Abdelhamid Ben Badis

Abdelhamid Ben Badis (en arabe : عبد الحميد بن باديس), né le [1] à Constantine, ville au nord-est de l'Algérie, et mort le dans la même ville, est une figure emblématique du mouvement réformiste musulman en Algérie.

« Ben Badis » redirige ici. Pour les autres significations, voir Ben Badis (homonymie).

Fils ainé d'une famille de vieille bourgeoisie citadine, il prône le nationalisme, l’arabisme et la fidélité à l’Islam, qui sont, pour lui, les trois piliers de la personnalité algérienne[2]

Abdelhamid Ben Badis fonde en 1931 l'Association des oulémas musulmans algériens[2]. C'est dans le mensuel al-Chihab qu'il publie, de 1925 jusqu'à sa mort, ses idées réformistes qui concernaient tant le domaine religieux que politique.

Origine

Abd el Hamid Ben Badis est né à Constantine le . Il appartient à une vieille famille bourgeoise, descendant des émirs zirides, une dynastie berbère musulmane fondée au xe siècle par Bologhine ibn Ziri[3]. Les Ben Badis sont une famille constantinoise de souche ancienne, avec plusieurs siècles de présence continue dans la ville et une participation à la vie publique[4].

Son père, Mohamed el-Mostapha ben el Mekki, est un gros propriétaire terrien dans la région et l'un des notables les plus influents de la ville de Constantine et de ses environs[5], délégué financier et membre du Conseil Supérieur, bachagha et grand dignitaire de la Légion d'honneur [6].

Éducation

Ben Badis grandit dans un entourage pieux : il apprend le Coran dès l’âge de treize ans, étant alors conformiste. Très jeune, il est placé sous le préceptorat de Hamdân Benlounissi, proche disciple du savant Abel Kader El Medjaoui (1848-1914). Hamdane Lounissi marque durablement la jeunesse d'Abdelhamid Ben Badis, marqué par son conseil : « Apprends la science pour l’amour de la science, non pas pour le devoir ». Hamdân Benlounissi lui fait aussi promettre de ne jamais devenir fonctionnaire pour le compte de l'État colonial français.

À la mosquée Zitouna

En 1908, à presque 20 ans, Ben Badis décide de commencer son premier voyage d'étude vers la mosquée Zitouna de Tunis, alors un grand centre de savoir. Il aime y prier allongé dans l'herbe et y rencontre des savants qui influencent sa personnalité et son orientation, dont Mohamed Al Nakhli qui l'introduit à la réforme et à sa méthode pour comprendre le Coran, Mohamed Al Taher Ben Achour qui le guide vers l'amour de la langue arabe, Al Bachir Safer, qui le pousse à s'intéresser à l’histoire et aux problèmes contemporains des musulmans, ainsi qu'à trouver une solution pour repousser le colonialisme occidental et ses effets.

De retour en Algérie, Ben Badis commence à enseigner à la Grande mosquée de Constantine. En raison de l'hostilité au mouvement réformiste musulman, il repart, vers le Moyen-Orient cette fois-ci.

À la Médine

Après avoir accompli le pèlerinage à La Mecque et Médine, Ben Badis reste trois mois dans cette dernière ville pour donner des cours à la Mosquée du Prophète. Il rencontre Mohamed Bachir El Ibrahimi, l’un des partisans du mouvement réformiste musulman, avec qui il se lie d'amitié. Cette rencontre est le point de départ de la réforme en Algérie, car les deux hommes discutent longuement afin de mettre au point un plan de réforme clair. Hussein Ahmed Al Hindi, résidant lui aussi à Médine, conseille à Abdelhamid Ben Badis de retourner en Algérie.

Sur la route du retour, il visite la Syrie et la mosquée Al-Azhar d’Égypte.

Retour en Algérie

Abdelhamid Ben Badis (à gauche) et Tayeb el-Oqbi (à droite).

En 1913, Abdelhamid Ben Badis rentre en Algérie et s’installe à Constantine où il entame son travail d’enseignement. Il commence par donner des cours à la mosquée, aux enfants puis aux adultes. Par la suite, prépare la fondation de l'Association des oulémas musulmans algériens. En 1936, Abdelhamid Ben Badis participe à la fondation du Congrès musulman algérien (CMA), qui est dissous durant l'été 1937 par le pouvoir colonial.

La même année, Abdelhamid Ben Badis revient à la tête de l'Association des oulémas musulmans algériens. L’une de ses préoccupations majeures durant cette période de sa vie était la lutte contre la répression qui s'abat sur les patriotes algériens, et la dénonciation de la propagande fasciste et des agissements antisémites, tout en travaillant comme journaliste. C'est en cette qualité qu'il couvre le procès de l'assassinat du mufti Bendali[7].

Ce qu'il prône est considéré comme proche du wahhabisme[8], mais aussi du salafisme moderniste[9]. Il est proche de Mohamed Abduh[10]. Prônant le malikisme, il s'oppose aux confrèries soufies, comme la Tijaniyya[11].

Le , il meurt dans sa ville natale de Constantine. Il est enterré en présence de 20 000 personnes[12]. La « plupart des notables de la région » ont assisté à ses obsèques[13].

La fête nationale « Youm el 'Ilm », ou « Journée du Savoir », est célébrée en son honneur chaque 16 avril[14].

Notes et références

  1. Cette naissance est inscrite le jeudi 5 décembre 1889 au registre de l’état civil
  2. « Babzman – Information historique et socioculturelle sur l'Algérie – Cela s’est passé un 16 avril 1940, décès d’Abdelhamid Ben Badis », sur www.babzman.com (consulté le )
  3. Augustin Berque et Jacques Berque, Écrits sur l'Algérie, Édisud, (lire en ligne), p. 64
  4. Qashshī, Fāṭimah al-Zahrāʼ., Constantine : une ville, des heritages, Média-plus, (ISBN 9961-922-14-X et 978-9961-922-14-9, OCLC 153927683, lire en ligne), p. 53
  5. Guy Pervillé, Pour une histoire de la guerre d'Algérie: 1954-1962, Editions A&J Picard, (ISBN 9782708406377, lire en ligne), p. 89
  6. https://www.cairn.info/les-100-portes-du-maghreb--9782708234345-page-76.htm?contenu=resume#
  7. Benchaouki Arslan, « Cheikh Tayeb El Okbi. Une cible de l'administration coloniale (II) Un membre éminent des ouléma », El Watan, (lire en ligne)
  8. « La littérature algérienne de l'entre-deux-guerres », sur Google Books (consulté le ).
  9. (en) « State Formation and Identity in the Middle East and North Africa », sur Google Books (consulté le ).
  10. (en) « Sufis and Anti-Sufis », sur Google Books (consulté le ).
  11. (en) « Historical Dictionary of Algeria », sur Google Books (consulté le ).
  12. Pierre Darmon, Un siècle de passions algériennes - Une histoire de l'Algérie coloniale (1830-1940), Fayard, , 934 p. (ISBN 978-2-213-64380-9), p. 762
  13. Karim Rahem, Le sillage de la tribu, , 457 p. (ISBN 978-2-914214-39-1, lire en ligne).
  14. « La célébration de Youm El-Ilm reflète l’intérêt accordé par l’Etat à l’éducation des jeunes générations », sur Algérie Presse Service.

Annexes

Articles connexes

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