Anneau de Gygès

L’Anneau de Gygès est une allégorie au début du deuxième livre de La République[1] de Platon. Elle raconte l'histoire de Gygès, ou de son ancêtre (les traductions diffèrent sur ce point [2]), qui trouve un anneau qui lui permet de devenir invisible. Elle serait inspirée de l'histoire contée par Hérodote[3] sur la manière dont Candaule, tyran de Lydie, a été évincé de son trône. Dans la discussion sur la justice qui est le sujet de La République, l'anneau de Gygès joue le rôle de ce que l'on appelle aujourd'hui une expérience de pensée.

L'Histoire

Dans le livre I de la République, Thrasymaque, défendant le droit du plus fort, soutient contre Socrate l'idée que commettre l'injustice est profitable (et sans aucun doute plus profitable que la subir) et que la justice est le fait des faibles. Mais la réfutation que lui administre Socrate ne convainc pas Glaucon et Adimante, les deux frères de Platon. Dans le but de discuter plus à fond la position de Thrasymaque, Glaucon reprend cette position à son compte, sans toutefois l'approuver, et l'illustre, en la renforçant, par la fable de Gygès.

Gygès découvre qu'en tournant vers l'intérieur de sa main le chaton d'une bague découverte par hasard lors d'un violent orage qui ouvrit le sol devant lui, il peut devenir invisible. Une fois ce pouvoir découvert, il s'arrange pour faire partie des messagers envoyés au palais royal. Là, grâce à cette invisibilité, il séduit la reine, complote avec elle et assassine le roi pour s'emparer du pouvoir. Rien ne peut lui résister, doté d'une telle arme.

La question que posent donc les frères de Platon est simple :

  • Est-ce qu'être un homme juste ce n’est pas en réalité être assez naïf pour respecter les lois et la morale même si cela peut être désavantageux ?

Cette hypothèse permet de débattre, exemple à l'appui, sur les motivations de la moralité : résulte-t-elle seulement d'une convention sociale et arbitraire, ou bien d'une pure idée morale qui dispose toujours déjà les hommes à la justice ?

Contexte

Le rôle de cette fable est fondamental pour la discussion et l’analyse du concept de Justice dans La République de Platon. Le premier Livre de la République est en partie consacré à toute une série de tentatives de définitions de la justice toutes mises en pièce par Socrate. Thrasymaque expose la définition la plus importante. Selon lui, être juste est le fait de respecter les lois et ses engagements même si cela peut être désavantageux. Une autre personne plus rusée et cynique fera, elle, semblant de respecter les lois et la morale afin de servir au mieux ses intérêts.

Reprises

L'histoire a été reprise par Cicéron dans le De officiis (Des devoirs, 44 av. J.-C.). De nombreux auteurs ont trouvé dans cette fable une inspiration, notamment Jean de La Fontaine, avec Le Roi Candaule et le maître en droit (1674), et Théophile Gautier, avec Le Roi Candaule (1844).

Bibliographie

Notes et références

  1. Platon, La République [détail des éditions] [lire en ligne] 359b6-360b2
  2. Dans la version de Robert Baccou c'est Gygès lui-même qui est en scène et qui est présenté comme l'aïeul du Lydien (Crésus), tandis que dans la traduction de Victor Cousin c'est l'ancêtre de Gygès le Lydien qui est en scène
  3. Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne] Clio, I, 7-14.

Voir aussi

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