Article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés

L'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés est l'article de la Charte des droits de la Constitution du Canada qui garantit le droit à l'instruction dans la langue de la minorité.

Résumé

Il vise à permettre aux communautés francophones hors-Québec, et aux communautés anglophones du Québec de recevoir l'éducation primaire et secondaire dans leur langue.

Cet article est particulièrement notable, puisque certains experts croient que l'article 23 était « la seule partie de la Charte dont Pierre Trudeau se préoccupait réellement. »[réf. nécessaire].

L'article 23(1)(b), et même l'article 23 en entier, sont parfois communément appelés la « clause Canada ».

L'article 23(1) a) n'est pas en vigueur au Québec. En effet, l'article 59 de la Loi constitutionnelle de 1982 empêche le paragraphe de s'appliquer à moins que le gouvernement du Québec n'y consente. Depuis l'entrée vigueur de la Charte, le gouvernement du Québec n'a jamais consenti à l'application de l'article.

Portée et interprétation

Historiquement, les tribunaux canadiens ont fait une interprétation plutôt restrictive de cette disposition. Il en va de même que pour les autres dispositions linguistiques de la Charte canadienne. L'idée initialement développée par le juge de Cour suprême Jean Beetz dans l'arrêt Société des Acadiens c. Association of Parents[1] est que les droits énoncés dans les dispositions linguistiques de la Charte canadienne doivent recevoir une interprétation moins généreuse parce qu'ils sont le fruit d'accords politiques canadiens, contrairement aux droits fondamentaux à caractère plus universel, issus pour la plupart du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

Entre autres, le Québec craignait qu'une interprétation large de la disposition en faveur des minorités francophones hors Québec puisse nuire à ses efforts de faire du français la seule langue de l'espace public québécois. Le professeur Jean Leclair, s'appuyant sur un livre écrit par le juriste Frédéric Bérard[2], l'affirme dans une lettre ouverte au journal La Presse[3].

Cela dit, depuis les arrêts Association des parents de l’école Rose-des-vents[4] et Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique [5] de 2015 et 2020, l'article 23 tend à recevoir une interprétation de plus en plus large. Il a notamment servi à rendre inopérante la disposition de la Loi sur la laïcité de l'État qui s'appliquait aux commissions scolaires anglophones.[6]

Texte

« 23. (1) Les citoyens canadiens :

     a) dont la première langue apprise et encore comprise est celle de la minorité francophone ou anglophone de la province où ils résident,
     b) qui ont reçu leur instruction, au niveau primaire, en français ou en anglais au Canada et qui résident dans une province où la langue dans laquelle ils ont reçu cette instruction est celle de la minorité francophone ou anglophone de la province,

ont, dans l'un ou l'autre cas, le droit d'y faire instruire leurs enfants, aux niveaux primaire et secondaire, dans cette langue.

(2) Les citoyens canadiens dont un enfant a reçu ou reçoit son instruction, au niveau primaire ou secondaire, en français ou en anglais au Canada ont le droit de faire instruire tous leurs enfants, aux niveaux primaire et secondaire, dans la langue de cette instruction.

(3) Le droit reconnu aux citoyens canadiens par les paragraphes (1) et (2) de faire instruire leurs enfants, aux niveaux primaire et secondaire, dans la langue de la minorité francophone ou anglophone d'une province :
     a) s'exerce partout dans la province où le nombre des enfants des citoyens qui ont ce droit est suffisant pour justifier à leur endroit la prestation, sur les fonds publics, de l'instruction dans la langue de la minorité;
     b) comprend, lorsque le nombre de ces enfants le justifie, le droit de les faire instruire dans des établissements d'enseignement de la minorité linguistique financés sur les fonds publics. »

 Article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés

Notes et références

  1. [1986] 1 R.C.S. 549
  2. Frédéric Bérard, Charte canadienne et droits linguistiques : déconstruction des mythes, Montréal : Presses de l'Université de Montréal, 2017
  3. Jean Leclair. 11 février 2020. « L’hypocrisie ». En ligne. Consulté le 2021-04-20
  4. 2015 SCC 21
  5. 2020 CSC 13.
  6. Hak c. Procureure générale du Québec, 2021 QCCS 1466
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