Anticoagulant oral direct

Les anticoagulants oraux directs (AOD, antérieurement appelés nouveaux anticoagulant oraux ou NACO[2]) sont des médicaments anticoagulants pris par voie orale. Ils sont dits directs car ils ne nécessitent pas l'action de l'antithrombine pour être actif soit sur les principaux facteurs de la coagulation la Thrombine ou le Facteur Xa.

Pour les articles homonymes, voir AOD.
Anticoagulant oral direct d'Ornithodoros moubata (en) (PDB 1TAP[1]).

Classification

Les anticoagulants oraux comprennent deux classes :

Inhibiteurs de la thrombine

La première molécule commercialisée est le dabigatran sous le nom de spécialité de Pradaxa par le laboratoire Boehringer Ingelheim. Cette spécialité bénéficie d'une AMM européenne[3]. Cette spécialité a donné lieu à un dépôt de quatre plaintes auprès du parquet de Paris pour "homicide involontaire" à la suite de décès imputés à l'administration de ce médicament[4]. Un antidote existe pour le Pradaxa, sous le nom de Praxbind.

Il existe une autre molécule commercialisée en France de la même famille qui est l'argatroban dont le nom de spécialité est Arganova, mais elle ne peut être administrée que par voie injectable.

Le ximelagatran a été commercialisé en France par AstraZeneca. La spécialité a été retirée du marché à cause d'une toxicité hépatique apparue au cours de la commercialisation[5].

Inhibiteur de la thrombine
DCI Nom de spécialité Laboratoires Pharmaceutiques Date de commercialisation Structure chimique
DabigatranPRADAXA [6]BOEHRINGER INGELHEIM06/05/2009
ArgatrobanARGANOVA [7]MITSUBISHI TANABE PHARMA28/04/2015
XimélagatranORIEMBO [8]ASTRAZENECAretirer 24/04/2006

Édoxaban

Inhibiteurs du facteur Xa

La première molécule commercialisée en France dans cette nouvelle famille est le Rivaroxaban sous le nom de spécialité de Xarelto par les laboratoires pharmaceutique Bayer Santé filiale de Bayer Pharma AG[9]. Trois doses sont disponibles selon les indications : 10, 15 et 20 mg. Cette spécialité bénéficie d'une AMM européenne centralisée[10]. Le brevet initial du Rivaroxaban est échu depuis 24/12/1999 [11]. En France cette molécule peut être commercialisée comme médicament générique à compter du 11/12/2020 [12].

Le deuxième molécule est l'apixaban vendu en France sous le nom de spécialité de Eliquis par Bristol Myers Squibb[13].Cette spécialité bénéficie d'une AMM européenne accordé simultanément à deux laboratoires : Bristol Myers Squibb et Pfizer EEIG[14]. Il existe deux dosages à 2,5 et 5 mg. Un code couleur permet de reconnaître plus facilement les comprimés.

DAIICHI SANKYO INC commercialise Édoxaban sous le nom de spécialité de Lixiana. Au deuxième trimestre 2020 une quatrième molécule ayant la même cible pharmacologique est en cours de développement en Europe le betrixaban (disponible aux États-Unis).Le le CMPH de l'European Medicines Agency a proposé le refus de l'AMM à la spécialité Dexxience nom commercial du betrixaban [15].

Inhibiteur direct du facteur Xa
DCI Nom de spécialité Laboratoires Pharmaceutiques Date de commercialisation Structure chimique
RivaroxabanXARELTO[16]BAYER30/09/2008 [17]
ApixabanELIQUIS[18]BRISTOL-MYERS SQUIBB / PFIZER EEIG14/01/2014
ÉdoxabanLixiana[19],[20]DAIICHI SANKYO INC19/06/2015
BetrixabanDexxience[21]PORTOLA PHARMACEUTICALS INCNon commercialisé

Indications

L'utilisation des anticoagulants oraux directs dans la fibrillation atriale a fait l'objet de la publication de recommandations par l'« European Heart Rhythm Association » datant de 2018[22].

Points positifs :

Les anticoagulants oraux directs sont tous efficaces dans la prévention de la maladie thromboembolique après chirurgie orthopédique.

En traitement curatif d'une phlébite constituée, le rivaroxaban[23] et l'apixaban[24] ont été testés avec succès.

Pour l'embolie pulmonaire, seul le rivaroxaban a été testé et peut-être utilisé dans cette indication[25]. Le recul des études n'excède cependant pas un an[26].

En cas de fibrillation auriculaire non valvulaire, les trois molécules se sont révélées au moins aussi efficaces que les AVK, avec un risque hémorragique équivalent ou inférieur.

Points négatifs:

S'il existe une valvulopathie mitrale (essentiellement un rétrécissement), l'emploi de ces molécules n'est pas recommandé car non testées dans ces indications. Ils peuvent être utilisés en cas de cardioversion programmée[22].

La présence d'une valve artificielle mécanique ne constitue pas une indication à ces molécules. Seul le dabigatran a été testé avec des résultats inférieurs à ceux des AVK[27].

Antagonisation

L'Andexanet alfa, qui se fixe sur les anti-Xa[28] a été approuvé par le FDA en 2018 et a reçu en France une AMM conditionnelle pour usage en milieu hospitalier par perfusion.

L'Idarucizumab, anticorps monoclonal dirigé contre le dabigatran[29], et enfin le PER977, qui se fixe sur tous les anticoagulants oraux directs[30] sont à l'étude.

Comparaison

Entre eux

Il n'existe pas d'études comparant directement deux ou plusieurs anticoagulants oraux directs.

Le dabigatran et l'apixaban se donnent en deux prises quotidiennes, le rivaroxaban en une seule prise.

L'apixaban a une élimination hépatique et rénale et peut donc être donné en cas d'insuffisance rénale jusqu'à une clairance de la créatinine inférieure à 15 ml/min ce qui n'est pas le cas du dabigatran ou du rivaroxaban, contre indiqués en cas de clairance inférieure à 30 ml/min.

Avec les antivitamines K

Les anticoagulants oraux directs ont l'avantage théorique, par rapport aux antivitamines K de ne pas requérir de contrôle sanguin régulier, d'avoir peu d'interactions médicamenteuses, d'avoir un délai d'action court et une durée d'action de même[31] et de ne pas nécessiter de régime alimentaire.

Ils ont l'inconvénient, du moins actuel, de ne pas disposer d'antagonistes en cas de complications hémorragiques graves, d'être « nouveaux » avec un recul faible sur les effets à long terme, de ne pas disposer de dosage biologique attestant une prise correcte et d'être sensiblement plus coûteux. De plus les indications de ces deux classes ne se recouvrent pas totalement, de même que les contre-indications, les anticoagulants oraux directs ne pouvant être donné en cas d'insuffisance rénale ou de valve cardiaque mécanique, contrairement aux antivitamines K.

Références

  1. (en) W. Antuch, P. Güntert, M. Billeter, T. Hawthorne, H. Grossenbacher et K. Wüthrich, « NMR solution structure of the recombinant tick anticoagulant protein (rTAP), a factor Xa inhibitor from the tick Ornithodoros moubata », FEBS Letters, vol. 352, no 2, , p. 251-257 (PMID 7925983, DOI 10.1016/0014-5793(94)00941-4, lire en ligne)
  2. Gilles Bouvenot, Jean-Paul Bounhoure, Jean-Louis Montastruc, André Vacheron au nom de la Commission II de l'Académie Nationale de Médecine, [PDF] Rapport sur les anticoagulants oraux directs (AOD) (antérieurement appelés « nouveaux anticoagulants oraux » ou NACO), 2014
  3. EU/1/08/442/010 en date du 18/03/2008 http://www.ema.europa.eu/docs/en_GB/document_library/EPAR_-_Product_Information/human/000829/WC500041059.pdf
  4. Le Monde daté du 12 octobre 2013
  5. Squizzato, A; Dentali F., Steidi L., Ageno W. (2009). "New direct thrombin inhibitors". Intern Emerg Med. 4 (6): 479–484. doi:10.1007/s11739-009-0314-8. PubMed
  6. http://agence-prd.ansm.sante.fr/php/ecodex/extrait.php?specid=65570603
  7. //http://agence-prd.ansm.sante.fr/php/ecodex/extrait.php?specid=60588106
  8. http://agence-prd.ansm.sante.fr/php/ecodex/extrait.php?specid=68543725
  9. http://www.ema.europa.eu/docs/en_GB/document_library/EPAR_-_Product_Information/human/000944/WC500057108.pdf
  10. EU/1/08/472/017 en date du 09/12/2011
  11. https://patents.google.com/patent/DE19962924A1/de
  12. https://patents.google.com/patent/EP1261606B1/fr
  13. http://www.ema.europa.eu/docs/en_GB/document_library/EPAR_-_Product_Information/human/002148/WC500107728.pdf
  14. EU/1/11/691/001 en date du 18/05/2011
  15. https://www.ema.europa.eu/en/documents/smop-initial/questions-answers-refusal-marketing-authorisation-dexxience-betrixaban_en.pdf
  16. http://agence-prd.ansm.sante.fr/php/ecodex/extrait.php?specid=65763132
  17. « Xarelto - European Medicines Agency », sur European Medicines Agency, (consulté le ).
  18. http://agence-prd.ansm.sante.fr/php/ecodex/extrait.php?specid=61902218
  19. http://agence-prd.ansm.sante.fr/php/ecodex/extrait.php?specid=60202483
  20. « LIXIANA MTEV (edoxaban), anticoagulant par voie orale », sur Haute Autorité de Santé (consulté le ).
  21. https://www.accessdata.fda.gov/scripts/cder/ob/results_product.cfm?Appl_Type=N&Appl_No=208383#
  22. Steffel J, Verhamme P, Potpara TS, et al. The 2018 European Heart Rhythm Association practical guide on the use of non-vitamin K antagonist oral anticoagulants in patients with atrial fibrillation, European Heart Journal, 218;39:1330–1393
  23. The EINSTEIN Investigators. Oral rivaroxaban for symptomatic venous thromboembolism, N Engl J Med, 2010;363:2499-2510
  24. Agnelli G, Buller HR, Cohen A et al. Oral apixaban for the treatment of acute venous thromboembolism, N Engl J Med, 2013;369:799-808
  25. The EINSTEIN–PE Investigators, Oral Rivaroxaban for the Treatment of Symptomatic Pulmonary Embolism, N Engl J Med, 2012;366:1287-1297
  26. Fontana P, Goldhaber SZ, Bounameaux H, Direct oral anticoagulants in the treatment and long-term prevention of venous thrombo-embolism, Eur Heart J, 2014;35:1836-1843
  27. Eikelboom JW, Connolly SJ, Brueckmann M et al. Dabigatran versus warfarin in patients with mechanical heart valves, N Engl J Med, 2013;369:1206-1214
  28. Lu G, DeGuzman FR, Hollenbach SJ et al. A specific antidote for reversal of anticoagulation by direct and indirect inhibitors of coagulation factor Xa, Nat Med, 2013;19:446-451
  29. Pollack CV Jr, Reilly PA, Eikelboom J et al. Idarucizumab for dabigatran reversal, N Engl J Med, 2015;373:511-520
  30. Ansell JE, Bakhru SH, Laulicht BE et al. Use of PER977 to reverse the anticoagulant effect of edoxaban, N Engl J Med, 2014;371:2141-2142
  31. Schulman S, Advantages and limitations of the new anticoagulants, J Intern Med, 2013;30. doi: 10.1111/joim.12138
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