Au Tambourin
Au Tambourin, dit aussi café du Tambourin, est le nom d'un café-restaurant parisien, également lieu d'exposition artistique, ouvert en 1885 par Agostina Segatori, une ancienne modèle italienne[1].
Au Tambourin | |||
Présentation | |||
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Coordonnées | 48° 53′ 01″ nord, 2° 20′ 05″ est | ||
Pays | France | ||
Ville | Paris | ||
Adresse | 62, boulevard de Clichy, Paris | ||
Fondation | |||
Fermeture | 1893 | ||
Informations | |||
Chef cuisinier | Agostina Segatori | ||
Spécialité(s) | italiennes dont la timbale bolonaise | ||
Géolocalisation sur la carte : France
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Historique
La modèle Agostina Segatori pose pour des peintres parisiens comme Jean-Baptiste Corot en 1873, Édouard Dantan, qu'elle rencontre en 1873 et dont elle aura un enfant, leur relation houleuse cessant en 1875, Vincent van Gogh en 1887, Édouard Manet en 1860, ou Jean-Léon Gérôme[2].
Vers 1882, elle achète au 27, rue de Richelieu à Paris un restaurant qu'elle nomme Au Tambourin[3]. Elle ferme ce lieu en 1885 car l'endroit n'est pas celui qui convient le mieux au genre de son établissement. En mars de la même année, elle achète un restaurant Le Cabaret de la Butte, au 62, boulevard de Clichy à Montmartre, qu'elle renomme comme le premier, Au Tambourin.
L'originalité de ce deuxième restaurant réside dans son décor composé d'œuvres de peintres, dont celle d'Édouard Dantan qui lui avait offert, en 1882, un bouc peint sur un tambourin pour décorer son premier restaurant[4]. Vincent van Gogh, qui va devenir son amant[5], va exposer ses propres tableaux de natures mortes dans son second établissement en échange de repas gratuits. Les tables, les sièges et le décor du bar sont en forme de tambourins que chaque peintre qui fréquente les lieux décore d'un petit sujet. Paul Gauguin mentionne que Van Gogh « décora gratis entièrement ce café[6] ». La patronne et ses serveuses, reçoivent les clients en costume de son pays. L'inauguration a lieu le [7].
Henri Pille est un des fidèles clients parmi les peintres qui fréquentent ce restaurant. Henri de Toulouse-Lautrec y peint un Portrait de Vincent van Gogh en 1887[8]. S'y retrouvent également Alphonse Allais et Théophile Alexandre Steinlen[9].
- Paul Signac, Le Boulevard de Clichy, la neige (1886), Minneapolis Institute of Arts.
Autre particularité des lieux, les amateurs peuvent y acquérir les tableaux de leur choix. En mars 1887, van Gogh et Agostina Segatori y présentent ensemble une exposition de la collection d'estampes japonaises qu'il a acquises chez le marchand Siegfried Bing. En juillet 1887, il amène le père Tanguy à l'occasion de l'exposition de ses œuvres ainsi que celles de ses amis Paul Gauguin, Louis Anquetin et Émile Bernard. Seul ces deux derniers artistes vendront une œuvre pour la première fois[10], Van Gogh et Gauguin se contenteront d'un échange d'œuvres[11]. D'après Suzy Lévy, le synthétisme y prend naissance[11]. August Hagborg, un peintre suédois, fréquente également les lieux et demeure en voisin au 45, boulevard de Rochechouart. Il sera également l'amant de Segatori et fera d'elle un tableau[10].
Maxime Lisbonne, un ancien bagnard de la Commune de Paris, ouvre en 1885 la Taverne du Bagne au 2, boulevard de Clichy ; il y crée également le journal de La Gazette du Bagne, une feuille de quatre pages qui n'aura que cinq numéros. Il y parle dans un article du café-restaurant de sa voisine : « Au Tambourin, n'a rien d'une auberge dont la nudité des murs fait la pauvre originalité […] C'est en effet madame Segatori, la propriétaire qui a réuni, placé avec un sentiment artistique, les œuvres des maîtres qui ont transformé son établissement en une des plus intéressantes galeries de tableaux qui se puissent voir. Pour ajouter à l'attrait de son établissement, elle s'est adjoint les plus charmantes collaboratrices qui se puissent voir, fraîches fleurs écloses au soleil d'Italie et épanouies dans le rayonnement chaud de notre capitale ». Son établissement est également fréquenté par des écrivains et des critiques d'art[12].
Puis la mode passe, son affaire décline, le restaurant Au Tambourin est vendu à bas prix en 1887. Le mobilier peint par Gauguin Fleurs, feuillage et fruits, Ludovic Némo, Norbert Gœneutte disparaît, sauf un tambourin signé H. Tode en 1886. En 1893, les lieux redeviennent Le Cabaret de la Butte, nom de l'établissement acheté par Segatori, puis au bout de quelques années devient le Cabaret des quat'z' arts. Agostina Segatori survie grâce à la générosité du père Tanguy qui l'aurait recueillie. Elle meurt en 1910[13].
Les lieux sont actuellement occupés par un sex shop.
Notes et références
- bokklubben.no.
- Bernard Vassor, Les Montmartrois, Paris, Éd. Roussard, 2004[réf. incomplète].
- Affiche de Jules Chéret[réf. nécessaire].
- Sophie de Sauvigny, Édouard Dantan 1848-1897 : Les ateliers parisiens aux marines normandes, Paris, Somogny éditions d'art, 2002.
- Correspondance complète de Vincent Van Gogh, Paris, 1960, lettres 461 et 462.
- Paul Gauguin, Avant et après : avec les vingt-sept dessins du manuscrit original, Paris, G. Crès, 1923, p. 177 (texte en ligne).
- André Roussard, Dictionnaire des peintres à Montmartre, Paris, Éd. Roussard, 1999, 640 p. (ISBN 9782951360105)[réf. incomplète].
- Amsterdam, musée Van Gogh.
- 'La Gazette de Montmartre, no 55, , p.|26.
- Bernard Vassor, op. cit.
- Suzy Lévy, « Les cafés montmartrois au XIXe siècle, lieux de communication », in Communication et langages, no 103, 1er trimestre 1995, p. 68 (texte en ligne).
- Sophie Monneret, « L'Impressionnisme et son époque », Bulletin des bibliothèques de France (BBF), no 3, 1980, p. 144 (en ligne) (ISSN 1292-8399).
- Archives familiales de la famille Segatori aux archives de la Ville de Paris[réf. incomplète].
Annexes
Bibliographie
- Émile Bernard, article du Mercure de France, 16 décembre 1908[réf. incomplète].
- Marcel Cerf, Maxime Lisbonne, le d'Artagnan de la Commune, Éditions du Panorama, 1967.
- Bernard Vassor, Les Montmartrois, Paris, Éd. Roussard, 2004.
- André Roussard, Dictionnaire des peintres à Montmartre, Paris, Éd. Roussard, 1999, 640 p. (ISBN 9782951360105).
- Sophie de Sauvigny, Édouard Dantan 1848-1897 : Les ateliers parisiens aux marines normandes, 2002, somogny éditions d'art, paris.
- Aurélie Dessain, La Figure féminine dans l'œuvre de Vincent van Gogh, 2010, sous la direction de claire barbillon, université paris ouest nanterre-la défense.
- F. Cachin (dir), Van Gogh à Paris, 1988, édition du musée d'orsay, paris.
- Vincent van Gogh, Correspondance complète de Vincent van Gogh, 1960, paris.
- Sophie Monneret, « L'Impressionnisme et son époque », Bulletin des bibliothèques de France (BBF), no 3, 1980, p. 144 (en ligne) (ISSN 1292-8399).
Liens externes
- « Le Tambourin » sur terresdecrivains.com.
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