Abbassi Madani
Abbassi Madani (en arabe : عباسي مدني, aussi orthographié Abassi, né le [1] à Sidi Okba près de Biskra (Algérie) et mort le à Doha (Qatar), est un homme politique algérien qui fut le cofondateur et le président du Front islamique du salut en Algérie.
Dans ce nom, le nom de famille précède le nom personnel.
Pour les articles homonymes, voir Madani.
Biographie
Abbassi Madani est le fils d'un imam. Il commence ses études dans une école coranique puis entre en 1941[2] dans une école de l'association 'Ulamâ (d'Ibn Bâdis) et suit les cours dispensés à la Masjidia du Cheikh Nuaïmi[3].
Il adhère au PPA-MTLD et participe à la lutte pour l'indépendance de l'Algérie dans les années 1950. Membre du groupe Marzougui, dans la nuit du au , il est chargé de poser des bombes à Radio-Alger. Arrêté le , il passe toute la durée de la guerre en prison[4]. Incarcéré à la prison Maison Carrée et à Barberousse, il apprend l'anglais[5]. Après 1962, il milite au sein du FLN jusqu'à la fin des années 1970[6]. Il est élu de ce parti de 1969 à 1974[7].
En 1962, il s'inscrit en licence de philosophie à l'université d’Alger et y prépare une thèse de psychologie de l’éducation, dans laquelle il défend la supériorité d'un système éducatif enraciné dans l'islam.
En 1963, il crée l'association El Qiyam (les valeurs), fondée par le penseur Malek Bennabi, et qui milite pour l'instauration de la loi coranique[8] et qui est interdite en 1970 par le président Boumédiène[9]. Professeur de sociologie à la faculté des sciences humaines de Bouzareah (Alger), il séjourne de 1975 à 1978 à Londres pour préparer une thèse. Après ses études à Londres, où il obtient un doctorat, il revient en Algérie. Il enseigne alors la psychopédagogie à l'Université d'Alger.
Le , il participe au grand rassemblement de 5 000 islamistes venus écouter les Cheikhs Abdellatif Soltani et Ahmed Sahnoune[10].
Le , au terme d'une prière collective qui rassemble plusieurs milliers de personnes, Abbassi Madani présente une revendication en quatorze points, qui réclame notamment le respect de la charia, l'épuration de l’État des « éléments hostiles à notre religion » et la suppression de la mixité[11]. Il est alors emprisonné jusqu'en [12],
Le , Abbasi Madani annonce officiellement à la mosquée Al-Sunna de Bab El-Oued avec son ami Ali Belhadj, la création d'un parti politique dénommé Front islamique du salut (FIS). Contrairement à ce dernier, tenant d'une ligne plus radicale et salafiste[13], il prône alors un conservatisme religieux relativement modéré avec un attachement tiède à la démocratie, et plaçait la charia au-dessus de cette dernière[14]. À l'occasion des élections municipales de , le FIS remporte largement le scrutin et est majoritaire dans la majorité des grandes villes algériennes et plus particulièrement les municipalités du grand Alger. Le programme politique du FIS consiste à appliquer la charia en Algérie et islamiser la société algérienne.
le , Abbassi Madani lance un appel à la désobéissance civile pour protester contre la nouvelle loi « qui favoriserait » le FLN. [15].
Arrestation
Il est incarcéré le à la prison de Blida et condamné par la cour militaire de Blida à douze ans de prison le [16] pour « complot contre l’autorité de l’État, sabotage économique et distribution de tracts de nature à nuire à l’intérêt national »[17].
Il est souvent soupçonné de diriger une partie des actions armées du FIS depuis sa prison, même si l'autonomie des diverses factions armées était importante et que la plus grande confusion et de nombreuses manipulations ont lieu en Algérie durant la sanglante décennie 1990. Ces manipulations conduisent à l'arrestation de sa nièce Sanaa Madani en compagnie d'un informaticien français nommé Stéphane Fertin, fiché au grand banditisme et considéré comme un excellent hacker : elle est expulsée en Algérie, malgré son statut de réfugiée politique obtenue en France, puis disparaît dans les prisons algériennes, alors qu'il est incarcéré à la prison de Fresnes, inculpé de divers chefs d'inculpations dont certains sont liés au terrorisme, et d'autres liés à des actes de droit commun.[réf. nécessaire]
Le [18], Abbasi Madani est libéré de prison, mais mis en résidence surveillée. Lorsque l'on découvre qu'il soutient encore la lutte armée du GIA et de l'AIS, il est à nouveau emprisonné en [19]. En , sa famille est autorisée à lui rendre visite[20].
Le [21], dans une lettre adressée au président Abdelaziz Bouteflika, il fait part de son « appui total et sans réserve » à Madani Mezrag, chef de l'Armée islamique du salut (AIS), le bras armé du FIS, qui a annoncé un arrêt définitif de la lutte armée[22]. Il sera libéré le , sous la présidence d'Abdelaziz Bouteflika[23]. Abassi Madani lance un appel à la fin de la lutte armée, le puis va en Arabie saoudite, en Malaisie et au Qatar.
En 2004, il commence une grève de la faim à Doha, pour soutenir la libération des otages français en Irak. Il déclare à plusieurs reprises, ces dernières années, que son organisation avait été infiltrée par l'armée et les services secrets algériens.
Il meurt le à Doha[24]. Des milliers de personnes participent à ses funérailles à Belouizdad, avant son inhumation le au cimetière Sidi M'Hamed[25].
Vie privée
Marié, Abbassi Madani est le père de six enfants, cinq garçons et une fille[26].
Notes et références
- « Abbassi v. Algeria, Comm. 1172/2003, U.N. Doc. A/62/40, Vol. II, at 105 (HRC 2007) », sur www.worldcourts.com (consulté le )
- Voir sur digitool.library.mcgill.ca.
- Abderrahim Lamchichi, L'Algérie en crise : Crise économique et changements politiques, Editions L'Harmattan, , 400 p. (ISBN 978-2-296-24327-9, lire en ligne)
- Benjamin Stora, Histoire de l'Algérie depuis l'indépendance, p. 107.
- Mustafa Al-Ahnaf, Bernard Botiveau et Franck Frégosi, L'Algérie par ses islamistes, KARTHALA Editions, , 328 p. (ISBN 978-2-86537-318-5, lire en ligne)
- http://www.crisisgroup.org/~/media/Files/Middle%20East%20North%20Africa/North%20Africa/Algeria/French%20translations/Islamism%20Violence%20and%20Reform%20in%20Algeria%20Turning%20the%20Page%20French.pdf
- http://storage.canalblog.com/32/89/220635/29678783.pdf
- (en) John L. Esposito, The Islamic Threat : Myth or Reality?, Oxford University Press, , 352 p. (ISBN 978-0-19-982665-0, lire en ligne)
- « Mohamed Abbassi Madani », sur muslimleaders.e-monsite.com (consulté le )
- Abderrahim Lamchichi, L'islamisme en Algérie, L'Harmattan, , 251 p. (ISBN 978-2-7384-1602-5, lire en ligne)
- Gilles Képel, Jihad : expansion et déclin de l'islamisme, Paris, Folio actuel, , 708 p., p. 257
- (en) Olivier Roy et Antoine Sfeir, The Columbia World Dictionary of Islamism, Columbia University Press, , 430 p. (ISBN 978-0-231-14640-1, lire en ligne)
- Cherif Ouazani « Algérie : les islamistes entre djihadisme et quiétisme », Jeune Afrique, 24 décembre 2011.
- Gilles Kepel, Jihad, Folio Actuel, , p. 166-7.
- « Aux funérailles de Abbassi Madani, l'enterrement de l'amnésie bouteflikienne », sur Al HuffPost Maghreb (consulté le )
- « CHINE : L'AGRICULTURE PATINE », L'Humanité, (lire en ligne, consulté le ).
- « Terrorisme - Selon des rumeurs, le fondateur du Front Islamique du salut (FIS) serait passé à notre ambassade à Alger Madani veut-il s'installer en Belgique ? REPÈRES », sur Le Soir (consulté le )
- « taguemount.voila.net/Documents… »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
- « Ali Benhadj et Abassi Madani libérés », sur Algeria-Watch (consulté le )
- « Abassi Madani et Ali Benhadj, une détention arbitraire ? », sur Algeria-Watch (consulté le )
- « Le chef historique du FIS se rallie à la politique de réconciliation du président algérien », sur Algeria-Watch (consulté le )
- http://www.africatime.com/guinee/nouvelle.asp?UrlRecherche=archives.asp%3Frech%3D1%26no_pays%3D15%26no_categorie%3D1%26keyword%3D%26BtnGo.x%3D7%26IsPanafricain%3D0%26IsAfrique%3D&no_nouvelle=71696
- « Ouvrage inexistant sur Google Books »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
- « Décès de Abbassi Madani, président de l'ex-FIS », sur Al HuffPost Maghreb (consulté le )
- « Abassi Madani, chef historique du Front islamique du Salut, enterré en Algérie », sur France 24 (consulté le )
- Voir sur books.google.fr.
Liens externes
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