Argyraspides

Les Argyraspides (en grec ancien Ἀργυράσπιδες / Argyráspides, les « Boucliers d'argent »), sont un corps de fantassins d'élite au temps des conquêtes d'Alexandre le Grand et du royaume séleucide.

Au temps d'Alexandre le Grand

En 327 av. J.-C., au moment de la conquête de l'Inde, Alexandre donne au corps d'élite des hypaspistes le droit et le devoir de porter en signe de gloire des boucliers d'argent, d'où le nom d'argyraspides[1]. Au printemps 324, Cratère est chargé de les ramener en Macédoine parmi 10 000 vétérans des campagnes d'Asie mais la mort d'Alexandre en 323 modifie ce plan ; Cratère les laisse en Cilicie, sous le commandement d'Antigénès, pour y garder le trésor royal de Cyinda.

Au temps des Diadoques

En 321 av. J.-C., durant la première guerre des Diadoques, les Argyraspides accompagnent Perdiccas en Égypte dans sa campagne contre Ptolémée, mais ils se mutinent et leur chef, Antigènes, est l'un des meurtriers de Perdiccas[2]. Lors des accords de Triparadisos, ils entrent en rébellion cette fois contre Antipater qui les regagne à sa cause en les envoyant se servir dans les trésors de Suse[3]. De retour en Cilicie, ils passent en 319 au service de Polyperchon, nouveau régent de Macédoine, qui confie leur commandement à Eumène de Cardia. Mais ce dernier, ancien chancelier d'Alexandre, est un Grec et non un Macédonien ; son autorité est d'emblée contestée par Antigénès et son adjoint Teutamos. Lors de la bataille de Gabiène en 316 entre Eumène de Cardia et Antigone le Borgne, ce dernier s'empare de leur train de bagages et leur propose de lui livrer Eumène. Toutefois Antigone, qui se méfie de leur versatilité, fait exécuter Antigénès et sans doute son adjoint Teutamos. Les Argyraspides ainsi que leurs familles sont ensuite dispersés en Arachosie où la plupart périssent dans de vaines campagnes militaires sous le commandement du satrape Sibyrtios[4].

Comme les phalangites du temps de Philippe et d'Alexandre, les Argyraspides ne porteraient pas de cuirasse, excepté peut-être les officiers. Ils seraient équipés d'un bouclier, plus grand que celui des phalangites, d'un casque en fer, d'une épée et d'une lance courte (la doratia) plus maniable que la sarisse. Leur effectif maximum est estimé à 3 000 hommes. Autant par leur mobilité que par leur puissance de choc, les Argyraspides doivent servir de lien tactique entre la phalange et la cavalerie lourde des Compagnons.

Au temps des Séleucides

Des argyraspides composent l'armée séleucide notamment sous les règnes d'Antiochos III et d'Antiochos IV. Leur présence est attestée aux batailles de Raphia en 217 av. J.-C.[5] et de Magnésie en 190 au nombre de 10 000[6]. Ces troupes d'élite, qui forment le noyau de l'armée permanente, sont formées par des colons gréco-macédoniens installés en Syrie ou en Anatolie.

Ces unités sont les héritières de la garde royale d'Alexandre le Grand mais semblent équipées comme les sarissophores de la phalange. Il est également fait mention d'hypaspistes dans l'armée séleucide, par exemple lors du siège de Sardes en 214. On peut supposer que les deux termes se confondent dans les sources pour désigner une unité d’élite ou alors que les hypaspistes forment plus précisément la garde royale séleucide.

Notes et références

  1. Arrien, Anabase, VII, 11, 3. Certains auteurs antiques, dont Diodore de Sicile, confondent volontiers les deux termes.
  2. Arrien, Histoire de la Succession d'Alexandre, 35.
  3. Arrien, Histoire de la Succession d'Alexandre, 38.
  4. Diodore de Sicile, Bibliothèque historique [détail des éditions] [lire en ligne], XIX, 48, 3 ; Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Eumène, 19, 3.
  5. Polybe, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne] V, 79, 4 ; 82, 2.
  6. Tite-Live, Histoire de Rome, XXXVII, 40, 7.

Annexes

Bibliographie

  • Éric Foulon, « La garde à pied, corps d'élite de la phalange hellénistique », Bulletin de l'Association Guillaume Budé, vol. 1, no 1, , p. 17-31 (lire en ligne).
  • (en) E.M Anson, « Alexander's Hypaspists and the Argyraspids », Historia, n°30 (1981), p.117-120.
  • (en) Bezalel Bar-Kochva, The Seleucid army : organizations and tactics in the great campaigns, Cambridge, Cambridge University Press, coll. « Cambridge classical studies », (réimpr. 1979, 1982, 1987, 1989, 1993, 2001), 306 p. (ISBN 0-521-20667-7, présentation en ligne).
  • (en) R.A Lock, « The origins of the Argyraspids », Historia, no 26, (1977), p. 373-378.

Articles connexes

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