Aimé Doumenc
Joseph Édouard Aimé Doumenc[1], né le à Grenoble et mort le dans le massif du Pelvoux, est un général français.
Nom de naissance | Joseph Édouard Aimé Doumenc |
---|---|
Naissance |
Grenoble |
Décès |
(à 67 ans) Mont Pelvoux |
Nationalité | Français |
Profession |
Général de l'armée française |
Formation |
Polytechnicien |
Distinctions |
Grand officier de la Légion d'honneur Prix Halphen (1947) |
Famille |
Biographie
Il est le fils d'Ovide Doumenc, un officier d'origine ariégeoise sorti du rang ayant combattu en 1870 retiré en Isère. Élève à l'École polytechnique entre le et le comme élève boursier puis élève de l'École d'application de l'Artillerie et du Génie de Fontainebleau il rejoint les batteries alpines, Aimé Doumenc est admis parmi les plus jeunes à l'École Supérieure de Guerre en 1907 et s'y distingue par sa puissance de travail et la finesse de ses travaux : il est retenu pour une exceptionnelle troisième année de scolarité en 1909 car il fait partie des premiers de sa promotion. Il est alors l'un des quinze officiers à recevoir le cours du commandant Mordacq à qui le général Foch confia l'étude stratégique. Capitaine à l'état-major du 19e corps d'armée, il sert dans les confins algéro-marocains avant d'être affecté au 60e régiment d'artillerie à Troyes le .
Durant la Première Guerre mondiale, adjoint au directeur du Service automobile puis directeur de ce service en 1917, il se signale comme l'organisateur des transports routiers qui assurent le ravitaillement et la relève au cours de la bataille de Verdun en 1916. Sur la Voie sacrée il conçoit le système logistique de la noria qui permet d'utiliser au mieux cette unique route qui relie Verdun aux lignes françaises. Par ailleurs, entre et mars 1917, il participe, aux côtés du général Estienne, à la création des premiers chars d'assaut en tant qu'adjoint technique[2] et il est en faveur de la création de divisions blindées[3]. Il est nommé commandant en 1918. Il est alors choisi par le général Mordacq pour commander la nouvelle direction de l'automobile au ministère de la Guerre.
Après avoir fait campagne au Maroc en 1925, il prend le commandement de la 1re division d'infanterie puis celui de la 1re région militaire. D'après le Président Daladier[4], le général Doumenc est à l'origine en 1928 du premier plan d'une division cuirassée pouvant agir de manière autonome, doctrine qui sera ultérieurement amplifiée par l'armée allemande et de Gaulle au milieu des années 1930. Souvent évoqué, le projet de division proposé par Doumenc ne sera longtemps connu que par cette déclaration de Daladier au procès de Riom. Récemment, une note originale , datant de 1927 ou 1928, retrouvée aux archives du Service Historique de la Défense, a fait l'objet d'une publication partielle dans un article[5] qui en confirme le caractère particulièrement novateur. Doumenc proposait en effet un schéma poussant très loin la combinaison organique interarmes, avec des compagnies mixtes de chars et d'infanterie.
En 1938, il est nommé au Conseil supérieur de la guerre. En 1939, promu général d'armée, il est envoyé à Moscou comme chef de la délégation française[6] chargée de négocier un accord militaire avec l'URSS mais la signature du pacte germano-soviétique met un terme à sa mission. À la déclaration de guerre, il prend la tête de la défense anti-aérienne du territoire avant d'occuper le poste de major général au Grand quartier général des forces terrestres françaises en janvier 1940 et tente notamment d'arrêter les Allemands dans les Ardennes jusqu'à la destruction totale de la 9e armée. Nommé Commissaire général à la reconstruction nationale du au . Il quitte le service le à la suite d'une demande, accordée à titre exceptionnel, de passage de la situation d'activité à celle de disponibilité[7]. Il se tue accidentellement dans les Alpes en 1948.
La médaille de Grand officier de la Légion d'honneur a été remise au général Doumenc le des mains du général Weygand. Il était en outre titulaire, de la Croix de guerre 1914-1918 avec neuf étoiles de bronze, de la médaille militaire et de plusieurs décorations étrangères dont la Distinguished Service Order britannique.
Il est le grand-père de l'écrivain Philippe Doumenc (né en 1934) et de Jean François Doumenc.
Bibliographie
- Les Transports automobiles sur le front français 1914-1918, Plon, 1920
- Le Mémorial de la terre de France. Contribution à l'histoire militaire de nos provinces, Arthaud, 1943, Prix Halphen de l'Académie française
- Histoire de la Neuvième armée, Arthaud, 1945
- Dunkerque et la campagne de Flandre, Arthaud, 1947
- 1944 et les destinées de la stratégie, Arthaud, 1948
- Les papiers secrets du général Doumenc (1939-1940) de François Delpla, Olivier Orban, 1992
Liens externes
Sites Internet
- Doumenc Aimé (1880-1948), sur le site de la bibliothèque de l’École polytechnique.
- Doumenc, Joseph Édouard Aimé (X 1898 ; 1880-1948, sur le site de la bibliothèque de l’École polytechnique.
- Biographie du site de l'Assemblée Nationale
- Un penseur militaire : le général d’armée DOUMENC, par le lieutenant-colonel R. PORTE, p. 7 Cahier n°19 - cesat - Ministère de la Défense
- Doumenc, un Tullinois, à la tête du service automobile des armées Regards, juin 2002
- Doumenc, apôtre du moteur Revue GBM (Guerre, Blindés et Matériel) n°105, juillet 2013
- Joseph Doumenc, organisateur de la « Voie Sacrée » Verdun-meuse.fr
- La Division Doumenc (1928), précurseur de la coopération organique interarmes Blog d'histoire militaire de Pierre-Yves Hénin
Dans la fiction
Dans l’ouvrage dirigé par Jacques Sapir, Frank Stora et Loïc Mahé « 1940, et si la France avait continué la guerre » – une uchronie proposant une alternative à l’armistice de – les auteurs le nomment à l’État-Major général de la Défense nationale chargé du déménagement vers l’Afrique du Nord d’un maximum d’hommes et de matériel en vue d’une poursuite de la guerre. Il est fait de lui le portrait suivant : « Doumenc anime [les] réunions [concernant le déménagement] avec sa vigueur habituelle et un optimisme inébranlable, n’hésitant pas à secouer les participants en faisant preuve d’une créativité de tous les instants pour trouver des solutions à des situations apparemment sans issue. »
Notes et références
- Comme le voulait la tradition dauphinoise, le prénom usuel est placé en dernier. Il s'appelait donc Aimé et non Joseph comme il est écrit sur tous les papiers administratifs ou sur certains sites comme chemins de mémoire.gouv.
- Rémi Porte, Histoire de Guerre Thématique (Stratèges et stratégie), Hors Série N° 6 / 05-06-07 / 02.
- Tanks: Over 250 of the World's Tanks and Armoured Fighting Vehicles, Christopher Chant, Summertime Publishing Ltd, 2004, p. 13.
- « Le Procès : Riom 1942 »
- « La Division Doumenc (1928) », sur sam40.fr, (consulté le )
- Il est accompagné du capitaine André Beaufre, futur général Beaufre Cahier n°20 - cesat - Ministère de la Défense.
- Dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, publié sous la direction de Jean Jolly, Presses Universitaires de France, 1960.
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