Anjela Duval

Anjela Duval (à l'état-civil Marie-Angèle Duval), née le au Vieux-Marché, près de Plouaret (Côtes-du-Nord) et morte le à Lannion (Côtes-du-Nord), est une poétesse bretonne.

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Biographie

Elle est la fille unique d'une famille de cultivateurs, et avait repris la ferme (son père mourut en 1941, sa mère en 1951). Elle était, en effet, leur fille unique, car sa sœur aînée Maia (morte à dix ans, mais restée présente dans certains poèmes) ainsi qu'un frère (Charles) étaient décédés avant sa naissance. Seule, car elle était restée célibataire (à cause de son refus obstiné de suivre dans l'« exil » l'homme qu'elle aurait aimé, un marin qu'elle fréquenta alors, en 1924-1926 dit-on). C'est une paysanne pauvre et simple qui écrit ses poèmes après sa rude journée de travail aux champs sur un cahier d'écolière dans sa petite maison du Vieux-Marché à Traoñ an Dour, hameau isolé.

Elle lisait le breton depuis très jeune, mais ne s'est mise à l'écrire que dans les années 1960. Elle n'a fréquenté l'école, chez les sœurs dans la commune voisine de Trégrom, que de huit à douze ans (1917) ; mais, victime d'une maladie des os, elle a ensuite suivi quelques cours par correspondance pour les jeunes filles du milieu rural. Elle maniait donc assez bien le français, alors qu'elle avait appris le catéchisme en breton, comme c'était alors la règle.

S'étant mise en quête de quelques revues en langue bretonne, on lui avait indiqué Ar Bed Keltiek, revue généraliste dirigée par Roparz Hemon.

Elle collabora à cette revue, ce qui était exceptionnel pour une paysanne. Selon d'autres sources, on doit à l'abbé Marsel Klerg, directeur de la revue catholique Barr-heol, de l'avoir découverte.

Gilles Servat, qui apprit en grande partie le breton à Traoñ an Dour, lui consacra une chanson justement intitulée Traoñ an Dour. Gilles Servat raconte que quand on lui disait que l'on comprenait le breton sans le parler, elle répondait pour plaisanter : « comme mon chien… »

Elle s'était fait connaître du public français par l'émission d'André Voisin Les Conteurs [1], en 1971.

Ses œuvres complètes (sous le titre Oberenn glok), ont paru en 2000. Tirées en 1000 exemplaires et rapidement épuisées, elles ont été rééditées en 2005, à l’occasion du centième anniversaire de sa naissance.

Œuvres

  • Kan an douar. Brest, Al Liamm, 1973 (Le Chant de la terre)
  • Traoñ an Dour (recueil posthume), éditions Al Liamm, 1982
  • Tad-kozh Roperz-Huon (1822-1902), Hor Yezh, 1982, 1992
  • Me, Anjela, Mouladurioù Hor Yezh, 1986, (ISBN 2-86863-023-5).
  • Rouzig ar gwiñver, éditions An Here 1989
  • Stourm a ran war bep tachenn, éditions Mignoned Anjela, 1998
  • Oberenn glok (œuvre complète), 2000, 2005, éditions Mignoned Anjela (ISBN 2951266839)

En traduction :

  • Lenora Timm, A Modern Breton Political Poet, Anjela Duval A Biography and an Anthology, Studies in French Literature Number 5, Edwin Mellen Press, (ISBN 0-88946-570-3), 1990.
  • Au fil des saisons - Gant ar mareoù-bloaz, (bilingue, version française de Pierre Jakez Hélias), Coop Breizh, 1995
  • Quatre Poires, (bilingue, version française de Paol Keineg), éditions Mignoned Anjela, 2005.

Hommages

On retrouve quelques-uns de ses plus célèbres poèmes chantés par divers artistes de la chanson bretonne contemporaine comme An alc'hwez aour (La Clé d'or) interprété par Gwennyn dans son album En tu all, ou Karantez vro (L'Amour du pays) mis en musique et interprété par Véronique Autret et repris par Nolwenn Leroy dans son album Bretonne. On retrouve plusieurs de ses poèmes dans l'album EUSA de Yann Tiersen, sorti en 2016.

La poétesse Jeanne Bluteau lui consacre un poème de son recueil Petite Navigation celtique, en 1979.

Un chant venu de la terre, chanson du collectif Unité maü maü, évoque Anjela.

De nombreuses rues (à Plérin, Châteauneuf-du-Faou, Bain-de-Bretagne, Concarneau, Pordic, Lannion, Plabennec etc.) portent son nom.

En 2011, à l'occasion du trentième anniversaire de sa mort, l'association Chas plasenn Anjela-Duval organise une collecte de fonds afin d'ériger un granite à son effigie, sur la place du Vieux-Marché. L'œuvre de Roland Carrée a été inaugurée le 6 novembre 2011[2].

Sources

Bibliographie

  • Anjela Duval de Roger Laouenan, Éditions Nature et Bretagne, 1982.
  • Lenora Timm, A Modern Breton Political Poet, Anjela Duval A Biography and an Anthology, Studies in French Literature Number 5, Edwin Mellen Press, (ISBN 0-88946-570-3), 1990.
  • Anjela Duval, une histoire de deuils impossibles, de Marcel Diouris, éditions Emgleo Breizh, 2011
  • Guillaume Le Berre, Anjela Duval, la littérature bretonne comme thérapie, Mémoire de Master 1 en Psychologie clinique et psychopathologie, 2014, 71 p.
  • Anjela, roman graphique bilingue de Christelle Le Guen, édité par l'association Mignoned Anjela (les amis d'Anjela), 2018 (ISBN 2951266855)

Références

  1. Anjela Duval Le Trégor en deux visages, 28 décembre 1971.
  2. « Vieux-Marché. En souvenir d'Anjela », sur Le Télégramme, (consulté le )
  3. « Les archives d’Anjela Duval, un trésor désormais accessible à Lannion », sur Le Télégramme, (consulté le )

Liens externes

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