Bagadoù stourm

Bagadoù Stourm (en français : troupes de combat), brièvement appelés Strolladoù Stourm (groupes de combat), est une organisation nationaliste bretonne, milice du Parti national breton.

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Histoire

Création

Les Bagadoù Stourm sont créés début 1941 par Yann Goulet, qui cherche alors à encadrer les jeunes de son parti tout en contrant les actions de Célestin Lainé qui cherche à les recruter pour sa Lu Brezhon[1].

« Avec ses rites, ses pratiques et ses symboles (noyau commun à tous les partis fascistes) le service d’ordre du PNB ne diffère pas fondamentalement de ceux de mouvements comme le PPF ou le Parti franciste de Marcel Bucard. Par leur décorum, calqué sur la liturgie nazie, les congrès du PNB se donnent des allures de mini-Nuremberg, effets de masse en moins. Le culte du chef y est de règle, bien que Raymond Delaporte soit vraiment peu charismatique. C’est précédé d’un sonneur que le chef fait son entrée au congrès, les Bagadoù Stourm formant la clique. À part la cravate qui est blanche, l’uniforme des miliciens, de la chemise aux bottes, est noir. Un brassard orné d’un triskell et un calot noir d’où pendent deux rubans à l’écossaise donnent une couleur celtique à l’ensemble. Le salut se fait à l’hitlérienne et les jeunes au garde-à-vous forment une haie d’honneur[1]. »

La Seconde Guerre mondiale

Membres des Bagadoù stourm photographiés vers 1942.

Au cours de l'année 1941, la direction du parti charge Célestin Lainé et ses bras-droit de la Lu Brezhon d'assurer l'instruction militaire des « groupes de combat » du PNB, les Bagadoù Stourm, placée sous la direction de Yann Goulet[réf. nécessaire].

Au cours de l'année 1941, les cadres du Service Spécial procédèrent une fois par mois, le samedi et le dimanche, dans la plupart des centres de Bretagne à l'entrainement des jeunes recrues nationalistes : cours théoriques - enseignement du morse, étude de la balistique - connaissance des gaz de combat, cours pratique : répétition d'opérations.

L'emprise exercée par les cadres de l'organisation de Lainé sur les effectifs des Bagadoù Stourm ne devait pas tarder à créer un malaise proche de la subversion. Chef des groupes de combat, Yann Goulet réagit vigoureusement pour maintenir l'unité du Parti, en rappelant qu'« instruire et diriger sont deux choses différentes », et que dans une école militaire, il n'est pas admissible qu'« un maître d'armes s'arroge un pouvoir de commandement ». Suivi par Raymond Delaporte, Goulet resta la seule autorité reconnue. À partir de cet instant, les inconditionnels du Service spécial, et les volontaires des Bagadoù s'observèrent avec une méfiance évidente (prélude à la scission qui devait aboutir deux ans plus tard à la formation du Bezen Perrot). Les Bagadoù Stourm restent la milice du Parti national breton, dirigé par Yann Goulet. Yann Goulet insistera pour sa défense, comme Raymond Delaporte, sur sa volonté d'organiser une armée bretonne indépendante, dépourvue de toute allégeance et de tout soutien vis-à-vis des troupes allemandes (contrairement à Célestin Lainé)[réf. nécessaire].

Selon Ronan Caouissin, les Bagadou stourm auraient brièvement pris le nom Strolladou Stourm en 1941 pour que les initiales forment le sigle SS, ceci pour faire plaisir à Célestin Lainé[2].

Un bref incident inclut[Quoi ?] certains membres des Bagadoù avec la population de Landivisiau. Kristian Hamon relate que, le , « lors de son interrogatoire, Alan Louarn reconnaît avoir dirigé le groupe de jeunes miliciens, mais nie avoir foncé sur la foule ». Ils agissent avec des « barres de fer », et « revolver », au « pas de l'oie » ; « ils ont arrêté deux artistes peintres parisiens et les ont conduits à leur camp sous la menace d’un poignard ». Pour finir, « le nommé Jean Goulet, autonomiste arrêté avant-hier a été remis en liberté hier soir sur ordre de la police allemande de Brest ».

Il est question, dans le livre d'Henri Fréville, de manœuvres des Bagadoù Stourm (groupes de combats) le , qui se terminent à Scrignac. L'abbé Perrot avait donné l'hospitalité aux jeunes des Bagadoù Stourm qui manœuvraient dans le Finistère et dont les deux chefs, Yann Goulet et Yann L'Haridon, avaient été arrêtés par la police française et relâchés par les Allemands.

Yann Goulet et son adjoint Alan Louarn avaient une autorisation de port d'arme délivrée par les Allemands ainsi qu'un permis de circuler dans les zones interdites de la côte[3].

En août, six membres du groupe Liberté participent au camp d'été des Bagadoù Stourm à Saint-Herbot, dans les Monts d'Arrée. Contrairement à ce qu'avance Kristian Hamon, il est relaté que Yann Goulet, le responsable du stage, est arrêté par les Allemands et emprisonné jusqu'en octobre pour avoir affronté la police de Vichy et intercepté un policier qui espionnait le camp. Il est avancé que l'arrestation prétendue de Yann Goulet par les Allemands et sa détention consécutive, jusqu'en octobre 1943, avec une grève de la faim, aurait fait basculer une partie des BS nazairiens vers la Résistance active. Ils auraient donc ainsi rompu avec la branche dissidente collaborationniste issue du PNB qui éclate en plusieurs courants entre septembre et décembre 1943, la majorité étant engagée dans la neutralité ou une opposition modérée à Vichy[4],[5],[6].

Chant de marche

Le texte du chant de marche de cette milice est :

« De la Flandre à l'Alsace
Dans trois cent mille tombeaux
La fleur de notre race
Gît brisée en lambeaux
Tant qu'à risquer notre vie
En avant les garçons
Délivrons notre Patrie
En avant les Bretons ! »

Ou encore, repris sur des paroles bretonnes, l'hymne flamand des "Peuples Opprimés", ou sur la "chanson du Cygne" ("An alarc'h"), extraite du Barzaz Breiz de Théodore Hersart de La Villemarqué.

Un certain nombre de ces marches sont éditées dans un recueil intitulé War Raok (En Avant) et illustrées par Xavier Haas.

Le groupe de Saint-Nazaire participe à la Résistance intérieure française

Quelques membres des Bagadoù Stourm fondateurs du groupe Liberté seront déportés à Buchenwald : Jean Chauvel de Guenrouet, Paul Le Magueur, au premier plan à droite sur la photo[4],[5],[6], …

Sources

Notes et références

  1. Hamon 2001, p. 154
  2. Ronan Caerléon (Caouissin), Le rêve fou des soldats de Breiz Atao, p. 77.
  3. Kristian Hamon, Le Bezen Perrot : 1944, des nationalistes bretons sous l'uniforme allemand, Fouesnant, Yoran Embanner, , 174 p. (ISBN 2-9521446-1-3).
  4. Communication de Jean-Jacques Monnier au colloque intitulé Des militants bretons dans la Résistance, Bretagne et identités régionales pendant la Seconde Guerre Mondiale, Centre de Recherche Bretonne et Celtique, Université de Bretagne Occidentale, Brest, mai 2002, (ISBN 2-901737-53-6).
  5. Christian Bougeard, dans la partie "Conclusions" (page 396) de Bretagne et identités régionales pendant la Seconde Guerre Mondiale, Centre de Recherche Bretonne et Celtique, Université de Bretagne Occidentale, Brest, mai 2002, (ISBN 2-901737-53-6), citant et reprenant la communication de Jean-Jacques Monnier au colloque intitulé Des militants bretons dans la Résistance, p. 103 à 118.
  6. Jean Jacques Monnier, Résistance et conscience bretonne, 1940-1945, l'hermine contre la croix gammée, 400 p., éditions Yoran embanner, Fouesnant, novembre 2007 (300 notes biographiques de militants politiques ou culturels bretons engagés dans la résistance).

Bibliographie

  • Henri Fréville, Archives secrètes de Bretagne, 1940-1944, Rennes, Ouest-France, (réimpr. 2004, 2008) (ISBN 978-2-7373-4453-4), édition revue et corrigée par Françoise Morvan
  • Kristian Hamon, Les nationalistes bretons sous l'Occupation, Le Relecq-Kerhuon, An Here, , 272 p. (ISBN 2-86843-224-7).
  • Jean-Jacques Monnier, Résistance et conscience bretonne, l'hermine contre la croix gammée, 1940-1945, novembre 2007, Édition Yoran Embanner, Fouesnant, 420 p.
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