Alain Chouraqui

Alain Chouraqui est directeur de recherche émérite au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), directeur-fondateur de l’Institut fédératif européen pluridisciplinaire « Droits, régulations et transformations sociales » de l'université d'Aix-Marseille[1], et président-fondateur de la Fondation du camp des Milles - Mémoire et éducation. Depuis 2015, il est également le responsable scientifique de la chaire UNESCO « Éducation à la citoyenneté, sciences de l’homme et convergence des mémoires ».

Pour son livre Pour résister… à l’engrenage des extrémismes, des racismes et de l’antisémitisme aux éditions du Cherche midi, il reçoit à la Sorbonne en 2016 le prix Seligmann contre le racisme[2], l’intolérance et l’injustice délivré par la Chancellerie des universités de Paris.

Biographie

Alain Chouraqui est né le à Casablanca, au Maroc. Il est le fils de Sidney Chouraqui et de Juliette Ayache, son épouse.

Il est directeur de recherche émérite au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et président-fondateur de la Fondation du camp des Milles - Mémoire et éducation qui permit l'ouverture au public fin 2012 du mémorial du camp des Milles, aboutissement d’un travail commencé en 1982 avec des résistants et déportés pour la sauvegarde de ce dernier camp français d’internement et de déportation encore intact et pour son aménagement en lieu de mémoire, d'éducation citoyenne et de culture.

Il est titulaire de la chaire de l'UNESCO « Éducation à la citoyenneté, sciences de l’homme et convergence des mémoires » (coordonnant des institutions universitaires couvrant quatorze pays, européens, arabes, africains et asiatiques). Cette chaire a été inaugurée le au camp des Milles par le président de la République française et la directrice générale de l’UNESCO. La chaire a notamment permis le développement d’un réseau international d’institutions mémorielles : « La mémoire au service de l’éducation à la citoyenneté » destiné à promouvoir et rapprocher les expériences des mémoriaux pour diffuser largement  notamment auprès des publics prioritaires  les clés de compréhension tirées du passé et utiles à lutter au présent pour les valeurs démocratiques et contre les dérives autoritaires, les extrémismes, les racismes et l’antisémitisme. Ce réseau compte une quarantaine de membres, en France et dans le monde, comme le musée national Auschwitz-Birkenau (Pologne), le Centre du mémorial du génocide de Kigali-Gisozi (Rwanda), le musée du mémorial de l'Holocauste à Washington (États-Unis), la Kazerne Dossin] (Belgique), le camp de Fossoli (Italie), ou encore la Maison de la conférence de Wannsee (Allemagne) et le Post-Conflict Research Center (en) à Sarajevo (Bosnie-Herzégovine).

Il est l’auteur ou l’éditeur de nombreuses publications scientifiques en France et à l’étranger (neuf ouvrages personnels et dirigés, 38 contributions à ouvrages et 175 articles, publiés en douze langues différentes dans une vingtaine de pays). Il donne ou a donné des enseignements ou conférences dans plusieurs universités françaises ou étrangères.

Il coordonna plusieurs programmes de recherche aux niveaux national, européen et international, et organisa plus de soixante rencontres scientifiques internationales. Il fut élu et réélu président du jury de recrutement des enseignants de droit et de science politique de l’université de la Méditerranée. Il a été ou est expert auprès de plusieurs organismes européens ou internationaux (BIT, Commission européenne, Fondation européenne de Dublin, UNESCO…)

De formation pluridisciplinaire (droit, science politique, sociologie), il croise les approches de ces disciplines sur l’évolution des systèmes de règles et de repères dans des groupes ou sociétés confrontés à des crises ou à des déstabilisations et recompositions durables. Il a appliqué cette problématique aux rapports sociaux en général et aux rapports de travail en particulier. Il a étudié notamment la question du « modèle social européen » et la création de règles sociales au niveau global.

Il a travaillé en particulier pendant trente ans sur les questions liées à la « participation démocratique », y compris dans la construction de régulations européennes et globales. Ce qui l’a conduit notamment à être élu et réélu pendant sept ans à la présidence du Comité de recherche international sur la participation et la démocratie organisationnelle (70 pays représentés).

C’est dans cette perspective, qu’il crée en 2010 l’Institut fédératif européen pluridisciplinaire sur « Droits, régulations et transformations sociales » à l’université d’Aix-Marseille, et fonde la collection « Droits, régulations et acteurs des mutations sociales » (DREAMS), chez Peter Lang publisher, éditeur scientifique international (Berne, Oxford, New-York et Francfort).

Alain Chouraqui a toujours souhaité rapprocher la recherche des enjeux sociétaux. Il a ainsi été le coordinateur de la première convention de recherche entre le CNRS et un syndicat (1983), débouchant sur un colloque international au ministère de la Recherche en présence des ministres de la Recherche et du Travail (1989), et conduisant à une quinzaine de conférences et d’ouvrages en Europe sur les méthodes de recherche participative avec les acteurs sociaux.

C’est la même démarche de rapprochement sciences-société qui l’a conduit, dans le site-mémorial du camp des Milles, à mettre à la disposition du grand public les résultats scientifiques de plusieurs disciplines pertinents pour expliquer les mécanismes individuels, collectifs et institutionnels qui peuvent mener aux génocides, ce qui constitue l’originalité reconnue du parcours muséographique et des actions pédagogiques de la Fondation du camp des Milles.

Son travail scientifique, mémoriel et citoyen a conduit à plus de 5 000 articles, interviews ou sujets le concernant dans les médias[3],[4],[5],[6].

Au fil du temps, il s’est investi fortement dans le milieu associatif : alphabétisation, action humanitaire, environnement, vie locale, droits de l’homme, racisme et antisémitisme, handicap, etc. Il est ainsi actuellement personnalité qualifiée du Conseil national des villes (en charge d’analyses et de propositions concernant les quartiers et population en difficulté) et membre du conseil scientifique de la LICRA (principale organisation antiraciste en France).

Depuis 2019, il est membre du conseil scientifique de la DILCRAH au titre de la Fondation du camp des Mille[7].

Parcours professionnel et académique

Fonctions principales exercées

Alain Chouraqui est directeur de recherche émérite au CNRS depuis 2016 et directeur de recherche depuis 1996 en sociologie et en droit. Dans le cadre de son parcours académique, il a été assistant à la faculté de droit d'Abidjan (service national, 1973-1975), allocataire de recherche (DGRST, 1976-1977), attaché de recherche au CNRS et chargé de recherche entre 1983 et 1996 (en droit, sociologie et science politique).

Il est également le président fondateur de la Fondation du camp des Milles - Mémoire et éducation et le titulaire de la Chaire UNESCO « Éducation à la citoyenneté, sciences de l’homme et convergence des mémoires ».

Autres fonctions significatives

Parmi les fonctions qu'il a occupé le long de sa carrière, Alain Chouraqui a été chargé de cours dans les universités d'Aix-Marseille I, II, et III depuis 1976 et chargé d'enseignements ponctuels divers, en France et à l'étranger. Il a également été le co-responsable, puis responsable du séminaire Relations professionnelles du DEA d'économie et sociologie du travail du LEST (1986-1995), ainsi que le responsable de l'atelier puis du séminaire Travail et droit (1989-2000), et le co-responsable (depuis 2000) du séminaire Encadrement institutionnel des relations de travail du DEA devenu master 2 recherche.

Il a été le coordinateur initial du programme PAROLES I (LEST-CNRS / CRG-École Polytechnique / CFDT) entre 1984 et 1999, ainsi que membre du comité de recherche puis membre du comité de coordination et du comité de pilotage des sept équipes du programme PAROLES II.

Entre 1985 et 1989, il a été membre élu du conseil de laboratoire du LEST. Depuis 1985, et jusqu'à la suppression de ce comité, il a été membre du comité de direction du GDR relations professionnelles. À ce jour[Quand ?], et depuis 1986, il est également vice-président du conseil de l’IECJ (universités d’Aix-Marseille, Avignon, Toulon, Nice).

Entre 1991 et 2002, il est membre élu suppléant puis titulaire du conseil scientifique de l'Association internationale de sociologie (ISA). La même année, en 1991, il est membre du comité de coordination des équipes françaises pour la première phase du programme MIT (États-Unis, Europe, Japon) de comparaison internationale des systèmes de relations professionnelles.

Entre 1991 et 1993 il est membre de la commission de spécialistes de philosophie de l'université d'Aix-Marseille II. Entre 1992 et 1995, il est le coordinateur scientifique de la recherche EPOC « Participation directe en Europe » (Union européenne- Fondation européenne de Dublin ; 1992-1995 ; sur 5 800 entreprises dans quinze pays ; équipe de 32 chercheurs), puis membre du comité de pilotage.

Entre 1996 et 2002, il préside le comité de recherche « Participation, démocratie dans les organisations et autogestion » de l'Association internationale de sociologie (ISA 1996-98 ; réélu 1998- 2002 ; chercheurs de 70 pays) et reste membre du bureau comme past-president depuis.

Depuis 2001, il est responsable de la newsletter internationale (trilingue) du CR10 de l’AIS (ISA), du Boletin (espagnol) de son sous-comité ibéro-américain (1996-2002), ainsi que de son scientific editorial board.

Entre 2000 et 2006, il est membre du comité directeur du programme de recherche international sur « Les usages du passé » (IECJ/MMSH, Aix-en-Provence), et du comité éditorial de l’ouvrage final Enjeux d’histoire, jeux de mémoire.

De 2001 à 2004, il est membre de la commission de spécialistes de sociologie et démographie de l’université de la Méditerranée (jury de recrutement des enseignants à l’université 2001- 2004). De 2002 à 2009, il est président du comité de pilotage du projet interdisciplinaire d’éducation et de culture « Mémoire du camp des Milles ».

Alain Chouraqui a également été membre de la commission de spécialistes de philosophie et d’histoire de l’université de la Méditerranée (2001-2005), président de la commission de spécialistes de droit privé, droit public, histoire du droit et sciences politiques de l’université de la Méditerranée (jury de recrutement des enseignants à l’université 2001-2004 ; réélu 2004-2007), membre du bureau du réseau de recherche international RLDWL (Regional and Local Development Work and Labour) depuis le congrès mondial de sociologie de Brisbane (2002), et coordination scientifique du programme de 17 sessions du Congrès mondial de sociologie de Brisbane (2002).

En 2003, il crée et co-préside un nouveau Study Group permanent au sein de l’Association internationale des relations professionnelles (IIRA) sur « Le modèle social européen ».

À partir de 2004 et jusqu'en 2007, il met en place un accord Erasmus-Socrates avec l’université de Londres et avec l’université d’Athènes (2004-7) : organisation de séminaires de recherche communs, et enseignement sur place. Investi dans la vie universitaire, il est membre du conseil de perfectionnement du master d'études européennes (université d’Aix-Marseille) de 2010 à 2015. Il a par ailleurs été responsable scientifique du programme pluriannuel « Droits et régulations dans les crises et les changements sociaux » DRECCS (université, région, FCM) entre 2010 et 2013.

Il a été expert à la commission Européenne, Fondation européenne de Dublin et BIT.

Thématiques de recherche

Alain Chouraqui travaille à partir d’une problématique pluridisciplinaire sur l’évolution des systèmes de règles et de repères dans des groupes ou sociétés confrontés à des crises ou à des déstabilisations et recompositions durables, comme c’est le cas aujourd’hui de son point de vue. À travers ses travaux et ses projets professionnels, il a appliqué cette problématique aux rapports sociaux en général et en particulier à la création de règles sociales aux niveaux européen et global.

Dans le cadre de la même problématique, il coordonne des travaux de recherche, d’éducation, et de culture sur le seul camp français d’internement et de déportation encore préservé (« Mémoire du camp des Milles »), avec pour objectif original d’expliciter et d’approfondir, sur les lieux historiques eux-mêmes et en coordination avec l’université, les acquis de la recherche sur les dérégulations, déstabilisations et mécanismes récurrents, individuels et sociaux, qui peuvent conduire aux crimes de masse, et sur ceux qui conduisent à des formes diverses de résistance.

Prix et distinctions

Alain Chouraqui est notamment chevalier de la Légion d'honneur et titulaire des Palmes académiques.

Il a par ailleurs reçu en Sorbonne le prix Seligmann de la Chancellerie des universités de Paris contre le racisme, l’intolérance et l’injustice.

Références

  1. « Aix-Marseille Université », sur www.univ-amu.fr (consulté le )
  2. http://www.fondation-seligmann.org/le-prix-seligmann-contre-le-racisme/137/26
  3. « L'Éducation pour lutter contre les extrémismes », Le Monde, 29 mai 2018, https://abonnes.lemonde.fr/education/article/2018/05/29/l-education-pour-lutter-contre-les-extremismes_5306373_1473685.html
  4. « Alain Chouraqui : Tout le monde ne sait pas ce qu'est une démocratie », Le Monde, 12 avril 2017, https://abonnes.lemonde.fr/politique/article/2017/04/12/alain-chouraqui-tout-le-monde-ne-sait-pas-ce-qu-est-une-democratie_5110152_823448.html
  5. « Il est temps de prendre au sérieux le message des résistants », Huffington Post, 27 mai 2015, https://www.huffingtonpost.fr/alain-chouraqui/ecouter-et-entendre-le-message-des-resistants_b_7449074.html
  6. « Comment les démocraties peuvent dériver vers les crimes de masse », Slate, 1er avril 2017, http://www.slate.fr/story/141233/democraties-derive-crimes-de-masse
  7. « Installation du nouveau Conseil scientifique de la DILCRAH », sur Gouvernement.fr (consulté le ).

Liens externes

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