Airbus A300 ZERO-G
L'Airbus A300 ZERO-G était un avion de type A300B2-1C[1] de la société Airbus aménagé en laboratoire de recherche scientifique. Son immatriculation était F-BUAD. Il était utilisé en particulier pour réaliser des vols paraboliques permettant d'atteindre jusqu'à 22 secondes d'impesanteur. Exploité par la société Novespace, filiale du Centre national d'études spatiales (CNES), celui-ci était basé sur l'aéroport de Bordeaux Mérignac.
Le , afin de remplacer cet appareil, un des A310-304 de la Luftwaffe (msn498) fut transféré à Bordeaux. Puis le , l'Airbus A300 ZERO-G fut déplacé à Cologne en terminant définitivement sa mission[2]. En , cet A310 Zero G, immatriculé F-WNOV, se plaça à Bordeaux après sa conversion en Allemagne, et, le , commença ses services, en succédant à l'A300 ZERO-G[3].
Caractéristiques
Cet Airbus A300B2 fut un prototype de l'avion de ligne reconditionné pour les vols paraboliques. Il permettait d'accueillir jusqu'à 40 passagers dans ses 200 m3 d'espace dédié. Cet appareil, unique en Europe, était le plus gros appareil au monde dans cette catégorie, en termes de capacité d'emport d'expériences, à permettre des conditions d'impesanteur pour la communauté scientifique[1].
Depuis 2008, l'avion avait la possibilité d'effectuer des paraboles reproduisant les conditions de pesanteur martienne (0,38 g) et lunaire (0,16 g), offrant ainsi un nouveau terrain d'expérimentation pour les chercheurs.
Celui-ci avait été acheté à Airbus par Novespace en 1996 pour succéder à l'ancienne Caravelle Zero-G, conservé encore sur l'aéroport de Bordeaux - Mérignac.
Fabriqué en 1973, cet A300B2-1C subissait moins de 5 000 heures de vols et 11 500 paraboles environ à son actif en 2012. Sa 100e campagne de vols paraboliques n'a eu lieu qu'en , car il fallait une préparation considérable pour une telle mission[1]. Plus précisément, comme l'appareil connaissait, en comparaison du vol commercial normal, 35 fois plus de fatigue lors de son vol parabolique, il fallait 30 fois plus d'inspection de la structure[4].
Le programme de maintenance, adapté à la répétition des manœuvres paraboliques, était mis en œuvre par Sabena technics de Bordeaux. De sorte que l'appareil stationnait normalement à cet aéroport.
L'avion était piloté par un équipage d'essais, sous la direction du service « essais en vol » de la direction générale de l'Armement[1]. La manœuvre nécessite l'intervention de trois pilotes en même temps : un des pilotes s’occupait de la trajectoire de la parabole pendant que le deuxième maintenait l'assiette. Un mécanicien navigant s’occupait quant à lui de la manette des gaz. Malgré la sollicitation poussée de l'avion, celui-ci restait dans son domaine de vol.
L'A300 ZERO-G était également utilisé pour différentes missions en tant qu'avion banc d'essai. Il fut utilisé trois fois pour observer la ré-entrée de l’étage principal cryogénique d'Ariane 5.
Vols commerciaux
À partir du , tous ceux qui voulaient être passagers étaient accessibles à l'A300 Zero-G, à condition d'obtenir le certificat d'aptitude médicale et d'avoir au moins 18 ans. Ce service commercialisé en partenariat avec Avico[5] coûtait 5 980 euros[6]. 4 000 euros couvraient les coûts du programme tandis que 1 980 euros étaient utilisés pour le financement des expériences scientifiques ainsi que le renouvellement de l'appareil, un A310, en 2014. Chaque vol durait deux heures et demie, afin que 40 passagers puissent découvrir une parabole simulant la gravité martienne (0,38 g, 30 secondes), deux paraboles simulant la gravité lunaire (0,16 g, 25 secondes) et douze paraboles simulant l'apesanteur (0 g, 22 secondes)[7]. Le participant pouvait obtenir un diplôme officiel Air Zero G Weightless Flyer[8]. Ce programme était tellement populaire que les vols étaient toujours complets et qu'il fallait commencer à inscrire dans la liste d'attente [lire en ligne].
À la suite de l'arrivée de F-WNOV en 2015, ces vols commerciaux sont dorénavant effectués par l'A310 Zero G.
Historique
Acquisition
Assemblé en 1973 à Toulouse, l'A300B2-1C F-BUAD MSN 003 était un appareil particulier de série qui servit d'avion de développement à Airbus[1]. Il s'agit du prototype et donc premier exemplaire de l'A300B2. Également, il fut utilisé en tant que plateforme de la commande de vol électrique des Airbus A320 en 1986, puis par General Electric pour tester les moteurs améliorés CF6-80 en 1989[9],[10]. Il a également été loué par Aérospatiale en 1988 pour tester le déploiement de la structure ERA, emmenée dans l'espace au cours de la mission Aragatz. C'est à cette occasion que l'avion a effectué ses premières paraboles.
Lorsque Novespace a cherché un remplaçant à la Caravelle, cet avion s'est imposé, ayant accumulé un très faible nombre d'heures de vol et ayant déjà démontré sa capacité à réaliser des paraboles. En 1996, l'avion subit une grande visite d'entretien et est modifié par Sogerma Services (actuellement Sabena Technics Bordeaux)[10]. Les principales modifications concernent l'aménagement de la cabine avec zone expérimentale capitonnée de 200 m3. De 1996 à 1997, les vols de qualification ont lieu sous l'autorité du service « essais en vol » de la direction générale de l'Armement, et, en , sa première campagne de vol commercial est organisée.
Remplacement
Au début des années 2010, le renouvellement de l'A300 ZERO-G devint un sujet urgent. Thierry Gharib, directeur général de Novespace, précisait en : son entretien était devenu coûteux. D'abord, la structure de l'avion commençait à accuser les 13 000 paraboles effectuées et demandait donc un entretien conséquent. Ensuite, le modèle de l'avion étant ancien, les seules pièces détachées disponibles ne pouvaient provenir que d'autres A300B2/B4 démantelés. Elles étaient donc rares et chères. Enfin, il s'agissait d'un exemplaire de la deuxième génération de jet, il n'était donc pas doté des technologies contemporaines[4].
L'appareil idéal se trouva auprès de la Luftwaffe. L'un de ses A310-304 (MSN498) fut acquis en 2014. Par rapport à l'appareil précédent, le nouvel Airbus A310 Zero G permet notamment de fournir 50% d’électricité en plus en faveur des expériences en vol, ainsi qu'un contrôle plus poussé de la parabole et donc des conditions d’impesanteur grâce à une instrumentation plus moderne[4].
Après avoir terminé définitivement sa mission en , l'A300B2-1C MSN003 s'en alla de Bordeaux à l'aéroport Cologne/Bonn le [11]. En effet, ce dernier avait acquis l'appareil en dépensant seulement 1 euro. Désormais, celui-ci y accueillie, en tant que musée, ceux qui s'intéressent de cet exemplaire scientifique particulier[4].
Voir aussi
Bibliographie
- Embarquer dès demain pour l'Espace, le vol suborbital touristique Frank Lehot & autres auteurs, Vuibert, 2010 (Un chapitre est dédié aux modifications de l'A300 Zero-G)
Articles connexes
Liens externes
- (de) Aéroport de Cologne/Bonn : [ZERO-G wird zur Besucher-Attraktion am Köln Bonn Airport] le
Notes et références
- (fr)« L'A300 ZERO-G ».
- http://www.skyliner-aviation.de/regdb.main?LC=nav4
- « Airbus A310 Zero G : l’avion de l’apesanteur by Novespace », sur AirZeroG (consulté le ).
- (en)http://www.flightglobal.com/news/articles/zero-g-flying-means-high-stress-for-an-old-a310-410416
- « L’Airbus qui défie la pesanteur » (consulté le )
- « Avico lance la commercialisation des vols en apesanteur », Tourmag, (lire en ligne)
- L'apesanteur à portée du grand public... aisé, Air & Cosmos no 2338, 7 décembre 2012, p. 40
- « Programme type des vols en apesanteur Air Zero G », sur AirZeroG (consulté le ).
- C'est la raison pour laquelle cet appareil MSN003 appaît dans le film Hot Shots! sorti en 1991 ; https://www.youtube.com/watch?v=PN_LQYXQPFU 40 min 48 s
- http://www.airframes.org/reg/fbuad
- (de)http://www.koeln-bonn-airport.de/am-airport/aktuelles/aktuelles.html?subid=1681
- Portail de l’aéronautique