Aminata Dramane Traoré
Aminata Dramane Traoré est une femme politique et écrivaine malienne, née le à Bamako (Mali).
Pour les articles homonymes, voir Aminata Makou Traoré et Traoré.
Biographie
Née en 1947 dans une famille modeste de douze enfants, Aminata Traoré a fréquenté l’école Maginot. Elle a étudié en France à l’université de Caen. Elle est titulaire d’un doctorat de 3e cycle en psychologie sociale et d’un diplôme de psychopathologie. Chercheuse en sciences sociales, elle a enseigné à l’Institut d’ethnosociologie de l’université d’Abidjan (Côte d’Ivoire) et travaillé pour plusieurs organisations régionales et internationales[1].
Nommée ministre malienne de la Culture et Tourisme sous la présidence d’Alpha Oumar Konaré entre 1997 et 2000, elle a démissionné pour ne plus être tenue de son devoir de réserve.
Aminata Dramane Traoré est aussi chef d’entreprise à Bamako. Elle est propriétaire d'un restaurant-galerie de luxe[2], le San-Toro, et d’une maison d’hôtes pour touristes ou riches Maliens, le Djenné, qu’elle a fait construire avec des matériaux locaux[3].
Engagement altermondialiste
Militante altermondialiste, elle s’est engagée dans le combat contre le libéralisme, qu’elle considère comme responsable du maintien de la pauvreté au Mali et en Afrique en général. Aminata Dramane Traoré souhaite que les États africains cessent de suivre les injonctions des pays occidentaux qui se traduisent par « les plans et programmes des banquiers internationaux et des grandes puissances du Nord » et qui conduisent à la pauvreté des populations et engendrent les phénomènes de violence et l’émigration vers l’Europe d’une grande partie de la jeunesse désabusée. Elle demande aux gouvernants africains de réagir face au néocolonialisme[4].
Aminata Dramane Traoré a pris position en faveur du président zimbabwéen Robert Mugabe dans la gestion de son pays, considérant que ce qu’on reproche au dictateur (la faillite de l’économie, le non-respect des droits de l’Homme, l’appauvrissement de la population) serait dû en grande partie à la politique menée par l’ancienne puissance coloniale, le Royaume-Uni, et au non-respect de ses engagements[5]. Elle renvoie les « donneurs de leçons », c’est-à-dire selon elle les pays "occidentaux", à leurs propres manquements (guerre contre l’Irak, crise économique, politique migratoire...)
Elle coordonne les activités du Forum pour un autre Mali et était responsable de l’organisation du troisième volet à Bamako du Forum social mondial polycentrique de 2006[6].
En , elle participe à la conférence internationale « Bandung du Nord », organisée par le Decolonial International Network afin de « questionner la mémoire coloniale »[7]. Toutefois, note le site Conspiracy Watch, y interviennent aussi certaines personnalités « remarquées pour leur complotisme ou leur antisémitisme », ainsi que les militants antiracistes Angela Davis et Fred Hampton Jr. (en), ou encore le journaliste Muntadhar al-Zaidi, connu pour son engagement contre la guerre en Irak[8].
En janvier 2020, Aminata Dramane Traoré et une cinquantaine d'intellectuels publient une déclaration demandant l'ouverture d'un débat «populaire et inclusif» sur la réforme du Franc CFA en cours et rappelant que «la question de la monnaie est fondamentalement politique et que la réponse ne peut être principalement technique»[9].
Ses écrits
En 1999, elle publie l'Étau, un essai dénonçant la politique des institutions de Bretton Woods (Fonds monétaire international, Banque mondiale) qui imposent la mise en place de plans d’ajustement structurel qui ne font qu’appauvrir les populations africaines.
En 2002, dans le Viol de l’imaginaire, elle dénonce les mécanismes privant l’Afrique de ses ressources financières, naturelles et humaines.
En 2005, elle publie une Lettre au président des Français à propos de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique en général où elle analyse les crises africaines dans le « pré carré français » à la lumière de la mondialisation libérale.
En 2008, elle publie l’Afrique humiliée où elle critique vivement le discours jugé raciste et néocolonialiste de Nicolas Sarkozy à Dakar en juillet 2007[10].
Elle participe, avec Jean-Louis Martinelli, à l'écriture de la pièce Une nuit à la présidence, qui sera mise en scène par Jean-Louis Martinelli au Théâtre Nanterre-Amandiers, en 2014[11].
Apparition cinématographique
Aminata Dramane Traoré apparaît, jouant son propre rôle en qualité de « témoin », dans le film Bamako d'Abderrahmane Sissako.
YouTube
Aminata Dramane Traoré apparaît dans une vidéo YouTube[12], tenue par la chaîne Thinkerview, qui l'interroge sur ses avis concernant de nombreux aspects géopolitiques de l'influence française sur les anciennes colonies françaises, de la gouvernance malienne et d'autres thèmes au sujet de l'Afrique.
Distinctions et décorations
Elle est récipiendaire des distinctions suivantes[13] :
- Ciwara d’excellence (1995)
- Prix du Prince Claus de la Culture (Pays-Bas) en 2004
- Chevalier (1996), officier (2006) puis commandeur de l’ordre national du Mali (2008)
Œuvres
- Femmes d'Afrique: douloureux ajustement, Éditions Actes Sud,1995
- L’Étau, Éditions Actes Sud, 1999
- Le Viol de l’imaginaire, Éditions Fayard, 2002
- Lettre au président des Français à propos de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique en général, Éditions Fayard, 2005
- L’Afrique humiliée, Éditions Fayard, 2008
- L'Afrique mutilée, Taama Éditions, 2012
- articles et préfaces
- Ainsi nos œuvres d’art ont droit de cité là où nous sommes, dans l’ensemble, interdits de séjour, Paris, (en ligne).
- Préface de Urgence antiraciste-Pour une démocratie inclusive - Martine Boudet coordinatrice, Paris, Le Croquant, 2017
Notes et références
- Traoré Aminata Dramane Sociologue, Ancienne ministre de la culture du Mali, interview sur Malikounda, 18 août 2004, malikounda.com
- Un menu atteint facilement 10 000 FCFA (15 euros), soit plus du tiers du salaire minimum malien
- « Aminata Dramane Traoré, une révoltée altermondialiste », in OECD, Perspectives Ouest-africaines Les ressources pour le développement, OECD Publishing, 2009, p. 97
- « Mondialisation : plaidoyer pour une mobilisation des pays du sud », L'Essor, 7 janvier 2002 essor.gov.ml
- « la quasi-totalité des situations imputées à l'incapacité du dirigeant zimbabwéen à gérer son pays résulte d'abord du non-respect d'engagements pris, l'une des caractéristiques de nos rapports avec les pays riches comme l'atteste, plus récemment, les fausses promesses d'aide du Sommet de Gleneagles. L'argent qui coule à flot ces derniers temps dans le cadre du sauvetage des banques a toujours fait défaut quand il s'agit d'honorer les engagements pris envers les peuples dominés. Le facteur déclencheur de la crise zimbabwéenne est plus précisément le non-respect par la Grande Bretagne de l'accord de Lancaster House (signé en 1979) selon lequel elle devait dédommager les fermiers blancs dans le cadre de la réforme agraire » Aminata Dramane Traoré, « Le torrent de boue dont on couvre Robert Mugabé depuis de longs mois a quelque chose de nauséabond et de suspect. J'en souffre », Le Guido, 23 décembre 2008
- B Touré, « Forum social mondial : Bamako portera la voix de l'Afrique », L’Essor, 28 décembre 2005 essor.gov.ml
- « Un « Bandung du Nord » antiraciste, féministe et anticapitaliste », Politis.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « "Bandung du Nord" : le complotisme aussi a droit de cité à Saint-Denis », conspiracywatch.info, 4 mai 2018.
- « Déclaration d'intellectuels africains sur les réformes du franc CFA », sur Mediapart, (consulté le ).
- Texte du discours de N. Sarkozy.
- http://www.nanterre-amandiers.com/2013-2014/une-nuit-a-la-presidence
- Thinkerview, « Afrique: Gilets Jaunes depuis 150 ans ? »,
- Casa Africa, « Biographie d'Aminata Traoré », sur http://www.casafrica.es (consulté le )
Liens externes
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