Abbaye de Tintern

L'abbaye de Tintern (en anglais Tintern Abbey, et en gallois Abaty Tyndyrn) est une ancienne abbaye cistercienne, située au pays de Galles.

Abbaye de Tintern

Les ruines de l'église abbatiale de Tintern

Nom local Tintern Abbey
Diocèse Diocèse de Hereford
Numéro d'ordre (selon Janauschek) XLIII (43)[1]
Fondation 1131
Début construction 1269
Fin construction 1301
Dissolution septembre 1536
Abbaye-mère Abbaye de l'Aumône
Lignée de Abbaye de Cîteaux
Abbayes-filles 142 - Kingswood (1139-1538)
527 - Tinternparva (1200-1537)
Congrégation Ordre cistercien
Période ou style gothique
Protection Monument classé (le 29 septembre 2000 sous le numéro 24037)[2]

Coordonnées 51° 41′ 50″ nord, 2° 40′ 35″ ouest [3]
Pays Pays de Galles
Comté Monmouthshire
Communauté Tintern
Site http://www.castlewales.com/tintern.html
Géolocalisation sur la carte : Royaume-Uni
Géolocalisation sur la carte : Pays de Galles

Situation

Le monastère est situé dans la vallée de la Wye dans le Monmouthshire.

Histoire

Fondation

L'abbaye de Tintern est fondée à l'initiative de Gautier de Clare, lord de Netherwent (ou de Chepstow), le à Tintern. Elle fut la seconde fondation de l'ordre cistercien en Grande-Bretagne au Moyen Âge (après Waverley), et la première du pays de Galles[4],[5]. En effet, par sa mère, Gautier était le cousin germain de Guillaume Giffard, l'évêque de Winchester qui avait favorisé la venue de moines cisterciens à Waverley. Les moines venus l'occuper venaient de l'Aumône (abbaye située dans l'Orléanais, et elle-même fille de Cîteaux)[3].

Prospérité et fondations

Les ruines du complexe monastique, avec l'église abbatiale au fond.

L'abbaye croît rapidement, au point de fonder une première abbaye-fille à Kingswood en 1139, fondation qui connaît des débuts difficiles, devant changer deux fois de localisation[6],[7],[8]. Le deuxième abbé de Tintern, Henry, est un ancien voleur repenti et qui a pris l'habit cistercien ; il ne reste que peu de temps à Tintern avant d'être nommé à Waverley[9].

En 1200, Guillaume le Maréchal, comte de Pembroke, naviguant vers l'Irlande, est pris dans une violente tempête. Il fait le serment de construire une abbaye s'il est sain et sauf. Son bateau parvient à atteindre la baie de Bannock (sur le flanc est de la péninsule de Hook) et accomplit donc son vœu en implantant en ce lieu une abbaye cistercienne. Comme il est comte de Pembroke en pays de Galles, il fait appel aux moines de Tintern, et nomme en leur honneur la future abbaye de Tinternparva[10].

L'abbaye de Tintern semble initialement avoir été bâtie pour une communauté de vingt moines et cinquante frères convers. Mais Roger Bigot, comte de Norfolk, la dote si richement que les subsides de sa dotation permettaient encore de nourrir les pauvres cinq fois par an à l'époque de la Dissolution de 1536. Roger est le principal contributeur de la reconstruction de l'église abbatiale, qui est entreprise de 1269 à 1301[4].

L'abbaye de Tintern est une des seules abbayes galloises à avoir été préservée de la guerre menée par Édouard II au pays de Galles. Le roi n'y séjourne que deux nuits en 1326, lors de sa fuite devant l'armée de Roger Mortimer[4].

À la fin du XIIIe siècle, les possessions de Tintern recouvrent 3 000 acres (1 214 hectares environ) et ils possèdent 3 264 ovins. L'abbaye connaît certaines difficultés financières au début du XVe siècle, mais les dons des pèlerins permettent de renflouer les caisses. En effet, l'abbatiale contient une statue de la Vierge passant pour miraculeuse et amenant d'importants flux de pèlerins[4].

Liste des abbés connus de Tintern

  • William : élu en 1139, mort en 1148 ;
  • Henry : élu avant 1153 et nommé à Waverley entre 1154 et 1161 ;
  • William II nommé avant 1169, quitte sa charge en 1188 ;
  • Eudo : élu en 1188
  • Richard : attesté en 1218 ;
  • Ralph : attesté en 1234, nommé abbé de Dunkeswell en 1245 ;
  • J... : attesté en octobre 1253 ;
  • John : élu vraisemblablement en 1259, attesté en 1267, déposé en 1277
  • Ralph : attesté dans les années 1280 et en 1303 ou 1304 ;
  • Hugh de Wyke : abbé de 1305 à sa mort en 1320 ;
  • Walter of Hereford : élu en février 1321, quitte sa charge en novembre 1330 ;
  • Roger de Camme : élu vraisemblablement en décembre 1330, quitte sa charge en novembre 1331.
  • Walter : attesté en janvier 1333 ;
  • Gilbert : attesté comme abbé de mai 1340 à octobre 1341 ;
  • John : attesté abbé de juillet 1349 à juin 1375 ;
  • John Wysbech : élu en 1387, quitte sa charge en 1407 ;
  • John : attesté en mars et novembre 1411 ;
  • John Chernyllis ou Cherville : attesté en mai 1415 et août 1421 ;
  • John Chapfeld (peut-être le même qu le précédent) : attesté en octobre 1437 ;
  • Robert Acton : attesté en décembre 1438 et juin 1441 ;
  • John Tynyern : attesté en juin 1442 et en octobre 1455 ;
  • Thomas Monmouth : élu en 1456, attesté en novembre 1459 ;
  • Thomas Colston : attesté en mai 1460 et en 1486 ;
  • William Ker : attesté en février 1488 et en août 1492 ;
  • Harry Newland : attesté en 1493 et en janvier 1506 ;
  • Thomas Morton : attesté en 1514 ;
  • Richard Wiche : élu à une date inconnue, déposé lors de la dissolution en 1536[9].

Dissolution

Façade ouest de l'abbaye.

Dès , l'abbaye de Tintern est fermée et le site est attribué à Henry Somerset (en), comte de Worcester[4], qui utilise les bâtiments (hors abbatiale) à divers usages de logements, d'artisanat ou même de carrière de pierre[11].

Une ruine romantique

Durant la deuxième moitié du XVIIIe siècle, l'abbaye de Tintern devient à la mode ; les préromantiques (William Wordsworth, Joseph Turner, William Gilpin) la visitent et la mettent en valeur dans leur œuvre (voir ci-dessous)[4].

La restauration

Cet intérêt ne fait que croître au cours du XIXe siècle et, en, 1901, la couronne britannique rachète le site à son propriétaire d'alors, le duc de Beaufort, pour 15 000 livres, le déclare « monument d'importance nationale » et en commence la restauration. Le lierre est systématiquement ôté[11].

Le , l'abbaye est enregistrée comme Monument classé sous le numéro 24037[2].

L'abbaye

L'église abbatiale

L'église abbatiale est de très vastes dimensions : elle mesure environ 80 mètres (245 pieds) de longueur, pour vingt-cinq de largeur. Le transept, quant à lui, mesure cinquante mètres de longueur pour trente (110 pieds) de largeur[12],[13].

Tintern dans la culture

The Chancel and Crossing of Tintern Abbey, Looking towards the East Window, peinture réalisée par Turner en 1794.

Poésie

L'abbaye a inspiré un poème à William Wordsworth[14], qui se nomme Lines written a few miles above Tintern Abbey, on revisiting the banks of the Wye during a tour, July 13, 1798.[15].

Peinture

Turner a peint à de multiples reprises l'abbaye de Tintern.

William Gilpin, l'un des créateurs de la notion de pittoresque, trouvait son pignon (gable-ends) insuffisamment délabré, et suggérait de le rendre plus pittoresque grâce à « un maillet judicieusement utilisé »[16].

Littérature

L'abbaye de Tintern est le cadre d'au moins deux romans historiques : le premier, de Kate Sedley, s'intitule Le trésor de Tintern[note 1] ; le second, de Gordon Masters, The secrets of Tintern Abbey : a historical novel[note 2].

Notes et références

Notes

  1. (en + fr) Kate Sedley (trad. Corine Derblum), Le trésor de Tintern [« The Tintern Treasure »], Univers Poche, , 241 p. (ISBN 9782823806281).
  2. (en) Gordon Masters, The secrets of Tintern Abbey : a historical novel, Tucson, Wheatmark, , 260 p. (ISBN 9781604940749).

Références

  1. (la) Leopold Janauschek, Originum Cisterciensium : in quo, praemissis congregationum domiciliis adjectisque tabulis chronologico-genealogicis, veterum abbatiarum a monachis habitatarum fundationes ad fidem antiquissimorum fontium primus descripsit, t. I, Vienne, , 491 p. (lire en ligne), p. 112.
  2. (en) « Abbey Church of St Mary (Tintern Abbey) including monastic buildings, Tintern », sur http://britishlistedbuildings.co.uk, English Heritage (consulté le ).
  3. (it) « Tintern », sur http://www.cistercensi.info, Ordre cistercien (consulté le ).
  4. (en) « Cistercian Abbeys: Tintern », sur http://cistercians.shef.ac.uk/, Ordre cistercien en Angleterre (consulté le ).
  5. (en) Monastic Wales, « Monastic Wales », sur http://www.monasticwales.org/, Université de Lérida (consulté le ).
  6. (en) « Kingswood Abbey Deeds », sur http://archiveshub.ac.uk, Archives Hub (consulté le ).
  7. (en) « Kingswood Abbey Gatehouse, Kingswood (Gloucestershire) », sur http://www.historicbritain.com, Historic Britain (consulté le ).
  8. (en) « Houses of Cistercian monks — 10. The abbey of Kingswood », sur http://www.british-history.ac.uk, British History (consulté le ).
  9. (en) Monastic Wales, « Abbots of Tintern », sur http://www.monasticwales.org/, Université de Lérida (consulté le ).
  10. (en) « Tintern abbey », sur http://www.wexfordweb.com/, Comté de Wexford (consulté le ).
  11. « Lower Wye Valley — 013 Tintern », sur http://www.ggat.org.uk/, Glamorgan-Gwent Archaeological Trust (consulté le ).
  12. (en) « Tintern Abbey », sur http://cadw.wales.gov.uk/, Cadw (consulté le ).
  13. (en) David Oswald Hunter-Blair, The Original Catholic Encyclopedia, vol. XIV, , 800 p. (lire en ligne), p. 736-737.
  14. (en) Christopher Beha, The Whole Five Feet : What the Great Books Taught Me about Life, Death, and Pretty Much Everthing Else, , 272 p. (ISBN 9780802199904, lire en ligne), p. 204.
  15. (en) William Wordsworth, « Lines written a few miles above Tintern Abbey », sur http://www.rc.umd.edu/, Romantic circles, (consulté le ).
  16. (en) Thomas Dudley Fosbroke, Ariconensia : Or, Archaeological Sketches of Ross and Archenfield, W. Farror, , 195 p. (lire en ligne), p. 44.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • [Oswin Edmund Craster 1956] (en) Oswin Edmund Craster, Tintern Abbey, Monmouthshire, Londres, Her Majesty's Stationery Office, , 24 p. (ISBN 9780116700735) ;
  • [Oswin Edmund Craster 1964] (en) Oswin Edmund Craster, Tintern Abbey, Gwent : Abaty Tyndyrn, Londres, Her Majesty's Stationery Office, , 31 p. (ISBN 9780116700636) ;
  • [David M. Robinson 1986] (en) David M. Robinson, Tintern Abbey, Cardiff, Cadw, , 56 p. (ISBN 9780948329067) ;
  • [Judith Russill 1989] (en) Judith Russill Robinson, Tintern's story, Tintern, St. Michael's Parochial Church Council, , 70 p. (ISBN 9780951601006) ;
  • [John Taylor 1994] (en) John Taylor, Tintern Abbey and its founders, Cwmbran, Gwent County Council Libraries, , 56 p. (ISBN 9781897915011) ;
  • [De Waal & Jarvis 1999] (en) Esther De Waal et Chris Jarvis, Tintern Abbey and its founders, Norwich, Canterbury Press, , 40 p. (ISBN 9781853113123) ;
  • [Anne Finn 2003] (en) Anne Finn, Tintern Abbey County Wexford : Cistercians and Colcloughs : eight centuries of occupation, Saltmills, County Wexford : Friends of Tintern, , 56 p. (ISBN 9780954213206) ;
  • [David H. Williams 2006] (en) David H. Williams, Tintern Abbey County Wexford : Cistercians and Colcloughs : eight centuries of occupation, , 12 p. (OCLC 226974124) ;
  • [Damian Walford Davies 2010] (en) Damian Walford Davies, « Romantic hydrography : tide and transit in 'Tintern Abbey' », dans Nicholas Roe, English Romantic Writers and the West Country, , 344 p. (ISBN 9780230223745, OCLC 678138586, présentation en ligne), p. 218-236 ;
  • [Luke Walker 2013] (en) Luke Walker, « Allen Ginsberg's 'Wales visitation' as a neo-romantic response to wordsworth's 'Tintern Abbey' », Romanticism, vol. 19, , p. 207-217 (ISSN 1354-991X, lire en ligne) ;
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