Antoine Marius Gianelli

Antoine Marius Gianelli est un peintre-voyageur français, d'origine corse, né à Marseille le et mort dans la même ville le .

Biographie

Né d'un père marin, originaire de l'Ile-Rousse et d'une mère ajaccienne, il fait preuve très tôt de prédispositions pour le dessin et la peinture. Formé par Marius Guindon à l'école des Beaux-Arts de Marseille, il devient ensuite l'élève de Jean-Paul Laurens et Fernand Cormon à Paris[1]. Après la Première Guerre mondiale, il s'installe dans le quartier de Rive Neuve sur la rive sud du Vieux-Port. C'est alors un peintre très pauvre qui, comme les marins marseillais, porte le bleu de Shanghaï[2]. C'est l'époque où il fréquente la mouvance de la jeune peinture marseillaise, Antoine Serra, Louis Toncini; où encore François Diana dans les mouvements progressistes des Peintres Prolétariens devenus par la suite Peintres du Peuple[3].

Dans ses peintures, irradiées de lumière, Gianelli prend soin des couleurs qu'il réunit dans des scènes simples aux accords harmonieux, s'inscrivant dans la démarche d'André Derain, pour qui « le grand danger de l'Art, c'est l'excès de culture ». Gianelli œuvre modestement, sans tapage.

On a coutume de scinder l'œuvre de cet artiste provençal en deux périodes :

  1. Gianelli jeune, dynamique et aventureux, maître d'une œuvre grandiose, à l'échelle des fresquistes du Quattrocento, réalisée principalement dans les territoires français d'outre-mer, avant le dernier conflit mondial. Ces voyages, il peut les accomplir grâce à une bourse d'études obtenue en 1922. Entre 1924 et 1930, on le trouve au Congo, aux Antilles, à Cuba et à Haïti. De 1931 à 1934, il est en Guadeloupe où il reçoit des commandes pour assurer la décoration intérieure de plusieurs édifices publics et religieux, parmi lesquels l'église paroissiale Saint André de Morne-à-l'Eau[4], la chambre d'agriculture de Pointe-à-Pitre, la mairie de Marie-Galante. Les liens qu'Antoine Gianelli a établi avec le ministère des Colonies vont lui permettre de participer à l'Exposition coloniale de 1931 et à l'Exposition universelle de 1937 où il décore les pavillons de la Guadeloupe, des Îles, de Provence et de la Marine. En 1938, il rejoint Madagascar où il décore également des bâtiments publics, dont la mairie de Tamatave (aujourd'hui Toamasina[5]. Surpris par la guerre, Antoine Gianelli ne retournera en France qu'en 1946.
  2. Gianelli assagi, après la coupure des années de guerre, repartant une ultime fois, en 1952, sur l'appel d'un administrateur averti, vers Madagascar[6], puis définitivement de retour dans sa ville natale en 1963 pour composer une œuvre de chevalet (natures mortes, nus, paysages provençaux).

À Marseille, il fréquente les « peintres du Péano », une nouvelle génération bohème qui s'est installée aux Arcenaulx, le quartier de ses débuts, et dont font partie entre autres Pierre Ambrogiani, Antoine Ferrari, Hubert Aicardi, Arsène Sari, Jo Berto, René Seyssaud, Auguste Chabaud, Louis Toncini, François Diana, Antoine Serra[7]. Comme il le faisait déjà depuis 1958 où il avait reçu une médaille d'argent, il continuera à exposer au salon des artistes français jusqu'en 1981[8].

La ville de Marseille a consacré à Antoine Gianelli une rétrospective au musée du Vieux Marseille de à , un an avant sa mort.

Antoine Gianelli fait partie des personnalités marseillaises enterrées au cimetière Saint-Pierre.

Sélection d'œuvres

Dans les collections publiques

Au musée du Quai Branly, Paris :

  • Guadeloupéenne vers 1934, dessin voir site culture.fr
  • Scène antillaise : scène rurale du bar des îles, peinture à l'huile (1937)
  • La Soufrière, peinture (1934)
  • Retour de pêche à Saint-Barthélémy : l'Houëlmont, peinture
  • Femme aux noix de coco, peinture
  • Récolte de la canne à sucre, peinture à l'huile

Au Musée d'art moderne de la Ville de Paris :

  • Marché en Afrique équatoriale (avant 1937), huile sur toile

Au Centre Pompidou, MNAM-CCI, Paris :

Au Musée des Beaux-Arts, Marseille :

  • Cagnes-sur-Mer, 1935, huile sur toile

Au musée Cantini, Marseille :

  • Les cases à Nossi Be, 1940, peinture à l'huile-papier blanc-contreplaqué

Dans les collections privées

  • Portrait du Félibrige Julien Pignol, Musée de Château Gombert, Musée du Terroir Marseillais[9]
  • Enfant au gilet rouge (1971)
  • Jeune fille au ruban (1971)
  • Femmes du Marovaoay, Madagascar (1959)
  • Malgache assise à la chevelure bleue (1958)
  • La mère et l'enfant (dessin au crayon de la période malgache)
  • La Fécondation de la vanille (1981)
  • Le repos du modèle (1981)
  • Reflet de la glace
  • Nature morte au citron

Citations

« La Corse a donné de nombreux fonctionnaires, des hommes de talent, un empereur et un peintre. Ce peintre c'est : GIANELLI »

 André Salmon, Nouvelle Revue Française et Gringoire, 1936

Notes et références

  1. André Alauzen di Genova 2006, p. 215
  2. Académie de Marseille, Dictionnaire des marseillais p. 164
  3. Michel Tailland, François Diana, des peintres prolétariens aux peintres de Rive-Neuve/, Editions du Fournel,
  4. L’église paroissiale Saint-André a été conçue en 1930 par l’architecte parisien Ali Georges Tur (1889-1977), la précédente chapelle ayant été détruite par un cyclone survenu le 12 septembre 1928.
  5. Lyne Thornton, « Les africanistes, peintres-voyageurs, 1860-1960 », p. 320
  6. préface du catalogue de l'exposition au Musée du Vieux-Marseille, Marcel Paoli, ex-adjoint, Délégué aux Affaires Culturelles de la ville de Marseille, 1981
  7. Jean-Baptiste Nicolaï, « Les années de gloire des artistes du Péano – de 1940 à 1970, les bohèmes de la couleur » voir le résumé du livre sur le site de Décitre
  8. André Alauzen di Genova 2006, p. 216
  9. Musée de Château Gombert, Musée du Terroir Marseillais

Bibliographie

  • Jean Chélini, Dictionnaire des Marseillais, Marseille Aix-en-Provence, Académie de Marseille Diff. Edisud, , 440 p. (ISBN 978-2-7449-0254-3, notice BnF no FRBNF37715787).
  • André Alauzen di Genova, Dictionnaire des peintres et sculpteurs de Provence, Alpes, Côte d'Azur, Marseille, Éditions Jeanne Lafitte, (ISBN 978-2-86276-441-2).
  • Lyne Thornton, « Les africanistes, peintres-voyageurs, 1860-1960 », A.C.R. Éditions CD rom, 1990.
  • Jean-Baptiste Nicolaï, Les années de gloire des peintres du Péano : de 1940 à 1970, les bohèmes de la couleur : Château Borély, Marseille, du 13 juillet au 8 octobre 2000, Marseille Marseille, Fondation Regards de Provence Autres temps, , 129 p. (ISBN 978-2-84521-051-6, notice BnF no FRBNF37116862)
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