Apathie

L’apathie, synonyme d’impassibilité, est un état d'indifférence à l'émotion, la motivation ou la passion. Un individu apathique manque d'intérêt émotionnel, social, spirituel, philosophique, parfois accompagné de phénomènes physiques. L’individu apathique peut également se montrer insensible vis-à-vis d'autrui.

Portrait par Ivan Grohar

L'apathie (du grec ἀπάθεια / apatheia, « impassibilité ») est une notion philosophique que l'on trouve à la fois chez le mégarique Stilpon, les anciens stoïciens dès Zénon de Kition, dans la doctrine du sceptique Pyrrhon d'Élis et dans celle du cynique Télès de Mégare, auteur d'un écrit Περὶ ἀπαθείας / Peri apatheías, « Sur l'apathéia ».

Le terme ultime de l'éthique de Pyrrhon, outre l'aphasie et l'ataraxie, était l'apathie, une indifférence radicale vis-à-vis des choses et des êtres. L'apathie se définit alors comme l'abolition de l'existence humaine jusque dans ce qu'elle a de plus élémentaire, jusque dans ce qui préexiste à la parole et au raisonnement. Pyrrhon recherche par là ce qui est en deçà (ou au-delà) de la sensation, une sorte de vacuité originelle, et une parole qui exprime cet en deçà. C'est pourquoi la parole la plus adéquate est : je ne sais rien. L'originalité de cette vision de Pyrrhon est d'éviter toute stratégie dialectique pour remonter aux causes et de se concentrer sur l'indifférence des choses et des conduites humaines.

Définition

Bien que le mot « apathie » soit dérivé du mot grec qui signifie « impassibilité » [1],[2], il est important de ne pas confondre ces deux termes[3].

Caractéristiques

L'apathie est un état émotionnel caractérisé par un manque d'intérêt à l'égard de situations ou de l'entourage[4]. Les caractéristiques de l'apathie incluent un manque de motivation, de passion, une absence de joie ou d'intérêt pour les autres individus et d'activités sociales. De telles conditions sont purement psychologiques, ou peuvent survenir à la suite de lésions neurologiques[4]. L'utilisation actuelle du terme « apathie » a débuté durant la Première Guerre mondiale[4]. Les soldats revenus de guerre, ayant fait l'expérience de scènes terrifiantes, ont éprouvé peu d'intérêt de retour à leur vie citoyenne[4]. De nombreuses formes de traumatismes, comme être témoin d'un crime atroce ou combattre en guerre, peuvent causer l'apathie[4]. Les individus ayant fait des telles expériences considèrent que rien ne peut être pire que ce qu'ils ont vécu[4]. Au sens plus large du terme, l'apathie est le symptôme de troubles psychologiques ou neuropsychiatriques et peuvent inclure la schizophrénie, le trouble bipolaire et l'hypothyroïdie[4]. Les individus souffrant de dépression sont également exposés à l'apathie du fait qu'ils engagent peu d'intérêt dans leurs loisirs, mais le lien entre la dépression et l'apathie n'a pas été réellement approfondi[4].

Aspects médicaux

Le journaliste et auteur John McManamy explique que, bien que les psychiatres restent perplexes quant à ses origines, l'apathie est un problème psychologique chez certains individus dépressifs[5], qui considèrent que « plus rien n'a d'importance », à la suite d'un « manque de volonté d'avancer dans la vie » et une incapacité à penser aux conséquences de leurs actes[6]. Il explique également que les individus dépressifs « ...ne semblent rien vouloir faire », qu'ils « n'arrivent pas à achever un but » et qu'ils sont « indifférents à l'idée de voir leurs proches[6]. » Selon lui, le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux n'argumente en rien sur l'apathie.

Dans un article du Journal of Neuropsychiatry and Clinical Neurosciences de 1991, le psychiatre Robert Marin explique que l'apathie surviendrait à la suite de lésions cérébrales, de maladies neuropsychiatriques comme la maladie d'Alzheimer, la démence, la maladie de Parkinson[7] ou de Huntington, ou d'autres événements comme un accident vasculaire cérébral. Marin explique également que l'apathie doit être considérée comme un symptôme ou une maladie[6].

Notes et références

  1. ἀπάθεια (apatheia)
  2. (en) Apatheia, Henry George Liddell, Robert Scott, A Greek-English Lexicon, sur Perseus.
  3. (en) William Fleming (1857). The vocabulary of philosophy, mental, moral, and metaphysical. Reprinted by Kessinger Publishing as paperback (2006; (ISBN 978-1-4286-3324-7)) and in hardcover, 2007. (ISBN 978-0-548-12371-3)).
  4. (en) « What Is Apathy? », sur WiseGeek (consulté le )
  5. (en) « Apathy Definition », sur Encycloepdia of Mind Disorders (consulté le )
  6. (en) John McManamy. "Apathy Matters - Apathy and Depression: Psychiatry may not care about apathy, but that doesn't mean you shouldn't".
  7. « Troubles psychiques et comportementaux > L'apathie », sur France Parkinson (consulté le )

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