Alberico Albricci

Alberico Albricci (né le à Gallarate, dans la province de Varèse, en Lombardie et mort le à Rome) est un militaire et homme politique italien de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle.

Biographie

Les débuts de la carrière militaire

Fils du comte Antonio Albricci, Alberico Albricci fréquente l'Académie Militaire italienne de Modène d'où il sort en 1886, sous-lieutenant d'artillerie. Il maîtrise parfaitement les langues allemande et française, ce qui devait orienter sa carrière.

En 1888-1889, il participe à la campagne d'Érythrée.

Entre 1910 et 1915, il exerce les fonctions particulièrement sensibles d'attaché militaire à Vienne (à cette époque, l'Italie était liée à l'Autriche-Hongrie et à l'Allemagne par le traité du dit de la "Triple Alliance").

Le , l'Italie entre en guerre contre l'Autriche-Hongrie : dans ce nouveau contexte stratégique, Albricci prend le commandement de la brigade d'infanterie Basilicata, puis devient chef d'état-major de la 1re armée, commandant de la 5e division d'infanterie et finalement commandant du 2e corps d'armée.

À la tête du 2e corps d'armée, en Italie et en France

Lors du désastre de Caporetto d'octobre/, le général Albricci parvient à organiser parfaitement la manœuvre de son corps d'armée et à le faire replier dans l'ordre sur la nouvelle ligne de défense de l'armée italienne située sur le fleuve Piave.

En , le 2e corps d'armée se trouve au repos dans la région de Brescia, près du lac de Garde, lorsque le général Albricci reçoit l'ordre de l'amener sur le front français. Jusqu'alors, les seules troupes du Regio Esercito présentes sur le sol français étaient les unités des T.A.I.F. (Truppe Ausiliarie Italiane in Francia), chargées d'effectuer des travaux à proximité du front. L'enjeu est de taille, puisqu'il s'agit de démontrer que l'armée a atteint un niveau d'excellence et que l'Italie peut être considérée, en dépit du désastre de Caporetto, comme une alliée digne de confiance. Le général Albricci adresse le message suivant à ses soldats : « Pour la première fois dans l'histoire du monde, les troupes de la nouvelle Italie passent les Alpes à drapeaux déployés (...), pour combattre, non comme dans le passé au profit d'autres, mais d'égal à égal avec les plus puissantes nations ».

Fin , le 2e corps d'armée du général Albricci est à Arcis-sur-Aube. Il se compose de deux divisions d'infanterie et de diverses troupes de corps d'armée. La 3e division, commandée par le général Vittorio Emanuele Pittaluga, comprend les brigades Napoli (75e et 76e régiments d'infanterie) et Salerno (89e et 90e régiments d'infanterie). La 8e division, commandée par le général Giovanni Beruto, comprend les brigades Brescia (19e et 20e régiments d'infanterie) et Alpi (51e et 52e régiments d'infanterie).

La brigade Alpi est commandée par le colonel-brigadier Peppino Garibaldi, petit-fils du « héros des deux mondes » Giuseppe Garibaldi (1807-1882), qui s'était déjà battu sur le front français en 1914/1915, avant l'entrée en guerre de l'Italie, à la tête de la « Légion garibaldienne » (4e régiment de marche du 1er étranger).

Au total, le 2e corps d'armée compte environ 60 000 hommes, aguerris par plusieurs années de combats sur le front italien.

Entre le 11 et le , le 2e corps d'armée est déployé le long de la rivière Ardre, intégré dans la 5e armée française. Le général Albricci établit son état-major à Hautvillers. À partir du , le 2e corps d'armée doit faire face à la dernière grande offensive allemande de la Première Guerre mondiale (4e bataille de Champagne). Lors des violents combats de Bligny, les troupes italiennes parviennent à stopper l'offensive au prix de 4 000 morts et 4 000 prisonniers, empêchant l'armée allemande de s'emparer de son objectif sur ce secteur du front, à savoir la ville d'Épernay.

Après une brève période de repos, le 2e corps d'armée est transféré dans l'Aisne, à l'extrémité du Chemin des Dames. Il participe à l'offensive alliée finale, effectuant fin une percée près de Chavonne et poursuivant son avancée jusqu'à Rocroi et les rives de la Meuse.

Après l'armistice, toujours sous les ordres du général Albricci, le 2e corps d'armée s'établit en Belgique. Le rapatriement débute le et se termine le .

Avant son départ, le maréchal Pétain adressa au général Albricci la lettre suivante : « Au moment où vous allez retourner en Italie, je tiens à vous exprimer la satisfaction que j'ai éprouvée à avoir sous mes ordres le 2 °C.A. italien. Quand, en avril 1918, le 2e C.A. italien arriva en France, sa réputation de vaillance était déjà consacrée (...). Je savais que je pouvais beaucoup demander à de pareilles troupes. Elles furent en effet de celles qui, le 15 juillet, contribuèrent à repousser les assauts furieux de l'ennemi. Elles furent ensuite appelées à reprendre les crêtes fumeuses du chemin des Dames et participèrent ardemment avec les troupes françaises à la poursuite qui chassa l'ennemi hors de France. Au nom du peuple de France, je les remercie.(...) L'Italie peut être fière du général Albricci. »

Ministre de la guerre

Après la guerre, en 1919, le général Albricci est nommé sénateur puis, le , sous le gouvernement de Francesco Saverio Nitti, ministre de la guerre jusqu'au . Dans ce moment critique de l'histoire italienne, la tâche essentielle d'Albricci consiste à démobiliser l'armée, en évitant les désordres dans ses rangs et dans le pays. C'est lui qui décide la dissolution définitive des Arditi, les unités d'assaut de l'armée italienne, qui étaient en train de se politiser dangereusement et dont les anciens membres constitueront un des socles du mouvement fasciste naissant. Albricci œuvre également en faveur de l'amnistie au bénéfice des citoyens italiens qui, résidents à l'étranger, n'avaient pas répondu à l'appel aux armes. Son successeur au ministère de la guerre sera Ivanoe Bonomi.

Le monument au centre du cimetière.

Les dernières années

Royaliste loyal et dévoué, peu impliqué dans la vie politique, Albricci exerce ses fonctions de sénateur (non inscrit) jusqu'à sa mort en 1936. Il est nommé général d'armée en 1926. Très sensible au devoir de mémoire, il participe régulièrement aux diverses cérémonies du souvenir des morts du 2e corps d'armée en France au Cimetière militaire italien (Bligny).

Le général Albricci a été nommé citoyen d'honneur d'Épernay, ville à laquelle il resta très attaché jusqu'à la fin de sa vie. Le , c'est le général Albricci, alors ministre de la guerre, qui remet à la ville d'Epernay la Croce di Guerra (l'équivalent de la Croix de guerre française)[1]. À l'occasion de cette cérémonie, il déclare : « Nous aimons votre ville comme un enfant chéri qu'on a pu arracher à la mort! ».

De nos jours, des cérémonies sont régulièrement organisées au cimetière de Bligny par les autorités consulaires italiennes[2]

Bibliographie

  • Nicola Brancaccio, In Francia durante la guerra, Milano, Mondadori, 1926.
  • Mario Caracciolo, Bligny, Ardre, chemin des Dames, Roma, Libreria del Littorio, 1928.
  • Vittorio Emanuele Pittaluga, In Italia, in Francia, a Fiume (1915-1919), Milano, Unitas, 1926.
  • Julien Sapori, Les troupes italiennes en France pendant la Première Guerre mondiale, Parçay-sur-Vienne, éditions Anovi, 2008.
  • batmarn2.free.it/italien8.htm

Notes et références

  1. memoirephotographiquechampenoise.org/...fonds.photo.archives.epern.htm
  2. « Benvenuti sul nostro sito Web », sur esteri.it (consulté le ).

Distinctions

Liens externes

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