Anwar Yusuf Turani

Anwar Yusuf Turani (ou Anouar Youssouf Tourani, en ouïghour : ئەنۋەر يۈسۈپ تۇرانى ), né le à Artux, est un militant ouïghour du Mouvement d'indépendance du Turkestan oriental. En 2004, il met en place le gouvernement en exil du Turkestan oriental (ETGIE) dont il est élu Premier ministre[1],[2].

Anwar Yusuf Turani
Anwar Yusuf Turani parlant au National Press Club à Washington le 22 novembre 2004.
Naissance
Artux (Xinjiang, Chine)
Nationalité Ouïghour
Pays de résidence États-Unis
Activité principale
Militant politique, enseignant, musicien
Famille
4 enfants

Biographie

Jeunesse

Né dans une famille marquée comme contre-révolutionnaire, nationaliste ouïghour et séparatiste par le gouvernement chinois, Turani grandit dans un camp de travail où il fait face à des difficultés économiques et à l'oppression politique. Il étudie à l'université de Kachgar où il est diplômé de physique en .

Militantisme et exil

Turani arrive aux États-Unis le , et devient le premier Ouïghour a bénéficier de l'asile politique. En 1995, il crée le Centre national de la liberté du Turkestan oriental (ETNFC), une organisation à but non lucratif de défense des droits de l'homme, basée à Washington.

Centre national de la liberté du Turkestan oriental (ETNFC)

Comme président du Centre national de la liberté du Turkestan oriental, Turani a organisé des manifestations, des conférences et des événements culturels, concernant la situation du Turkestan oriental. Il a également rencontré de nombreuses personnalités internationales, dont le président américain Bill Clinton, le 14e dalaï-lama, chef du gouvernement tibétain en exil, et le président taïwanais Chen Shui-bian, dans le but d'obtenir leur soutien pour mettre fin à l'occupation de son pays[3]. En , Turani a rencontré le 14e dalaï-lama, forgeant une alliance entre le Turkestan oriental et le Tibet contre le gouvernement chinois. Plus tard ce même mois, Turani et les représentants du Tibet occupé et de la Mongolie intérieure ont organisé une Marche pour l'Indépendance de l'ambassade de Chine à Washington DC vers l'Organisation des Nations unies à New York. À la fin de la marche qui dura deux semaines, Turani a parlé devant le siège des Nations unies, dénonçant les violations des droits de l’homme au Turkestan oriental depuis 1949[4].

En avec le soutien du Mouvement pour l'indépendance du Tibet, Turani a coupé l'une des cinq étoiles du drapeau national de la Chine devant l'Organisation des Nations unies. Turani enlevé l'étoile comme un geste symbolique de l'aspiration de son peuple à se libérer de l'occupation chinoise[5].

En , Anwar Yusuf Turani a visité Taïwan à l'invitation de la Fédération mondiale des associations taïwanaises (World Federation of Taiwanese Associations (en)), avec Erkin Alptekin, le professeur Thupten Jigme Norbu, frère aîné du dalaï-lama ; Tashi Jamyangling, ancien secrétaire du ministère de l'Intérieur du gouvernement tibétain en exil, et Johnar Bache, vice-président du Parti du peuple mongol du Sud. Ils ont rencontré les militants pour l'indépendance de Taïwan et des membres du Parti démocrate progressiste pro-indépendance, le président du Yuan législatif de Taïwan Liu Sung-pan (en), l'ancien président de Taïwan Chen Shui-bian, et le maire de Kaohsiung Frank Hsieh (en)[6],[7].

Le , Turani a rencontré le président américain Bill Clinton afin de le convaincre de soutenir le mouvement pour l'indépendance du Turkestan oriental[8]. Turani a dit Clinton que son pays est en faveur de mener une guerre d'indépendance contre la Chine[9],[10]; des articles du gouvernement en exil du Turkestan continuent d'affirmer le "droit légitime de faire la guerre" contre la Chine. Turani a affirmé avoir été financé par des Ouïghours riches en Arabie saoudite[11].

Le , Turani reçu une lettre du Département d'État des États-Unis au nom du Président George W. Bush en réponse à la lettre initiale de Turani concernant l'occupation chinoise du Turkestan oriental. Dans cette lettre, le gouvernement américain a exprimé sa volonté de protéger les « droits de l'homme fondamentaux - les droits à la liberté d'association, de réunion, de religion, de croyance, de conscience et d'expression - des Ouïghours et d'autres personnes vivant en Chine »[12].

Le gouvernement en exil du Turkestan oriental

Le , Anwar Yusuf Turani a proclamé la création du « gouvernement en exil du Turkestan oriental » à Washington[13], et en a été élu premier ministre[14],[15]. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la Chine, Kong Quan, a publiquement exprimé son mécontentement, qualifiant ces groupes de terroristes de la région du Xinjiang[16],[17]. En novembre, le gouvernement des États-Unis a déclaré qu'il « ne reconnaît aucun gouvernement en exil du Turkestan oriental, et ne fournit aucun support pour une telle entité »[18].

En 2007, Turani a critiqué la République populaire de Chine pour avoir emprisonné l'imam ouïghour Huseyincan Celil (en). Turani compara l'arrestation de Celil à celle de Rebiya Kadeer et théorisé que la Chine voulait utiliser Celil comme levier contre le Canada, où Celil avait sa nationalité[19],[20].

Depuis 2007 jusqu'à présent, Turani s'est penché sur les principales questions auxquelles le peuple du Turkestan oriental est confronté à la fois dans leur pays et à l'étranger. Turani publie régulièrement des communiqués de presse dans sa langue ouïghoure native pour éduquer au peuple ouïghour son histoire et la situation, et lui montrer un chemin vers son indépendance[21].

Récemment, Turani a opté pour une approche virale à travers le World Wide Web dans le but d'accroître la sensibilisation du public au Turkestan oriental[22]. Turani dispose de deux chaînes YouTube avec plus de 150 vidéos sur la situation du Turkestan oriental[23],[24].

Références

  1. Gardner Bovingdon, The Uyghurs : Strangers in Their Own Land, New York, Columbia University Press, , 150–151 p.
  2. Kevin Steel, « The Uyghur pawn », Western Standard, (consulté le ), p. 2
  3. Anwar Yusuf Turani: An Uyghur-Muslim Challenge to Chinese Authority in East Turkistan
  4. UN Speech by Anwar Yusuf Turani (Part 1), April 25, 1996
  5. « March for Tibet's Independence », International Tibet Independence Movement,
  6. B. Raman, « US & Terrorism in Xinjiang », South Asia Analysis Group, 07/24/2002 (consulté le )
  7. 228 Commemoration in Taiwan, World Tibet News, 5 mars 1998
  8. (en) Dru C. Gladney, Xinjiang : China's Muslim Borderland, Armonk, New York, Central Asia-Caucasus Institute, , 484 p. (ISBN 978-0-7656-1317-2, notice BnF no FRBNF39041644, lire en ligne), p. 382
  9. (en) Dru C. Gladney, Dislocating China : Muslims, Minorities, and Other Subaltern Subjects., Chicago, University of Chicago Press, , 414 p. (ISBN 978-0-226-29775-0, lire en ligne), p. 245
  10. (en) Dru C. Gladney, Xinjiang : China's Muslim Borderland, Armonk, New York, Central Asia-Caucasus Institute, , 484 p. (ISBN 978-0-7656-1317-2, notice BnF no FRBNF39041644, lire en ligne), p. 387
  11. (en) Dru C. Gladney, Xinjiang : China's Muslim Borderland, Armonk, New York, Central Asia-Caucasus Institute, , 388–389 p. (ISBN 978-0-7656-1317-2, notice BnF no FRBNF39041644, lire en ligne)
  12. Anwar Yusuf, « Letter from State Department », 07/20/2001
  13. « The Formation of the East Turkistan Government in Exile », PR Newswire, (consulté le )
  14. (en) J. Todd Reed et Diana Raschke, The ETIM : China's Islamic Militants and the Global Terrorist Threat, Santa Barbara, California, ABC-CLIO, , 244 p. (ISBN 978-0-313-36540-9, présentation en ligne), p. 34
  15. (en) Hasan Haider Karrar, The new Silk Road diplomacy : China's central Asian foreign policy since the Cold War, Vancouver, British Columbia, UBC Press, , 252 p. (ISBN 978-0-7748-1692-2, notice BnF no FRBNF42194271, lire en ligne), p. 116
  16. « China Protests Establishment of Uighur Government-in-Exile in Washington », Voice of America, (consulté le )
  17. « China Protests Establishment of Uighur Government-in-Exile in Washington », The Chosun Ilbo, (consulté le )
  18. « China - No Recognition of Any East Turkestanmore Government in Exile (Taken Question) », United States Department of State,
  19. Kevin Steel, « The Uyghur pawn », Western Standard, (consulté le ), p. 2
  20. Kevin Steel, « The Uyghur pawn », Western Standard, (consulté le ), p. 3
  21. ‘’Weten Dawasi”, STJSH' ning "Weten Dawasi" Heqqidiki Bayanati (1/3-Bolum), April 22, 2011, January 5, 2012
  22. Kristian Peterson, « Usurping the Nation: Cyber-leadership in the Uighur Nationalist Movement », Journal of Muslim Minority Affairs, vol. 26, no 1, , p. 64 (lire en ligne, consulté le )
  23. Youtube-STJSH, December 29, 2011
  24. Youtube-Uyghurbala0819, December 31, 2011

Liens externes

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