. Parmi les autres symptômes, on constate le renflement de la branche au point d'infection et l'écoulement de sève des balais, privant ainsi l'arbre d'éléments nutritifs. En réduisant la qualité du bois et en causant des malformations et des extrémités en épis, les arbres parasités finissent par mourir.
Chez les bambous
Les balais de sorcière sont provoqués par des champignons endophytes du genre Aciculosporium.
Chez les pins

- Pin d'Alep
Écologie
Cette structure est un type de dendromicrohabitat (comme les broussins, cavités de pic, dendrotelmes …)[10].
Notes et références
- Stéphane Signollet, Le Sapin, Actes Sud, , p. 45
- Jean Meyer, Henri Jean Maresquelle, Anatomie des galles, Gebrüder Borntraeger, , p. 110.
- « Qu’est-ce qu’un balai de sorcière? », sur Jardinier paresseux, (consulté le )
- (en) Frank M. Dugan, « Fungi, folkways and fairytales: Mushrooms and mildews in stories, remedies, and rituals, from Oberon to the Internet », North American Fungi, vol. 3, no 7, , p. 23-72 (DOI 10.2509/naf2008.003.0074)
- Jardins de France, Société nationale d'horticulture de France, , p. 229.
- Janlou Chaput Futura, « Des bactéries parasites transforment des plantes en zombie », sur Futura (consulté le )
- « Cultures fruitières », Phytoma, n°391, 1986, p. 148
- Robert Gorenflot, Précis de botanique : (enseignement supérieur). 1. Protocaryotes et Thallophytes eucaryotes, Doin, , p. 132
- (en) Roger S. Peterson, Fir Broom Rust, U.S. Department of Agriculture, Forest Service, , p. 3
- Daniel Kraus, Rita Buetler, Frank Krumm, Thibault Lachat, Laurent Larrieu, Ulrich Mergner, Yoan Paillet, Tomas Rydkvist, Andreas Schuck & Susanne Winter, « Catalogue des dendromicrohabitats Liste de référence pour les inventaires de terrain », Technical report, (DOI 10.13140/rg.2.2.10273.71528).
Voir aussi
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