Antoine de Lonhy
Antoine de Lonhy est un peintre, enlumineur et peintre-verrier du XVe siècle d'origine bourguignone, actif entre 1446 et 1490 en Bourgogne, à Toulouse, en Savoie et au Piémont.
Historiographie
L'identification du maître de la Trinité de Turin et du maître des Heures de Saluces comme un seul et même artiste est due à Charles Sterling[1] ; par la suite, François Avril a montré, en 1989, qu'il s'agissait d'Antoine de Lonhy, artiste par ailleurs connu en Bourgogne et surtout à Toulouse et à Barcelone[2],[3].
Biographie
Il est cité pour la première fois sous le nom d'« Anthoine de Loigney », ce qui peut le faire naître dans une des deux villes du département actuel de Saône-et-Loire, Lugny-lès-Charolles ou Lugny près de Mâcon[4]
Il a beaucoup voyagé : il est documenté dans le duché de Bourgogne, au service de Nicolas Rolin en 1446, et a dû commencer sa carrière en Bourgogne méridionale, vers 1445. Il a travaillé pour l'évêque de Chalon-sur-Saône Jean Germain en 1449[5].
Il s'installe ensuite à Toulouse avant 1454. En 1454, il a réalisé une fresque dans l'église Notre-Dame de la Dalbade, découverte en 1891 et déposée au musée[6]. Son nom apparaît dans une notice donnant la liste des artistes employés par le Capitouls et avait reçu deux paiements le et d'un montant de 8 livres pour l'exécution d'une histoire dans les Annales[7] et de quatre vitraux pour le grand et le petit consistoire de la maison commune. Antoine de Lonhy devait être un peintre-verrier reconnu car le il passe un contrat avec les fabriciens de l'église Santa Maria del Mar de Barcelone pour l'exécution des vitraux de la grande rosace. En 1462, il signe d'autres contrats à Barcelone. Il a réalisé un retable pour le monastère des Augustins de Domus Dei. C'est dans ces documents qu'il est écrit qu'Antoine de Lonhy est un habitant d'Avigliana, dans le duché de Savoie et le diocèse de Turin, mais résidant à cette époque à Barcelone[8].
Il est surtout présent en Savoie et au Piémont où son activité est très importante vers 1470-1490. Il a été marqué par l'influence flamande.
Œuvres
Peintures

- Retable des Augustins de Domus Dei de Miralles, vers 1461-1462, Musée national d'art de Catalogne de Barcelone[9] ;
- Trinité de Turin, Museo civico de Turin (it)[10] ;
- Piétà et saint François de la chapelle Battagliotti, Galerie Sabauda, Turin ;
- Panneau d'un retable consacré à saint Pierre : Libération de saint Pierre et Chute de Simon le Mage, maison paroissiale de la Collégiale de Saint-Ours, Aoste, ;
- Présentation au temple, musée de l'Université Bob Jones, Greenville (Caroline du Sud) et son pendant, Dormition de la Vierge, coll. part. italienne ;
- Retable démembré provenant de l'église des Dominicains de Turin, contenant les panneaux : Nativité, Musée Mayer van den Bergh, Anvers, Prédication de saint Vincent Ferrier, Musée national du Moyen Âge, Paris[11], Saint Dominique, Galerie Sabauda, et peut-être Saint Jean Baptiste présentant une donatrice, coll. part. suisse ;
- Saint Antoine présentant une donatrice, coll. part. suisse ;
- Sainte Anne, la Vierge et l'Enfant Jésus, Cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Turin.
- Saint Augustin sur un trône, coll. part. italienne, passé en vente chez Christie's le (lot 147)[12]
- Mort de la Vierge. Collection privée de Balbo Bertone, en prêt au Musée d'Art Ancien de Turin.
Enluminures
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- Livre d'heures à l'usage de Besançon, vers 1450, Morgan Library and Museum, New York, M.196[13]
- Livre d'heures, vente Helmut Tenner à Heidelberg du (lot 6)
- Heures d'Hugues de Clugny, coll. part., France, passé en vente chez Sotheby's le (lot 103).
- Mappemonde spirituelle de Jean Germain, évêque de Chalon-sur-Saône, 1449, Bibliothèque de Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, Ms.PA32[14],[15]
- Livre d'heures à l'usage de Rome, Toulouse, vers 1457-1460, Bibliothèque municipale de Toulouse, Ms.2881[16]
- Heures de Saluces[17], 34 miniatures, complétant une intervention précédente de Peronet Lamy, Londres, British Library, Add. MS. 27697
- Livre d'heures à l'usage de Rome, 14 miniatures, Piémont, vers 1465-1470, Morgan Library and Museum, M.57[18]
- Livre d'heures, Walters Art Museum, W.206[19]
- Bréviaire à l'usage de Paris, 361 folios, 11 miniatures, collection particulière
- Graduel à l'usage dominicain, 9 lettrines historiées, Piémont, Detroit Institute of Art, Ms.F.1984.6
- Breve Dicendorum compendium, 3 miniatures, Bibliothèque nationale de Turin, ms.D.VI.2
- Deux feuillets et une initiale historiée provenant d'un missel aujourd'hui démembré: crucifixion à la Galerie nationale de Prague, inv.K-36880 et le Christ en majesté dans une coll. part. de San Francisco, anc. coll. Holford et Ad te levavi à la Public Library de Boston, MS pb Med. 93[20]
- Feuillet représentant la résurrection du Christ, cabinet des dessins du Musée Grobet-Labadié, Marseille, inv.G.L.2054
- Feuillet contenant une lettrine historiée tirée d'un missel, 6,3 × 5,9 cm, coll. part. américaine
Voir aussi
Bibliographie
- Clément Gardet, préface de Pierre Duparc, Les Heures d'Aimée de Saluces, vicomtesse de Polignac, et Catherine d'Urfé. Aspects internationaux et évolution dans la peinture dans les États de Savoie au XVe siècle, Gardet éditeur (collection Ars Sabaudiae - De la peinture du Moyen Age en Savoie, tome 5), Annecy, 1985, (ISBN 978-2-70490006-0), . (compte-rendu par Francis Salet, dans Bulletin Monumental, 1987, tome 145, no 2, p. 250-251
- François Avril, « Le maître des Heures de Saluces, Antoine de Lonhy », Revue de l'Art, vol. 85, no 1, , p. 9-34 (DOI 10.3406/rvart.1989.347785, lire en ligne)
- Giovanni Romano et Christine Piot, « Sur Antoine de Lonhy en Piémont », Revue de l'Art, vol. 85, no 1, , p. 35-44 (DOI 10.3406/rvart.1989.347786)
- Philippe Lorentz, « Une commande du chancelier Nicolas Rolin au peintre Antoine de Lonhy (1446) : la vitrerie du château d'Authumes », dans Bulletin de la Société de l'Histoire de l'art français, 1994, p. 9-13
- F. Quasimodo, « Antoine de Lonhy, Maestro delle Ore di Saluzzo », dans Dizionario biografico dei miniatori italiani, secoli IX-XVI, Edizioni Sylvestre Bonnard, Milan, 2004, p. 26-29, (ISBN 88-86842-70-8) ; 1089p.
- Philippe Lorentz, « Une œuvre retrouvée d'Antoine de Lonhy et le séjour à Toulouse du peintre bourguignon », dans Revue de l'art, 2005, no 147, p. 9-27
- Marie Bedel, Le manuscrit 2881 : un livre d'heures de la bibliothèque d'étude et du patrimoine de Toulouse, maîtrise d'histoire de l'art, Université de Toulouse II, Toulouse, 2005
- François Avril, « Un nouveau témoignage de l'activité toulousaine d'Antoine de Lonhy », Per Giovanni Romano. Scritti di amici, dans L'Artistica, Cuneo, 2009, p. 10-11
- Philippe Lorentz, « Antoine de Lonhy », dans sous la direction de Pascale Charron et Jean-Marie Guillouët, Dictionnaire d'histoire de l'art du Moyen Âge occidental, éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p. 40-41, (ISBN 978-2-221-10325-8) ; 1128 p.
- (it) Giovanna Saroni, « Intorno a un Libro d'Ore di Antoine de Lonhy giovane », dans Studi e notizie. Rivista annuale del Museo Civico d’Arte Antica di Torino, Palazzo Madama, anno I, 2010, p. 7-23
- Frédéric Elsig, Antoine de Lonhy, Silvana Editoriale, Milan, 2018, (ISBN 978-8-83663869-7).
- Giovanna Saroni, traduction par François Arnauld et Éliane Vergnolle, « À propos de la découverte de la Mise au Tombeau d'Antoine de Lonhy à Saint-Jean-de-Maurienne », dans Bulletin monumental, 2019, tome 177, no 2, p. 139-150, (ISBN 978-2-901837-78-7)
- Mireia Castaño, « Frédéric Elsig, Antoine de Lonhy », Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, 81, 2019, 1, p. 231-234.
Article connexe
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Base Initiale IRHT/CNRS : Antoine de Lonhy
- Hiba Mojabber, Notice biographique sur le site Réseaux économiques et foyers artistiques au XVe siècle
Notes et références
- « Études savoyardes II : le maître de la Trinité de Turin », L'Œil, n° 215, p. 21.
- Avril 1989
- Giovanni Romano, « Monumenti del Quattrocento chierese », in Arte del Quattrocento a Chieri. Per i restauri nel battistero, Turin, 1988.
- Philippe Lorentz, 2009, p. 40.
- Initiale CNRS : Mappemonde spirituelle, manuscrit, Lyon, BM
- Abbé Douais, « Fresque de la Dalbade de 1454 », Bulletin de la Société archéologique du Midi de la France, 1891, no 7, p. 109-116 (lire en ligne)
- François Bordes, Formes et enjeux d'une mémoire urbaine. Le premier « Livre des histoires » de Toulouse (1295-1532), Université de Toulouse-Le Mirail, thèse de doctorat, 2006, p. 119 (lire en ligne)
- François Avril, 1989, p. 24.
- (en) Notice de l'œuvre sur le site du musée
- (it) Notice du tableau sur le site du musée
- Notice sur le site du musée
- Notice de la vente
- Notice de la Morgan
- Notice de la bibliothèque
- Notice de la base JONAS de l'IRHT
- Notice du ms sur le site de la BMT
- C. Gardet, Les Heures d'Aimée de Saluces, vicomtesse de Polignac, et de Catherine d'Urfé sa fille. Aspects internationaux et évolution dans la peinture des États de Savoie au XVe siècle, Annecy, 1985.
- Notice de la Morgan
- Notice et reproduction sur le site du Walters
- M. Castaño, « Frédéric Elsig, Antoine de Lonhy », Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, 81, 2019, 1, p. 231-234
- J. Ainaud i de Lasarte, J. Villa-Grau, M. A. Escudero i Ribot, Els vitralls medievals de l'esglesia de Santa Maria del Mar à Barcelona (Corpus vitrearum Medii Aevi, Espanya 6, Catalunya 1), Barcelone, 1985.
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