Abdoulaye Diarrassouba

Aboudia, de son vrai nom Abdoulaye Diarrassouba, est un artiste ivoirien qui vit et travaille entre Brooklyn et Abidjan. Il est né le .

Biographie

Il étudie au Centre des Arts Appliqués de Bingerville et obtient son diplôme avec une spécialité en art mural en 2003[1]. Il bénéficie d’une visibilité internationale à partir de 2011 en représentant dans ses peintures des scènes de la guerre civile ivoirienne et notamment de la Bataille d’Abidjan. Ses oeuvres sont diffusées à travers le monde grâce aux photographies réalisées par Finbar O’Reilly pour Reuters, et sont très rapidement exposées à la galerie Jack Bell à Londres en 2011[2] et à la galerie Cécile Fakhoury à Abidjan en 2012[3], ou il collabore notamment avec l’artiste ivoirien Frédéric Bruly Bouabré. Sa présence dans l’exposition « Pangea II : New Art From Africa and Latin America » à la Saatchi Gallery de Londres en 2014[4] l'expose aux côtés d’une génération émergente de jeunes artistes africains et sud-américains. Ses oeuvres sont fréquemment présentées lors d’expositions personnelles à Abidjan[5], Londres[6], New-York[7],[8], Paris, Dakar[9]. Il créé la Fondation Aboudia à Bingerville en 2018 pour soutenir les enfants et les jeunes artistes.

Style

Aboudia s’inspire des graffitis dessinés par les jeunes sur les murs dans les rues d’Abidjan, en particulier les quartiers populaires d’Abobo, Yopougon et Treichville. C’est le mode d'expression des jeunes et des enfants qui ont été laissés pour compte durant la décennie de la guerre civile.[10] Se rattachant lui-même à cette génération de jeunes n’ayant que les murs pour s’exprimer, son travail comporte dans les premières séries une teneur biographique et contestataire.[11]

Dans sa peinture La Couleur de la Mort[12], il dessine trois enfants armés. Dans ses premières séries, il choisit souvent des toiles sombres pour retranscrire la terreur, la tristesse et les effets de la guerre sur les enfants[12]. Durant la bataille d’Abidjan, quand les combats étaient proches de studio, il se cachait. Quand les tirs s'arrêtaient, il dessinait alors ce qu’il avait imaginé[12].

Les « Môgôs » sont des personnages récurrents dans ses peintures. Dans la langue Nouchi, « Môgô » signifie « un ami fidèle de tous les jours »[13]. Les môgôs d’Aboudia appartiennent à une jeunesse livrée à elle-même qui se débrouille au quotidien pour survivre et se soutient dans les moments difficiles. Ses tableaux représentent symboliquement des personnes en détresse lorsqu’elles sont allongées.

Sa technique est reconnaissable à l’usage de pastels gras de couleur très vive et d’un trait plein d’énergie et de vitesse. Les fonds de ses oeuvres sont souvent composées d’une technique mélangeant la peinture acrylique et le collage, sur lesquelles il vient dessiner les personnages à la bombe aérosol ou au pastel gras.

On peut distinguer dans les collages des références à l’art traditionnel, des extraits de magazines people ou des images érotiques.

Ses oeuvres sont décrites comme sombres et tristes parce qu’il y a beaucoup de couleurs foncées et parce que la mort y est parfois présente. Un autre exemple de la mort dans les peintures d’Aboudia est l’oeuvre « Djoly du Mogoba ». Ok peut y voir une armée d'enfants devant une toile rouge sang[14]. Chaque enfant porte un fusil ou une autre arme comme une lance. La fin de la guerre a aussi conclu la fin de la période des peintures de guerre d’Aboudia. Il a ainsi commencé à peindre sur d'autres thèmes. Ses tableaux récents touchent a des thèmes variés comme son enfance, la camaraderie entre jeunes abidjanais, le sort des enfants et plus particulièrement les enfants-soldats, la vie urbaine, des portraits, mais aussi parfois des scènes religieuses.

Réception

D’abord soutenu par la scène ivoirienne (Centre culturel français, Villa Kaïdin), le travail d’Aboudia est présenté à l’international dès 2011. Il participe notamment à des expositions à la Saatchi Gallery à Londres ou au Nevada Art Museum à Reno[15]. Son travail est régulièrement présenté dans des galeries d’art contemporain à Abidjan, Dakar, Londres et New York, ainsi que dans les foires d’art contemporain à Londres, New-York, Marrakech ou Lagos. En mars 2021, ses oeuvres sont présentées et vendues chez Christies New York.

Notes et références

  1. GalleryLOG, « Aboudia at Ethan Cohen (2015) », (consulté le )
  2. (en) « Aboudia | 22 June - 30 July 2011 - Overview », sur Jack Bell Gallery (consulté le )
  3. « Aujourd’hui je travaille avec mon petit fils, Aboudia | 14 Septembre - 11 Novembre 2012 - Overview », sur Cécile Fakhoury (consulté le )
  4. (en) Artdaily, « Pangaea: New art from Africa and Latin American on view at the Saatchi Gallery in London », sur artdaily.cc (consulté le )
  5. « Aboudia - Exhibitions », sur Cécile Fakhoury (consulté le )
  6. (en) « Aboudia - Exhibitions », sur Jack Bell Gallery (consulté le )
  7. (en) « Aboudia: ‘It’s possible to grow up on the street and become someone’ | Christie's », sur www.christies.com (consulté le )
  8. (en) « Aboudia », sur Ethan Cohen Gallery (consulté le )
  9. « Masquerade | 20 Septembre - 22 Novembre 2019 - Overview », sur Cécile Fakhoury (consulté le )
  10. (en) « Aboudia, the Côte d'Ivoire artist inspired by graffiti and the civil war », sur TRUE Africa, (consulté le )
  11. « Aboudia, Quitte le Pouvoir | Artsy », sur www.artsy.net (consulté le )
  12. (en-US) « Aboudia Abdoulaye Diarrassouba and Armand Boua - AFRICANAH.ORG », AFRICANAH.ORG, (lire en ligne, consulté le )
  13. Mr nouchi, « nouchi.com - mogo », sur nouchi.com (consulté le )
  14. (en) Saatchi Gallery, « Aboudia - Djoly du Mogoba - Contemporary Art », sur www.saatchigallery.com (consulté le )
  15. (en) « In All Cases: A Collection Selection », sur Nevada Museum of Art (consulté le )
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