Alfred Nobel

Alfred Bernhard Nobel /'alfrəd 'bɛɳhɑ:ɖ noˈbɛ:l /, né le à Stockholm en Suède et mort le à Sanremo en Italie[1], est un chimiste, industriel et fabricant d'armes suédois. Dépositaire de plus de 350 brevets scientifiques de son vivant[2], dont celui de la dynamite[3], invention qui a fait sa renommée. Il fonde l'entreprise KemaNobel en 1871, et rachète l'entreprise d'armement Bofors en 1894.

Pour les autres membres de la famille, voir famille Nobel.

Dans son testament, il légua son immense fortune pour la création du prix Nobel. L'élément chimique nobélium a été appelé ainsi en son honneur.

Biographie

Alfred Bernhard Nobel est le troisième fils d'Immanuel Nobel (1801-1872) et d'Andriette Ahlsell Nobel. Membre de la famille Nobel comportant de nombreux ingénieurs, il descend d'Olof Rudbeck (1630-1702), l'un des scientifiques suédois les plus connus du XVIIe siècle, auteur de l'ouvrage de science-fiction Atlantis[4].

À l'âge de neuf ans, il déménage avec sa famille pour Saint-Pétersbourg[5], où son père, qui plus tard inventera le contreplaqué moderne, fonde une entreprise de mines marines. Immanuel Nobel s'est en effet installé en Russie en 1838 après avoir subi un revers de fortune dans son pays à tradition pacifiste, ses inventions d'explosifs, telles les mines, obtenant peu de succès en Suède[6]. À l'âge de 18 ans, Alfred part aux États-Unis, où il étudie la chimie pendant quatre ans et travaille pendant une courte période avec John Ericsson[7]. En 1859, la direction de l'entreprise paternelle est laissée à son frère Ludvig Nobel (1831-1888), qui plus tard fonda, en Russie, la Machine-Building Factory Ludvig Nobel et Branobel, devenant l'un des hommes les plus riches et les plus puissants de Russie.

Durant des siècles, la poudre à canon est restée le seul explosif puissant. En 1846, est découverte la nitrocellulose, puis en 1847, par Ascanio Sobrero, la nitroglycérine. En 1850, Alfred Nobel passe un an à Paris pour étudier sous la direction de Théophile-Jules Pelouze, collègue d'Ascanio Sobrero. Rentré avec son père en Suède, Alfred se consacre entièrement à partir de 1862 à l'étude des explosifs et en particulier à l'utilisation et la commercialisation sécurisée de la nitroglycérine. Homme de lettres frustré, il écrit à cette époque, en anglais, des poèmes de qualité littéraire médiocre et deux romans inachevés, Brothers and Sisters et In Lightest Africa[8]. En 1871, il fonde KemaNobel, une des entreprises à l'origine d'AkzoNobel. Plusieurs explosions ont eu lieu dans l'usine familiale d'Heleneborg[réf. nécessaire], dont une particulièrement désastreuse qui, le , coûta la vie à cinq personnes dont Emil, le frère cadet d'Alfred[3].

Il s'attelle donc à rendre l'usage de la nitroglycérine moins dangereux, et est le premier à réussir à maîtriser sa puissance explosive. Alfred Nobel découvre accidentellement (par hasard et sérendipité) que, lorsque la nitroglycérine est mélangée à un solide inerte et absorbant appelé Kieselguhr (terre diatomacée), elle devient beaucoup plus sûre à transporter et à manipuler, l'explosion nécessitant l'usage d'un détonateur. Il met au point le « détonateur breveté Nobel » en 1865. La dynamite fait l'objet d'un brevet d'invention du en Angleterre et du en Suède[9]. Il l'utilise pour la première fois dans une carrière à Redhill, en Angleterre (Surrey).

Alfred Nobel réside à Paris à partir de 1875. En 1876, il rencontre une jeune femme de dix ans sa cadette, Bertha von Suttner, qui lui sert de secrétaire pendant deux semaines. Il entretiendra une correspondance avec la future pacifiste. En 1881, il acquiert l'ancien château de Sevran en Seine-et-Oise (actuellement Seine-Saint-Denis). Le , il acquiert le château dit « La Maison du Fayet », une maison caractéristique du XVIIIe siècle[10]. Cette propriété historique à Sevran était consacrée par Alfred Nobel pour ses recherches sur la dynamite-gomme, qui est utilisée dans les travaux sous-marins. Sevran était à l’époque un village de 500 habitants, qui abritait « d’éminents pyrotechniciens qui pratiquent leurs recherches dans les bâtiments de la poudrerie nationale »[11]. Son laboratoire, construit pour ses expériences est situé derrière la maison. Sa « ballistite » à savoir, la poudre sans fumée, pour laquelle il a travaillé avec acharnement, est mise au point secrètement par la Poudrerie nationale. Fatigué par les lourdeurs administratives françaises et une violente campagne de presse contre lui qui lui reproche d'avoir vendu les droits de la balistite au gouvernement italien, Alfred Nobel s'installe à Sanremo en Italie en 1891, ce qui ne fait qu'irriter les milieux nationalistes français, l'Italie étant l’alliée des ennemies de la France, l’Autriche-Hongrie et l’Allemagne[12].

Dans son laboratoire français, il invente accidentellement (là encore par hasard et sérendipité) un nouvel explosif plus pratique d'emploi que la dynamite. Composée de nitroglycérine (93 %) et de collodion (7 %), la « dynamite extra Nobel » (brevet de 1875) ou gelignite (blasting gelatin) n'est autre que la dynamite gomme ou dynamite plastique (à ne pas confondre avec le plastic qui est un mélange d'hexogène et/ou de penthrite avec une huile et un plastifiant).

C'est la publication erronée par un journal français d'une nécrologie prématurée en 1888, condamnant son invention de la dynamite, qui le décide à laisser une meilleure image de lui au monde après sa mort. La nécrologie affirmait ainsi : « Le marchand de la mort est mort. Le Dr Alfred Nobel, qui fit fortune en trouvant le moyen de tuer plus de personnes plus rapidement que jamais auparavant, est mort hier[13],[14]. ».

En 1891, Alfred Nobel quitte la France pour s'installer dans sa villa située au bord de la Méditerranée, à Sanremo en Italie. Le  au Cercle suédois et norvégien de Paris, 242, rue de Rivoli, dans des locaux où son bureau est toujours conservé[15]  Alfred Nobel met un point final à son testament en léguant la quasi-intégralité de sa fortune pour la création d'un fonds dont les intérêts doivent être redistribués « à ceux qui au cours de l'année écoulée auront rendu à l'humanité les plus grands services » dans cinq domaines : la paix ou diplomatie, la littérature, la chimie, la physiologie ou médecine , et la physique[16]: c'est la naissance du Prix Nobel. La fortune qu'il laisse ainsi est de 31,5 millions de couronnes suédoises de l'époque, ce qui est estimé à 1,7 milliard de couronnes suédoises de 2013 (179 millions d'euros)[17]. Resté célibataire toute sa vie et sans enfant, Saint-simonien prônant la récompense en fonction du mérite et condamnant l'institution de l'héritage qui abandonne l'utilisation des instruments de production au hasard de la naissance[18], Alfred Nobel lègue tout de même près d'un million de couronnes suédoises, réparties principalement entre les deux fils de son frère aîné Robert Nobel, mais aussi ses nièces, d’anciens employés et des amis[19].

Alfred Nobel, lui-même de tendance mélancolique[1], avait songé à créer un établissement d'euthanasie pour les personnes désireuses d'en finir avec l'existence[20]. Ainsi avait-il proposé à Eugène Crispi, président du Conseil italien, la somme de 3 millions de lires afin de créer à Rome ou à Milan un établissement d'euthanasie pour ceux qui sont fatigués de vivre ; là, au terme d'un repas somptueux, ils seraient définitivement endormis par des parfums agréables au son d'une douce musique[21].

Il meurt d'un accident vasculaire cérébral le à Sanremo et est enterré au cimetière du Nord à Stockholm.

Postérité

Hommages

Le , à l'initiative de la Fondation Nobel, une statue en bronze d'Alfred Nobel, réalisée par les sculpteurs Sergeï Alipov (ru) et Pavel Chevtchenko (ru), est inaugurée sur un quai de la Grande Nevka à Saint-Pétersbourg, ville où a résidé Alfred Nobel[22].

Pour le centenaire de sa mort, une œuvre du sculpteur sevranais Christian Kazan, intitulée L’Élévation, est érigée place Gaston-Bussière, place centrale de Sevran, le . Autour de la sculpture sont disposées cinq colonnes qui symbolisent les cinq prix Nobel et les cinq lettres du nom du savant. Mille messages de paix, rédigés par les écoliers sevranais, ont été déposés dans un coffre scellé au pied de la sculpture[23].

Médiagraphie

Bibliographie

  • Orlando de Rudder et Dominique Chagnollaud (dir.), Alfred Nobel : 1833-1896, Paris, Denoël, , 254 p. (ISBN 978-2-207-24179-0, notice BnF no FRBNF36186416).
  • Tore Frängsmyr, Life and Philosophy of Alfred Nobel, The Nobel Foundation, 1996.

Filmographie

Notes et références

  1. Encyclopédia Britannica.
  2. Arthur comte de Gobineau, Le royaume de Suède-Norvège au tournant de deux règnes, J. Touzot, , p. 50.
  3. Frank Niedercorn, « L'histoire explosive de la dynamite », sur Les Échos.fr, (consulté le ).
  4. (en) H. Schück, Ragnar Sohlman, The Life of Alfred Nobel, William Heinemann, , p. 229.
  5. (en) Kenne Fant, Alfred Nobel. A Biography, Arcade Publishing, , p. 27.
  6. (en) Kenne Fant, Alfred Nobel. A Biography, Arcade Publishing, , p. 22-23.
  7. « Alfred B Nobel », sur sok.riksarkivet.se (consulté le )
  8. (en) Hertha Ernestine Pauli, Alfred Nobel : dynamite king, architect of peace, L.B. Fischer, , p. 68.
  9. (de) Phokion Naoúm, Nitroglycerin und Nitroglycerinsprengstoffe, Springer-Verlag, , p. 8.
  10. Sa propriété est achetée par la commune de Sevran en 1892. Celle-ci est transformée en mairie et en logements de fonction pour les instituteurs, alors que ses ateliers étaient devenus une école.
  11. MERILLE Michel, Sevran. Un Val du Pays-de-France, Pavillons-sous-Bois, Amarco Éditions, Ville de Sevran, (ISBN 978-2-9509571-4-6), p. 133-135.
  12. (en) Ulf Larsson, Alfred Nobel: Networks of Innovation, Nobel Museum, , p. 217.
  13. Frederic Golden, « The worst and the brightest », sur time.com, Time Magazine, .
  14. « Alfred Nobel », Britannica.com, (consulté le ).
  15. http://www.cerclenorvegien.com/francais/historique/nobel.html.
  16. « Le testament d'Alfred Nobel enfin exposé au public à Stockholm », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
  17. « Alfred Nobel : une invention explosive et des prix révolutionnaires », sur francetvinfo.fr, Géopolis, .
  18. Il déclare à propos de la transmission des fortunes par héritage : « Elles vont trop souvent à des incapables, et n'apportent que des calamités par la tendance à l'oisiveté qu'elles engendrent chez les héritiers ». D'après Dominique Roux, Daniel Soulié, Les Prix Nobel de sciences économiques (1969-1990), Economica, , p. 11.
  19. (en) Ragnar Sohlman, The legacy of Alfred Nobel: the story behind the Nobel prizes, Bodley Head, , p. 136.
  20. The Spectator, , page 15.
  21. Jean Toulat. L'euthananasie en question (Faut-il tuer par amour ?). Chapitre 1 : la nouvelle requête (Parag. De Platon à Nobel). Ed. Pygmalion /Paris, 1976.
  22. (en) « Monument to Alfred Nobel », sur saint-petersburg.com (consulté le ).
  23. « Une sculpture dédiée à la PAIX », Journal de Sevran (Anciennement Sevran-Info), , p. 11.
  24. Madame Nobel, sur imdb.com, consulté le 14 mars 2015.

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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