Ambroise-Léopold Jourdain de l'Eloge

Ambroise-Léopold Jourdain de L’Éloge est né à Amiens le et mort à Argoules (Abbaye de Valloires) le . Il fut négociant et seigneur de plusieurs localités des environs d'Amiens. Il joua un rôle important dans le ravitaillement de la ville d’Amiens pendant la crise frumentaire de 1789.

Biographie

Famille

Il était le fils de Robert Jourdain, négociant, et de Marie Hoschédé d’Attencourt. Son père fut échevin d’Amiens en 1724 et 1725. Anobli à la fin de l’Ancien Régime, il devint seigneur de Thieulloy, de Lamotte-en-Santerre (aujourd’hui, Lamotte-Warfusée) et autres lieux.

Léopold Jourdain de L’Éloge, épousa en 1757 Marie-Ursuline Lasnier de L’Éloge (1741-1799) et devint écuyer de L’Éloge. Il fit fortune dans le grand commerce avec l’Espagne et l’Amérique[1].

Le couple eut un fils, Alexandre. qui épousa en 1807 Mademoiselle Godart d’Argoules. Leur fils, Léonce Jourdain de L‘Etoile (1808-1883), se maria en 1846 avec Mademoiselle de Léry[2].

Un noble fortuné

En 1766, il devint, par adjudication du Palais de Justice de Paris, après saisie des seigneuries du sieur Calonne, propriétaire de la baronnie de L'Étoile avec château, pigeonnier, terres labourables, un moulin à blé et un moulin à huile…, propriétaire du tiers de la seigneurie de Bouchon et celle de Condé-Folie. Il fit construire, dès 1766, des moulins sur le Canal de la Somme au lieu-dit Les Moulins Bleus. Il put ainsi ravitailler, par gribanne[Note 1], Amiens en farine.

Le , il acheta à Charles Damerval, seigneur de Bouchon, un autre tiers de la seigneurie de Bouchon avec maison, moulin, bois et haies, champart, censives, droits honorifiques etc.[3].

En 1789, il était électeur de l'ordre de la noblesse du bailliage d'Amiens.

De 1791 à 1793, Jourdain de L'Éloge dépensa 880 000 livres en achat de la seigneurie de Sailly-au-Bois, du fief de Colincamps, du bois d'Airaines, de l'abbaye de Valloires[1]...

Bienfaiteur ou accapareur ?

En juillet 1789, il acheta à Hambourg et à Dantzig des céréales et les fit livrer à Amiens à bas prix, dix à vingt livres au-dessous du cours du marché. Il avait établi des procédés de moutures économiques de grains et s'engagea à moudre gratuitement les grains que distribuait l'Association civique de la ville. Mais l’émotion populaire étant à vif à cause de la disette, Jourdain de L’Éloge fut suspecté d'être un accapareur par les habitants, sa maison fut pillée, ses moulins envahis il ne dut son salut qu’à la fuite.

L’Assemblée nationale lui rendit justice de son dévouement après un examen minutieux de ses registres de comptes[4].

En 1795, Jourdain de L’Éloge acheta les ruines de l’abbaye de Moreaucourt avec la ferme et ses dépendances.

Pendant l’hiver 1795, une nouvelle fois, Jourdain de L’Éloge prêta son concours au ravitaillement de la ville d’Amiens. La pénurie de céréales provoquait un rationnement du pain qui passa de 128 g par personne et par jour à 32 g, le . Devant l’insurrection qui menaçait, la municipalité vota un emprunt forcé en proportion de la richesse des habitants. Jourdain de L’Éloge taxé de 40 000 livres parvint à convaincre 51 souscripteurs pour un total de 2 millions de livres[3].

Sauveur de l’Abbaye de Valloires

Le , l’abbaye de Valloires, déclarée Bien national, fut adjugée avec toutes ses dépendances à Jourdain de L’Éloge pour 261 000 livres. Le mobilier, le chartrier et une partie de la bibliothèque furent pillés. Jourdain de L’Éloge sauva l’essentiel, les bâtiments conventuels et l’église abbatiale avec ses somptueuses boiseries.

Jourdain de L'Éloge fut membre de la Société libre d'Agriculture fondée en floréal an VI (mai 1799) qui devint en 1803 l’Académie des sciences, des lettres et des arts d'Amiens[1].

Son épouse et lui vécurent à l’abbaye de Valloires jusqu’à leur mort. Jourdain de L’Éloge fut inhumé en 1808 dans l’église abbatiale.

Pour approfondir

Bibliographie

  • Pierre Dubois, L'Abbaye de Valloires, guide du visiteur, Abbeville, Imprimerie F. Paillart, 1936.
  • Bernard Peugniez, Destination Valloires : une abbaye cistercienne d'Europe, Espace sacré, 2005.
  • Pierre-Marie Pontroué et Mickaël Colin, Notre-Dame de Valloires, collection "Les Pierres de notre histoires", Martelle Editions, Amiens, 2002 (ISBN 9 - 782 878 - 900 897).
  • Jean-Marie Wiscart, La Noblesse de la Somme au XIXe siècle, Amiens, Encrage Edition, 1994 (ISBN 2 - 906 389 - 52 - 8).

Liens internes

Liens externes

  • foure-bouchon-histoire
  • Musée virtuel de L'Etoile

Notes et références

Notes

  1. gribanne (gribane) ou gabanne (gabane) ou "barque d'Amiens": bateau de charge de la Somme, d'origine maritime, La gribane de la Somme mesurait 30 m de long, sur 5 de large. Elle portait 180 tonnes. Elle a disparu dans la première moitié du XXe siècle

Références

  1. Jean-Marie Wiscart, La Noblesse de la Somme au XIXe siècle, Amiens, Encrage Edition, 1994
  2. http://palisep.fr/bibliotheque/jougla/tome_04.pdf p. 357
  3. foure-bouchon-histoire.pagesperso-orange.fr/seigneurs/jourdain/famille_jourdain_leloge.htm
  4. Albéric de Calonne, Histoire de la ville d'Amiens, tomes 1, 2 et 3, Amiens, Piteux Frères, 1899, réédition, Bruxelles, Éditions culture et civilisation, 1976


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