Acfas

L'Acfas est une organisation sans but lucratif canadienne qui s'est donné comme mission de promouvoir l'activité scientifique, de stimuler la recherche et de diffuser le savoir en français[1]. Elle fut fondée en 1923 par un groupe de professeurs de l'Université de Montréal, dont le radiologue Léo Pariseau, et le frère Marie-Victorin, botaniste[1],[2]. L'association représente tous les domaines de recherche, de l’éducation à la biochimie, de la sociologie au génie mécanique[1].

L'Acfas a successivement été nommée Association canadienne-française pour l'avancement des sciences (1923-2001), puis Association francophone pour le savoir (2001 - ). Elle est désormais dénommé Acfas, tout simplement.

Historique

« [...] Si nous avions jadis favorisé la recherche scientifique, nous aurions réalisé on ne sait combien d'économies, ouvert au commerce, à l'agriculture, à l'industrie des domaines nouveaux et profitables »

 Omer Héroux, 7 octobre 1937, Le Devoir[3]

L'Association canadienne-française pour l'avancement des sciences est créée le à Montréal[4]. L’Acfas est « la huitième association du genre dans le monde »[5] après le Royaume-Uni (1831), l’Italie (1839), les États-Unis (1848), la France (1872), l’Australie-Nouvelle-Zélande (1887), l’Afrique du Sud (1902) et l’Inde (1912)[5].

Au moment où les premiers "professionnels" de la science sont encore en formation, l’Acfas participe à l’émergence d’une communauté scientifique « canadienne française ». Pour aider à construire cette communauté, l’Acfas s'engage d’abord à promouvoir l'enseignement des sciences. Parallèlement, ses membres se font vulgarisateurs et l’Acfas seconde toute initiative en culture scientifique. En 1933, l'Acfas tient son premier congrès, présentant 166 communications[3]. Les avancées scientifiques occupent un espace médiatique important; le journal québécois Le Devoir imprime en page 3 le programme complet et un résumé des discours d'ouverture[3].

De discours présidentiels en commission royale, l’Acfas représente les enjeux de la recherche auprès du politique. En 1936, le gouvernement québécois fait passer de 1 000 $ à 5 000 $ sa subvention annuelle à l'organisme[3]. En 1937, le frère Marie-Victorin est nommé président de l'association[4].

Livia Thür est la première présidente de l'Acfas, élue en 1975. En 1978, l’idée de transformer l’Acfas en une « Association québécoise pour l’avancement des sciences » (AQAS) a été rejetée, car elle paraissait « exclure les chercheurs francophones des autres provinces canadiennes »[5]. Ce n’est qu’en 2001 que « l’Acfas est renommée Association francophone pour le savoir, une dénomination plus moderne qui souligne néanmoins le caractère francophone de la société »[5]. Elle garde cependant le même acronyme (Acfas).

Avec près de 6 000 chercheurs-participants provenant d'une trentaine de pays, plus de 3 000 communications et environ 200 colloques, le congrès annuel de l'Acfas est considéré comme le plus important événement scientifique multidisciplinaire de la Francophonie[3]. Tous les grands champs de la recherche y sont abordés : sciences de la vie et de la santé, sciences physiques, mathématiques et génie, lettres, arts et sciences humaines, sciences sociales et éducation.

3e Congrès de l'Acfas (Association canadienne française pour l'avancement des sciences), Montréal, Québec, Canada, .

Activités

Parmi les principales activités de l'Acfas, on retrouve :

  • le Congrès annuel de l'Acfas;
  • le Gala de l'Acfas
  • les prix Acfas[6];
  • les Journées de la relève en recherche (#J2R) et les prix étudiants[7];
  • le Magazine de l'Acfas;
  • le Forum international Science et société;
  • le concours Ma thèse en 180 secondes (#MT180);
  • le concours Génies en affaires;
  • le concours La preuve par l'image;
  • le concours de vulgarisation de la recherche;
  • la plateforme web RaccourSci, la communication scientifique sans détour
  • le bulletin Savoirs;
  • les avis, les mémoires et les prises de position publiques[8],[9],[10];
  • la collection des Cahiers scientifiques et les guides pratiques;
  • des ateliers de contribution à Wikipédia, ainsi que des conférences en lien avec les projets Wikimedia[11]

Gouvernance

En tant qu'organisation sans but lucratif, l'Acfas est gouvernée par un conseil d'administration composé de 18 membres issus des catégories suivantes :

  • Membres provenant d'universités, de centres affiliés ou des cégeps;
  • Membres étudiants ou postdoctorants;
  • Membres provenant des centres de valorisation et de transfert, de la recherche privée, gouvernementale ou paragouvernementale, du milieu des affaires ou de l'industrie;
  • Membres provenant du milieu des communications scientifiques, travaillant au sein d'organismes à but non lucratif ou issus du grand public.

Depuis 2011, les membres du conseil d'administration sont élus par suffrage électronique. Ils représentent généralement tous les domaines de recherche. Le plan stratégique a été adopté par le conseil d'administration de l'Acfas à l'occasion de sa réunion régulière de l'automne 2014. Il couvre une période de 5 ans et se terminera donc en 2019. Depuis , Lyne Sauvageau est la présidente de l'Acfas[12].

Sections régionales

L'Acfas a mis en place des regroupements de membres appelés « Sections régionales », afin de lui permettre de mieux remplir sa mission dans certaines régions du Canada :

  • Acfas-Sudbury;
  • Acfas-Manitoba;
  • Acfas-Saskatchewan[13];
  • Acfas-Alberta;
  • Acfas-Acadie.

Prises de position dans l'espace public

L'Acfas prend position publiquement sur des enjeux concernant le système de recherche et d'innovation, et ce, dans l'objectif de préserver l'intégrité du système de recherche et d'augmenter la visibilité des chercheurs dans l'espace public[14],[15],[16],[17].

L'organisation a notamment pris position sur la liberté d'expression des chercheurs à l'emploi du gouvernement fédéral, sur le financement de la recherche au Québec[18] et au Canada[19],[20] et enfin, sur les politiques scientifiques[21],[22]. En 2012, l'organisation a mené une consultation au sein du milieu du réseau de la recherche, de l'innovation et du transfert des connaissances, en vue de l'établissement d'une nouvelle politique nationale de recherche et d'innovation (PNRI) au Québec.

Congrès annuel de l'Acfas

Le congrès annuel de l'Acfas est considéré comme le plus grand rassemblement scientifique multidisciplinaire de la francophonie[23]. Tous les ans depuis 1933, chercheurs et professionnels s'y rassemblent pour présenter leurs plus récents travaux, connaître les derniers développement en recherche, débattre de questions d'actualité et échanger des idées avec des collègues, des associations et des groupes participants[24].

Format

D'une durée de 5 jours, ce congrès se déroule habituellement en mai, en collaboration avec une université hôtesse, au Québec ou au Canada. À ce titre, le 80e Congrès a fait exception puisqu'il s'est déroulé au Palais des congrès de Montréal, en collaboration avec l'ensemble des universités et des collèges[25].

L'accès aux colloques scientifiques et colloques Enjeux de la recherche est payant, tandis que l'accès aux séances de communications libres et aux activités grand public est à présent gratuit[26],[3].

Son format est comparable à celui du congrès annuel tenu par l'American Association for the Advancement of Science (AAAS)[27].

Dimension internationale

Bien que la plupart des participants soient d'origine canadienne, près de 10 % des participants sont originaires d'une trentaine de pays francophones ou francophiles[23],[28], en majorité de la France et la Belgique.

Appel de propositions et évaluation

Toutes les communications réalisées à l'occasion de ce congrès scientifique sont évaluées par un comité de pairs, appelé « Comité scientifique », composé de chercheurs reconnus dans leur domaine.

Programme

Le programme du congrès de l'Acfas est publié tous les ans, au mois de mars. Il comprend entre 3000 et 4000 communications réparties comme suit :

  • des colloques scientifiques présentant des résultats de recherche articulés autour d'une thématiques (entre 150 et 200 colloques);
  • des colloques Enjeux de la recherche présentant des discussions et débats autour de sujets concernant la recherche, comme l'éthique, la relève scientifique, les politiques scientifiques, la communication scientifique, etc.;
  • des séances de communications libres regroupant par thématiques des communications scientifiques, indépendantes les unes des autres;
  • des activités grand public, permettant de créer un espace de dialogue entre la science et la société.

Le programme est disponible en format numérique sur le site Internet de l'Acfas, via une application mobile[25] ou en format papier pour les congressistes.

Magazine de l'Acfas

L'Acfas publie depuis 1984 une revue de vulgarisation scientifique. De 1984 à 2000, elle a porté le nom d'Interface[29],[30], puis elle a été renommée Découvrir [31]. La publication imprimée a pris fin en et Découvrir est devenu un magazine numérique[32] en . Les chercheurs sont les principaux rédacteurs du magazine, tel que le souligne le projet éditorial[33]. En 2019, la publication prend tout simplement le nom de Magazine de l'Acfas.

On y retrouve plusieurs rubriques :

  • Chroniques (chroniques régulières tenues par des chercheurs)
  • En mouvement (un vidéo comme point de départ)
  • En images (une image de recherche comme point de départ)
  • Recherches (article de vulgarisation d'une recherche réalisée par le chercheur lui-même)
  • Pourquoi j'ai écrit ce livre (des auteurs présentent leurs écrits)
  • Dossiers spéciaux (Pierre Dansereau, Politique scientifique, Recherche au collégial, etc.)
  • Entretiens (entrevues avec des chercheurs ou des acteurs du milieu de la recherche)
  • Tribune libre (ouverte à tous, chercheurs et citoyens)
  • Archives (textes publiés de 1980 à 2010 dans la version imprimée du magazine)

Prix

L'association remet annuellement les prix suivants[34] :


L'association remet également régulièrement des mentions de membres émérites[36]. Les personnes suivantes ont reçu cette mention récemment :

Membres émérites de l'Acfas de 2000 à 2019
Année de nomination Nom Institution Domaine de recherche
2019 Ibrahima Diallo Université de Saint-Boniface Biologie
2019 Christophe K. Jankowski Université de Moncton Chimie
2012 Pierre Demers (1914-2017) Université de Montréal Physique
2008 Yves Gingras Université du Québec à Montréal Histoire
2005 Maryse Lassonde Université de Montréal Neuropsychologie
2005 Bernard Robaire Université McGill Pharmacologie
2004 Andrée Roberge Le Groupe Neuro Biochimie médicale
2004 André Boudreau Université Laval Linguistique
2004 Camille Limoges Université du Québec à Montréal Histoire
2003 Jacques Genest (1919-2018) Institut de recherches cliniques de Montréal Cardiologie
2003 Robert Marchessault (1928-2015) Université de Montréal et Université McGill Chimie
2002 André Fortin Université de Montréal Mycologie
2002 Léa Brakier-Gingras Université de Montréal Biologie
2002 Mircea Steriade (1924-2006) Université Laval Neurosciences
2001 Jean-Marc Lalancette Université de Sherbrooke Chimie
2001 René J.-A. Lévesque (1926-2005) Université de Montréal Physique
2001 Charles Terreault Polytechnique Montréal Génie / télécommunications
2000 Olivier Bilodeau Université d'Ottawa Faculté des sciences et de génie


Concours

Tous les ans, l'Acfas appelle les étudiants-chercheurs et les chercheurs à participer à plusieurs concours permettant de leur donner davantage de visibilité.

Concours La preuve par l'image

Depuis 2010, ce concours est dédié aux images issues de recherches scientifique, réalisées dans tous les domaines de la connaissance. Il s'adresse à tout individu ou groupe, exerçant une activité de recherche dans le domaine public ou privé. Une banque de plus de 180 images a été constituée par l'Acfas suite aux différentes éditions de ce concours[37].

Concours de vulgarisation de la recherche

Le Concours de vulgarisation de la recherche de l'Acfas rend accessible au grand public des travaux réalisés dans tous les domaines du savoir. Il s'adresse aux étudiants universitaires à la maîtrise, au doctorat et au post-doctorat. Depuis plus de 25 ans, 5 prix sont remis chaque année. Aussi, les lauréats voient leurs textes publiés dans un grand quotidien québécois.

Concours Ma thèse en 180 secondes

Depuis 2012, le concours national et international Ma thèse en 180 secondes permet à des étudiants de présenter leur sujet de recherche, en français et en termes simples, à un auditoire profane et diversifié. Chaque étudiant ou étudiante exécute en trois minutes top chrono, un exposé clair, concis et néanmoins convaincant sur son projet de recherche. Il est la déclinaison du concours Three minute thesis. Si l'ambiance se veut festive, les présentations respectent des standards de qualité en termes scientifique et de vulgarisation. En 2013, 17 candidats issus de 17 universités canadiennes ont participé au concours et un projet pilote a été organisé en Europe avec l'université de Lorraine, en France, et l'université de Liège, en Belgique. En 2016, vingt candidats de dix pays différents sont présents pour la finale internationale à Rabat. L'organisation reste décentralisée entre différentes associations nationales[38].

Concours Génies en affaires

Le concours est lancé en 2016. Il invite les étudiants chercheurs. Les participants doivent présenté une innovation issue de leurs travaux de recherche, réalisés dans un établissement d'enseignement supérieur canadien.[39]

Notes et références

  1. Yves Gingras, Pour l'avancement des sciences : histoire de l'Acfas, 1923-1993, Boréal, , 272 pages p. (ISBN 9782890526198)
  2. « Création de l'Acfas », Le Devoir, (lire en ligne, consulté le )
  3. Pauline Gravel, « Le devoir d'informer sur la culture scientifique », Le Devoir,
  4. « Création de l'Acfas », Le Devoir,
  5. Pauline Gravel, « L’Acfas, une spécificité québécoise ? », Le Devoir, 19 et 20 juin 2010, page C6.
  6. « La science en français est une nécessité », sur Le Devoir (consulté le )
  7. « Le Devoir » (consulté le )
  8. « Toutes les réactions au budget 2016 du ministre Leitao », sur Le Huffington Post (consulté le )
  9. « Le nouveau président de l’ACFAS tire la sonnette d’alarme », sur Le Devoir (consulté le )
  10. « Les statistiques canadiennes manquent… et mentent », sur Le Devoir (consulté le )
  11. ICI Radio-Canada Première - Radio-Canada.ca, « Batailler pour la vérité à l’heure des fausses nouvelles | Sur le vif », Sur le vif | ICI Radio-Canada.ca Première, (lire en ligne, consulté le )
  12. « Élections », sur Acfas (consulté le )
  13. Zone Regions - ICI.Radio-Canada.ca, « Dévoilement de la programmation pour l'ACFAS de la Saskatchewan | ICI.Radio-Canada.ca », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  14. « Association francophone pour le savoir - Le temps de la mobilisation est venu », Le Devoir, (lire en ligne, consulté le )
  15. « À la défense des chercheurs et de leur mission », Le Devoir, (lire en ligne, consulté le )
  16. « Un secteur négligé par les partis politiques - Et la recherche scientifique? », Le Devoir, (lire en ligne, consulté le )
  17. « Il y a 89 ans, des professeurs et des chercheurs se rencontraient au Cercle universitaire… », Le Devoir, (lire en ligne, consulté le )
  18. Pierre Noreau, « Lettre ouverte au ministre du Développement économique - Québec doit continuer d'investir dans la recherche », Le Devoir, (lire en ligne, consulté le )
  19. « L'Acfas réclame le départ du ministre Goodyear », Le Devoir, (lire en ligne, consulté le )
  20. « Association francophone pour le savoir - Le Québec doit faire la preuve de sa différence », Le Devoir, (lire en ligne, consulté le )
  21. « Stratégie québécoise de la recherche et de l'innovation - En recherche, qui n'avance pas recule », Le Devoir, (lire en ligne, consulté le )
  22. « Association francophone pour le savoir - Politique et science font-elles bon ménage? », Le Devoir, (lire en ligne, consulté le )
  23. Pauline Gravel, « Ottawa - Le plus grand congrès scientifique francophone débute aujourd'hui », Le Devoir, (lire en ligne, consulté le )
  24. « L’Université Laval est fière d’être l’université hôtesse », Le Devoir, (lire en ligne, consulté le )
  25. « 80e congrès de l'Association francophone pour le savoir - Une programmation haute en couleurs », Le Devoir, (lire en ligne, consulté le )
  26. « «Découvrir aujourd'hui ce que sera demain» - «La science peut nous éclairer sur les vraies questions et les vraies urgences» », Le Devoir, (lire en ligne, consulté le )
  27. « Association francophone pour le savoir - Le réseau des chercheurs », Le Devoir, (lire en ligne, consulté le )
  28. « Ottawa - Le plus grand congrès scientifique francophone débute aujourd'hui », Le Devoir, (lire en ligne, consulté le )
  29. « Interface : la revue de l'ACFAS | », sur iris.banq.qc.ca (consulté le )
  30. « Capsules », sur www.sciencepresse.qc.ca (consulté le )
  31. « Nouveau nom, même mission », Le Devoir,
  32. http://www.acfas.ca/publications/decouvrir
  33. http://www.acfas.ca/publications/decouvrir/projet-editorial
  34. « Sciences et culture - L'Évolution de la recherche », sur Le Devoir (consulté le )
  35. « Prix Acfas Jeanne-Lapointe », sur Acfas (consulté le )
  36. « Membres émérites », sur Acfas (consulté le )
  37. « Pour voir ce que les chercheurs voient », Le Devoir, (lire en ligne, consulté le )
  38. « MT180: Qu’est-ce que c’est ? », sur mt180.ma/ (consulté le ).
  39. « Appel de candidatures », sur Acfas (consulté le )


Bibliographie

  • Yves Gingras, Pour l'avancement des sciences : histoire de l'ACFAS, 1923-1993, Montréal, Éditions Boréal, , 268 p. (ISBN 978-2-890-52619-8, OCLC 34517200).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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