Abbaye de Saint-Polycarpe

L'abbaye de Saint-Polycarpe est une abbaye située à Saint-Polycarpe, en France[1].

Localisation

L'abbaye est située sur la commune de Saint-Polycarpe, dans le département français de l'Aude.

Historique

À la suite de l'invasion de l'Espagne wisigothique par les Sarrazins à partir de 719, une immigration importante de chrétiens espagnols s'est faite en Septimanie au VIIIe siècle. Un riche réfugié espagnol, Attala, a fondé le monastère de Saint-Polycarpe. La première trace réelle de l'existence de l'Abbaye est le diplôme de Charles le Chauve en 844[2]. Carloman a confirmé dans un diplôme daté de 881 toutes les ordonnances de ses prédécesseurs. Le roi Eudes accorde un diplôme à l'abbaye en 888. L'abbaye dépendait du roi pour le temporel et de l'archevêque de Narbonne pour le spirituel. Tombé dans un relâchement, elle a été soumise à la convoitise des seigneurs voisins. Elle a été soumise à l'abbaye d'Alet au Xe siècle. Au cours d'un concile à Narbonne, en 1091, Robert, abbé de l'abbaye de Lagrasse prétendit que l'abbaye de Saint-Polycarpe devait être soumise à la sienne. L'abbé de Lagrasse a reconnu qu'il n'avait pas un droit certain sur l'abbaye de Saint-Polycarpe. Il l'a remis à l'archevêque de Narbonne qui lui a rendu pour la posséder à perpétuité. 24 ans plus tard, l'abbé de l'abbaye d'Alet a disputé l'abbaye à Robert dans un concile tenu à Saint-Gilles. Il obtient la reconnaissance que l'abbaye dépendait de l'abbaye d'Alet, en 1116. Le pape Calixte II l'a confirmé cinq ans plus tard. Elle est devenue indépendante en 1169 à la suite des conflits entre les abbayes d'Alet et de Lagrasse pour sa possession. En 1217, l'abbaye est soumise à la juridiction spirituelle de l'archevêque de Narbonne et de l'abbaye d'Alet. Bernard de Saint-Ferréol est abbé de Saint-Polycarpe avant d'être élu abbé d'Alet, en 1197. En 1337, Raymond est élu abbé de Saint-Polycarpe. Il refuse, en 1346, avec d'autres prélats de payer une décime demandée par Philippe de Valois au clergé pour payer la guerre de Gascogne contre les Anglais. Bernard est le dernier abbé régulier de Saint-Polycarpe qui a assisté au concile de Pise, en 1405. On connaît trois abbés commendataires, Antoine Dax, évêque d'Alet, Monsieur de La Roche, aumônier de Madame la duchesse de Bourgogne, Monsieur de Cabanac[3].

Progressivement, l'abbaye va perdre des biens usurpés par les seigneurs des environs et pendant les guerres. Des terres ont été vendues pour payer la rançon de François Ier. L'abbaye a été pillée par les protestants. Il ne restait plus que sept fiefs nobles à l'abbaye et n'avait plus que 4 400 livres de revenus et devait payer 1 200 livres de charge.

Ces conflits pour la possession de l'abbaye a entraîné un relâchement de la discipline. La discipline a été rétablie avec la nomination de Henri-Antoine de la Fitte Maria, en 1705, à l'âge de 25 ans, né à Pau de parents calvinistes. Il soutint les thèses jansénistes. Les archevêques de Narbonne n'ayant pu obtenir la rétractation des doctrines jansénistes par les moines de l'abbaye ont prononcé la destruction de la communauté. Par lettres patentes, le roi a prononcé l'extinction totale du monastère de Saint-Polycarpe le . Les biens de l'abbaye sont passés au séminaire de Narbonne dirigé par les pères Lazaristes. La bibliothèque de l'abbaye a été transportée à l'hospice de Limoux. Dom Pierre Valès a refusé de quitter l'abbaye et en est resté le seul moine. Il a été assassiné dans l'église abbatiale dans la nuit du par le jardinier du couvent à la suite d'un vol qui aurait mal tourné, le coupable a été pendu sur la place publique[4].

Le monastère et les terres qui en dépendaient ont été vendues le comme biens nationaux à un marchand chaudronnier de la ville de Limoux, le sieur Brousses, pour la somme de 22 000 livres[5]. La famille Brousses en est restée propriétaire pendant plus d'un demi-siècle, puis la propriété a été achetée par des marchands de biens qui l'ont revendue en parcelles à des habitants de Saint-Polycarpe et des communes voisines.

L'église abbatiale est devenue l'église paroissiale. L'ancienne église paroissiale a été vendue en 1817 et convertie en bâtiment rural[3].

Un incendie, le , a brûlé une partie des bâtiments conventuels.

L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques en 1990[1].

Description

Vue de l'abbaye de Saint-Polycarpe avant sa destruction.

De l'ancienne abbaye il ne subsiste que l'abbatiale devenue église paroissiale. Autrefois les bâtiments de l'abbaye étaient disposés autour du cloître. Des éléments de ce cloître subsistent sur le côté sud de l'église. Raymond Estreille a rapproché ce cloître de celui de l'abbaye de Saint-Hilaire[6].

L'église actuelle remonte au XIe siècle. Il subsiste d'un premier bâtiment deux devants d'autel préromans. L'église à nef unique est précédée d'un clocher-porche. Elle a été couverte d'une voûte d'arêtes postérieurement.

Un important décor de peintures murales de l'époque romane a été mis au jour en 1972 qui a été mentionné dans un article de Marcel Durliat, en 1977. Il a été inspiré par l'Apocalypse de Jean.

Références

  1. « Abbaye (vestiges) et son aqueduc », notice no PA00102933, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Diplôme de Charles le Chauve en 844, dans Claude Devic, Joseph Vaissète, Histoire générale de Languedoc, Édouard Privat, Toulouse, 1872, tome 2, p. 253-254 (lire en ligne)
  3. Regnaud 1779.
  4. Archives départementales de l'Aude
  5. C. Glercy, « Notice sur l'ancienne abbaye de Saint-Polycarpe », p. 14.
  6. Raymond Estreille, « L'abbaye de Saint-Hilaire de l'Aude », dans Bulletin de la Société d'études scientifiques de l'Aude, 38e année, tome 32, p. 356-3459 (lire en ligne)

Annexes

Bibliographie

  • Abbé Regnaud, Histoire de l'abbaye de Saint-Polycarpe depuis sa fondation jusqu'à sa destruction, (lire en ligne).
  • François Sauvère, « Le village de Saint-Polycarpe et ses environs », Mémoires de la Société des arts et des sciences de Carcassonne, vol. 7, , p.155-175 (lire en ligne).
  • Clément Clercy, « Notice sur l'ancienne abbaye de Saint-Polycarpe », dans Bulletin de la Commission archéologique de Narbonne, 1912, p. 251-264 (lire en ligne)
  • Jacques Lugand, Jean Nougaret, Robert Saint-Jean, André Burgos, Languedoc roman, Zodiaque (collection la nuit des temps no 43), La Pierre-qui-Vire, 1985 (2e édition), p. 47
  • Sophie Ducret, « La peinture murale au XIIe siècle dans les églises des Corbières (Aude) : l’exemple du décor méconnu de Saint-Saturnin de Villerouge-la-Crémade », dans Patrimoines du Sud, 2018, no 7 (lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de l’Aude
  • Portail des monuments historiques français
  • Portail de l’architecture chrétienne
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.