Alexis Aristénos

Alexis Aristénos[1] (en grec Ἀλέξιος Ἀριστηνός) est un dignitaire byzantin du XIIe siècle, connu principalement comme canoniste.

Il est le sujet d'un discours d'éloge (ἐγκώμιον) de Nicéphore Basilakès, celui de deux discours et quatre poèmes de Théodore Prodrome, et le destinataire d'une lettre de Georges Tornikès. Il a mené entre le règne de Jean II († 1143) et sa mort peu après 1166 (dernier repère chronologique) une carrière à la fois civile et ecclésiastique. Diacre de la cathédrale Sainte-Sophie, il y fut successivement prôtekdikos[2], grand skeuophylax[3], et grand économe à partir de 1156[4]. À titre civil, il fut nomophylax (responsable de la « faculté » de droit), orphanotrophos[5] (nommé à ces postes par Jean II, avant 1143), dikaiodotès (juge de haut rang ; nommé avant 1157), et fut élevé à la dignité d'hypertimos. À partir de 1157, le patriarche Luc Chrysobergès commença à réagir contre ce genre de cumul : Aristénos fut sommé trois fois par le synode d'abandonner sa charge civile de dikaiodotès, avant d'obtempérer[6]. Georges Tornikès lui écrit en 1156 depuis Éphèse, où il vient d'être nommé métropolite : la cathédrale et le diocèse sont dans un état affreux, et le nouveau prélat lui demande d'intervenir auprès de l'empereur Manuel Ier pour obtenir de l'aide. Sa présence est signalée dans le concile de mars 1166 sur le « Pater major me est »[7] : à la première session () et à la seconde (), où il fait son intervention.

Il est l'auteur d'un important commentaire du droit canon de l'Église grecque, rédigé vers la fin du règne de Jean II et antérieur au commentaire de Jean Zonaras, qui l'utilise[8]. Il a réalisé ce commentaire sur un Abrégé des canons (Synopsis canonum) composé par un Syméon Magistros et Logothetès qui doit être Syméon Métaphraste[9]. Ce commentaire est attribué faussement par une partie de la tradition à « Nicolas Doxopatrès »[10].

Son commentaire se trouve en PG dans les vol. 137 et 138, avec ceux de Jean Zonaras et de Théodore Balsamon.

Notes et références

  1. Parfois en français « Alexis Aristène ».
  2. Chef des ekdikoi, juges d'un tribunal attaché à Sainte-Sophie, chargé de statuer sur le cas des gens qui cherchaient asile dans la cathédrale (débiteurs, esclaves, suspects de crimes...).
  3. « Sacristain », chargé de la garde du trésor.
  4. Il fut remplacé à cette date comme grand skeuophylax par Jean Pantechnès : voir Jean Darrouzès, « Notice sur Grégoire Antiochos (1160 à 1196) », Revue des études byzantines 20, 1962, p. 61-92 (spéc. p. 84-85).
  5. Responsable de l'orphelinat (orphanotropheion) et de l'hôpital de Zôtikos, qui exerçait aussi des fonctions de juge : voir Rodolphe Guilland, « Étude sur l'histoire administrative de l'Empire byzantin. L'orphanotrophe », Revue des études byzantines 23, 1965, p. 205-221.
  6. Dans les commentaires au 6e canon des apôtres, si l'on rapproche celui d'Aristénos et celui de Théodore Balsamon, on voit que le premier, qui était alors nomophylax et orphanotrophos, admet le cumul s'il n'y a pas d'intention lucrative, tandis que le second cite justement sur le sujet le cas d'Aristénos dikaiodotès et des trois sommations du synode (PG 137, col. 43 B pour le comm. d'Aristénos, 45 D pour celui de Balsamon).
  7. Controverse sur l'interprétation de Jean 14:28 : « Si vous m'aimiez, vous vous réjouiriez que je m'en aille vers le Père, car le Père est plus grand que moi ».
  8. Alexis S. Pavlov, « La question de la date à laquelle Aristenos et Zonaras composèrent leurs commentaires aux canons de l'Église », Journal du ministère (russe) de l'Instruction publique 103, 1896, p. 172-199 (en russe).
  9. Identification contestée par Karl Eduard Zachariae von Lingenthal, selon Karl Krumbacher (Geschichte der byzantinischen Literatur, Munich, 1897, p. 607).
  10. K. Krumbacher, Ibid.. Ce Nicolas n'est sans doute autre que Nil Doxopatrès avant son entrée au monastère.
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