Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia

Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia (Bring Me the Head of Alfredo Garcia) est un film américain réalisé par Sam Peckinpah, sorti en 1974.

Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia
Titre original Bring Me the Head of Alfredo Garcia
Réalisation Sam Peckinpah
Scénario Gordon T. Dawson
Sam Peckinpah
Acteurs principaux
Sociétés de production United Artists
Pays d’origine États-Unis
Durée 112 minutes
Sortie 1974


Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Synopsis

Au Mexique, la fille d'un riche propriétaire terrien tombe enceinte après une aventure avec un certain Alfredo Garcia. La tête de celui-ci est aussitôt mise à prix. Alléché par la récompense, Bennie, comme d'autres, fera tout ce qu'il peut pour retrouver Alfredo Garcia.

Fiche technique

Distribution

Production

Genèse du projet

Alors qu'il est en train de travailler sur le film Un nommé Cable Hogue, l'ami et scénariste de Peckinpah, Frank Kowalski, lui soumet une idée de film, un film sur la traque d'un homme déjà mort et trahi par son ami, qui promet la somme d'un million de dollars pour quiconque apportera sa tête : « Bring me the head of… » et lui donne un premier script d'environ trente pages. Peckinpah adore l'idée et commence, quelques mois plus tard, lors du tournage des Chiens de paille, à écrire un premier scénario avec le scénariste Walter Kelley, auteur des dialogues du western Pat Garrett et Billy le Kid. Obsédé par cette histoire, Peckinpah n'aura de cesse de harceler Kelley dont les premières ébauches de script ne lui plaisent pas. Fatigué, Kelley abandonne alors le script. Peckinpah confie donc l'écriture à Gordon Dawson, son collaborateur éclectique (costumier sur La Horde sauvage et Major Dundee, réalisateur de seconde équipe pour Guet-apens, coscénariste sur la série Bonanza). Dawson livre alors un script de cinq-cents pages. Peckinpah approche le producteur Martin Baum (en) avec qui il a déjà travaillé sur les films Junior Bonner, le dernier bagarreur et Les Chiens de pailles et qui vient de créer son propre studio de production : Optimus Productions, lié par contrat à United Artists. Baum adore l'idée et United Artists paye donc Peckinpah pour l'écriture du scénario. Avec un budget d'un million cinq cent mille dollars, le réalisateur élabore donc son plan de tournage qui débutera en .

Tournage

Pour ce film dont l'action et le tournage se déroulent exclusivement au Mexique, Sam Peckinpah décide de s'entourer d'acteurs mexicains Jorge Russek, René Dupeyron, Yolanda Ponce, Chalo Gonzales, Enrique Lucero (en) et Emilio Fernández. Il retrouve également les deux chanteurs Kris Kristofferson et Donnie Fritts (en) avec lequel il vient de terminer le tournage éprouvant de Pat Garrett et Billy le Kid. Pour le rôle de Bennie, Sam pense tout d'abord à son ami Peter Falk avec qui il rêve de travailler depuis longtemps mais les engagements pris pour la série Columbo le rendent indisponible pendant les dates du tournage. Peckinpah hésite alors entre James Coburn et Warren Oates avant de finalement engager Oates (Coburn n'aimant pas le script), avec qui il a déjà travaillé sur les films Coups de feu dans la Sierra, Major Dundee et La Horde sauvage mais ne lui a offert que des rôles secondaires. Pour le rôle d'Elita, Peckinpah songe tout d’abord à sa compagne du moment, Aurora Clemente. Néanmoins, lorsqu’il rencontre Isela Vega, l’épouse de Jorge Russek[réf. souhaitée] et icône populaire au Mexique, le cinéaste est subjugué par sa beauté et lui propose une audition qu'elle passe avec succès. Enfin il engage le mexicain Alex Phillips Jr. en tant que directeur de photographie, avec qui il partage une aversion pour les objectifs grand angle, une admiration pour les zooms et des configurations de caméra multiples. Peckinpah lui dit alors : « Je fais très peu de prises, mais je filme beaucoup car j'aime changer d'angle. Je tourne avec le montage final dans le fond de mon esprit. »

Les raisons qui poussent Peckinpah à tourner au Mexique sont multiples. Tout d'abord il veut s'éloigner d'une Amérique en guerre au Vietnam et qui vient d'élire un président, Richard Nixon, qu'il déteste, mépris qu'il montre d'ailleurs de manière assez furtive lors de la scène où Bennie joue du piano dans un bar (première scène où le personnage apparait) sous la forme d'un faux billet de 1 dollar accroché au mur où figure une caricature du président. De plus, encore sous le choc de l'éprouvant tournage de Pat Garrett et Billy le Kid, ce séjour au Mexique est pour lui une occasion de s'éloigner d'Hollywood et ainsi de bénéficier d'une plus grande liberté de création. Il dira d'ailleurs dans une entrevue publiée en septembre 1973 dans le magazine Variety : « Pour moi, Hollywood n'existe plus. C'est de l'histoire ancienne. J'ai décidé de rester au Mexique parce que je crois que je peux y faire des films avec une plus grande liberté qu'a Hollywood. » Cette déclaration engendrera d'ailleurs une indignation des syndicats de télévision et de cinéma qui prôneront ouvertement la censure du film lors d'une déclaration à Détroit, allant même jusqu'à qualifier la production de « fugitive ». Cependant, les syndicats retirent leur menace de boycott avant la sortie du film. Ce film est aussi l'occasion pour lui de décrire de manière réaliste et viscérale un pays qu'il aime (c'est aussi le pays de sa femme Begonia Palacios). Pour ce faire il cherchera d'ailleurs pendant longtemps dans Mexico le bar parfait pour introduire le personnage de Bennie. Il trouve finalement le lieu parfait sur la Plaza Garibaldi (en), dans un bar pour touristes nommé Tlaquepaque[1]. Plusieurs membres de l'équipe lui déconseillent ce lieu, mentionnant une rumeur : le propriétaire aurait tué sa femme et serait sorti après une très courte peine de prison en soudoyant des gens haut placés.

Le tournage, qui durera quatre mois, est le plus serein du réalisateur[réf. souhaitée]. Cependant, il n'est pas non plus de tout repos, comme le dira plus tard Gordon T. Dawson : Sam Peckinpah est parfois apathique et difficile à vivre, en proie selon lui à des problèmes avec sa femme et à l'abus de médicaments, ainsi que de cocaïne, Dawson sera d'ailleurs tellement énervé du changement de comportement de son ami qu'il promettra de ne plus jamais travailler avec lui. Le tournage est aussi le cadre d'abus de stupéfiants. Un jour, l'équipe assiste à l'écrasement d'un avion appartenant à des dealers de drogues, le crash résultant apparemment d'un coup monté par la police. L'acteur Emilio Fernandez dit alors : « Apportez moi 500 pesos et une bouteille de tequila » et s'en va une fois ses demandes satisfaites. Il revient quatre heures plus tard, un sac rempli de marijuana dans une main et un fond de tequila dans l'autre. Cet usage de stupéfiants se ressent d'ailleurs dans le film, aussi bien dans la photographie que dans le jeu des acteurs lors de certaines scènes. De plus, le tournage s’est étalé sur la durée et a éprouvé physiquement et mentalement l'équipe. Pour réduire la pression, le réalisateur ainsi que les producteurs achètent un bar pour l'équipe.

Chose exceptionnelle, le film ne sera pas coupé par la production et Peckinpah présentera la version qu'il souhaitait.

Réception

À sa sortie, le film est à la fois un échec critique et commercial. Les critiques Harry et Michael Medved l'ont élu deuxième film le plus mauvais de l'histoire du cinéma, juste avant Ivan le Terrible de Sergueï Eisenstein et après Plan 9 from Outer Space d'Ed Wood.

Notes et références

  1. Susan A. Compo : Warren Oates : A wild life (ISBN 978-0-8131-2536-7)

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