Alexis Hallette

Alexis Hallette (parfois écrit Alexis Halette[1]), né à Lille le (originaire de Heuchin) et décédé le , fut un précurseur de l'industrie moderne.

Pour les articles homonymes, voir Hallett.

Biographie

Son père, fabricant de fils et de lacets, lui donne le goût de la mécanique. Alexis Hallette s'installe à Arras en 1812 et s'associe à Crespel-Delisse en concevant les premières machines pour la fabrication du sucre de betterave.

Avec des ateliers couvrant plus de deux hectares et employant 800 ouvriers, il perfectionne un nombre impressionnant de machines dans des domaines très différents : chaudières, bateau-dragueur, presse hydraulique pour les moulins à huile, machines à vapeur, et enfin, il s'intéresse au chemin de fer.

En 1828, lorsque Marc Seguin commande deux locomotives aux ateliers de Stephenson à Newcastle, comme modèle pour le chemin de fer de Saint-Étienne à Lyon en cours de construction, l'une est confiée à Alexis Hallette. Il ne produit d'abord que des pièces détachées. Il faut attendre 10 ans pour que sortent de ses ateliers les premières locomotives pour la Compagnie des chemins de fer du Nord. Il les perfectionne et, pour éviter le mouvement de lacet si désagréable sur les premiers chemins de fer, il rapproche leurs cylindres.

En 1842, il organise ses ateliers pour y produire douze locomotives par an au prix de 48 000 francs pièce. La première est essayée à Arras le .

En 1846, pour assurer la pérennité de son entreprise et lui donner une assise financière plus solide, il crée par acte notarié devant maître Hailig, notaire à Paris, la société en commandite par actions "Alfred Hallette et compagnie" dont la gérance est assurée par son fils Alfred[2]. C'est auprès de ce dernier que la Compagnie du chemin de fer de Montereau à Troyes commanda 16 locomotives à vapeur et 10 tenders pour l'exploitation de la ligne. Une seule est conservée actuellement, il s'agit de la "Sézanne" visible au Musée du chemin de fer à Mulhouse[3]. Cette locomotive à une seule roue motrice a circulé de 1848 à 1871.

Alors que Marc Seguin met au point la chaudière tubulaire qui décuple la production de la vapeur, Alexis Hallette s'engage dans une autre voie. À cette époque, trois systèmes de locomotion sur rail s'affrontent ; le système tractif qui comporte des machines à vapeur fixes tirant les wagons par câble, le système locomotif qui l'a finalement emporté et le système atmosphérique. Ce système ne comprend plus de locomotive, mais un tube de 0,50 m de diamètre, placé entre les rails et où se trouve un piston devant lequel on fait le vide et qui se déplace grâce à la pression atmosphérique. Ce piston est relié à l'essieu du wagon par une tige de fer qui coulisse par une ouverture longitudinale ménagée dans la partie supérieure du tube. Mais un problème se pose : comment conserver l'herméticité de l'ouverture donnant accès à la tige ? Hallette met huit ans à le résoudre. En 1843 il trouve un procédé très simple : les rebords parallèles du tube propulseur sont munis de lèvres artificielles. Sa trouvaille est alors saluée comme révolutionnaire. Une commission d'experts conclut à la supériorité du système atmosphérique qui supprime, dans le convoi, la moitié de son poids constitué par la locomotive et le tender. De plus, les risques d'incendie sont éliminés, le coût du chemin de fer en est réduit. Mais les Anglais travaillent aussi sur ce projet et Hallette qui connaît des problèmes d'argent doit se résigner à leur vendre son procédé.

Il meurt sans successeur le à Hesdin, au retour d'un voyage en Angleterre où une société anglaise faisait des essais sur son invention.

Hommage

Locomotive préservée

La collection du musée du chemin de fer (Cité du train) à Mulhouse présente[7] une locomotive de la Compagnie du chemin de fer de Montereau à Troyes de type Stephenson 1-1-1 « long boiler » ; locomotive no 5 de la compagnie, baptisées « Sézanne ». Cette locomotive, partie d’un lot de seize locomotives commandées en 1845 à Alfred Hallette (fils d’Alexis Hallette), a été construite en 1847 et livrée à la compagnie Montereau - Troyes en 1848 (arrêté préfectoral d’autorisation de circuler du )[8] avant d’incorporer, après la fusion, la Compagnie des chemins de fer de l'Est sous le no 291[9].

Notes et références

  1. Bulletin des lois. Partie supplémentaire, Imprimerie nationale, 1838 voir (consulté le 10 juillet 2013)
  2. Anne Callite, « Alexis Hallette. Ingénieur et industriel en Artois (1788 – 1846) », Lille, sd (1990) (page 81).
  3. Le nom de cette locomotive vient de la ville de Sézanne
  4. Jarry de Mancy, Hallette (Alexis), p. 274
  5. Site maps.google.fr, Rue Alexis Halette 62000 Arras voir (consulté le 10 juillet 2013).
  6. Site maps.google.fr, Rue Alexis Halette 62300 Lens voir (consulté le 10 juillet 2013).
  7. Site steamlocomotive.info : fiche Montereau-Troy No. 5 'Sézanne' voir (consulté le 10 juillet 2013).
  8. revue Notre Métier, no 167 du 20 septembre 1948 (ancien titre de la revue actuelle « La vie du rail »).
  9. Anne Callite, pages 56 et 71.

Voir aussi

Son nom figure également sur les poulies servant à manœuvrer les pont-levis des portes de Bergues (59380).

Bibliographie

  • Jarry de Mancy, Société Montyon et Franklin, « Hallette (Alexis) », dans Portraits et histoire des hommes utiles, bienfaiteurs et bienfaitrices de tous pays et de toutes conditions, H. Lebrun, 1841, pp. 271-274 (intégral)
  • Alfred Pourchel (biographie), Discours de : Maurice Colin, Lantoine-Harduin, Frédéric Degeorge et Gibon, Alexis Hallette, funérailles et biographies, impr. de J. Degeorge, 1847, 16 pages
  • Achmet d'Héricourt, Les rues d'Arras, Alphonse Brissy, 1856 pp. 185-187
  • Pascale Bréemersch (éd.), Jean-Michel Decelle (éd.), Le chemin de fer dans le Pas-de-Calais des origines à 1914, Dainville, Archives départementales du Pas-de-Calais, Service éducatif, Arras, Conseil général du Pas-de-Calais, Direction des archives, 1993, (ISBN 2-86062-014-1) (chapitre III, fasc. 8 : Construction et matériel : Alexis Hallette (1788-1846))
  • Anne Callite, François Caron (préface), Alexis Hallette, ingénieur et industriel artois. 1788-1846, éditions du Geai-Bleu, Roubaix, 2003, 118 pages
  • Jean Lambert-Dansette, « Le combat de Hallette », dans Histoire de l'entreprise et des chefs d'entreprise en France: Le temps des pionniers (1830-1880) - Des jalons d'existence -, Volume 3, éditions l'Harmattan, 2003 (ISBN 9782296322592), pp. 355-356 (extraits)
  • Pierre Mayé, « Une occasion manquée à Arras au XIXe siècle : la construction des premières locomotives », dans Bulletin de la Commission départementale d’histoire et d’archéologie du Pas-de-Calais, t. XXII, 2004, pp. 69-88 (compte rendu par Joanne Vajda)
  • Paul Smith, « Les chemins de fer atmosphériques. Première partie », In Situ [En ligne], 10 | 2009, mis en ligne le , lire (consulté le )
  • Paul Smith, « Les chemins de fer atmosphériques. Deuxième partie », In Situ [En ligne], 10 | 2009, mis en ligne le lire (consulté le )

Articles connexes

Liens externes


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