Aztlan

Aztlan (toponyme nahuatl généralement traduit par « lieu de la blancheur » ou « lieu des aigrettes ») est un lieu mythologique aztèque, l'« altepetl » peut-être mythique à partir duquel les futurs Mexicas auraient commencé leur migration vers le centre du Mexique en l'année 1 Silex, selon les écrits aztèques (en particulier leurs codex) et les témoignages recueillis par les chroniqueurs espagnols au XVIe siècle.

Détail du Codex Boturini qui représente l'île d'Aztlán avec à droite le glyphe 1 Silex.

Étymologie

L'étymologie du mot est énigmatique. Une des deux traductions proposées, « lieu des aigrettes » se heurte à des difficultés linguistiques. Le mot est formé d'un suffixe locatif, « -tlan » précédé d'un radical, or celui du mot « aztatl » («aigrette» en nahuatl, est « azta- » et non « az- »[1].

Mythes

Mythe nahua

Aztlan aurait été une île située au milieu d'un lac. Après avoir quitté l'île, les Aztèques seraient arrivés à un endroit appelé Chicomoztoc, c'est-à-dire « les sept cavernes » ; contrairement à Aztlan, qui n'apparaît que dans les récits aztèques, Chicomoztoc est considéré par beaucoup de groupes nahuas comme leur lieu d'origine légendaire. Les Aztèques y auraient trouvé une image de leur dieu Huitzilopochtli et rejoint d'autres tribus (dont le nombre varie selon les sources).

Analyse

Aztlan est considérée par de nombreux spécialistes contemporains comme un lieu purement symbolique, un reflet d'une ville réelle, peut-être Mexico-Tenochtitlan. En effet, les récits sont empreints de symbolisme, comme la date de départ, 1 Silex, qui représente le commencement.

Diego Durán rapporte une des traditions les plus curieuses à propos d'Aztlan, selon laquelle l'empereur Moctezuma Ier aurait envoyé des émissaires à la recherche du lieu d'origine des Aztèques. Emmenés par magie à Aztlan, ceux-ci y auraient rencontré Coatlicue, la mère de Huitzilopochtli, qui leur aurait demandé des nouvelles de ses lointains parents à Tenochtitlan. Revenus à nouveau par magie d'Aztlan, les émissaires n'auraient donc pu en indiquer la localisation. Ce récit indique que les Aztèques eux-mêmes ne se faisaient pas une idée claire de l'emplacement d'Aztlan, sinon qu'elle se trouvait quelque part au nord.

Mythes européens

La ressemblance phonétique entre les mots nahuatl Aztlan et grec Atlan (les deux langues n'ayant aucune parenté) dans le récit de Platon relatant le mythe de l'Atlantide (Ἀτλαντίς / Atlantís), a donné lieu à de nombreuses spéculations pseudo-historiques sur d'éventuels contacts précolombiens entre le monde méso-américain et l'Europe antique, contacts très peu probables en l'absence de la métallurgie et de la roue en Amérique précolombienne, et invérifiables en l'état actuel des recherches[2]. De telles ressemblances phonétiques ont donné à un groupe minoritaire de linguistes l'idée qu'il a pu exister au paléolithique une langue originelle unique de l'humanité, alors encore peu nombreuse[3].

Hypothèses de localisation

De nombreux spécialistes, pensant qu'il doit exister un emplacement réel, ont recherché Aztlan en différents endroits du nord ou au nord de la Mésoamérique, d'où proviennent les tribus chichimèques, dont les Aztèques sont une branche.

Le cosmographe français du XVIe siècle, André Thévet, la situait pour sa part en Floride.

Les chercheurs modernes partisans de cette thèse se sont attachés à trouver un site septentrional situé sur une île au milieu d'un lac, ce qui réduit les recherches. Parmi les endroits les plus souvent cités se trouvent l'île de Janitzio au milieu du Lac de Pátzcuaro dans l'État mexicain de Michoacan, ou encore l'île de Mexcaltitan dans l'État de Nayarit.

Sources

  • (en) Eduardo Matos Moctezuma, The Great Temple of the Aztecs: Treasures of Tenochtitlan. New York: Thames et Hudson (1988).
  • (en) Mary Miller & Karl Taube, The Gods and symbols of Ancient Mexico and the Maya, Thames & Hudson, Londres, 1993
  • Christian Duverger, L'origine des Aztèques, Éditions du Seuil,

Notes et références

  1. Michel Launey, Catégories et opérations dans la langue nahuatl, 1986, p. 26
  2. Thomas Diana, Une forme d'histoire alternative... la pseudo-histoire, , 50 p.
  3. Merritt Ruhlen : .

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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