Alexandre Afinoguenov
Alexandre Nikolaïevitch Afinoguenov (russe : Алекса́ндр Никола́евич Афиноге́нов), né le 22 mars 1904 ( dans le calendrier grégorien) à Skopine, tué le à Moscou lors d'un raid aérien, est un dramaturge soviétique. Engagé dans la recherche d'un nouveau drame psychologique dans les années post-révolutionnaires de l'Agitprop, il évolue vers le réalisme socialiste dans les années 1930[1].
Nom de naissance | Alexandre Nikolaïevitch Afinoguenov |
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Naissance |
Skopine, Empire russe |
Décès |
Moscou, Union soviétique |
Activité principale |
Langue d’écriture | russe |
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Genres |
théâtre |
Œuvres principales
- L'Excentrique (1929), Peur (1930)
Biographie
Alexandre Afinoguenov est le fils d'un paysan autodidacte, écrivain, maître d'école et militant révolutionnaire. Membre de la Ligue des jeunes communistes, il adhère au Parti communiste de l'Union soviétique en 1922. La même année, il entre à l'Institut de journalisme de Moscou[2], dont il sort diplômé en 1924[3]. Figure de Proletkult, organisation attachée à la promotion de la culture prolétarienne[3], il présente en 1923 sa première pièce, Robert Tim au Théâtre du Proletkult[2], le premier théâtre moscovite des travailleurs[3]. Toutefois, sa carrière de dramaturge ne commence qu'en 1926, avec la mise en scène de L'Autre côté de la fente (Po tu storonu shcheli). Auparavant, il collabore au Severny Rabochy, journal de Iaroslav[2].
De 1926 à 1928, ses pièces sont jouées au Théâtre du Proletkult, dont il devient l'une des principales figures et assure la direction à la fin des années 1920[3]. En 1928, il rompt idéologiquement avec le théâtre en écrivant L'Excentrique (Chudak), étude d'un personnage de rêveur romantique non-communiste dans laquelle l'auteur a la témérité de présenter des bandits communistes[1], et en intégrant l'association russe des écrivains prolétariens (RAPP), une organisation plus orthodoxe dans sa ligne ; il devient secrétaire de la section théâtrale et l'idéologue[2]. Sa meilleure pièce, Peur (Strakh), en 1931, qui montre la confrontation d'un bon communiste et d'un vieux scientifique réactionnaire mais récupérable, est mise en scène avec succès par Constantin Stanislavski au Théâtre d'art de Moscou[1], considérés comme des « ennemis de classe » par la RAPP[2].
Parmi ses pièces suivantes, on peut citer Lointaine taïga (1935), un drame philosophique soviétique, Salut, Espagne! (1936), une pièce romantique populaire sur la guerre d'Espagne, et Mashenka (1940), drame à la fois personnel et patriotique[1].
En 1931, il publie La Méthode créatrice du théâtre (Tvorchevsky metod teatra)[4], ouvrage théorique sur l'art théâtral[2]. Dans les années 1930, il est l'un des dramaturges les plus fréquemment mis en scène[5].
En 1932, Joseph Staline dissout la RAPP et fonde l'Union des écrivains soviétiques. De leur côté, Nikolaï Pogodine et Vsevolod Vichnevski lui reprochent de mettre trop l'accent sur l'intériorité des personnages, ce qu'ils assimilent à un traditionalisme réactionnaire[6]. Entre 1928 et 1933, son théâtre a effectivement pris un tour psychologique et analytique. Par la suite, il s'accommode lentement aux principes du réalisme socialiste, qui s'imposent à partir de 1934, prêchant un optimisme simpliste[2].
En 1937, durant les procès de Moscou, Afinoguenov est attaqué dans un éditorial de la Pravda, après l'arrestation de Iagoda, contraint avec Vladimir Kirchon de faire son autocritique publique lors d'un meeting dans la capitale, le 27 avril, et chassé du Parti communiste, le 20 mai ; il craint même d'être arrêté comme agent trotskiste, de la même manière que Kirchon, mort en 1938. Abandonné de la plupart de ses collègues, il se retire dans sa datcha, dans la colonie d'écrivains de Peredelkino. Toutefois, en , il peut demander sa réintégration au Parti, qu'il obtient en , une semaine après que le comité central a affirmé, le 18 janvier, que nombre de communistes avaient été injustement chassés du Parti dans les mois précédents[7],[5],[8].
Quand l'Allemagne attaque l'Union soviétique, il prend la tête du département littéraire du Sovinformburo (Bureau d'information soviétique), organisme récemment créé, ancêtre de RIA Novosti. En , les correspondants britanniques et américains sont évacués vers Kouibychev avec les diplomates. De retour dans la capitale afin de convaincre le comité central de permettre aux correspondants étrangers d'y rentrer[9], il est tué lors d'un raid aérien allemand sur Moscou le mercredi [2],[10], durant la bataille de Moscou, une bombe ayant atteint l'immeuble du comité central du PC[9].
Peur bénéficie d'un regain d'intérêt dans les années 1950, quand Nikita Khrouchtchev dénonce l'héritage bureaucratique de Staline. Source d'information sur les auteurs soviétiques des années 1920 et 1930, ses journaux et carnets sont publiés en 1960. Ses pièces connaissent une grande popularité durant la période de l'Union soviétique[3].
Œuvres
- Robert Tim, drame, 1924
- L'Autre côté de la fente (Po tu storonu shcheli), pièce, 1926 (d'après une histoire de Jack London)
- Au tournant (Na Perelome), drame, 4 actes, 1926
- Gardes vos yeux ouverts (Glyadi v oba), pièce, 1927
- Confiture de framboise (Malinovoye varenye), pièce, 4 actes, 1927
- Camarade Yamshin (Tovarishch Yamshin), pièce, 4 actes, 1927
- La Trace du loup (Volchya tropa), drame, 1928
- Le Ravin noir (Chyorny yar), pièce, 1928 (adaptée d'un roman de Lev Goumiliovski)
- L'Excentrique (Chudak), drame, 4 actes, 1929
- Peur (Strakh), drame, 4 actes, 1930
- La Méthode créative du théâtre (Tvorchevsky metod teatra), 1931
- Le Mensonge (Lozh), drame, 1933
- Le Portrait (Portret), drame, 3 actes, 1934
- Lointaine taïga (Dalyokoye), drame, 3 actes, 1935
- Salut, Espagne! (Salyut, Ispaniya!), drame, deux parties et un épilogue, 1936
- Son jeu (Eyo igra), comédie, écrite en 1938
- Deuxièmes pistes (Vtorye puti), pièce, 3 actes, 1939
- La Mère de ses enfants (Mat swikh detey), pièce, 3 actes, 1939
- Hôtel Deluxe (Otel Lyuks), tragicomédie, 3 actes, 1940
- Mashenka, comédie, 3 actes, 1940
- À la veille (Nakanune), drame, trois actes, écrit en 1940-1941, publication posthume en 1942
Notes et références
- Sarah Stanton, Martin Banham, Cambridge paperback guide to theatre, Cambridge University Press, 1996, 419 pages, p. 5 (ISBN 978-0-521-44654-9).
- Laurence Senelick, « Afinogenov, Aleksandr Nikolayevich (1904-1941) », McGraw-Hill encyclopedia of world drama: an international reference work in 5 volumes, volume 5, McGraw-Hill, Inc, VNR AG, 1984, p. 19-22
- « Aleksandr Nikolaevich Afinogenov »
- Vsevolod Meyerhold, Écrits sur le théâtre: 1936-1940, L'Âge d'Homme, 1992, 461 pages, p. 392, note 20 (ISBN 978-2-8251-0296-1).
- David Lloyd Hoffmann, Yanni Kotsonis (éd.), Russian modernity: politics, knowledge, practices, Palgrave Macmillan, 2000, 279 pages, p. 232 (ISBN 978-0-312-22599-5).
- Jochen Hellbeck, Revolution on my mind: writing a diary under Stalin, Harvard University Press, 2006, 436 pages, p. 291 (ISBN 978-0-674-02174-7).
- Jochen Hellbeck, « Writing the Self in the Time of Terror: Alexander Afinogenov's Diary of 1937 », in Laura Engelstein, Stephanie Sandler (dir.), Self and story in Russian history, Cornell University Press, 2000, 363 pages, p.69-93.
- Sociétal, n° 60 à 62, Société d'études et de documentation économiques, industrielles et sociales (SEDEIS), 2008, p. 156-157.
- Edmund Stevens, Russia Is No Riddle, Read Books, 2007, 316 pages, p. 91 (ISBN 978-1-4067-6814-5).
- Janusz Piekałkiewicz, Moscow, 1941: the frozen offensive, Presidio Press, 1985, 285 pages, p. 150.
Liens externes
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