Alice Mathieu-Dubois
Alice Maille, Alice Mathieu-Dubois ou Alice Sollier, née le à Compiègne et morte à Paris le , est une médecin française.
Pour les articles homonymes, voir Mathieu (patronyme), Dubois et Sollier.
Première bachelière noire[1] et première Française noire à devenir docteure en médecine, elle est également la première médecin française directrice d'un établissement de santé privé.
Biographie
Alice Mathieu-Dubois est la fille de Flore-Hortense Maille et de Mathieu Victoire dit Dubois, un esclave de Guyane affranchi qui parvint à devenir dentiste[2]. Le couple se marie le 8 mai 1867 et la reconnait. Elle porte alors le nom de Mathieu-Dubois construit sur le prénom de son père et d'une partie de son nom. Sa mère meurt six mois après le mariage. Son père va alors pourvoir seul à son instruction[3].
Elle obtient son baccalauréat es-sciences à Paris en 1879 puis es-lettres en 1880 (rhétorique) et 1881 (philosophie). Elle s’inscrit alors à la Faculté de médecine de Paris où elle est locataire du père de Blanche Edwards qui devient son amie[3].
Elle épouse Paul Sollier, le 21 janvier 1886. Le couple a deux deux enfants : René Victor, né le 3 novembre 1886 qui meurt trois jours plus tard et Suzanne, née le 8 novembre 1887, quinze jours après la soutenance de thèse de sa mère[3].
Alice Mathieu-Dubois obtient son doctorat en 1887 avec la thèse L’état de la dentition chez les enfants idiots et arriérés : contribution à l’étude des dégénérescences dans l’espèce humaine, illustrée de 32 figures[4],[5]. Après avoir penché pour la médecine dentaire comme son père, elle finit par se tourner vers les maladies nerveuses. De 1889, à 1897, elle dirige avec son mari la clinique Villa Montsouris, rue de la Santé, à Paris. Elle devient ainsi la première femme à diriger un établissement de santé privé consacré aux maladies nerveuses[3].
Alice Mathieu-Dubois fonde en 1897 et dirige jusqu'en 1921 le Sanatorium de Boulogne-sur-Seine[6]. Elle exerce son activité médicale jusqu’en 1935 à la Clinique de Saint-Cloud et au Sanatorium de la Malmaison à Rueil-Malmaison.
Après le décès de son mari, le , elle demeure à Saint-Cloud jusqu'à la réquisition de sa maison et de la clinique par les Allemands. Elle habite chez sa fille à l'hôpital Sainte-Anne où l'époux de celle-ci travaille, puis rue d'Alésia où elle meurt le [3].
Distinction
Alice Mathieu-Dubois est faîte chevalier de la Légion d’honneur le 24 octobre 1925 sous le nom de Mme Sollier née Alice Dubois[7],[8].
Notes et références
- Le Gaulois du 12 décembre 1880, p. 2
- Julien Bogousslavsky, Following Charcot: A Forgotten History of Neurology, 2011, p. 106
- Pierrette Caire Dieu, Le docteur Alice Mathieu-Dubois épouse Sollier (1861-1942). Un destin d’exception, in Carnets d'histoire de la médecine, Société française d’histoire de la médecine, avril 2020, p. 1-20 (Lire en ligne)
- Sollier, Alice (1861-....), IdRef - Identifiants et Référentiels pour l'ESR https://www.idref.fr/07588481X.
- Alice (née Mathieu-Dubois) Sollier, L'état de la dentition chez les enfants idiots et arriérés., (lire en ligne)
- Roger Teyssou, Paul Sollier contre Sigmund Freud: l'hystérie démaquillée, 2013, p. 16
- Étienne Vaissière, Mathieu-Dubois, un remarquable destin familial, Généalogie et Histoire de la Caraïbe pdf
- « Cote 19800035/310/41735 », base Léonore, ministère français de la Culture
Bibliographie
- Pierrette Caire Dieu, « Le docteur Alice Mathieu-Dubois épouse Sollier (1861-1942). Un destin d’exception », Carnets d’histoire de la médecine, vol. 2020-4, p.1-19.
- Josette Dall'Ava-Santucci, « Au XIXe siècle, les femmes à l'assaut de la médecine », La Revue du praticien, 2005, 55.
- Le Maléfan, Pascal. « La psychothérapie naissante au sanatorium du Dr Sollier (1861-1933). À propos de Cam. S., délirante spirite », Bulletin de psychologie, vol. 516, no. 6, 2011, pp. 559-571.
Liens externes
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